MESSAGE N°5 – Traversée Nouvelle-Zélande – Nouvelle-Calédonie Dimanche 10 Avril 2011 par Barbara
Première après midi depuis que nous avons quitté la Nouvelle-Zélande, que ce satané et tenace mal de mer latent me laisse un peu de répit. Première après midi aussi où les conditions météo sont plus calmes et permettent de sortir du carré sans se faire rincer. Aller s’aérer sur un flotteur à l’avant fait du bien. Première fois de la traversée enfin que je peux taper sur le clavier sans avoir le cœur qui se lève. Bon vous l’aurez compris, la haute mer n’est toujours pas mon truc, peut être accentué cette fois-ci encore plus, par la tristesse de quitter la Nouvelle Zélande.
Que ceux et celles qui m’envoient alors de gentils messages ne s’inquiètent pas de ne pas en recevoir en retour mais qu’ils soient remerciés du réconfort que m’apportent leurs quelques lignes.
Je reconnais facilement qu’en mer je ne suis pas un cadeau à transporter, mais qui a déjà eu un tant soit peu le mal des transports peut peut-être comprendre. Cela dit j’ai la chance d’avoir un excellent et expérimenté Captain à la barre du navire en qui j’ai toute confiance (je ne traverserais pas avec n’importe qui…) et deux adorables bambins dont l’humeur linéaire me laisse pantoise. Hier Adélie a cousu toute l’après midi, une pochette pour sa Nitendo DS et des mouchoirs aux initiales de la famille. Marin a terminé son deuxième livre, dont l’un sur un tout jeune pilote allemand (merci Delphine) qui l’a passionné.
Pour ma part j’arrive parfois heureusement aussi, bien calée, l’horizon bouché, à lire, et alors les heures passent plus agréablement et plus rapidement.
C’est plutôt vexant et culpabilisant ce mal être en mer, mais à mon corps défendant, vous ai-je dit que mon amie Rhian voulait écrire un livre de témoignages sur les femmes qui naviguaient. Elle a une jolie plume (anglaise), et est une fine analyste du genre humain. Bref elle trouve que manque cruellement un ouvrage sur ce que pense vraiment la gente féminine embarquée. Pas celles qui prennent leur pied à barrer, prendre des ris, faire les quarts, les « bénies »…, elles existent, mais elles restent une très faible minorité. En toute honnêteté j’ai du en rencontrer au maximum cinq depuis le début du voyage. Non, Rhian veut parler de celles qui ne se livrent qu’entre elles et encore au bout de quelque temps, lors d’une conversation sur un ponton, dans une laundry, ou la veille d’un appareillage. En grattant un peu, on se rend alors compte qu’on est bien plus nombreuses qu’on ne le pense à subir avec grand déplaisir ces traversées mais à continuer d’aimer pour autant le Voyage et surtout les escales !
Moi j’ai hâte que Rhian sorte son bouquin pour le lever de rideau sur un sujet un peu tabou entre voiliers, comme si c’était politiquement incorrect d’en causer…
Je pense aux prochaines qui partiront, pas à celles de la minorité qui kiffent la navigation hauturière, mais à toutes celles qui aiment voyager mais moins naviguer. Elles sauront alors qu’elles ne sont ni les premières ni les dernières et Fi au tabou !
Barbara