Par Olivier
Vous ne connaissez pas les Açores ? Vous n’avez jamais songé à aller y passer des vacances ? à y pratiquer la randonnée ? A vous ressourcer dans la verdure au milieu des hortensias au mois de Juin ? Vous manquez d’imagination.
Vous avez tort.
J’aime les Açores, à pied (le meilleur moyen de découvrir le monde), en Land Rover (pas mal aussi, nous avions mis « Papa Tango Charlie » sur un cargo à Porto il y a quelques années, direction Ponta Delgada, pour quelques semaines de vacances), et aussi en voilier, surtout depuis que les abris possibles se sont (beaucoup) développés.
Les deux ou trois derniers jours de notre traversée Cap Vert – Açores resteront gravés dans ma mémoire, davantage que la semaine de « shaker » qui les a précédés. Et pas pour les raisons inverses. La remontée au près des alizés de nord-est fût certes inconfortable, humide et chaotique pour l’équipage et le bateau, mais finalement la progression au près bon plein débridé (45° du vent apparent), seule véritable solution satisfaisante pour un catamaran dans la mer formée, nous autorisa une moyenne journalière de progression au but, 150 milles environ, tout à fait honorable. Il est vrai que les ailerons fins et profonds (1,60 mètre !) de Jangada lui font apprécier de temps à autre les legs sur lesquels le vent souffle de l’avant du travers. La plupart des monocoques de croisière de dimensions équivalentes resteraient dans ces conditions dans son double sillage, pourvu que le vent apparent soit au moins égal à 15 nœuds, condition sine qua non pour qu’un catamaran de croisière commence à s’agiter. Une autre vérité, c’est qu’un catamaran n’est pas le meilleur outil pour passer en puissance dans une mer formée avec 3 à 4 mètres de creux. Sur pareil engin, il convient de lever le pied, pour plusieurs bonnes raisons, sauf à courir un risque d’avarie. D’où cette moyenne journalière modeste, mais qui doit s’apprécier en tenant compte de l’état de la mer contre lequel le voilier a à lutter.
Qu’on le veuille ou non, dans ces conditions particulières, un catamaran ça tape, ça génère pas mal d’embruns et de mouvements relativement violents. Pour qu’un catamaran commence à ne plus taper au niveau de la nacelle, il faut une « garde au sol » (hauteur libre sous nacelle) d’environ 1,20 mètre ! Une dimension généralement réservée aux grandes unités … de course ! La plupart des catamarans de croisière du marché sont trop bas de nacelle, ils ne dépassent guère 0,50 m à 0,60 m… Jangada avoisine 0,90 m, c’est mieux, mais pas encore complètement suffisant. Certaines unités sont quasiment vautrées sur l’eau, je n’aimerais pas naviguer à leur bord ! On se demande parfois ce qu’ont dans la tête certains architectes navals, et s’ils quittent de temps en temps leur table à dessin pour aller naviguer au large, autrement que par mer belle les week-ends d’été !
Ceci étant, avantage du multicoque, nous n’avons jamais eu à enfiler nos cirés et nos bottes sur ce début de traversée mouvementée. Toujours abrités sous le hard top du roof, l’avantage est énorme par rapport au cockpit d’un monocoque sans timonerie : on ne prend jamais ni le vent ni les embruns dans la figure, tout en conservant en permanence une excellente vision, en particulier sur l’avant, et de plain pied. La nuit, l’avantage augmente encore considérablement. En arrivant aux Açores, nous avons entendu parler de plusieurs avaries survenues sur des voiliers remontant de Sainte-Hélène ou de l’Ascension, tous des monocoques (comme quoi…), souvent des débuts de rupture de câbles ou de pièces de gréement, mâture ou enrouleurs. Dans ce cas, le démâtage n’est pas loin si l’équipage ne décèle pas rapidement, tant qu’il est encore temps, l’avarie en gestation. Une traversée où la vérification journalière minutieuse des équipements durement sollicités s’impose…
J’ai eu plaisir à découvrir cette grande étendue d’océan peu fréquentée au sud de l’archipel des Açores. Les routes maritimes, que ce soit celles du trafic commercial international ou bien celles des voiliers migrateurs, de course ou de croisière, passent rarement dans cette zone géographique. Il m’a semblé que la nature ne s’en portait pas plus mal.
J’ai trouvé que la mer y était particulièrement propre, l’air particulièrement pur, la visibilité exceptionnellement bonne. Plus qu’ailleurs, l’océan suggérait à cet endroit l’idée de son immensité. Sans doute en raison des couleurs bleues profondes à l’extrême, mais aussi en raison de la pureté de l’air et de la faible nébulosité qui générait une très bonne visibilité.
Les vents faibles, à peine suffisants pour déhaler doucement notre voilier à la surface de la mer d’un bleu intense, redevenue belle, se sont fait apprécier de l’équipage de Jangada, qui avait envie de mettre le nez dehors au soleil printanier de l’hémisphère nord.
Les physalies étaient nombreuses en cette saison, mais, à notre grand étonnement, nous n’avons pas aperçu le souffle orienté à 45° vers l’avant caractéristique des cachalots, qui fréquentent pourtant cette région océanique avec assiduité, surtout depuis … qu’ils ne sont plus chassés (la population des Açores, avec l’aide sonnante et trébuchante de l’Union Européenne, a converti la chasse traditionnelle à la baleine en whale watching – observation des baleines – dont les opérateurs touristiques m’ont semblé cette fois plus nombreux dans l’archipel que … les cachalots eux-mêmes, j’espère me tromper !).
La nuit, le ciel était d’une limpidité rare, extrêmement translucide, et le nombre d’étoiles de toutes grandeurs que l’on pouvait apercevoir simultanément sur la voûte céleste était … innombrable. Les principales constellations du ciel, d’ordinaire aisées à reconnaître, s’en trouvaient noyées dans une myriade d’astres qui prétendaient soudain, non pas à se faire une place au soleil, mais à se faire remarquer sur le disque noir du ciel de la nuit.
Au fur et à mesure que nous remontions vers le nord, guidés par la Polaire, la température se faisait plus fraîche. Au cours de la nuit se déposait sur le pont une bonne épaisseur de gouttelettes d’eau douce, dont l’apparition était générée par le franchissement en chute libre du point de rosée. J’ai ressorti mon vieux pull breton à grosses mailles.
Pas un navire aperçu au large depuis des jours, il fallut attendre la veille de l’arrivée pour croiser la route d’ un bateau de pêche posant ses long lines munies de centaines d’hameçons, à une centaine de milles au sud des îles centrales de l’archipel des Açores. Nous avons nous-mêmes sortis un thon albacore d’une dizaine de kilos ce jour là, largement de quoi nous nourrir pour un bon bout de temps, servi frais ou transformé (en 1H30 de stérilisation à la cocotte minute) en conserves de pots de verre, au choix du cambusier.
L’état de la mer a même encouragé Louis, nouveau chef cuistot du bord depuis le débarquement du joli lieutenant, à améliorer sa technique de boulanger, et il a réussi à nous sortir de son four à pain une miche ronde particulièrement réussie. Avec le pain, c’est curieux, rien ne semble jamais acquis. Vous pouvez réussir votre fournée un jour, et la rater le lendemain, en ayant pratiqué (ou tout au moins en ayant eu l’impression de pratiquer) exactement la même méthode avec les mêmes ingrédients ! Le pain, c’est toujours la surprise, il faut croire que c’est une création particulièrement sensible aux facteurs aléatoires qui semblent secondaires, mais qui ne le sont pas : température ambiante, humidité de l’air, température du four, et d’autres peut-être…
Le 23 Avril vers 16H00, je scrute l’horizon à un quart (11°15’, soit 4 quarts dans 45°) tribord, et j’aperçois le sommet de Pico, l’île la plus élevée des Açores (et le sommet du Portugal), dont le cône volcanique culmine à 2351 mètres d’altitude. Nous en sommes encore à plus de 60 milles de distance. Toute l’après-midi, la silhouette majestueuse du volcan grossira progressivement, mais lentement, à nos yeux. Le vent nous a complètement lâchés, et nous faisons route sur un seul moteur à vitesse économique, 4 nœuds. C’est seulement une heure avant le coucher du soleil que l’île de Faial, nettement plus basse que sa voisine (1043 mètres) se dessinera sur l’horizon, droit devant, au nord. Comme à chaque fois que nous atterrissons de nuit sur une destination, je dors peu, obligé de renforcer la veille visuelle et de contrôler régulièrement la position et la progression du voilier. L’approche de la terre est toujours longue en fin de traversée. Je suis, dans ce cas, toujours content de voir poindre le jour, qui facilite les choses et me fait oublier les heures longues de la nuit.
Au matin du 24, le vent a tourné à l’ouest 15 noeuds, nous renvoyons le solent pour les derniers milles. Nous entrons à vitesse réduite dans le port d’Horta, derrière un petit cargo de Transinsular, une compagnie de desserte locale. En puisant dans mes souvenirs, je re-découvre l’agencement des lieux. La prequ’île du Monte da Guia, qui abrite le port des vents d’ouest, la longue jetée du port de commerce où sont amarrés un petit paquebot et un grand yacht à moteur, et la marina avec son extension récente côté ouest. Au milieu, le vieux fort portugais de Santa Cruz, érigé au XVIème siècle pour combattre les pirates et les corsaires, ses palmiers, ses canons et ses ancres posées sur une pelouse généreuse dont j’avais perdu l’habitude depuis notre longue escale en Nouvelle-Zélande. Nous arrivons dans un grain de pluie poussé par ce nouveau vent d’ouest. L’anticyclone part en vadrouille pour quelques jours, il va nous laisser une météo capricieuse pour notre arrivée dans l’archipel, et des températures en baisse. Nous sommes encore tôt en saison, et je vais devoir, pour la première fois depuis plus d’un an, enfiler un pantalon, mettre un polo et un pull, et chausser autre chose que ma énième paire de tongues… Le printemps est humide aux Açores, la couleur verte domine partout, secondée par celle, blanche, des maisons, seulement soulignée du sombre des pierres de lave basaltique. Au-dessus de la marina, je reconnais la rue Vasco da Gama, avec ses petits bistrots typiques des Açores, et un peu à gauche, la rue en pente du Café Sport. Je découvrirai un plus tard qu’elle porte désormais le nom de Rua José Azevedo (Peter), l’ancien patron du célèbre bistrot, décédé en 2005.
En arrivant à Horta, je pensais qu’il était encore un peu tôt pour voir arriver les voiliers en provenance des Antilles (qui quittaient auparavant les Caraïbes fin Avril, après la traditionnelle semaine d’Antigua), dont la plupart font voile vers la Méditerrannée. Mais je me trompais. La saison de charter en Méditerrannée a du être au fil des années quelque peu avancée, et je suppose que désormais son coup d’envoi est en réalité donné à la fois par le Festival de Cannes et le Grand Prix de Formule 1 de Monaco, deux évènements médiatiques qui remplissent les grands yachts affrétés en charter. De ce fait, à des milliers de km de là, fin Avril, les grands yachts se succèdent à un rythme hallucinant dans le port d’Horta, sur l’île de Faial, aux Açores. Chaque jour, en moyenne 2 à 3 super-yachts (de 30 à 60 mètres de longueur, parfois plus, voiliers ou motor-yachts) arrivent dans le port pour une courte escale, et autant en repartent. Il s’agit pour eux d’arriver à temps pour leur premier charter de la saison estivale, sur la grande bleue. Alors, en arrivant des Antilles, les équipages se mettent à quai pour 24 ou 48 heures, rincent à l’eau douce les grands yachts qui ont pris des embruns salés, achètent des vivres frais, vont boire quelques coups chez Peter au Café Sport, font rapidement un dessin sur la jetée (de moins en moins à vrai dire), et filent à la rencontre de leurs premiers clients fortunés de la saison d’été du côté d’Antibes, Cannes ou Monaco…
Un manège incroyable de millions d’euros, le prix de ces unités allant d’une dizaine de millions pour les plus petites, à plusieurs centaines pour les plus grandes. Autant ce n’est pas mon monde et je ne jalouse pas les équipages de ces grands yachts (qui, neufs ou très récents pour la plupart, passent l’essentiel de leur temps à les nettoyer !), autant je suis toujours, même après 20 ans passés aux commandes d’un chantier naval, passionné par l’incroyable technologie embarquée sur ces grandes unités. Il me semble que les grands yachts sont les objets modernes dans lesquels on rencontre, agencé dans d’étroites combinaisons souvent contradictoires en terme de cahier des charges et donc forcément complexes, ce que l’esprit humain est capable de produire de plus intelligent, de plus élégant, et de plus cher. Avec, plus que dans tout autre domaine technique, les matériaux les plus aboutis, les designs les plus travaillés, et les appareils les plus performants…
Les formalités faites, je raconte au capitaine de port que la dernière fois que je suis venu à Horta, c’était avec notre Land Rover familial, embarqué sur un cargo à Porto: amusé, il me fait une fleur, et m’octroie une place seul en bout de ponton, cela nous évite l’amarrage à couple (et la vie compliquée qui va avec).
Nous partons déambuler sur la jetée de la marina, extrêmement colorée du fait de la tradition attachée au port d’Horta (et qui connaît ailleurs quelques tentatives de copie – ne valant pas l’original), et que respectent à peu près tous les marins passant par les Açores, tradition qui veut que tout voilier escalant à Faial peigne sur le béton de la digue extérieure ou intérieure (il n’y a plus de place disponible, il faut donc s’en faire soi-même, au détriment d’une vieille escale d’un temps de ce fait révolu) de la marina d’Horta une œuvre d’art témoignant de son passage. Soyons clair, l’art n’y trouve pas toujours son compte, mais l’idée a toujours été sympathique. Et le béton n’est pas plus moche peint qu’à l’état brut. Ceci étant, je ne parviendrai pas à décider Louis à se mettre au travail pour laisser trace de notre séjour de presque 10 jours à Horta. J’ai beau lui dire que le fait de ne pas sacrifier à la tradition maritime est presque toujours une mauvaise idée, rien n’y fait : sa fibre artistique (jusque là relativement inconnue, c’est vrai) ne sera pas touchée. Moi ça m’ennuie un peu de risquer le mauvais sort sur Jangada à seulement quelques centaines de milles de l’arrivée, et je me dis que si Marin et Adélie avaient encore été à bord, ils ne se seraient pas fait prier pour aller barbouiller le quai. Surtout Mimi-Cracra (surnom donné à Adélie dans certains cas, ceux, assez fréquents où elle (s’) en met partout !). Je retrouve les traces du passage de certains bateaux que je connais, petits ou grands, certains même que j’ai construits !
Louis, après 10 jours de mer précédés de la relative pénurie en denrées alimentaires de l’archipel du Cap Vert, a envie de manger de la viande. Moi, je ne me fais pas prier, depuis presque 3 années que nous sommes partis en voyage, c’est certainement l’aliment que nous avons consommé le moins, les enfants vous le confirmeraient avec insistance… J’aime bien le poisson, mais depuis que nous avons refait les stocks du bord grâce à la pêche au thon, le chef cuistot m’en sert mine de rien à peu près à tous les repas, plus ou moins dissimulé derrière diverses préparations. Alors un bon steak frites salade, ce n’est pas pour me déplaire. Nous montons dans la Rua Vasco da Gama, et sous l’enseigne des cafés Delta (les portugais, peut-être un héritage de leur ancienne colonie brésilienne, utilisent et consomment un très bon café venu de l’autre côté de l’océan) nous allons déjeuner dans une gargote typique où ne vont jamais les touristes. Le tenancier nous propose sa soupe, presque une tradition obligatoire en entrée. Et puis nous passons commande de 2 grands steaks, accompagnés d’un vin rouge local de Pico, du Terras de Lava. La viande aux Açores est excellente, et je connais peu d’endroits au monde où les animaux d’élevage jouissent d’une telle qualité de vie, herbe grasse, eau abondante et air pur illimité. Bon, ils finissent quand même dans nos assiettes, mais soyons clair, il vaut mieux être une vache laitière aux Açores qu’un zébu au Cap Vert.
Là où les portugais sont nettement moins forts question gastronomie - je parle avec mon point de vue de bon français - c’est sur le pain, la charcuterie et le fromage. Le pain, ils ne savent pas faire, se contentant d’un pain blanc pas cuit, pas salé, sans croûte et sans aucun goût, et qui évidemment ne tient pas la durée. C’est culturel, ça leur va, et donc on ne trouve rien d’autre. La charcuterie, c’est pas ça non plus, aux Açores. Les deux grandes marques locales mettent sur le marché des produits que nous avons largement essayés il y a quelques années, avec les enfants, et qui n’ont guère changés depuis. A la fin, nous n’en pouvions plus de pique-niquer avec cette charcutaille mal faite. Ah, vivement un petit week-end en Périgord ! Les Portugais des Açores ont tout en abondance pour fabriquer d’excellents fromages, mais là encore ils ne savent produire que des pâtes insipides et sans aucun charme gastronomique. Quand vous essayez de leur suggérer de venir faire un tour en France pour se faire une idée de ce que nous savons faire sur ce sujet, ils vous répondent en toute bonne foi que la fromagerie de Sao Jorge est la meilleure du pays, ce qui est possible, mais ne change pas la dure réalité de ce qui en sort : le fromage de Sao Jorge est juste le moins mauvais des Açores… Bon pour le vin, ils se débrouillent mieux, les Portugais. Le savoir-faire vient du continent, et les étagères des épiceries des Açores sont abondamment garnies de bouteilles de vin local (élaborés à Pico et Santa Maria principalement), rouge ou blanc. Moi j’aime bien boire du vinho verde bien frais à l’apéritif, un vin sans prétention mais qui est agréable et qui va bien avec la couleur locale. J’ai un faible pour le Gazela, un vinho verde pas mal, et dont la bouteille est particulièrement agréable à l’œil. D’ailleurs, j’en ai chargé quelques cartons, plus tard, à Santa Maria, avant de quitter l’archipel…
Mais la gastronomie, c’est bien entendu culturel. Là où les portugais sont imbattables, surtout aux Açores, c’est pour préparer la bacalhau, la morue. Lorsque nous passerons au supermarché Continente de Horta, ultramoderne, je découvrirai les étalages de morue séchée, que seules savent vraiment bien préparer, après déssalage, les vieilles femmes de l’archipel ; mais on trouve maintenant, pour les générations de ménagères plus jeunes et donc plus pressées, des sachets de morceaux de morue déjà préparés qu’il suffit de tremper dans l’eau bouillante et d’accommoder. Et puis, les pêcheurs açoriens ramènent des grands fonds les espadas, ces poissons à la sale gueule bourrée de dents acérées et à la peau d’un noir intense, dont la chair, proche de celle de l’anguille, est délicieuse en friture, ou bien au barbecue.
Bien que Faial ne soit pas l’île la plus intéressante à visiter, nous en faisons le tour.
Les Açores sont une destination de choix pour ceux qui aiment la nature. Ces 9 îles volcaniques posées au milieu de l’Océan Atlantique à la latitude moyenne de Lisbonne sont restées désertes jusqu’en 1427, date d’arrivée des premières caravelles portugaises en provenance du continent. La nature y est généreuse, bien que parfois turbulente, et les paysages verdoyants et fleuris abondent et donnent à ces îles encore préservées une couleur dominante que l’on n’oublie pas. Le bleu de la mer n’est jamais loin, les hommes ont longtemps vécu ici en harmonie avec la nature. A ces deux couleurs fondamentales, il convient d’ajouter le blanc de la chaux des maisons açoriennes, encadré du noir des pierres de basalte, souvent sculptées, et les couleurs (variables selon les îles, et dans les îles, selon les villages) des bandes peintes qui encadrent portes et fenêtres.
Les pentes d’anciens volcans, éteints pour la plupart, découvrent au détour d’un sentier de profonds cratères, aujourd’hui envahis par la végétation. Les meilleurs mois pour visiter les Açores et randonner sont certainement Mai et Juin, avec une préférence pour la saison où fleurissent les hortensias, Juin plutôt. Par dizaines de milliers le long des petites routes et des pistes agricoles, en lisière des près et sur le bord des cratères, les fleurs bleues et blanches sont alors la véritable enseigne d’un archipel souvent bucolique.
Savez-vous qu’on y cultive l’ananas aussi bien que le thé ?
De temps à autre, un vieux moulin qui ne tourne plus depuis des lustres achève de vieillir, faisant toujours face au vent.
Sur le sol de cendres éruptives de Capelinhos, aucune végétation n’a encore réussi à pousser. Là, le paysage est lunaire. Le petit îlot, qui émergeait depuis des siècles à quelques centaines de mètres de la côte, à la pointe occidentale de l’île, est soudain devenu célèbre dans le monde entier. C’était en 1957, au tout début de la télévision publique. Le volcan s’est réveillé sous l’îlot, faisant naître le chaos là où régnait depuis des siècles la quiétude originelle. Les habitants, terrorisés, ont fui. Certains ont même émigré en Amérique. Plusieurs mois plus tard, quand la colère magmatique s’est calmée, il n’y avait plus d’îlot, mais un nouvel isthme de lave qui s’étend vers le large. Seuls les oiseaux de mer l’ont colonisé. Le phare se retrouve, inutile, à l’intérieur des terres, à moitié enseveli sous les scories. Il faudra des décennies pour que les premiers brins d’herbe parviennent à s’accrocher et à survivre sur ces terres nouvelles. La nature n’est pas pressée : aux Açores, si quelque chose ne manque pas, c’est bien la chlorophylle.
Allez, on va boire un gin tonic chez Peter…
Photo 1 - L'arrivée humide de Jangada à Horta, sur l'île de Faial, aux Açores...
Photo 2 - Louis, le nouveau chef-cuistot du bord, version boulanger par mer plate...
Photo 3 - La deuxième fournée d'essai , pas mal du tout!
Photo 4 - La marina d'Horta fin Avril, pendant la migration des yachts des Caraïbes vers l'Europe...
Photo 5 - Le fort portugais de Santa Cruz (XVIème s.), sur le port d'Horta...
Photo 6 - La jetée de la marina d'Horta, célèbre dans le monde entier...
Photo 7 - ... pour sa galerie en plein air...
Photo 8 - Et comme vous voyez...
Photo 9 - ... il y en a pour tous les goûts!
Photo 10
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Photo 12 ... Celui-là est l'un des meilleurs...
Photo 13 - Là, mon copain Gilles avait trouvé un joli nom pour son bateau...
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Photo 21 - La ville d'Horta, avec au premier plan le quartier de Porto Pim, vu du Monte da Guia...
Photo 22 - Moulin à vent du côté de Conceiçao, à Faial...
Photo 23 - Les terres nouvelles de Ponta dos Capelinhos, émergées en 1957-1958 à la suite d'une éruption volcanique étonnante...
Photo 24 - Le phare de la pointe ouest de Faial, à Capelinhos, enseveli pendant l'éruption de 1957-1958...
Photo 25 - La caldeira centrale de l'île de Faial, cratère de l'ancien volcan, aujourd'hui bordé d'hortensias...
Photo 26 - A Faial, la terre tremble souvent. Le phare de Ribeirinha, au nord-est, en sait quelque chose...