Dimanche 5 Juin 2011-06-05
Distance parcourue : 774 milles
Distance à parcourir : 76 milles
Journée d’approche de l’archipel des Louisiades pour Jangada. A désormais moins de 100 milles devant les étraves. Alizé régulier à 20 nœuds, mer formée de 2 à 3 mètres, nous faisons route avec la grand-voile à 1 ris hissée haut par la balancine, et le solent en ciseau. Et toujours ce petit bout de drisse verte, ridicule, qui se balance en haut du mât… Cette nuit, grains et saute de vent brutale de 20° sur tribord, avec empannage sauvage à la clef. Enfin, on s’entend, compte tenu de la retenue de bôme qui est toujours à poste à bord de Jangada, tournée sur un solide taquet, l’empannage se limite au passage de la voile sur l’autre panne, mais la bôme n’encaisse qu’une secousse, en restant à sa place. N’empêche que le bateau part au lof, et le pilote ne pouvant récupérer le bazar, il faut démarrer les moteurs et virer vent devant proprement pour établir en douceur la voile sous l’autre amure. On a fait cela avec Marin, qui dort avec moi dans le carré. On doit être à 4 ou 5 empannages sauvages depuis le départ de La Rochelle, sans dégât, ce sont les joies du vent arrière au large. Ce matin, la ligne tribord a déviré grave, à la limite de la rupture, gros poisson au bout, mais il s’est détaché alors que nous avions mis notre pirogue en panne exprès pour mieux le ramener à bord… Nous espérons nous venger demain matin, en longeant le tombant du long récif de l’île Rossel. Si vous avez Google Earth, voici nos plans. Initialement, nous comptions passer entre les îles de Rossel au nord et de Tagula, au sud. Toutes deux sont ancrées dans de grands lagons, largement débordants. Celui de Rossel mesure 45 milles de longueur, quant à celui de Tagula, il est encore plus grand, 112 milles ! Un lagon de 200 km de long ! C’est là que nous allons passer deux semaines. Les îles secondaires, les îlots, et les récifs coralliens y sont innombrables. Navigation de jour exclusivement, avec vigie dans les barres de flèche, car le lagon est peu cartographié et regorge de surprises, mauvaises en général… Mais finalement, comme nous atterrissons de nuit et qu’il serait dangereux de s’engager entre ces deux îles séparées de quelques milles seulement dans l’obscurité avec les forts courants qui règnent dans la région, je préfère contourner Rossel par le nord, et naviguer à 2 ou 3 milles sous le vent de la barrière récifale toute la nuit, pour arriver à 3 milles de la passe au petit jour. Voilà le plan. Bon, c’est sûr, je ne vais pas beaucoup dormir cette nuit ! Je ne sais pas si vous pouvez apercevoir la petite passe étroite que nous allons emprunter pour entrer dans le lagon par le nord ? Elle s’appelle Hudumuiwa Pass, et elle est située par
11°15’,46 Sud et 153°19’,51 Est. J’espère seulement qu’il n’y aura pas trop de courant sortant dans la passe, car encore faut-il qu’on arrive à entrer ! Or comme l’alizé de sud-est a soufflé ces derniers jours, le lagon doit être bien plein, et il se vide par les passes ! Bon, on verra bien, en tout cas cela va nous rappeler notre séjour aux Tuamotus, il y a quelques mois. Une fois dans le lagon, cela devrait ressembler à des vacances, et notre première petite île de rêve s’appelle Nimoa Island.
Le mouillage, au milieu d’un écrin de coraux, sous le vent de l’île, se situe par 11S18,63 et 153 E13,36 environ. J’espère juste qu’il n’y aura pas trop de « salties », ces crocodiles marins qui terrorisent le nord de l’Australie, le détroit de Torrès, et la Papouasie Nouvelle-Guinée.
Ils sont plus gros que leurs cousins d’eau douce, n’ont peur de rien, et foncent directement sur leur proie. Il va falloir redoubler de prudence et se renseigner fissa auprès des natifs.
Allez, vivement demain, qu’on arrive chez les Papous !
Olivier