La baie de Kuto est le mouillage principal de l’Ile des Pins. Une immense plage de sable blanc offre aux passagers des grands paquebots de croisière, en majorité australiens, qui mouillent régulièrement dans la baie, une perspective tropicale ensoleillée conforme aux publicités de la Compagnie. Je reconnais le « Rhapsody of the Seas », un grand cruise-ship à bord duquel, il y a quelques 25 ans, à Miami, on m’avait proposé d’embarquer.
Les navettes du paquebot assurent tout au long de la journée la liaison entre le bord et la terre, transportant à chaque rotation quelques 200 passagers à la peau blanche rougie par le soleil.
Pour éviter d’avoir à assister à ce manège, nous avons préféré jeter l’ancre dans la petite baie adjacente de Kanumera, au sud. Elle est un peu plus exposée au vent de sud, mais tellement plus tranquille. Nous sommes mouillés à une cinquantaine de mètres de la plage bordée de cocotiers. Ceci dit, les passagers du paquebot viennent s’y baigner en nombre dans la journée, avant de rembarquer avec un ensemble grégaire à souhait vers 16H00. Ils regagnent alors leurs confortables cabines, y prennent une douche à l’eau douce abondante, puis se dirigent vers les plages arrière du navire, où les attend un cocktail coloré qu’ils dégusteront pendant que le grand navire lève l’ancre et se dirige vers la passe de sortie, cap sur sa nouvelle destination qu’il s’attachera à avoir rejoint à l’aube le lendemain matin. L’anse de Kanumera se vide alors d’un coup, et c’est le moment que nous choisissons pour profiter de la plage désertée.
L’Ile des Pins, à 120 km dans le sud-est de Nouméa, nous donne le signal du retour aux activités aquatiques, que nous avons délaissées pendant notre été néo-zélandais. Les premiers plongeons dans l’eau chaude de la baie sont délicieux. Nous louons une voiture au petit hôtel calme et bien tenu établi dans un coin de la baie de Kanumera et partons à la découverte de l’île, qui mesure 18 km sur 14 et est peuplée d’environ 2000 habitants, pour l’essentiel kanaks. Cook, qui la découvrit lors de son deuxième voyage autour du monde, lui donna ce nom en raison des nombreux pins colonnaires à l’allure si particulière qui ont poussé sur l’île. Les plages de sable blanc, les eaux bleues limpides, les îlots caractéristiques de la baie d’Upi et la silhouette élancée des pins colonnaires dessinent sur l’Ile des Pins des paysages caractéristiques. Nous découvrons les premières pirogues à voiles et balancier dans la Baie Saint-Joseph, puis passons par le village de Vao, avant de gagner la Baie d’Oro. Nous passons par l’hôtel Méridien, l’un des plus beaux de la célèbre chaîne, pour nous rendre à la piscine naturelle d’Oro, où l’on nage au milieu d’une multitude de poissons peu farouches. Un petit détour par la grotte de la reine Hortense (une altesse locale), et retour par le nord de l’île et la côte ouest, avec les ruines du bagne des communards de la ville de Paris, condamnés à la déportation entre 1872 et 1881. Ils furent plus de 3000 à connaître l’exil dans cette petite île du Pacifique Sud. Après 3 jours de farniente à l’Ile des Pins, un sas bienvenu après notre traversée rapide depuis la Nouvelle-Zélande, nous prenons le sentier maritime qui conduit à Nouméa à travers les récifs de corail du grand lagon calédonien.
Olivier
