dimanche 25 juillet 2010

Billet N°74 –Raiatea la sacrée.

 Du Lundi 19 juillet au Dimanche 25 juillet 2010 :



Nous profitons d’une orientation légèrement plus nord du maraamu, qui nous permet de remonter au près (j’adore !) sur un seul bord vers Raiatea, pour quitter Bora Bora et, après quelques heures, entrons dans le lagon de l’île sacrée des anciens Polynésiens par la passe Toamaro, au sud-ouest de l’île.

Nous retrouvons le calme des lagons, et, après un nouveau repérage en annexe par les enfants, nous nous faufilons entre les « patates » et allons mouiller tout près du motu Nao Nao, exactement au sud de Raiatea. Il y a 20 cm d’eau sous les quilles. Le bateau semble posé sur le sable.

Ce mouillage fera sûrement partie de mon « top five » des mouillages de Polynésie.

Peut-être est-ce du en partie à l’aspect sauvage et préservée du site, en comparaison avec le lagon de Bora Bora où les motus sont pris d’assaut par les hôtels…

Ici les « jardins de corail » sont de vrais jardins de corail, vivants, colorés et poissonneux à souhait.

Adélie et son amie Capucine entreprennent de cartographier les fonds sous marins aux alentours du bateau. Elles partent masquées et palmées, des heures durant, pour explorer le lagon, remontent à bord et dessinent des cartes en donnant des noms aux patates de coraux, aux allées sous marines, aux poissons multicolores...

Je me régale de les voir si inventives et créatives.

Timothée et Marin chassent avec les arbalètes sous-marines.

Olivier affectionne les randonnées en kayak près du platier intérieur.

Je fais mes longueurs de nage le long de la plage immaculée du motu.

Seul un requin de lagon à pointes blanches viendra, un jour, me contraindre à rentrer à bord sur le kayak du Capitaine…



Raiatea, île haute au relief prononcé, est l’île principale des Iles sous le Vent, très bien desservie par les avions d’Air Tahiti et les « goélettes » pays. Pour autant Raiatea est une île très nature et bien préservée, tournée essentiellement vers l’agriculture.

Aucune plage sur l’île sauf sur les motus, pas d’infrastructure hôtelière importante, plutôt des pensions de famille.

Raiatea est surnommée « Raiatea la Sacrée » par les Polynésiens car aux temps anciens, elle était le centre culturel, religieux et historique des Iles de la Société. Son rayonnement allait jusqu’en Nouvelle Zélande, et touchait toute la population maorie des îles du Pacifique.

Elle possède le site archéologique le plus connu des Iles sous le Vent, le marae Taputapuaeta. Ce marae, au sud-est de l’île, près du village d’Opoa, est particulièrement bien restauré et entretenu, et il s’en dégage une impression grandiose.

Tout nouveau marae sur les îles voisines devait incorporer une pierre du marae Taputapuatea, à titre d’allégeance et afin de symboliser le lignage spirituel. De nombreuses pancartes explicatives facilitent la compréhension des lieux, qui ont vu, jusqu’à la fin du 18ème siècle, se dérouler des sacrifices … humains.

Je me passionne pour la culture polynésienne, mais pas les enfants que les pierres basaltiques sombres du marae laissent …de marbre !

En revanche la visite qui suivra d’une exploitation de vanille les captivera bien plus.



Olivier avait rencontré Odette Tauatiti à une exposition sur la vanille lors de notre passage à Tahiti. Il lui avait expliqué que nous passerions quelques semaines plus tard à Raiatea. Odette avait alors proposé à Olivier de nous faire visiter la plantation de vanille familiale, lors de notre passage. Nous appelons donc Odette, et rendez-vous est pris pour le lendemain matin. Nous mouillons la veille au soir à Avéra, sur la côte est de l’île, commune où se situe l’exploitation. Le lendemain matin, Guy, son mari, vient nous chercher dans son 4X4, et nous emmène découvrir les ombrières, à l’ombre desquelles les lianes de vanille poussent, bien protégées des oiseaux, du soleil, et de la pluie. La culture de la vanille, une orchidée, est très délicate et assez technique. Le « mariage de la vanille », fécondation de la fleur, est pratiquée à la main, et nécessite de la dextérité. La fleur sur laquelle la fécondation a réussi (90%) se transforme alors progressivement en plusieurs gousses vertes. Neuf mois plus tard, les gousses déjà brunes sont récoltées et mises à sécher avec soin pendant 4 à 5 mois ; elles sont ensuite triées, calibrées puis empaquetées avant d’être commercialisées à Papeete ou exportées.

Mais c’est souvent là que le bât blesse : la commercialisation… Pas de label AOC pour l’instant, un gouvernement polynésien assez peu efficace, Guy et Odette sont aidés par leur fils installé à Papeete pour essayer de trouver des débouchés à leur produit du terroir polynésien. Odette doit se rendre début août à un salon à Nice pour faire connaître sa vanille. Les investissements sont considérables, les retours aléatoires, à ceci s’ajoute le changement climatique qui perturbe la floraison, très en retard cette année.

Je vous donne leur site Internet, si vous souhaitez commander de la vanille de qualité : www.hotu-vanilla.pf . Guy et Odette sont des polynésiens entreprenants, accueillants et chaleureux. Ils ont compris qu’ils ne devaient compter que sur eux-mêmes pour développer leur entreprise familiale.

La visite avec Guy et Odette dure toute la matinée, et nous avons la chance de voir tous les stades de la production, c’est vraiment passionnant ! Merci à vous.

Et quelles effluves envoûtantes autour des claies de séchage dans le jardin au bord du lagon !



Nous poursuivons cette belle journée « verte », par une jolie randonnée : celle des «trois cascades ». A ce moment-là, comme d’habitude, l’enthousiasme des enfants baisse généralement d’un cran au cours de la phase de négociation (les rouages familiaux sont bien connus…), mais, une fois sur le sentier, ça va mieux.

Et nos petits, au fil des années, sont devenus de bons marcheurs.

Cette ballade d’environ 3 heures débute sur la côte est au PK 6, bambous géants, mapés (arbre à bois blanc, dont les racines forment des contreforts qui garnissent la base du tronc, et dont le fruit ressemble à une châtaigne, comestible), fougères, gingembre, composent un superbe décor végétal. Certains passages sont équipés d’une corde. L’arrivée à la 3ème cascade est une récompense, la chute d’eau mesure une soixantaine de mètres et l’on se baigne dans la vasque.



J’aime ces journées où je découvre l’intérieur des îles et leurs richesses. Je me souviens curieusement toujours mieux des choses de la terre quand je foule les sentiers et respire les odeurs, que de celles en mer ou au mouillage, pour lesquelles ma mémoire finit toujours par mélanger les choses… Olivier y voit une signification…



Nous profitons aussi d’être à Raiatea pour aller à Uturoa, le bourg principal de l’île, bien achalandé : nous y faisons des appros, y voyons un médecin pour Marin qui lui délivre son certificat médical d’aptitude à la plongée sous-marine (son stage débute la semaine prochaine à Tahaa, l’île jumelle de Raiatea, qui partagent le même lagon), et Timothée et Capucine y font quelques emplettes qu’ils ramèneront en France en guise de souvenirs de leur séjour polynésien.



Dimanche 25 juillet, nous accompagnons nos vacanciers à l’aéroport de Raiatea, en stop, le cœur gros. Après 5 semaines de vacances à bord de Jangada, trop vite passées, l’avion d’Air Tahiti emmène Timothée et Capucine vers Papeete. Ils embarquent le soir même pour Paris…

Nous revenons à bord, tristounets. Demain à l’aube, nous gagnerons Tahaa.



Barbara
Le marae de Taputapuatea, à Raiatea.

Le marae est constitué d'une grande plate-forme dallée et d'un long ahu ( autel).

L'équipage de Jangada passionné par les marae...

Le site est paisible sur la côte sud-est de l'île.

Les ombrières à l'abri desquelles poussent les lianes de vanille.

Fleur de vanille...

Le mariage de la vanille. Fécondation manuelle.

Les gousses de vanilles qui brunissent sur pied.

Séchage de la vanille au soleil.

Adélie et Capucine à l'arrivée de la 3ème cascade.

Bain sous la cascade fraiche...

...et ravigotante!

Adieux des deux amies chéries à l 'aéroport de Raiatea.

Encore de long mois de séparation en perspective pour Adélie et Timothée.

Nous 5 réunis, avant une nouvelle et trop longue séparation...

lundi 19 juillet 2010

Billet N°73 –Bora Bora la surfaite ?

Du Samedi 10 juillet au Lundi 19 juillet 2010 :

Alors la voilà la « star » du Pacifique…

Certes son relief est puissant, majestueux, et ses proportions harmonieuses. Son lagon turquoise et ses motus frangés par le sable blanc qui les encercle sont un ravissement pour l’œil.

Bora Bora est tout de même une splendeur, mais elle peine à m’accrocher le cœur…



Bora Bora, « la perle du Pacifique », c’est la carte postale, il faut l’admirer de la mer, ou des airs sans doute aussi, vue de terre elle est moins « brillante ».



C’est l’île pour les très très riches en quête de calme, de luxe, et de volupté.

Ces touristes internationaux séjournent dans des hôtels aux 1000 étoiles, très, trop nombreux (14 sur l’île et ses motus !) dont on voit les luxueux bungalows sur pilotis s’étendre sur des centaines de mètres dans le lagon.

Le Bora Bora Pearl Beach Resort, le Bora Bora Nui Resort & Spa, le Méridien, le Saint Régis Resort, le Four Seasons Resort Bora Bora, etc…ils sont plus d’une dizaine à cumuler les étoiles par 5. C’est la course au luxe et à la surenchère.

Cette dynamique hôtelière est largement artificielle car elle est entretenue par des incitations fiscales (défiscalisation), pas toujours en prise avec la réalité économique du marché. Les investisseurs font baisser leur facture d’imposition, mais ne contribuent pas toujours à développer le tourisme haut de gamme sur des bases réalistes. Ainsi cette offre excessive a pour contrepartie qu’aucun hôtel ne fait le plein, mais apparemment, les grandes chaînes d’hôtels ne peuvent pas ne pas avoir leur hôtel à Bora Bora…

Il n’empêche, quelle tristesse de voir l’hôtel Bora Bora, le plus ancien de l’île, chéri par les stars du monde entier, déserté et fermé. Le Club Med a suivi le même chemin…



Bien entendu l’impact de cette concentration de palaces pose des problème sur l’environnement. Si les splendides couleurs du lagon sont toujours là, la pauvreté des fonds et des soit-disant « jardins de corail » fait peine à voir. En nous promenant sur le platier des motus au nord-est du lagon, nous avons découvert un hoa artificiel, une perçée dans le platier pratiquée au Caterpillar, et destinée à augmenter les entrées d’eau du large à l’intérieur du lagon, histoire d’augmenter le renouvellement des eaux intérieures…

Les fameuses raies mantas semblent avoir déserté le lagon…



Vous m’aurez compris, si vous souhaitez des vacances authentiques à la découverte de la Polynésie profonde, Bora Bora n’est sans doute pas la meilleure destination.

Préférez Huahiné, ou Tahaa.



Ceci étant dit, en vacances, avec les 4 enfants à bord de Jangada intéressés avant tout par les plongeons du bateau dans des eaux translucides et chaudes, Bora Bora restera pour nous tous une belle escale de farniente, très esthétique.



L’éclipse Dimanche 11 juillet, vers 07h30 du matin, nous assistons à un phénomène naturel spectaculaire, une éclipse presque totale du soleil par la lune ! Le ciel légèrement nuageux s’assombrit progressivement. On se superpose à tour de rôle des lunettes de soleil sur le nez et on se place derrière les hublots et capots teintés du bateau pour ne pas se brûler les yeux en observant le disque solaire qui disparaît progressivement derrière la lune. Etrange impression.

La luminosité décroît, Bora Bora retombe pour quelques minutes dans la pénombre. Jangada poursuit sa route dans le lagon dans une atmosphère irréelle…



Mouillages A Bora Bora, il y a l’embarras du choix…La navigation dans le lagon se fait aisément car le balisage est très bien réalisé. A l’ouest de l’île, de longs motus, motu Ome, motu Tofari, motu Piti Aau, se succèdent. 4 hôtels de luxe s’y juxtaposent. Nous sommes restés deux, trois jours tout au sud du motu Piti Aau, à la pointe Fareone. Les couleurs de l’eau y étaient spectaculaires. Les enfants se sont amusés dans un « jardin de corail », à la pointe Tupitipiti. Après avoir remonté le platier sur quelques centaines de mètres, le jeu consistait à se laisser entraîner par le courant jusqu’au point de départ, en observant la faune et la flore marines, dans une eau parfaitement translucide à cet endroit.

Au sud est de l’île, le motu Toopua offre aussi des mouillages agréables ainsi que la pointe Matira.

A deux reprises, Olivier, resté à bord pour l’occasion, enverra Timothée et Marin, ravis, en repérage avec l’annexe et le sondeur électronique portable. Ils baliseront les passages étroits, puis grimperont s’installer au « nid de pie » dans la mâture, au premier étage de barres de flèche, pendant que Jangada s’engagera entre les patates de corail, avec seulement quelques petites dizaines de centimètres sous les quilles….

Les motus sont malheureusement souvent réquisitionnés par les hôtels, qui y organisent des pique niques, barbecues, baignades, ou alors ils sont tabu (prononcer tabou), propriété privée de locaux saturés de touristes…





14 juillet 2010 Nous avons assisté à Vaitape, le village principal de Bora Bora, à une partie des réjouissances républicaines. Rien à voir avec les Champs Elysées : ici ce sont les porteurs de fruits et les Miss qui défilent. En cette matinée de fête nationale, le maire de Bora Bora qui est également le président du POM ( Pays d’Outre-Mer qu’est devenue la Polynésie Française en 2004), Gaston Tong Sang, était chez lui pour embrasser les siens et serrer les mains de ses électeurs. Timothée en a profité pour se faire photographier avec Miss Bora Bora…

Nous avons également assisté un soir aux finales de danse et d’orchestre de percussions du Heiva (fêtes de juillet en Polynésie). Les danseurs avaient vraiment un très bon niveau, et ces danses rythmées nous captivent toujours autant.

Elles allient à la fois la grâce, la puissance et le rythme. Les costumes en fibres naturelles, toujours réalisés localement dans les farés, sont magnifiques.



Maraamu C’est le nom local du vent de Sud-Est qui souffle à cette saison sur la Polynésie centrale, et qui démonte parfois les lagons. Durant notre séjour à Bora Bora, il a soufflé quasiment continuellement de façon très soutenue (25 à 30 nœuds).

A la fin c’était fiu… (fatiguant en polynésien).

Barbara
Jangada dans sa piscine, lagon de Bora Bora.

Le Mont Otemanu, sommet de Bora Bora, dont le profil apparait en lame de couteau.

Nous 5 enfin réunis, avec en arrière plan le Mont Otemanu vu de face cette fois ci.

Les deux frères, Timothée et Marin.

Le 11 juillet 2010, éclipse presque totale du Soleil à Bora Bora.

14 juillet à Vaitape, ce sont les porteurs de fruits qui défilent en courant...

Le Président de la Polynésie Française et maire de Bora Bora, Gaston Tong Sang, entouré par les miss et le champion des porteurs de fruits.

Trois miss plus jolies les unes que les autres.

Timothée n'en croit pas ses mirettes! A sa droite, Miss Bora Bora 2010!

...et il est déjà nostalgique!

Les fameux hôtels de luxe de Bora Bora...

... dont les bungalows sur pilotis s'étalent dans le lagon.

mardi 6 juillet 2010

Billet N°72 : Huahine, l’île sereine.

Du Mardi 29 juin au Mardi 6 juillet 2010 :


Vers les Iles Sous le Vent…

Nous appareillons au coucher du soleil de la baie d’Opunohu, à Moorea. Dès la passe franchie, la houle et le vent du large nous poussent vers l’ouest. Sans que nous soyons en mesure de l’expliquer vraiment, à un demi-mille au large de la passe, par plusieurs centaines de mètres de profondeur, une vague escarpée de plusieurs mètres de hauteur déferle sur Jangada. Olivier a juste le temps de nous prévenir en sautant sur la barre. Jangada lève un peu la hanche tribord, puis retrouve l’horizontalité. Des centaines de litres d’eau se déversent sur le pont, inondent le cockpit, pénètrent dans le carré. Le rice-cooker effectue un salto latéral, mais retombe à l’endroit, le dîner est sauvé !

La nuit a été ventée, avec des pointes à 33 noeuds. Nous avons pris 2 ris dans la grand-voile et mis tout le monde au lit, moi avec…

Olivier est resté dans le carré pour veiller et adapter l’allure de Jangada afin de ne pas arriver trop tôt à Huahine. On ne prend jamais une passe de nuit. Il faut attendre le jour.

Au petit matin du 29 juin, après une nuit de mer plutôt agitée, nous entrons par la passe Avamoa dans le lagon de Huahine.

Nous mouillons devant Faré, le village principal de l’île.

Huahine, je suis particulièrement attachée à cette île. J’ai eu la chance d’y venir déjà à 3 reprises, en 1990, en 1991 avec le Taporo, la goélette-pays qui ravitaille les îles et transportait alors des passagers, (aujourd’hui ce n’est malheureusement plus le cas, le Taporo et son concurrent ne transportent plus que des marchandises, 12 places seulement sont réservées aux chargeurs, agriculteurs et autres), et en 2000 avec Olivier (nous avions loué un bateau à Raiatea et avions sillonné les Iles Sous le Vent pendant deux semaines).

Huahiné, c’est l’île à part, différente de ses sœurs : elle n’a pas misé sur le tourisme pour se développer et son authenticité demeure intacte.

En 20 ans, je ne perçois pas de changement majeur, et je m’en réjouis.

L’île se compose de deux îles reliées par un isthme étroit et encerclées par le même lagon. Son relief est plus doux que celui de ses voisines, mais ses contours très découpés offrent de nombreux mouillages.

Nous profitons d’être à Fare pour faire un complément de ravitaillement, il y a un chinois (petit supermarché) vraiment très bien achalandé sur le quai où l’on trouve de tout, du frais, du congelé, des fruits, des légumes et des pai banane, chaussons fourrés à la compote de banane, dont nous raffolons tous à bord. J’en profite pour regarder le programme du Heiva (festivités de juillet dans les îles, danses, chants et musique). Nous retenons qu’après demain débutent les compétitions entre les groupes de chaque district de l’île.

En attendant le surlendemain, nous partons dans un très joli mouillage sur la côte ouest de l’île, à l’entrée de la baie de Bourayne. Il y a, sous les cocotiers, une jolie petite plage de sable blanc et Marin s’amuse avec son skim dans les vagues qui viennent mourir sur le rivage. Une vahiné, intriguée, le regarde et m’explique que lorsqu’elle était petite, elle jouait avec une fine planche de bois exactement de la même façon. Ce jeu était alors très répandu parmi les enfants polynésiens, et elle se désolait qu’il ait disparu.

La soirée d’ouverture du Heiva à Huahine est un spectacle de couleurs et de musique traditionnelle, dominée par les percussions.

Deux districts ce soir s’affrontent, celui de Parea (au sud de l’île), et celui de Maeava (à l’est). Timothée et Capucine, fraîchement débarqués à Tahiti le 21 juin dernier assistent à leur premier spectacle de tamouré, avec vahinés grâcieuses et tanés tatoués, au son des ukulélés… C’est super rythmé, ils sont environ 90 danseurs par groupe, les costumes confectionnés entièrement en fibre naturelle sont magnifiques.

Le seul bémol est peut-être la disparité d’âge parmi les danseurs, jeunes ados pré-pubères et tanés confirmés se côtoient. Trouver 90 danseurs par district sur une île comme Huahiné ne doit pas être chose facile. Le côté positif est que la relève est indéniablement assurée !

Le 2 Juillet, Olivier fête son anniversaire dans la baie d’Avea au sud de l’île, dans un mouillage superbe, entouré de ses trois enfants, heureux. Certes il prend une année de plus, mais le voyage le rajeunissant, je le trouve en bien meilleure forme que ces dernières années à terre.

A Huahiné, les enfants et le Capitaine se souviendront également de leur chasse aux crabes de cocotiers (tupas) sur le motu Vavaratea, au nord est de l’île, et plus précisément de leur récolte de pinces de crabes, puisqu’ils ne ponctionnaient sur la « bête » que la grosse pince. Un local nous a assuré que cette pince repoussait…

Après une matinée sur le motu, ils reviennent à bord avec 200 pinces et au déjeuner on se fait une ventrée de pinces de crabe à la mayonnaise maison…enfin bateau, un délice !

Le jour de notre départ de l’île, nous repassons par Faré, et avons la chance d’assister à un spectacle de toute beauté, les courses de Va’a, pirogues à balancier, chères au cœur de tous les Polynésiens. Depuis que nous sommes arrivés en Polynésie, il n’y a pas un jour où nous ne voyons s’entraîner un ou plusieurs tanés dans leurs pirogues. C’est toujours fascinant à regarder, le geste est souple et puissant, le rythme cadencé, et la pirogue semble glisser sur l’eau. Cela restera pour moi une des plus belles images de Polynésie

Le Va’a est devenu l’objet d’un véritable culte sportif. En fin d’après midi donc, les pirogues envahissent tous les lagons, à l’occasion d’entraînement marathoniens. Le Va’a se pratique le plus souvent en équipe, les rameurs alignés se livrent à une vraie chorégraphie, manoeuvrant en rythme leur seule pagaie, la passant d’un côté à l’autre de l’embarcation à intervalles réguliers et dans un même mouvement parfaitement synchronisé.

Devant le village de Faré, nous assisterons à des courses de pirogues féminines, masculines, en solo, en équipes, toutes dans la bonne humeur, un bateau accompagnateur avec des vahinés fleuries encourage les sportifs.

Une fois de plus Huahiné me laissera un excellent souvenir, et de si belles images !

Barbara
Le Taporo, la goélette qui ravitaille les îles de la Société

Timothée et Adélie, heureux de se retrouver après plus de 11 mois de séparation.

Olivier souffle ses bougies avec tous ses petits, Timothée, Marin et Adélie.

Capucine et Adélie, inséparables, même sur le kayak, motu Araara.

Passe de Tiare, au nord est de l'île de Huahine.

Retour de chasse aux crabes de cocotiers (tupas).

Culture de la vanille dans un jardin de Maeva.

Course de Va'a devant le village de Fare.

Parcs à poissons de Maeva. Ces parcs ont plusieurs siècles d'existence et sont encore utilisés aujourd'hui pour... piéger les poissons!

Retour de course d'un piroguier tatoué et couronné.

Plage de Faré, départ et arrivée des Va'a

Bateau accompagnateur des courses de Va'a, il y a de la voix, il y a de la joie!

Rue principale de Faré, devant le quai.

samedi 3 juillet 2010

Billet N°71 : à Moorea la paisible.

Du Mardi 22 juin au Lundi 28 juin 2010

Nous ne nous éternisons pas à Tahiti, une fois nos vacanciers arrivés.

Non pas que Tahiti ne présente pas d’intérêt, mais Timothée et Capucine ont certainement hâte de goûter aux lagons turquoise et à la douceur des îles.

A six désormais, les déplacements en stop seraient plus compliqués, et Tahiti est moins propice à des vacances que les autres îles de la Société, or nous les souhaitons douces et faciles pour tout le monde.

Nous quittons l’île certes un peu frustrés, car nous savons que derrière les embouteillages, les constructions côtières denses, et le stress de la capitale polynésienne, se cachent de merveilleuses randonnées dans l’intérieur de l’île, très accidentée, à des altitudes pouvant dépasser 2 000 m.

Mais ce sont les grandes vacances qui priment et les enfants préfèrent avant tout s’amuser, se baigner et profiter des joies du bateau. Les randonnées les font moins … rêver ! Je peux comprendre.



Nous appareillons donc pour Moorea dès le lendemain de l’arrivée de Capucine et Timothée. Distante d’une quinzaine de milles de Tahiti, nous avions déjà pu admirer Moorea et son élégante silhouette au relief prononcé depuis notre mouillage dans le lagon de Tahiti.

Moorea est célèbre entre autres pour ses deux superbes baies, la baie de Cook et la baie d’Opunohu. Une route goudronnée fait le tour de l’île (60 kms). De magnifiques montagnes dominent le littoral.

Si proche de sa grande sœur Tahiti, Moorea est tout le contraire, calme et rurale.

Les gens de Papeete viennent s’y détendre le week-end.



Nous mouillons d’abord sur la côte orientale de l’île, peu visitée, devant le village d’Haapiti.

Nous avons pu franchir la petite passe (de Matauvau) d’accès au lagon quelques minutes avant le coucher du soleil.

Le cadre est super sauvage, le lagon transparent. Le lendemain, dès le lever du jour, les enfants s’en donnent à cœur joie. Ils se baignent, font du kayak, plongent, se re-baignent, re-plongent et se re-re-baignent.

Je me régale de les voir réunis, et de les voir s’amuser avec autant de plaisir.

Olivier est heureux d’avoir ses trois enfants auprès de lui.

L’intendance change quelque peu pour moi, de 4 nous sommes passés à 6, et je n’ose imposer à nos vacanciers notre régime alimentaire plutôt basique des dernières semaines, (riz-poisson pamplemousse des Gambier, midi et soir, 7 jours sur 7).

Avec un frigo plein (nous avons dévalisé une partie du Carrefour de Tahiti), je cuisine à nouveau avec plaisir pour toute cette jeunesse qui semble être … constamment affamée !

Chacun prend progressivement ses marques à bord de Jangada, nous autres qui avions nos habitudes à 4 depuis 10 mois, et nos hôtes fraîchement débarqués, qui comprennent vite que sur un bateau, le rangement est de rigueur, et l’eau courante une commodité d’un autre monde.



Le jeudi 24 juin, nous changeons de mouillage pour celui situé devant l’ancien Club Med de Moorea. Jangada s’engage dans le lagon par la passe Taotai et, après un premier mouillage provisoire qui permet à Olivier d’aller repérer le passage étroit et sinueux avec seulement 50 cm d’eau sous les quilles, nous jetons l’ancre entre deux petits motus.

Le spot est juste parfait, idyllique !

Nous retrouvons nos amis de Tahiti, Martine et François, venus passer deux jours à Moorea avec leurs 4 petits-enfants. Ils ont loué deux bungalows à l’Hibiscus, en face du mouillage.

Le Club Med a disparu depuis une dizaine d’années, mais l’ambiance à bord de Jangada s’en rapproche sensiblement…

Un temps radieux, de grandes journées de plein air, des amis, des piques niques sur les motus, du snorkeling, etc… Le bonheur.

Le soir le carré de Jangada se transforme même en « boat cinéma » avec les derniers films sortis en France cet hiver que Timothée a apportés à ses petits frère et sœur. Marin et Adélie sont aux anges.



L’île est particulièrement calme, très très peu de touristes. D’après les locaux, l’année s’annonce comme étant la plus critique depuis une dizaine d’année en terme de fréquentation touristique.

Les hôtels sont déserts, le lagon pour nous…

La raison principale invoquée est la crise économique, mais la Polynésie Française reste aussi une destination très chère, et … pas toujours fiable…

Une grève générale paralysait Tahiti la semaine précédant l’arrivée de Timothée et Capucine… Nous avons craint le pire…plus aucun avion n’atterrissait, ni ne décollait à l’aéroport de Faaa.



Dernier mouillage, la baie d’Opunohu, devant le village de Papetoai.

L’église octogonale du village édifiée par les missionnaires entre 1822 et 1827, est la plus ancienne construction européenne du Pacifique Sud encore debout.

Le lendemain matin, nous avons prévu une randonnée pour découvrir les vieux sentiers pédestres dans la montagne de Moorea.

Le beau temps n’est pas au rendez-vous (la météo est très changeante en Polynésie), mais nous partons quand même sous un ciel gris et bas. Nous empruntons un sentier au fond de la vallée pour accéder au col des 3 Cocotiers.

S’abat alors sur nous une pluie tropicale drue et ininterrompue durant toute la journée ! Heureusement la végétation dense et luxuriante de la forêt nous protège un peu.

Mais le moral reste bon. Nous faisons une pause au col, puis redescendons dans les sous-bois vers le Belvédère.

Nous y arrivons vers 15H00, mais la vue y est parfaitement bouchée sur les deux baies qui s’étendent à nos pieds! Nous sommes trempés comme jamais !

La gentillesse des polynésiens n’est pas une légende, et nous trouvons un 4X4 pick up qui nous redescend en bas de la vallée. Une autre voiture fera ensuite deux allers-retours pour déposer l’équipage de Jangada au complet devant l’annexe.

Si nous sommes sous le charme de la Polynésie et de sa nature grandiose, nous le sommes aussi des polynésiens. Ils sont vraiment d’un naturel et d’une gentillesse qui nous ravissent.



Le lendemain, le soleil brille à nouveau. Nous louons une voiture pour approfondir la visite de Moorea. Nous remontons au Belvédère et pouvons alors admirer la vue dégagée et majestueuse sur la baie de Cook et celle d’Opunohu. Nous visitons un grand marae niché au fond de la vallée d’Opunohu, puis le lycée agricole et ses magnifiques plantations d’arbres fruitiers et d’ananas. Nous nous rendons à la distillerie et à l’usine de jus de fruits Rotui de Moorea, puis faisons le tour de l’île.



Retour au bateau en fin de journée. Nous préparons notre appareillage le soir même pour les Iles sous le Vent.



Ainsi va le voyage, Huahiné, Raiatea, Tahaa et Bora Bora nous attendent…



Nana (au revoir) Moorea !



Barbara
Mouillage devant le village d'Haapiti, à Moorea. d'Haapiti

Sur la gauche, l'ancien spot du Club Med, sur la droite, les deux motus Fareone et Tiahura

Entraînement pour les courses de pirogues V6 ( 6 places) du Heiva.

Les deux grandes amies chéries, Capucine et Adélie, se sont retrouvées comme si elles s'étaient quittées la veille.

L'équipage de Jangada s'est étoffé, plus deux équipiers! Au second plan, la baie d'Opunohu.

Nos vacanciers sont arrivés chargés de cadeaux pour nous 4, ici une robe et des tropéziennes toutes neuves! Merci maman!

Le mont Rotui au centre, bordé par les deux baies mythiques de Moorea, la baie de Cook , à droite, et la baie d'Opunohu, à gauche.

Plantation d'ananas, au lycée agricole d'Opunohu, à Moorea.

Capucine et Adélie, au second plan le mont Tohiea.

De gauche à droite , Barbara, Marin, Timothée, Capucine et Adélie, à Vaïare, devant le ferry qui assure la liaison Tahiti - Moorea plusieurs fois par jour.