mardi 29 décembre 2009

Billet N°35 -Olinda ! O Linda ! La Belle…

28-29 Décembre 2009,


Nous délaissons pour 2 jours notre habituel moyen de locomotion au mouillage à Jacaré pour sauter au petit matin dans un bus en direction du Sud…Excités de voir notre horizon bleu changer, et de découvrir le Nordeste par l’intérieur, même si nous resterons plutôt dans la bande côtière.

Le réseau de bus longues distances est dense dans cet immense pays (16 fois la France !), nous nous rendons donc à la rodoviaria (gare routière inter-états) de Joao Pessoa et montons dans un bus confortable avec air climatisé, un « executivo », à destination de Récife.

La route est plutôt bonne, des paysages verts de canne à sucre à perte de vue.

Le bus s’arrête pour nous au bout de 2h30, un peu avant son terminal à Récife, pour que l’on puisse rejoindre Olinda plus rapidement. Ca tombe bien, Adélie commençait à devenir verte, décidément elle qui commence tout juste à ne plus être malade en bateau, voilà que le bus prend le relais…

Nous cherchons en premier lieu une pousada (pension) pour la nuit et pour y déposer nos affaires. Les enfants sont ravis, nous jetons notre dévolu sur une pousada avec piscine, au cœur du quartier historique. Nous y déjeunons aussi car sa formule « comida a kilo » (on paie selon le poids de son assiette après s’être servi, formule très répandue en Amérique Latine) nous séduit.

Puis nous partons à la découverte de cette ravissante ville colorée à la végétation luxuriante.

Olinda est l’une des villes coloniales les mieux préservées du Brésil, elle se situe à 6 km au nord de Recife. Le vieux quartier historique se concentre sur les flancs et le sommet de la colline, et se visite à pied.

Des rues sinueuses bordées de ravissantes maisons aux couleurs vives, des clochers, des églises, des toits rouges, des cocotiers, des arbres à pain, des arbres du voyageur, et la grande bleue à l’horizon. J’ai l’impression de vous faire une description très carte postale, mais c’est la réalité, c’est un régal pour les yeux.

Nous arpentons cette colline, visitons les églises, les couvents, buvons des cocos fraîches, goûtons le caldo de cana (jus extrait des cannes à sucre, à l’aide d’une machine à manivelle et à roue dentée) achetons pour toute la famille les fameuses claquettes brésiliennes « Havaianas » et apprécions de jouer ainsi les touristes en vacances.

Je sais que cela peut être difficile à imaginer de chez vous, mais nous ne sommes pas constamment en Vacances, nous sommes en Voyage, nuance…La majeur partie du temps, il y a école, navigation, distance à parcourir, quarts, entretien du bateau, etc…le bagne quoi…

Je plaisante !

Barbara

Architecture coloniale et végéation luxuriante


Coco verte rafraichissante, un régal!


Le gang des Havaianas blanches et des bracelets brésiliens...


Rues acidulées...


...et devantures colorées


Touriste à Olinda...


Les igrejas pulullent...


...et jamais je ne m'en lasse.

jeudi 24 décembre 2009

Billet N°34 - arrivée au Brésil, à Cabedelo/Joao Pessoa, mouillage de Jacare

23 Décembre 2009, .


Lenteur en mer…

Ces 48 heures de mer passées à escorter le voilier blessé « Tahiti » depuis Fernando, sont éprouvantes. Nous avons commencé par prendre 1 ris dans la grand-voile pour freiner le bateau, mais il a fallu rapidement se résoudre à prendre le 2ème, puis le 3ème ris, en conservant seulement un petit bout de solent, pour ne pas distancer Charlie, Cielo et leur petit chien Alba, dont le voilier endommagé, et qui fait eau, ne marche qu’à 4 nœuds...

Pas question de le brutaliser, alors que sa structure est sérieusement endommagée.

Nous prenons tout de même une daurade coryphène, probablement pas bien réveillée (à faible vitesse, les prédateurs détectent le piège des leurres, bien visibles et plus statiques, et la pêche à la traîne est alors peu productive, la vitesse idéale se situant entre 6 et 8 noeuds), tandis que les reliefs tourmentés de l’île de Fernando do Noronha s’estompent doucement dans notre sillage matinal. Le poisson à la tahitienne est assuré pour le déjeuner !

Nous restons à portée visuelle du voilier escorté, et régulièrement, Charlie nous confirme en VHF que la voie d’eau reste stable.

La veille, au mouillage à Fernando, Charlie (belge) et Cielo (espagnole), qui vivent depuis 25 ans aux Baléares, à Majorque, nous ont raconté leur aventure peu enviable avec ces cachalots de rencontre.

A environ 350 milles de Fernando, leur voilier en polyester (un Kelt 11,30 mètres, pourtant solidement construit, un des premiers dériveurs intégraux), venant du Sénégal, faisait route babord amures au bon plein, dans un alizé de sud-est de 15/18 nœuds, avec un angle de gîte d’une trentaine de degrés sur tribord. Vers midi, ils s’apprêtent à prendre l’apéro dans le cockpit. Il fait beau. Ils ne voient rien venir, mais soudain, un premier choc ébranle le bateau, puis quelques secondes après, un second, beaucoup plus puissant, envoie le bateau latéralement à 3 ou 4 mètres sur la gauche de sa trajectoire initiale, mais avec une gîte inversée de 30°, sur babord cette fois… !

Charlie crie de surprise et d’effroi, puis voit une famille de 3 cachalots, dont un petit, s’éloigner doucement. L’épisode n’a duré que quelques secondes. Il évalue la taille des adultes à 15/20 mètres…

La séquence choc est terminée, restent les dégâts… Charlie constate que sa table à cartes, située à tribord, s’est déplacée de 30 cm, que la porte du cabinet de toilette ne ferme plus, que deux varangues sont brisées dans les fonds, que des cloisons structurelles ont bougé, que l’eau rentre dans son bateau. Il constatera même un peu plus tard avec stupéfaction que le bol en verre de son pré-filtre gas-oil, localisé dans le compartiment moteur, a éclaté sous l’impact!

Jusqu’à Fernando, atteint 2 jours et demi plus tard, il faudra assécher plus de 100 litres à l’heure.

Je me rendrai à bord au mouillage de Fernando pour me faire une idée du problème, puis je proposerai à Charlie et Cielo, après avoir convaincu les miens du bien-fondé de cette proposition, de repartir rapidement vers Joao Pessoa, avec Jangada comme escorte, au cas où les choses empireraient. Nous leur passons une pompe de cale mobile supplémentaire.

Je constaterai pour ma part ultérieurement que l’impact du cachalot a porté sur le bouchain tribord, un peu en dessous de la flottaison, probablement sur une surface de l’ordre d’1 m2.

La violence du choc a été impressionnante, et Charlie pense que dans un premier temps, son voilier a heurté le « petit » cachalot qui évoluait à proximité de ses deux parents, et qu’à la suite de ce premier choc, l’un des adultes a chargé violemment le voilier, dans un réflexe de défense naturel.

On dit aussi que les carènes de voilier recouvertes de peinture anti-fouling de couleur noire peuvent ressembler sous l’eau à des orques-épaulards, grands prédateurs marins…

Charlie, qui ne s’est pas départi pour autant de son humour, me regarde avec un grand sourire, et me dit : « Tu vois, Olivier, jusqu’à maintenant, je pensais que ce genre de trus n’arrivait qu’aux autres ! »

Je lui réponds que dans l’immédiat, nous tenons à ce que ce soit lui qui reste notre héros spécialiste des grands cachalots… D’autant que, mathématiquement, étant 2 fois plus larges, nous avons 2 fois plus de chances de nous encadrer un cachalot… Allez, on parle d’autre chose !

Au petit matin du 23 Décembre, nous mettons en panne à l’approche du chenal d’entrée de Cabedelo, le petit port de commerce qui garde l’embouchure du Rio Paraiba : nous attendons « Tahiti », à une dizaine de milles derrière. J’explique aux enfants qu’en Amérique, le balisage latéral est inversé, bouées vertes à laisser à babord, bouées rouges à laisser à tribord, en entrant. Nous nous engageons dans la passe, et je montre à Barbara et aux enfants une jangada qui fait voile pour pêcher à proximité du récif.

Nous laissons les brisants déferler à tribord, puis gagnons les eaux calmes du Rio Paraiba, qui donne son nom à l’état brésilien du même nom.

Nous longeons, sur le fleuve, le quai du port de commerce de Cabedelo, et je raconte aux enfants une petite aventure qui m’est arrivée exactement à cet endroit, il y a … 30 ans.

En général, quand je vais chercher dans mes souvenirs de voyages (j’ai de la réserve), les enfants, drivés de longue date par leur Maman, me disent : « Ca y est, Papa va encore nous raconter l’une de ses guerres ! ».

Je réponds alors : « Bon OK, OK, je me tais, je ne raconterai rien, mais là, vous perdez vraiment quelque chose… ! » Je gagne alors à tous les coups, car les enfants veulent bien sûr savoir ce qui a bien pu m’arriver il y a si longtemps à cet endroit. Et quand Barbara se met elle aussi à tendre l’oreille, alors là, je savoure discrètement un petit bonheur instantané, et je me lance !

Premier Lieutenant à bord du cargo « Clisson » de la Compagnie de Navigation d’Orbigny, je devais avoir alors 22 ou 23 ans, nous faisons escale à Cabedelo, en remontant la côte du Brésil. Le Commandant Le Hoerff était vraiment sympa, il m’avait autorisé, au départ de France, à embarquer ma planche à voile à bord du cargo. C’était une des premières « Dufour Wing ». Il n’avait rien à y gagner, en tant que « responsable de l’expédition maritime », et je m’étais promis de ne pas lui faire regretter cette décision impensable dans une autre Compagnie. Ma planche était devenue un sujet majeur d’intérêt pour l’équipage, et nombreux étaient ceux qui voulaient s’y essayer, à leurs heures de disponibilité. J’allais toujours repérer en premier le plan d’eau, et à Cabedelo ce jour-là, c’est ce que je fis. Mise à l’eau avec la grue de la cale 6, la plus en arrière, qui ne devait pas friser la surcharge, l’opération de mise en service demandait 3 minutes. Et me voilà parti sur le Rio Paraiba, qui, sur sa rive gauche, longe la très jolie petite île verdoyante de Restinga, ourlée de plages de sable blond immaculé, sur lesquelles on ne rencontre, c’est bien connu au Brésil, que de jolies filles peu vêtues, etc…

Plan d’eau idéal, petit vent léger régulier, je me dis, quel beau métier, la belle vie !

Mais, à l’occasion d’un bord de retour vers le cargo à quai, en pleines opérations commerciales, j’aperçois 2 personnes sur le quai, qui me font des grands signes avec les bras…

Je m’approche, et à 200 mètres environ, je distingue la silhouette et les galons du Commandant Le Hoerff en uniforme et celle, plus ramassée, de l’agent de la Compagnie !

Damned !

Je termine mon bord le long du quai, et m’affale dans l’eau à 3 mètres aux pieds du Tonton, pressentant des soucis. Le Hoerff me dit : « Olivier, sortez de là tout de suite, le coin est truffé de requins !!!Montez à l’échelle, là ! »

« OK, Commandant !, je ne savais pas ! » Dès que je suis sur le quai, dégoulinant dans l’ancêtre des shorties d’aujourd’hui, le Commandant, rassuré sur le sort de son Lieutenant, est à deux doigts de m’embrasser… L’agent m’explique que le plan incliné, là, à 150 mètres du cargo, alimente en cétacés sanguinolents l’usine baleinière de Cabedelo, la dernière du Brésil, qui tourne à plein régime. Les nombreux rejets d’abats que l’usine opère dans le fleuve entretiennent le plus bel échantillon brésilien de requins de diverses espèces, qui ont élu domicile à proximité. Requins pas trop regardants, d’après l’agent, sur l’origine exacte des morceaux de viande…

Bon, ben merci Commandant, je range la planche pour quelques temps…

Le lendemain, en me promenant sur le petit marché local de Cabedelo, je trouverai de la viande de baleine sur les étals, et quelques dizaines de mâchoires de requins fraîchement décharnées, à vendre pour quelques cruzeiros. Le Commandant Le Hoerff sera d’accord avec moi pour trouver, le soir même, que la viande de baleine, c’est pas terrible, ça ne vaut pas un bon tourteau des Sept Iles…

« Dis-donc, Papa, tu as eu chaud, tu aurais pu te faire bouffer par un requin ! »

Et là, c’est facile pour moi de peaufiner l’image du père :

« Oui, mais tu sais, cet épisode ne m’a pas empêché de refaire de la planche à voile, quelques jours plus tard, à proximité de Manaus, au confluent de l’Amazone et du Rio Negro, en pleine Amazonie… Et cette fois, je faisais tout pour ne pas tomber dans l’eau, et lorsque c’était le cas, crois-moi, je remontais vite fait sur ma planche ! Tu sais pourquoi ? »

Et l’enfant de répondre :

« A cause des piranhas ! »

Le père :

« Eh oui, biensûr ! »

Fin du récit de guerre…

Le slipway existe toujours, il est maintenant utilisé par les petits ferries qui traversent le fleuve ; l’usine baleinière n’existe plus, elle a été fermée peu de temps après ma séquence « émotions » (mais pas à cause d’elle), le Brésil ayant décidé de renoncer à la chasse baleinière.

Nous remontons le fleuve sur quelques milles jusqu’au mouillage de Jacare (crocodile en brésilien), et jetons l’ancre en face des deux pontons en bois installés là par deux Français, Philippe et Françis, qui ont créé à cet endroit une petite marina, Jacare-Village.

Barbara, Marin et Adélie viennent de boucler leur première traversée océanique : félicitations du Captain !

Jangada V est arrivé au Brésil, cela se voit à quelques amers remarquables pour le marin au long-cours : les maillots de bain des jeunes filles se mesurent en cm2, et les rayons des mercadinhos, des mercados, et des super mercados regorgent de cachaça Pitu !

Nous avons le wi-fi à bord, un luxe incroyable pour nous, et, dès le premier soir, les notes apaisantes du Boléro de Ravel nous parviennent depuis le bar sur pilotis qui jouxte le mouillage.

Nous laissons les enfants, ravis, à leurs plongeons dans la petite piscine de Jacare-Village, et j’emmène Barbara boire une caïpirinha pour arroser notre arrivée sur l’autre rive de l’Atlantique.

Demain, c’est Noël !

Olivier

Tahiti, le voilier blessé...


Désormais en sécurité!


L'équipage à l'arrivée de sa 1ère transatlantique...


Pas de doute...


... nous sommes arrivés au Brésil!


Décoration de Noël à bord.


Feliz Natal!!!


Soir de Noël pour les petits ...


... et les grands!

mercredi 23 décembre 2009

Billet N°33 - Fernando de Noronha –

Du samedi 19 au lundi 21 Décembre 2009.


Par Barbara

Nous avons atteint l’île de Fernando de Noronha dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 décembre, vers 03h30 du matin. Quelle joie d’être enfin arrivés à destination sans encombre après ces 10 jours de mer !

J’ai trouvé longues ces journées et ces nuits de mer qui se suivent, et si aujourd’hui je suis contente d’avoir traversé cet Océan Atlantique, je sais aussi que ce n’est pas ma cup of tea d’être en pleine mer trop longtemps.

Donc bien heureuse d’humer les odeurs de la terre, qu’instantanément je détecte dans la nuit.

L’archipel de Fernando de Noronha (3 500 ha) se situe « encore » à 525 kms de Recife et 350 de Natal. L’île est rattachée à l’état brésilien du Pernambuco. D’après les guides, il constituerait l’un des plus beaux sites naturels du Brésil… L’environnement côtier et marin est bien préservé grâce au Parque Nacional Marinho de Fernando de Noronha, l’archipel fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2002.

Des centaines de dauphins ont élu domicile dans ses eaux, dont la faune marine est particulièrement riche. Seule la plus grande île est habitée, elle mesure 10 kms de long et dispose d’un petit aéroport. Le nombre de touristes reste faible, les vols sont limités à destination de l île. Pour les voiliers de passage, les taxes de séjour et de mouillage sont exorbitantes et n’incitent donc pas les voiliers à séjourner plus de 48h00 dans l’archipel.

Le premier jour, nous sommes restés à bord pour une séance de reprise CNED un peu difficile après la trêve de la traversée. Olivier est allé repérer les lieux, qui ont changé depuis son dernier passage en compagnie de son frère Louis, fin 1982. Un brise-lames a été construit, et un tout petit port tente de s’abriter derrière, mais la houle reste forte.

Nous avons optimisé notre journée du lendemain sur l’île, tous guillerets de retrouver la terre ferme. On a commencé par louer la voiture locale : un buggy qui a fait la joie des petits mais aussi des grands. Le notre était rouge pivoine. Marin et Adélie accrochés à l’arrière étaient trop contents ! Il y a suffisamment de buggies sur Fernando pour que les enfants aient trouvé judicieux de qualifier Fernando de « réserve naturelle marine de buggies »…

Nous avons parcouru l’île, très préservée, plutôt sèche à cette période de l’année, la saison des pluies débutera en février et se terminera en juin. Les flamboyants n’étaient donc malheureusement ni en feuilles ni en fleurs. Une seule route goudronnée, et des pistes de terre sillonnent Fernando. Les maisons sont très colorées avec des tons vifs et gais. Et bien entendu les plages sont à se damner, désertes, sauvages, avec eaux turquoises et rouleaux mousseux…Nous sommes restés quelques heures sur l’une d’entre elles, Praia de Leao, dans le sud, à nous baigner jusqu’à plus soif…

Mais pour être tout à fait honnête, mon meilleur souvenir de l’île restera ma première vraie caipirinha…le cocktail national brésilien. Cachaça (alcool de canne à sucre), jus de citron vert et zestes, sucre et glace pilée, le résultat est sublime, surtout siroté sur la terrasse d’un joli bar très couleur locale surplombant la plage des surfeurs, à l’ombre du Morro El Pico, le célèbre pain de sucre qui domine l’île, avec au loin Jangada mouillé sur son ancre dans la Baia de Santo Antonio.

Nous reprendrons la mer au petit matin du 21 Décembre direction le continent, et plus excatement Cabedelo, à l’embouchure du Rio Paraiba, près de la capitale de l’état du même nom, Joao Pessoa. Jangada sera le bateau d’escorte d’un autre voilier moins chanceux que nous, « Tahiti », un monocoque de 11 mètres arrivé 24 heures après nous à Fernando, qui a percuté une famille de cachalots au large des Rochers Saint Paul, provoquant la charge violente de l’un d’entre eux, et qui présente une voie d’eau et d’importants dégâts (fissures proches de la quille, varangues explosées, cloisons rompues, table à cartes déplacée, voie d’eau 100 litres/heure…). Nous leur avons prêté une pompe supplémentaire, et ferons route à vitesse réduite en restant à proximité jusqu’à Jacare, notre destination commune, à 235 milles, où l’équipage sera sauf et le bateau pourra être mis en sécurité au sec. Bateau non assuré !

Olivier a profité de cet évènement pour expliquer aux enfants la notion de solidarité maritime entre gens de mer, il va falloir faire route à seulement 4 ou 5 nœuds…

Encore 48h00 de mer et les enfants et moi aurons achevé notre première transat !

Barbara

(PS – Extrait du journal de bord du premier Jangada (monocoque en acier de 10 mètres)

Par Olivier

« Vendredi 31 Décembre 1982 – A Fernando

Douche à la « Divisao da Pesca » et lavage du linge (à la main). Plein d’eau par bidonnage. Ramassé des plumes sur un oiseau mort pour la pêche. Appareillé pour un mouillage à l’îlot aux Rats. Pêche sous-marine pour Louis, qui a ramené 4 langoustes, des mérous, des rougets. Pour moi, essai (non concluant) de pêche au barracuda à la traîne après la visite d’une barque de pêcheurs de l’île, « Santa Pua », qui nous a laissé un barracuda après la caipirinha que je leur ai servie à bord. J’appelle ça la pêche au tafia ! Rentrés au mouillage principal de Santo Antonio.

Eté au village de Santa Anna dos Remedios en Jeep pour chercher le gâteau commandé par Louis. Réveillon du 31 Décembre à bord de Jangada avec Régis, Rolande et Gérald du voilier « Carpe Diem ». Menu : whisky-Perrier, macédoine de légumes, langoustes, barracuda au vin blanc arrosé de Gaillac perlé, gâteau Fernando, compote de pommes.

Tiré une fusée à minuit heure française.

Bonne année 1983 !

Demain, nous reprendrons la mer vers Recife et Salvador de Bahia… »

Marin devant le Morro El Pico, à Fernando de Noronha



Plage de rêve, côte sud-ouest



Marin et Adélie, à Punta das Caracas



En route dans le red buggy, spéciale Mamina...



Eglise de Santa Anna dos Remedios



Espèce protégée dans le parc marin


La première caipirinha au Brésil!


Retour de la plage des surfeurs, Praia do Meio


Jangada au mouillage de Baia de Santo Antonio, Fernando de Noronha

Billet N°32 - Passage aux Rochers Saint-Paul - 2009

Jeudi 17 Décembre


Numéro spécial pour une journée exceptionnelle !

Par Olivier

Le 17 décembre, cela fait 7 jours de mer que nous avons franchi la passe de la Casamance et faisons route vers le Brésil. Quasiment sur la route de l’île de Fernando do Noronha, légèrement dans l’ouest de la route directe, le pavillon brésilien flotte sur les Penedos de Sao Pedro e Sao Paulo, un groupe de petits îlots rocheux issus d’un plissement sous-marin de la dorsale medio-atlantique. Situés pratiquement sur l’équateur (à 00°55’ de latitude Nord), ils émergent au beau milieu de l’océan à près de 1000 kms de la ville de Natal.

La terre la plus proche est l’île de Fernando do Noronha, également brésilienne, située à quelques 325 milles nautiques dans le sud-ouest.

A 09H00 du matin, nous sommes à 16 milles dans le nord-est des Rochers Saint-Paul, mais le vent souffle à une vingtaine de nœuds depuis le début de la nuit, et la mer est formée, ce qui laisse par avance peu d’espoir de mettre à l’eau l’annexe et de pouvoir débarquer au petit pier qui dessert la base scientifique sur l’îlot principal Belmonte.

Je dispose d’une très vieille carte marine française, que je conserve depuis des années avec l’objectif de passer un jour par les Rochers, et j’ai pu glaner sur Internet d’autres cartes ou schémas. J’ai donc suffisamment d’informations nautiques pour approcher cette incroyable curiosité géologique de près, et en sécurité. Les fonds alentour tombent en effet assez vite à 4000 mètres, mais la nature a voulu que le sommet de Belmonte, qui porte un petit phare à bandes horizontales rouges et blanches, émerge de l’océan de quelques 22 mètres !

Les rochers eux-mêmes ne s’étendent que sur 350 mètres du nord au sud et 200 mètres d’est en ouest. Les îlots (ilhotas) principaux s’appellent Belmonte, Barao de Teffé, Sao Pedro, Sao Paulo, Sirius. La surface de Belmonte, l’îlot principal, ne dépasse pas 5380 m2, un peu plus d’un demi-hectare… La Marinha do Brasil y a positionné de manière permanente depuis 1998 quatre scientifico-militaires, qui sont relevés tous les 15 jours.

Récemment, le vol 447 d’Air France du 1er Juin 2009 entre Rio de Janeiro et Paris s’est abîmé en mer (228 personnes à bord) à proximité des Rochers Saint-Paul, situés près de la zone intertropicale de convergence, lieu de sévères orages…

Comme d’habitude, je promets un coup à boire dans le premier bistrot venu au premier membre d’équipage qui voit la terre, à condition qu’il crie « Terre ! Terre ! » comme au bon vieux temps (j’adore), qu’il n’ait pas utilisé les jumelles, et qu’on voit effectivement la terre pour de vrai (il y a parfois des arnaques)… ! J’appelle ça la veille au tafia…, ou comment développer l’âme de conquistadores de mes enfants…par tous les moyens ! Je ne participe pas (sinon, je crois, avec modestie, que je gagnerais souvent, car voir en mer est aussi, et pour beaucoup, une question d’expérience) mais je suis l’arbitre. C’est Marin qui l’emporte cette fois, les Rochers sont visibles aujourd’hui à 7 milles environ.

J’ai tracé une trajectoire d’approche par le nord-ouest, le côté sous le vent et aussi celui vers lequel s’ouvre la minuscule baie, plutôt l’étroit goulet qui mène au petit quai de la base, et Jangada fait voile à 8 nœuds vers le minuscule archipel.

Heureux hasard de la nature, c’est aussi vers le nord-ouest qu’existe la seule langue rocheuse sous-marine partant des îlots, avec des fonds d’une vingtaine de mètres sur environ une encâblure. J’envisage d’y mouiller, si les conditions le permettent, mais à l’évidence, cette option s’appellera un vrai mouillage précaire !

Ma première surprise est de compter dans les environs immédiats des Rochers 5 petits navires de pêche brésiliens, en bois, d’une quinzaine de mètres, qui semblent basés là à la belle saison. Je sais que les parages sont très poissonneux, l’archipel agissant comme un DCP (dispositif de concentration des poissons).

Lorsque je naviguais à la Compagnie de Navigation d’Orbigny, sur les lignes régulières de l’Amérique du Sud, nous avions l’habitude de choisir les parages des Rochers Saint-Paul pour effectuer une opération de maintenance mécanique régulière, appelée « lessivage des turbo-soufflantes ». Les gros moteurs lents des cargos sont équipés de turbines de compression de l’air d’admission, et ces turbines, mues par les gaz d’échappement, doivent être régulièrement nettoyées par injection d’eau sur les ailettes. L’opération, qui dure 3 heures environ, nécessite une vitesse réduite, par exemple 8 nœuds, ce qui correspond parfaitement, le marin l’a bien compris, à une excellente vitesse de pêche à la traîne… C’est ainsi que j’avais déjà eu l’occasion d’apercevoir les Rochers, mais au loin, pour ces raisons mécanico-halieutiques : une partie de l’équipage se retrouvait pour ce laps de temps affecté à la pêche à la traîne sur la plage arrière, et le Commandant entendait bien ainsi agrémenter de poisson frais l’ordinaire de son équipage (on n’était pas malheureux pourtant) !

Il y a donc du beau monde sous la surface à Saint-Paul. J’ai d’emblée prévenu Marin et Adélie qu’il n’était pas question de se baigner à Saint-Paul si toutefois nous pouvions nous arrêter, les prédateurs sont ici chez eux, et la nature est forte dans cet endroit perdu au milieu de l’océan.

A moins de 3 milles des Rochers, j’aperçois un requin se défiler in extremis de la trajectoire du flotteur babord, qui a bien failli le percuter. Il somnolait en surface, et s’éloigne mécontent, son aileron battant la surface, honteux de s’être fait surprendre.

Nous affalons la toile à un mille des roches, et faisons route aux moteurs vers la minuscule zone de mouillage sous le vent du goulet, où 3 des navires de pêche sont à l’arrêt.

Je m’aperçois en approchant qu’ils ne sont en fait pas mouillés, mais amarrés en file indienne à une longue aussière qui part sous le vent des rochers. Ils roulent bord sur bord, et l’immense précarité du lieu nous saute à la figure à cet instant. La houle océanique, 3 à 4 mètres de creux même par beau temps comme aujourd’hui, transforme l’endroit en une marmite géante à l’allure impressionnante, genre pêche au bar au phare de la Vieille par force 6.

Nous comprenons immédiatement qu’il n’est pas question de débarquer, le goulet est inaccessible aujourd’hui, submergé par les déferlantes et les paquets de mer, et habité de gros remous qui ne dépareilleraient pas dans le Fromveur par un force 8 de suroît à marée descendante…

Il fait pourtant grand beau, mais la houle océanique venue du sud de l’Afrique ne fait pas dans la délicatesse avec ces poussières d’îlots qu’elle rencontre sur son chemin après des milliers de kilomètres de route libre.

A bord des navires de pêche, à quelques mètres de nous, les marins brésiliens sont, je crois, doublement surpris : voir un voilier passer ici n’arrive pas tous les jours, qui plus est avec une joile femme en maillot de bain sur le pont…, et deux enfants ! Et puis ils observent attentivement notre catamaran qui, s’il déjauge parfois une partie de ses dessous dans la houle, ne roule pas, alors que Barbara se demande comment ces hommes font pour rester à bord de leurs bateaux atteints d’un roulis invraisemblable, et munis d’un pavois bien faible. Je ne les trouve pas très marins d’ailleurs ces bateaux, et suis persuadé qu’ils font le voyage depuis Natal qu’une seule fois par saison, restant basés autour des Rochers pendant la campagne de pêche, en étant ravitaillés (vivres, gas-oil, matériel, et débarquement du poisson) par la navette militaire affrétée.

L’évidence est là : impossible de pénétrer dans le goulet aujourd’hui pour approcher le pier, c’est un piège dangereux, pas la peine de mettre l’annexe à l’eau : il faut se contenter de regarder ce lieu étonnant et puissant. Et s’en mettre plein les yeux, car il est probable qu’aucun de nous n’y reviendra jamais…

Je tente de mouiller par une vingtaine de mètres de fond, mais l’ancre ne croche pas, nous dérivons.

Je vois le pneumatique orange d’un des bateaux de pêche être mis à l’eau. Il se dirige vers nous avec 2 hommes à bord. Ils viennent nous saluer et nous apportent une pleine bassine de langoustes !

Nous échangeons quelques mots en brésilien, et je leur donne deux bouteilles de vin. Ils sont ravis, et je saute quelques instants dans leur pneumatique pour prendre quelques images de Jangada aux Rochers Saint-Paul.

Nous restons quelques dizaines de minutes à observer les lieux, saluons nos hôtes de la main, puis doucement, reprenons notre route vers le sud-ouest en renvoyant la toile.

Etonnant premier contact de ce nouveau voyage au Brésil.

Chacun à bord se souviendra de ces instants que l’originalité de l’endroit transformera dans nos mémoires en souvenirs tenaces d’un moment exceptionnel.

Je regarde le minuscule archipel s’éloigner dans le sillage avec la satisfaction d’y être passé.

L’alizé de sud-est est là, nous filons 8 nœuds vers Fernando do Noronha, et je me dis que c’est le moment ou jamais de mettre les lignes à l’eau pour tenter de conjurer le sort qui nous a vus perdre plusieurs gros poissons et du matériel depuis notre départ de Casamance, en devant nous contenter de quelque menu fretin…

Soudain, le moulinet tribord, dont la ligne est équipé d’un joli poulpe bleu, et d’un solide moulinet Penn Senator entame une séquence dévirement hallucinante : le frein crépite en continu, la canne se ploie à la limite de la rupture, et le fil s’allonge dans la mer à une vitesse qui me fait redouter la même fin que précédemment : rupture, désolation, et chute passagère du moral du pêcheur…

Je cours serrer un peu plus le frein et m’aperçois que le moulinet est brûlant !

Au bout, c’est du gros, du très gros !

L’équipage est appelé d’urgence aux postes de manœuvre : reconnecter le système de barre à roue (sous pilote automatique, il est déconnecté pour diminuer la consommation électrique), lofer le plus vite possible pour faire chuter la vitesse, enrouler le solent, démarrer le moteur sous le vent, mettre à la cape à faible vitesse avec la grand-voile tout juste appuyée.

Puis chacun prend son poste habituel : Barbara (que ces séquences de pêche à forte intensité font stresser à bloc… ! elle n’aime pas la phase manœuvre-capture-mise à mort-préparation odorante et sanguinolente, et commence seulement à apprécier quand le Captain lui apporte sur sa planche à découper spéciale poissons les darnes de viande rouge et fraîche, façon marché du samedi matin à La Rochelle… ) aux commandes barre et moteur, Adélie préposée à l’apport de matériel en fonction des besoins (bouts, gants de plongée, gaffe à thon, fusil(s) sous-marins, couteau…), Marin à la canne assis sur le siège de flotteur, et moi - tendance à poil, consigne de la patronne, car j’ ai laissé plusieurs bermudas (odeurs fortes et traces de sang tenaces des animaux capturés) dans ces bagarres – en bas dans la jupe, les pieds copieusement rincés par la mer.

Pour cette raison, certaines photos sont censurées… !!!

Je ramène avec des gants, main sur main, le fil de nylon que Marin enroule au moulinet.

Cette fois, qu’est-ce qu’on a bien pu crocher au bout de la ligne ?

Mystère, mais excitation à son comble !

Devant la taille probable de l’animal, je devine à son regard que Barbara préfèrerait qu’il casse (elle me l’avouera !), et ceux de Marin et d’Adélie reflètent un mélange de scepticisme sur l’issue de la partie, et d’appréhension vis-à-vis de la bestiole…

Laquelle se calme un peu, mais la canne reste ployée à bloc. Il ne reste qu’une cinquantaine de mètres de fil sur le moulinet qui en compte 300.

Je me dis que le plus dur est fait, l’animal est bien accroché, et le fil n’a pas cassé…

Il faut le fatiguer, le fatiguer et compter sur sa résignation tant qu’il ne verra pas le bateau.

Je modifie le réglage du frein, pour que le fil puisse à nouveau partir si le poisson a des regains d’énergie, et je ramène de la longueur, doucement, patiemment, mais sans jamais relâcher la tension. De temps à autre, une secousse brutale reprend quelques mètres de fil, mais la prise n’est plus, au bout de 10 à 15 minutes, qu’à quelques dizaines de mètres.

Une seconde d’inattention à la barre et le bateau vire de bord avec la retenue de bôme amarrée sous le vent… Barbara démarre le moteur babord pour récupérer le coup, la ligne babord passe dans l’hélice, pas bien grave, le bateau reprend la cape.

J’en profite pour armer le premier fusil sous-marin, puis le deuxième, encore plus puissant.

Plusieurs oiseaux de mer suivent la capture de près, ils se tiennent au-dessus du poisson, nous indiquant sa position avec précision.

Il finit par apparaître au creux des vagues, couleur marron, forme encore indéterminée, identité indéfinie. Je redoute l’approche du bateau, qui provoque souvent des réactions violentes de la part des poissons pris au piège du leurre. Nous soufflons une minute avec Marin, c’est physique ! et puis nous attaquons la dernière séquence, où tout se joue.

J’ai les 2 fusils sous-marins chargés sous la main, ils vont servir à harponner le poisson pour sécuriser sa mise à bord sur la jupe, un moment délicat où la rupture de la ligne ou bien la libération du poisson sont fréquentes.

Lorsque l’animal n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, j’aperçois son rostre et sa nageoire dorsale, et pense d’abord, prise incroyable pour moi, à un marlin !

Ouaaahhh !

A la vue de l’appendice profilé du monstre, je chausse une paire de docksides, puis hale les derniers mètres. A ma grande surprise, le poisson nage sur le côté, sa voilure à l’horizontale, et il se débat relativement peu, ça vaut mieux pour moi…

Je ne suis pas connaisseur en pêche au gros, mais c’est plutôt un splendide poisson-voilier, rostre assez court, voilure immense, un sail-fish.

Je crois.

Il semble fatigué, il a beaucoup lutté, et l’énergie semble lui manquer pour une dernière tentative de libération. Au dernier moment, Adélie remplace Marin à la canne, Marin (malgré ses protestations !) prend le fil dans ses mains gantées et a pour mission de tenir le coup quoi qu’il arrive, et je prend le temps d’ajuster puis de décocher proprement mes deux flèches dans le corps musclé du grand poisson.

Je le hisse avec peine sur la jupe arrière avec les flèches, lui écrase le rostre du pied sur l’antidérapant, et parvient à lui passer un bout à travers les branchies.

Dans ces cas-là, j’ai de la ressource, volonté et énergie !

A partir de là, il a perdu la partie, et la boucherie commence pour faire partir la vie de cet animal qui mesure plus de 2 mètres et doit peser quelque chose comme 40 kgs !

Barbara regarde ailleurs, le sang coule, et bientôt le grand poisson ne bouge plus.

Instinct primaire sans doute, je me tourne vers mes enfants qui n’ont rien perdu de toute la séquence, et je pousse un cri de victoire que le vent emmène vers les Rochers Saint-Paul, encore visibles à quelques milles dans le sillage.

Remonter l’animal sur le flotteur tribord ne sera pas facile, il mesure 2,26 mètres de longueur !

Photos souvenir genre safari africain, puis transformation de Jangada en chalutier-usine pour l’après-midi entière !

Tout le monde se met à la confection des conserves ! Je passe deux heures à vider la bête et à découper des filets, en me félicitant d’avoir installé une pompe électrique de lavage à l’eau de mer…

Barbara et les enfants préparent les marinades, et les bocaux, sortis du fond de cale, se remplissent un à un.

Les 2 cocotte-minutes ronronneront toute la nuit, parfumant le carré de l’odeur du grand poisson. Quel souvenir !

Dans la soirée, vers 20H00, nous franchissons l’équateur, il fait nuit, et nous sommes tous devant l’écran du GPS à compter les derniers centièmes de milles avant de basculer dans l’hémisphère sud.

La Marseillaise retentit même à cet instant dans la sono du bord pour ce jour faste.

Une fois la méga-vaisselle effectuée, le cockpit de Jangada se transforme en piste de danse effrénée, signe d’un certain retour à la vie sauvage…

A l’I-pod, le captain, pour des rocks de légende, et à l’agitation frénétique, l’équipage qui se lâche grave…

Une journée mémorable à bord de Jangada!

Olivier


A l'approche des Rochers Saint-Paul



L'archipel au complet!



Le goulet, vu du nord-ouest



Pas question d'entrer dans le goulet aujourd'hui...



Remue-ménage à Saint-Paul



Amarrage précaire à Saint-Paul



Ambiance puissante



Pêcheurs brésiliens de Saint-Paul



Au premier plan, l'îlot principal Belmonte dans la houle



Saint-Paul balayé par la houle océanique



La petite station scientifico-militaire de Saint-Paul



Au plus près de Saint-Paul, impressionnant...



Déjeuner imprévu!



Muito obrigado!



A Saint-Paul, les voiliers sont rares



Bon, là, je fais comment



Beau specimen...



Trophée de chasse, 2,26 m, 40 kgs environ



Jangada, chalutier-usine



Adélie, ou la nostalgie de l'Afrique



Derniers mètres dans l'hémisphère nord

samedi 12 décembre 2009

TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE

Pendant les traversées, pas de connexions Internet possible pour Jangada, donc pas de blog. Pour néanmoins donner de nos nouvelles, nous allons rediger un petit billet par jour, envoyé par e-mail (Sailmail) le lendemain matin pour la journée de la veille à Vincent, sans images bien sûr. Quand il aura un moment, Vincent le "forwardera" sur sa liste des "abonnes", ou bien le mettra sur le blog, ou les deux. C'est lui le Dircom de l'expe.

Ainsi, ceux qui veulent pourront, un peu, traverser avec nous...!


TRAVERSEE DE L'ATLANTIQUE (les suivants seront plus courts!)

Jeudi 10 Décembre 2009, 1er jour

Hier (mercredi 9), nous avons quitte Ziguinchor, nous nous sommes offerts un grand lavage du bateau a l'eau douce en tirant un tuyau depuis le ponton du Kadiandoumagne (un hôtel au bord du fleuve, bien connu des enfants pour sa piscine!), nous n'avions pas pu faire ça depuis Tenerife, il y a plus de 3 mois! Un jus de poussière marron s'est lentement écoule dans le fleuve. Nous avons par la suite fait route aval jusqu'a un mouillage sauvage situe entre Elinkine et Kachiouane. S'en est suivie une expédition en annexe avec le Marinou(le moteur HB Yamaha a marche comme jamais) pour aller récupérer a la nuit les 2 colis contenant notre nouvelle installation frigo, enfin arrives a Cap Skirring par avion taxi. Entre l'acheminement depuis la France, les taxes douanières sénégalaises (plus de 1000 euros...) et le rapatriement sur Cap Skirring, ça en fait le frigo de bord le plus cher in the world! Et pour autant, je ne l'installerai qu'au Brésil...

Veillée d'armes au mouillage, sous nos dernières étoiles de Casamance. Une escale dont tout le monde a bord se souviendra longtemps.

Jeudi a 05H30, un peu avant la pleine mer, je me lève, bouscule une aigrette qui avait choisi de dormir sur la batayole bâbord, me fais un petit café, allume un cigarillo, je lève l'ancre, et appareille dans l'obscurité vers Karabane, puis Djogué. Je me guide au radar entre les berges. J'aime ces moments de solitude passagère ou je relance notre voyage.

Les premières lueurs de l'aube voient Jangada s'engager dans la passe de sortie. Je reprends mes points GPS, mais ne vois au départ dans mes jumelles qu'une barrière impressionnante de rouleaux déferlants. Ou est l'étroit passage de la passe, avec son virage à 90° entre deux trains de déferlantes? Je force les moteurs, et retrouve progressivement le chemin du large.

Jangada frôle les rouleaux à une cinquantaine de mètres... Serrage de fesses de rigueur. Les vagues qui lèvent, avant de déferler une encablure plus loin, réveillent progressivement Marin, puis Adélie, puis Barbara. Pas le meilleur moment pour mettre le nez dehors, mais le plus dur de la barre est derrière.

Une fois le dernier couple de bouées franchi, nous envoyons la toile, et mettons le cap sur les Rochers Saint-Paul, au 228 à 1021 milles.

Plein vent arrière léger, 10 à 15 nœuds, solent en ciseau.

Les fonds, de 6 mètres au départ, ne seront que de 15 mètres à midi.

La mer, de vert sombre dans la passe, ne deviendra bleue qu'avec les fonds de plus de 100 mètres atteints seulement en fin de journée.

Début de traversée avec une petite appréhension collée aux tripes de mes 3 équipiers, que je rassure au maximum tout en leur rappelant les consignes de prudence: ne se faire mal sous aucun prétexte, ne prendre aucun risque pour soi, et faire gaffe au matos.

Les lignes de traine reprennent du service: l'objectif est d'avoir fait le plein des conserves de poisson du bord avant d'arriver à l'ile de Fernando do Noronha. Une trentaine de kgs au bas mot...

Ca commence mal, un premier mastard nous arrache le leurre de la canne bâbord, et on en manquera deux autres au cours de la journée... Damned!

On est verts de rage: on voit des bonites sauter partout autour du bateau!

Marin sauvera la mise du jour en attrapant au coucher du soleil un petit spécimen (40 cms) qui assurera le diner. A la poêle, avec un petit filet d'huile d'olive, après le ti-punch du cap'tain, qui signe le retour aux habitudes du large: un délice...

Autre fait marquant du jour, concernant la vie sur la planète: vous n'allez pas le croire, et pourtant c'est vrai, le captain s'est rase le crane!!! Rasibus, plus un poil sur le caillou! Un bagnard à cote peut aller se rhabiller! Il y avait longtemps que je voulais voir ce qu'il y avait là-dessous. Mais, question d'hygiène, vous n'en saurez rien! Simple difficulté passagère: j'ai l'impression que certains membres de l'équipage ne me reconnaissent pas au coin des coursives!

Le plus oppose a ce projet (d'envergure) était Marin, Adélie était réservée, et Barbara a fond pour... Allez comprendre pourquoi? Les femmes, me suis-je dit, c'est complique, je me suis donc seulement assure que ce n'était pas une forme d'envie de changer d'homme... Pour le reste, j'ai renonce à savoir.

Mais sincèrement, j'avais envie, moi, le temps d'une traversee loin du monde, de connaitre la dure condition de certains de nos proches, dont c'est, hélas pour eux, le lot quotidien: je pense a Vincent, mon beau-frère (le webmaster), à Vincent (le Petit au grand cœur), a Gianni (l'italien), a d'autres qui n'ont pas encore fait leur coming-out (Thierry L, Philippe T...) mais doivent s'y préparer... et aussi a Laurent (Zibaut)que je soupçonne parfois d'avoir une perruque, pour séduire les jeunes femmes qui viennent aux réunions Tupperware organisées par Pascale.

Bref, une façon pour moi de montrer un peu d'humanité...

Euh, ben, c'est pas tout ça, ca repousse décent en combien de temps?

Donc hier, de l'événementiel en quantité à bord de notre double pirogue!

Le soleil réapparait en fin de journée et la mer commence à ressembler à l'océan.

Les carènes de notre voilier, sales après presque 2 mois d'Afrique pure et dure, retrouvent le bleu profond.

En route vers l'Amérique du Sud! En route vers le nordeste brésilien, en route pour le pays des jangadas!

A demain.

A bord de la caravelle rochelaise

Captain Oliver

Vendredi 11 Décembre 2009, 2eme jour

A 09H00 ce matin, après 24H00 de mer, nous avons parcouru 143 milles sur la route directe. Les Rochers Saint-Paul sont à 878 milles devant. Le vent a repris légèrement pendant la nuit, 10/12 nœuds. Ciel voile, on n'aperçoit que quelques étoiles. L'air est à 28°C, l'eau de mer a 27,4°C. La guigne a la pèche a continue aujourd'hui: d'abord un gros poisson a arrache le bas de ligne bâbord malgré notre manœuvre pour enrouler le solent et venir dans le vent. Le cliquet métallique n'a pas supporte le devirement vertigineux que lui a impose ce gros poisson muscle. Il a casse. Puis nous avons pris un joli sac en plastique un peu plus tard dans la matinée... L'après-midi n'a pas connu d'amélioration: un oiseau de mer s'est emmêle l'aile droite dans la ligne tribord, il a fallu le ramener a bord (il s'en souviendra car il a bu une sacrée tasse) pour le libérer. J'ai pu éviter les coups de bec en le tenant par le cou, mais pas les coups de griffes de ses pattes palmées qu'il m'a généreusement distribues. Il était probablement mal élève car il est parti sans dire merci!

Pour finir avec la pêche, un autre joli poisson a emmène le leurre de la ligne capelée sur le balcon arrière, avant que je ne décide d'intercaler un gros sandow... Pourtant tous mes montages sont en 80 ou 100/100... C'est qu'il y a visiblement du beau monde par ici!

Série noire!

Adélie termine son premier pave de Bobby Pendragon, Marin se tape "Le Roi Arthur", Barbara est plongée dans "Les Chutes" de Joyce Oates et je termine les "Poésies complètes" d'Arthur Rimbaud.

A demain

A bord de la caravelle rochelaise

Captain Oliver

Samedi 12 Décembre 2009, 3eme jour

Ce matin a 09H00, nous avons parcouru 303 milles en 48H00 sur la route directe, et 160 dans les dernières 24 heures. Les Rochers Saint-Paul sont à 715 milles devant. L'eau de mer est à 28,2°C, l'air a 30°C.

L'alize de nord-est donne les premiers signes de faiblesse, il ne souffle guère au-dessus de 10/12 nœuds, et nous nous "trainons" désormais entre 5 et 6 nœuds.

Il va falloir s'y habituer sur cette route, et ça ne va pas aller en s'arrangeant les jours prochains, à l'approche des calmes équatoriaux. Le ciel commence a être encombre, sans être charge ni menaçant, mais ce n'est déjà plus un ciel d'alize avec des cumulus qui courent a travers l'océan, et des grands pans de ciel bleu...

La pêche n'a donne aujourd'hui qu'une petite daurade coryphène, vite transformée par Marin et Barbara en poisson a la tahitienne en entrée du déjeuner. Nous avons à nouveau perdu un leurre avec un poisson trop gros.

La mer est peu agitée, gris-bleu, avec peu de houle. Journée lecture et musique. J'ai pris la météo sur Skyfile ce soir, et d'après les fichiers Grib reçus, nous aurions encore 24 heures, peut-être 36, a courir avec ce petit alize moribond, puis ce sera le début de la ZIC (zone intertropicale de convergence): vents erratiques, grains, orages violents, pluies torrentielles...

A moins qu'on ait de la chance! Il va falloir s'accrocher le moral au plafond du carre, et gérer ce passage un peu difficile psychologiquement, et physiquement: voiles qui battent, vitesse moyenne lamentable, nombreuses manœuvres, prières pour éviter le plus fort des orages, les éclairs et la foudre...

Au moins 2 mauvaises journées à passer (lundi et mardi), peut-être 3 (mercredi), avant de toucher la première risée de sud-est qui relancera le bateau au bon plein. Inch'Allah!

Cet après-midi, j'en ai eu marre de voir la grand-voile lattée battre violemment par insuffisance de vent (à cet égard, la corne de la grand-voile, façon course, n'arrange clairement pas les choses, elle accentue le phénomène), alors nous avons sorti "John Deere".

"John Deere", c'est le spinnaker triradial vert (et blanc), qui, une fois amure court sur les deux étraves, tracte Jangada sur l'océan. C'est un spi de vent arrière, assez plat. Quand "John Deere" est au travail, le solent et la grand-voile sont au placard. On a donc tout rentre, et ce soir, le grand spi vert doit se voir de loin sur la mer, mais a priori il n'y a que les poissons-volants pour s'étonner de le voir passer.

Je vais tenter de le garder toute la nuit, mais ça c'est plus hasardeux...

D'ordinaire Barbara prend le quart de 20H00 a 24H00, puis je vais jusqu'au matin, et la journée se fait pour le moment hors-quart, l'océan est désert. Mais ce soir, la Barbouille est barbouillée, petit mal de mer latent ou bien petite gastro, nul ne sait. Je l'ai envoyée se coucher pour une longue nuit dans l'obscurité de notre cabine, ça devrait aller mieux demain.

Et puis j'aime autant surveiller "John Deere" de prés, le bougre devient vite sportif quand le vent rentre...

Alors je vais passer la nuit à alterner la veille et les courtes tranches de sommeil de 20 minutes dans le carre. Car un porte-conteneurs qui fait route vers vous à 25 nœuds et qui est encore juste sous l'horizon au moment de votre précédent tour d'horizon (veille visuelle) est sur vous 25 minutes plus tard...

On n'y tient pas.

Marin dort dans la cabine milieu tribord, et Adélie tient toujours à dormir dans le carre à bâbord, elle appelle cela "faire le quart"...!, de temps a autre elle parle en rêvant et cette douce présence me tient joliment compagnie.

Bon Dimanche!

A bord de la caravelle rochelaise

Olivier

Dimanche 13 Décembre 2009, 4eme jour

Ce matin a 09H00, les Rochers Saint Paul sont a 579 milles devant, la passe de la Casamance a 440 milles derrière. Nous avons parcouru 136 milles sur la route directe ces dernières 24 heures.

Nous avons garde "John Deere" (le grand spi vert)toute la nuit, il a gentiment tracte Jangada a environ 5 nœuds. Sans faire des siennes! J'ai donc pu somnoler entre mes tours d'horizon de cette longue nuit de 12 heures. Pas vu âme qui vive! Nous sommes toujours plein vent arrière, une allure qui n'est pas tres favorable aux catamarans question vitesse, surtout par brise legere. Avec 10 à 11 nœuds de vent vrai, le vent apparent n'est que de 5 a 6 nœuds, vous voyez le genre: pas violent...

Mais il a fait beau toute la journée, grand bleu!

Mon cuir chevelu a du bronzer un peu...

Barbara a bien dormi (genre 12 heures)et va mieux, sinon bien. C'est plutôt moi qui suis faiblard aujourd'hui!!!: fievre, courbatures,j'ai pris froid (mais si, la nuit on supporte une polaire!)la veille du départ lors de notre viree sauvage en annexe (et chemisette) a Cap Skirring avec Marin, et depuis je me traîne. Mais Barbara est très motivee pour retaper son skipper (elle a tres envie d'arriver de l'autre cote, c'est bien evident, c'est la première raison qui me vient a l'esprit!), et je bouffe plus de Doliprane 1000 en ce moment que de daurade coryphène...

Dans la soiree, nous aurons franchi la mi-route entre Casamance et Rochers Saint-Paul (510 milles).

Aujourd'hui, fabrication de pain a bord: une "jangadeenne" (nom donne par les enfants)cuite a la poêle, et un pain au four. Un peu de CNED pour Marin et son professeur particulier et de la lecture pour tous. Marin a fini "Le Roi Arthur" et attaque "Vendredi ou la vie sauvage", Adélie se fait gouluement le deuxieme pave de Bobby Pendragon,Barbara termine ses "Chutes" et j'ai commence "Shantaram".

Le calendrier de l'avent a fait son apparition a bord ce matin, plus tard qu'a terre, sans doute parce qu'ici nous sommes loin de l'agitation de Noel. Le decor naturel qui nous entoure ne l'evoque guère, et les magasins joliment decores sont rares au coin des vagues.

Nous allons attendre d'être passes aux Rochers Saint Paul, et de faire route sur l'ile de Fernando do Noronha, pour mettre en place la deco de fin d'annee.

Pour nous, ce sera probablement cette annee Noel au mouillage a Fernando, et le 1er de l'an quelque part au Bresil, entre Natal et Fortaleza.

A la nuit, et malgré un ciel encore etoile au-dessus de nous, j'ai aperçu des eclairs immenses loin dans le sud: des orages. Ceux sont les signes avant-coureurs du pot au noir.

Le vif du sujet n'est plus tres loin.

Je vais sans doute debrancher les antennes de la BLU, de la VHF et du telephone par satellite pour tenter de preserver ces appareils de la foudre (mais je sais, pour l'avoir vecu, qu'elle passe aussi bien par les alimentations...).

Vous n'aurez peut-être donc pas de nos nouvelles pendant le franchissement du pot-au-noir.

Nous allons sans doute aussi inflechir un peu notre route vers le sud.

A plus tard

Olivier

Lundi 14 Décembre 2009, 5eme jour:

ENTRES DANS LE POT AU NOIR PAR 06°25'NORD Ce matin a 09H00, les Rochers Saint-Paul sont a 462 milles devant les étraves, la passe de la Casamance a 556 milles derriere. Ces dernières 24 heures, nous avons parcouru 117 milles, notre plus mauvais score depuis toujours avec ce bateau: la faute aux calmes équatoriaux! Pourtant, "John Deere" (le grand spi vert)n'a pas demerite, il est reste a poste toute la nuit derniere! Mais le gas-oil commence a manquer dans le tracteur...

Barbara a fait son quart de 20H00 a minuit, et j'ai pris la suite. J'ai observe toute la nuit des eclairs zebrer les cieux dans le sud, mais nous avons ete epargnes. J'ai pris des fichiers Grib ce matin, ils montrent que nous entrons effectivement dans la ZIC(ZIC:zone intertropicale de convergence, le pot-au-noir des marins français, les "horses latitudes" des marins anglais: les chevaux transportes vers l'Amérique du Sud crevaient de deshydratation,de stress,sur les voiliers encalmines pendant des jours et des jours). Le vent va haler l'est, mais il me semble aussi que la ZIC n'est pas trop trop large en ce moment, de l'ordre de 3° de latitude, donc 180 milles nord-sud. Pour nous désormais, puisque nous y sommes, l'objectif est de traverser la ZIC le plus vite possible, pour en sortir cote sud le plus tot possible. Pour cette raison, ce matin, nous avons remis "John Deere" au garage, et avons renvoye la grand-voile et le solent en adoptant un cap plus sud que la route directe de 30°environ, au 195. Objectif double: franchir la ZIC le plus orthogonalement possible (c'est comme ça qu'on la franchit au plus court)et aussi se retrouver un peu au vent de la route directe au moment de toucher notre du, c'est a dire les alizes de sud-est, ce qui permettra de choquer un peu les ecoutes vers Saint-Paul. Vous me suivez? Du coin de votre cheminee, j'entends d'ici le bois sec crepiter chaleureusement...

Les grains de pluie se sont enchaines a partir de midi, sans guère de vent dedans. Nous avons pu lessiver le bas de la grand-voile, et le haubannage a rendu un jus marron dont il faut chercher l'origine dans l'harmattan africain.

Les manœuvres de voiles ont rythme la journée, mais globalement, nous sommes passe entre les plus gros grains qui nous entouraient. On a fait route sur un moteur dans les calmes plats, ce qui nous a permis de refaire de l'eau douce avec le dessalinisateur. Nous consommons environ 50 litres d'eau douce utilitaire par jour, hors eau de boisson (eau minerale en bouteille de 10 litres).

Barbara nous a fait des crepes delicieuses dans l'après-midi, le moral reste bon!

Je vous disais qu'avant Marin et Adélie MESNIER, celebres petits rochelais, qui s'appretent a y faire escale d'ici 3 a 4 jours, Charles DARWIN lui-meme a pose le pied sur les Rochers Saint-Paul: c'était le 16 Fevrier 1832. J'ai trouve dans ma bibliotheque de bord le livre de Darwin "Voyage d'un naturaliste autour du monde". Resituons le bazar: le 27 Décembre 1831, un voilier battant pavillon britannique quitte Davenport pour un voyage de cinq ans autour du monde, a buts scientifiques. C'est le HMS BEAGLE, petit vaisseau de 240 tonneaux, commande par le capitaine Robert FITZ-ROY, 26 ans, avec a bord 76 hommes d'équipage et passagers, dont 3 naturels fuegiens que le BEAGLE ramene chez eux... A bord, un jeune homme de 22 ans, naturaliste, tout juste diplome de Cambridge: Charles DARWIN. Je vous livre quelques passages relatifs a sa courte visite (une matinée)sur les ilots de Saint-Paul.

"En traversant l'Atlantique, nous mettons en panne, pendant la matinée du 16 Fevrier, dans le voisinage immediat de l'ile Saint-Paul. Cet amas de rochers est situe par 0°58' de latitude nord et 29°15' de longitude ouest... Le point le plus élève de l'ile Saint-Paul se trouve a 50 pieds seulement au-dessus du niveau de la mer; la circonference entiere de l'ile n'atteint pas trois quarts de mille. Ce petit point s'élève abruptement des profondeurs de l'Océan... Les Rochers de Saint-Paul, vus d'une certaine distance,sont d'une blancheur eblouissante. Cette couleur est due, en partie, aux excrements d'une immense multitude d'oiseaux de mer, et, en partie,a un revetement forme d'une substance dure, brillante, ayant l'eclat de la nacre, qui adhere fortement a la surface des rochers... On ne trouve que deux sortes d'oiseaux sur les rochers de Saint-Paul: le fou et le benet. Le premier est une espece d'oie, le second un sterne. Ces deux oiseaux ont un caractere si tranquille, si bete, ils sont si peu accoutumes a recevoir des visiteurs, que j'aurais pu en tuer autant que j'aurais voulu avec mon marteau de geologue...Le fou depose ses oeufs sur le roc nu; le sterne, au contraire, construit un nid fort simple avec des herbes marines.A cote d'un grand nombre de ces nids se trouvait 1 petit poisson-volant que le male,je le suppose, avait apporte pour la femelle en train de couver. Un gros crabe fort actif qui habite les crevasses du rocher me donnait un spectacle fort divertissant; des que j'avais derange la couveuse, il venait voler le poisson place aupres du nid. Sir Symonds, une des quelques personnes qui ont debarque sur ces rochers, me dit qu'il a vu ces memes crabes prendre les jeunes oisaux dans les nids et les devorer. Il ne pousse pas une seule plante, pas meme un seul lichen sur cette ile; cependant plusieurs insectes et plusieurs araignees l'habitent... Il y a tout lieu de croire que la description si souvent repetee, d'après laquelle de magnifiques palmiers, de splendides plantes tropicales, puis des oiseaux et enfin l'homme s'emparent, des leur formation, des iles..., il y a tout lieu de croire, dis-je que cette description n'est pas tout a fait correcte. Au lieu de toute cette poesie, il faut malheureusement le dire pour rester dans le vrai, les premiers habitants des terres oceaniques nouvellement formees consistent en insectes parasites qui vivent sur les plumes des oiseaux ou se nourrissent de leurs excrements, outre d'ignobles araignees..."

Bon, ben on va aller verifier tout ça!

Captain Oliver

Mardi 15 Décembre 2009, 6eme jour FRANCHISSEMENT et ... SORTIE du POT AU NOIR!!!

Aujourd'hui a 09H00, les Rochers Saint Paul etaient a 351 milles devant,la passe de la Casamance a 668 milles derriere. Et l'ile Fernando do Noronha a 676 milles devant. Soit 111 milles parcourus en 24 heures, encore pire que la veille, mais la, en pleine ZIC (zone intertropicale de convergence), c'est pas si mal. Nous avons navigue toute la nuit derniere dans la ZIC donc, avec des vents tres faibles ou nuls, et avons fait route avec un des deux moteurs , a 4 nœuds, grand-voile haute et sans voile d'avant. Les lignes de grains ont balise la nuit, avec des eclairs et de la pluie, mais pas de foudre et seulement quelques modestes rafales. Je trouve que nous avons eu de la chance: nous sommes passes a cote des grains les plus denses, dont la formation et l'approche la nuit est rapide et toujours impressionnante. Je n'irai pas jusqu'a dire que je suis decu, mais a vrai dire je comptais sur des pluies plus violentes pour laver le haut de la mature et des voiles des traces de notre sejour africain. Je m'attendais a traverser la ZIC sur 3° de latitude, or ce matin vers 10H00, par 04° 35' de latitude nord, le ciel s'est rapidement eclairci, une petite brise s'est mise a souffler gentiment du 130, et 30 minutes plus tard, le ciel était redevenu un ciel d'alize, le soleil brillait, l'alize de sud-est était au-rendez-vous, avec 24 heures d'avance sur ce a quoi nous nous attendions!!! Prudemment tout de meme, j'ai donne mon sentiment a Barbara, puis aux enfants, qui cette nuit, par securite, par rapport aux risques d'orage, (je me suis trouve par 2 fois, par le passe, sur des voiliers foudroyes, et j'ai une petite idee de ce que cela peut donner...)avaient tous deux dormi ensemble en-bas, dans la cabine tribord milieu.

Mais une heure plus tard, la brise de sud-est était toujours là, etablie a une quinzaine de nœuds, et l'on a vu disparaitre loin sur l'arrière les gros cumulo-nimbus du pot-au-noir...!!!

Yeeeeeeeeh!!!

Super! Jangada a donc franchi la ZIC large de 120 milles environ en 24 heures, une tres bonne operation!

S'en est suivie une grande journée d'alize au bon plein/petit largue, avec 14 a 17 nœuds de vent, et une vitesse de 7 a 8 nœuds constante sur la route directe de Saint Paul que nous avons reprise.

En matinée, nous avons aussi franchi la moitie du parcours entre notre point de départ et le mouillage qui nous attend a Fernando do Noronha. La deuxieme partie des traversees est toujours plus facile a gérer psychologiquement.

De plus, désormais, il y a peu de risque que l'on soit encalmine, Jangada carbure sans forcer, le vent est tout de meme sur l'avant du travers, une allure que n'apprecie guère Barbara a cause des mouvements parfois brutaux qu'elle genere.

Je commence donc a regarder une vague ETA (estimated time of arrival)pour Saint Paul.

Par exemple, si on continue comme ça, l'après midi du Jeudi 17 Décembre pourrait nous voir atterrir sur les Rochers Saint-Paul. Reste a savoir quelles conditions de vent et de mer nous auront!

LE COIN DU MARIN

C'est vrai que je commence toujours ces billets du large en vous parlant de milles marins. Qu'est ce donc qu'un mille marin? Le mille marin, dans la pratique maritime internationale, c'est la minute sexagesimale de meridien (distance, mesuree a la surface de la Terre, correspondant a une minute d'angle prise selon un meridien a partir du centre de la Terre)a la latitude de l'observateur. Il varie donc, le bougre, suivant la latitude, de l'equateur (1843m) aux poles (1862m, car la Terre n'est pas spherique, c'est une ellipsoide de forme, elle est aplatie aux poles). La plupart des nations maritimes ont adopte comme unite de mesure immuable des distances en mer le mille marin international, soit 1852 mètres. C'est en fait la valeur de la minute de meridien a la latitude de 45°. Ben voila!

Et le noeud, alors? Ben le noeud, c'est l'unite de vitesse en mer. Un noeud, c'est un mille par heure. Donc 1,852 km/h, ou 1852m en 3600 secondes, soit 0,514 metre par seconde. A l'origine, le noeud était une unite de longueur.

Allez, une devinette: pourquoi l'espacement entre deux nœuds sur la ligne de loch faisait-il theoriquement 15,43 mètres, et en pratique 14,62 mètres? Trop facile!

A demain

Olivier

Mercredi 16 Décembre, 7eme jour

A 09H00 ce matin, les Rochers Saint Paul etaient a 193 milles devant, la passe de la Casamance a 826 milles derriere. L'ile Fernando a 520 milles. Nous avons parcouru 158 milles sur la route directe, dans un alize de sud-est variable en force. Nous avons passe l'essentiel de la journée dans une zone de grains noirs, qui nous ont fait traverser quelques averses intenses, accompagnees de rafales encore gerables sans reduction de voilure. J'en ai profite pour sortir le ballet brosse! Le soleil a fait son apparition en début d'après midi. J'ai visionne pour ma part le film "Mission", tandis que Marin et Adélie, qui ont decouvert la serie de documentaires "C'est pas sorcier" que nous avons acquise avant le départ se regalent depuis hier avec ça.

J'ai regarde les quelques cartes et schemas des Rochers dont je dispose, et j'ai prepare une trajectoire d'approche et un point de mouillage precis d'après ces donnees. Le Bresil entretient sur le minuscule archipel une petite base scientifique occupee en principe par 4 scientifico-militaires. En dehors de l'interet des etudes relatives a quelques "insectes parasites et horribles araignees" citees par DARWIN, il est probable que le Bresil etend ainsi a pas cher sa Zone Economique Exclusive!

La vraie question scientifique que je me pose ce soir est plutôt de savoir si ils ont avec eux de quoi nous faire notre première caipirinha (sachant que nous avons a bord des citrons verts africains), en echange de la bouteille de vin rouge bien de chez nous que je m'apprete a leur offrir si l'on peut debarquer!!!

Reponse demain soir?

Olivier

Jeudi 17 Décembre 2009, 8eme jour.

Juste 7 jours de mer! La Casamance est a 1001 milles derriere, et les Rochers a ... 16 milles devant! On a carbure toute la nuit, avec prise du premier ris vers 01H00 du matin. Barbara adore!

Je vous laisse, il faut quand meme que je ne passe pas a cote des Rochers, mais sans nous mettre dessus non plus!

Il y a 20 nœuds de vent et la mer est un peu formee, que donnera le mouillage, meme pour quelques heures?

A suivre!

Bonne journée, on vous embrasse, tout le monde va bien a bord, le captain est retabli, après Saint-Paul aujourd'hui, Fernando dans 2 a 3 jours!

Inch'allah

Olivier

Vendredi 18 Décembre, 8 jours de mer.

Dédié à mon frère Louis, pour nos souvenirs communs dans ces eaux.

Atterrissage sur FERNANDO do NORONHA demain matin Samedi!

Week-end chez l'oncle Fernando!

La Casamance à 1185 milles derriere, Saint Paul à 172 milles dans le sillage, et l'ile de Fernando do Noronha à 162 milles devant ce matin a 09H00!!! Jangada allume dans l'alizé, toujours au petit largue 18/20 nœuds pour une vitesse constante de 9 a 10 nœuds. Le GPS me donne une ETA a 3H00 du matin a Fernando, on va donc ralentir un peu pour arriver au petit jour sur cette ile splendide, que je connais déjà pour y avoir passe le premier de l'an de grace 1983, avec mon frère Louis, à bord du premier Jangada.

Nous avions traverse en 13 jours, ce sera seulement 9 avec Jangada V.

T'en souviens-tu cher frere?

Hier fut une journée exceptionnelle, qui fera l'objet d'un Billet dans le blog des que possible (pour les images!). D'abord le passage, court mais intense, aux Rochers Saint Paul, cela restera un souvenir rare pour chacun de nous a bord tellement l'endroit est étonnant, même s'il ne fut pas question de débarquer. Et puis, en quittant les Rochers vers Fernando, la prise à la ligne de traîne tribord d'un magnifique poisson-voilier (sailfish) de de de ..... 2,26 mètres de long...!!!! Et quelque chose comme 40 kgs? Vous avez bien lu! Nous avons eu du mal à remonter le bazar à bord, et Jangada s'est aussitôt transformé en chalutier-usine, un peu sanguinolent.

Les cocotte-minutes ont ronronne toute la nuit..., le stock de conserves est full up! Eh oui, grand frère, là on a mis la barre assez haut, tu auras du mal à faire mieux à la pêche à la traîne...

Enfin hier soir, notre double pirogue a fait irruption dans l'hemisphere sud, franchissant l'équateur vers 20H00.

Autre pensée émue, Barbara et moi ne serons pas présents ce soir au "petit Noël des Gloor", mais loin des yeux, près du cœur...

Depuis l'Atlantique Sud, eau de mer à 27°C, air à 31°C Couvrez-vous bien!

Le Captain

vendredi 18 décembre 2009 - 8ème jours (BONUS de Barbara)

Bonjour,

Bon je ne vous cache pas que ces dernières 48h00 je trouvais que la mer, le ciel, les vagues, ca commencait a bien aller. Le temps devenait longuet, l allure du bateau desagreable avec ses mouvements brutaux de crabe, le Bresil bien loin encore. Bref un bon coup de mou.

Mais voila que la journée d aujourd hui a elle toute seule...! Je vais vous la faire breve, car j en connais un qui va se lacher grave dans le descriptif par le menu du detail du D Day...

Donc cela a commence ce matin par la decouverte des fameux rochers, battus par les vents et par les vagues, mais bien reels au milieu de cet océan si grand, et c était magique de les y trouver. Puis les premiers bresiliens, pecheurs de metier,qui mouillaient par la et qui nous ont apporte des langoustes en guise de bienvenue, comme premier contact avec le Bresil, difficile de faire mieux. Ensuite ce fut en quittant les rochers, la prise d un sail-fish (poisson-voilier), un spécimen de 2,26 m !, remonte a la ligne par Toto mon heros. Jangada qui s est alors transforme en bateau usine toute l après midi avec l équipage au complet pour transformer the monster en 30 bocaux de conserves. Ensuite il y a eu le passage de la ligne (l'equateur)vers 20H00, et en fin de journée la musique a fond sur le pont avec toute la petite famille qui s agitait frenetiquement pour feter ce jour faste!

Bon a present les milles sont plutot derriere que devant, donc le moral est regrimpe au beau fixe!

Les enfants sont en forme, ils lisent, ils manoeuvrent, ils cuisinent donc, ils ne font pas cned, ils gerent bien les passagers maux de mer, ils sont bronzes, ils sont gais, bref ils sont bien sympas et c est quand meme une sacrée joie de partager tout ca avec eux.

Je vous embrasse toutes bien fort comme je pense a vous.

Bons baisers a toutes, j ai passe un agreable moment avec vous a vous raconter ma journée, encore 2 bonnes heures de quart pour moi et ensuite direction ma banette et gros dodo, a moins que la cap taine me sorte du lit pour prendre un ris dans la grand voile...ce sont des choses qui peuvent ( malheureusement ) arriver...

Barbara

Samedi 19 Décembre, un peu moins de 9 jours de mer.

ARRIVEE à FERNANDO do NORONHA!

Hier soir, veille d'arrivée, nous avons reçu un message de Gwenvidik, encore en Casamance, qui nous indiquait qu'un voilier du nom de "Tahiti" avait heurté un cachalot "à 2 jours de Fernando", et avait une voie d'eau qu'il avait du mal à contenir. Nous avons tenté de le joindre sans succès, mais en l'absence de position précise, et à 60 milles seulement de l'île, pas grand chose à faire... J'ai quand même envoyé un message indiquant que nous avions rencontré 5 bateaux de pêche aux Rochers Saint Paul, et que le secours le plus proche pouvait consister à les rejoindre.

Puis vers 21H30 heure française, nous avons pu joindre par Iridium notre amie Geneviève (Gloor)pour souhaiter une bonne soirée à tous ses invités du "petit Noël", une tradition inamovible, et hautement gastronomique, à laquelle nous sommes absents avec moult regrets cette année.

Puis le vent a refusé et forci pour nos dernières heures de traversée, histoire sans doute de nous rappeler qu'une traversée océanique reste une partie de haute mer. Nous naviguions déjà avec 1 ris, mais vers 23H30, je sors Marin de sa banette, lui chausse une frontale, et nous prenons un 2ème ris, puis reprenons notre route au 215 avec un peu moins de solent. Le vent apparent frise 25/30 nœuds, nous sommes au près, et pour ces dernières dizaines de milles, ça tape et ça mouille! On ne ralentira guère, et j'aperçois vers 2H00 du matin les premières lueurs de Fernando do Noronha. A 04H30, tout le monde est sur le pont pour affaler, puis nous entrons prudemment dans la Baia de San Antonio, et gagnons le mouillage houleux au pied d'El Pico, le fameux pain de sucre de l'ïle. Des rafales nous tombent dessus, la houle qui contourne l'île vient déferler lourdement sur la grève dans un fracas assourdissant, cela n'a pas changé.

Nous sommes arrivés! J'embrasse Barbara, Marin, et Adélie, en les félicitant pour leur première traversée.

La Casamance est à 1350 milles derrière, les Rochers Saint Paul à 332 milles dans le sillage. Et le Brésil continental à 36 heures de mer.

Le vent siffle dans les haubans, tout le monde au dodo.

Demain sera un autre jour.

Olivier

Fin de la traversée : Ile Fernando


22 Décenbre 2009 : Merci Fernando, et bye-bye

Belle journée de ballade sur l'ile (avec le "red buggy")et sur la splendide plage Praia de Leao. Tout le monde a batifole dans les rouleaux. Escale de charme bientot en images sur le blog. Le voilier "Tahiti", qui a heurte puis s'est fait attaquer par un cachalot a la latitude des Rochers Saint Paul est arrive hier au mouillage a cote de nous. Les degats sont importants, cloisons explosees, varangues rompues, borde enfonce, voie d'eau 100 litres heure...

Il ne faut pas perdre de temps, je leur ai passe une pompe volante, nous appareillons donc ce matin lundi 21 ensemble vers Cabedelo/Joao Pessoa et allons les escorter jusqu'a Jacare, a vitesse reduite pour nous. 235 milles au 218, nous voulons y être le 23 pour passer Noel la-bas. J'y remonterai notre nouveau frigo, il faut demonter un alternateur qui ne marche plus, nous irons a Olinda (belle cite coloniale preservee), et peut-être meme a Salvador par la route, a voir. Ensuite, nous remonterons vers le nord.

Nous vivons désormais a TU moins 2.

Barbara a ecluse sa première vraie caipirinha bresilienne, et je crains qu'il y en ait d'autres qui suivent.

Bonnes vacances de Noel a tous

Depuis l'Atlantique Sud

Olivier

(PS 1: Merci Tomana, j'avais repere Jacare sur internet a Ziguinchor, et il faut surveiller El Nino, il peut nous compliquer la vie dans le Pacifique...

PS 2: je vais recharger la balise ce jour, 6 heures off PS 3: air a 30°C, eau a 27°C PS 4: Timothee, revise bien!!! et bon courage de la part de Papa)