MESSAGE N°6 – Traversée Nouvelle-Zélande-Nouvelle Calédonie
Lundi 11 Avril
Aïe ! Le vent nous a lâchés à 105 milles de l’arrivée… Râlant quand on se dit qu’on avait déjà ralenti exprès pour arriver à l’aube Lundi puisque ça ne le faisait pas Dimanche soir de toute façon ! Il a fallu se résigner à démarrer un moteur à la tombée du jour, et un petit zéphyr faiblard de l’arrière, ajouté à la risée Volvo, nous a vaguement déhalé à un petit 5 nœuds toute la nuit. Pas terrible comme arrivée. Mais bon, au lever du jour, l’Ile des Pins se dessinait sur la ligne d’horizon, légèrement à tribord. Nous avons renvoyé le spi pour couvrir les 20 derniers milles, et décidé de mettre les 2 lignes à l’eau pour tenter de prendre un poisson avant d’entrer dans le lagon. S’il est de bonne taille, la préparation se fait après l’arrivée au mouillage, dans les jupes, c’est plus commode. Et s’il est très gros, l’élaboration des conserves est, à l’ancre, nettement plus facile qu’en mer. Hors, après notre long séjour en Nouvelle-Zélande, nos stocks de conserves de poisson sont à zéro. Une prise effectuée juste avant l’arrivée assure aussi les premiers repas de l’escale avec du frais. Appréciable. Je mets la première ligne à l’eau, et je dis à Marin de changer le leurre de l’autre ligne, qui ne me plaît pas trop. On se met d’accord sur un leurre orange et vert fluo, qui nous va bien à tous les deux. 10 minutes plus tard, alerte générale à bord de Jangada : les 2 lignes dévirent en même temps, et le bruit des cliquets mobilisent l’équipage masculin. Le poisson de la ligne tribord se décroche vite, mais celui qui a mordu à bâbord à notre leurre super-fluo a l’air bien pris. Il est de bonne taille, car il emmène pratiquement nos 300 mètres de fil, malgré le frein. Marin n’arrive pas à reprendre de la ligne, le moulinet (révisé par Penn à Auckland) chauffe, et finalement on s’y met à deux. La bataille durera 15 minutes, l’animal est coriace, et il a tendance à sonder à la verticale. C’est un comportement typique des thons. On est obligé d’affaler le spi avec Adélie pendant que Marin fatigue le poisson, car même à 4 nœuds, la tension est trop forte. A l’approche du tableau arrière, il faut relâcher lorsque le thon sonde sous les safrans, puis reprendre, plusieurs fois, sans casser. Finalement, Marin lui décoche une flèche à l’arbalète, et le croc à thon vient à la rescousse. On passe un nœud coulant autour de la nageoire caudale, et on finit par hisser sur la jupe un magnifique thon albacore (thon jaune) qui doit peser quelques 35 kilos ! Nous virons à droite à l’Ilôt Infernal, et entrons dans le lagon de l’Ile des Pins. Un grand paquebot australien est à l’ancre dans la baie de Kuto, nous filons juste au sud dans la petite baie de Kanumera. La côte est arborée de pins colonaires.
Il est midi. L’ancre tombe dans l’eau claire.
Fin de la traversée qui nous aura pris exactement 5 jours, comme nous l’avions imaginé. Cet après-midi, méga séance de conserves en perspective !
A bientôt pour d’autres aventures…
Et merci à Louis pour les informations météo et la veille cyclonique, et à Vincent pour la mise en ligne ultra-rapide des messages journaliers.
Olivier