du Mardi 24 au Samedi 28 mai 2011.
Texte Barbara
Photos Olivier
L’île de Pentecôte est surtout connue au Vanuatu pour sa manifestation coutumière spectaculaire : le saut du Gaul. Après avoir construit une tour de branchages d'une vingtaine de mètres de hauteur (soit 8 étages environ), hommes et enfants de sexe masculin se jettent dans le vide avec, pour seules attaches, deux lianes végétales enroulées autour des chevilles. Nous voulions absolument assister à ce spectacle, et décidons donc de nous rendre sur l’île de Pentecôte à quelques milles à une trentaine de milles au nord-est de Malekula. (Un prochain billet sera consacré exclusivement à ce rite exceptionnel auquel nous avons eu la chance d’assister).
Nous jetons l’ancre à Wali Bay, devant le petit village de Rangusuksu (nom local) ou Saint- Joseph. 300 âmes. Il a fallu que nous cherchions un peu le long de la côte pour localiser ce village sur lequel nous avions pu avoir des informations précieuses. Rangusuksu est francophone, alors qu’à moins de 10 kilomètres de là où nous nous étions arrêtés une première fois (Homo Bay) le village était complètement anglophone ! Surprenant héritage du condominium franco-britannique…
Le village est particulièrement animé, les 111 enfants de l’école sont en vacances, et passent leur journée sur la plage à s’amuser. Vers 15h30 tous les jeunes du village se rassemblent sur le grand terre-plein qui borde le rivage, pour des parties de foot endiablées pour les garçons et de volley-ball pour les filles. Le niveau est élevé. Ils jouent tous les jours ! Tous s’entraînent avec ferveur pour les réjouissances de la fête de l’Indépendance qui auront lieu au cours de la semaine du 30 juillet prochain.
Ce village n’est constitué que de cases traditionnelles, excepté une toute petite église en dur, récemment construite par les hommes du village sous l’impulsion du Chef Alexandre. L’église Saint-Joseph remplace l’ancienne chapelle en bois, détruite.
Rangusuksu est très propre, pas de cochons domestiques ici, peu de poules, les hommes vont chasser le cochon sauvage dans la montagne avec leur lance et leurs machettes pour subvenir aux besoins du village. Du coup les jardins sont fleuris, et les fruits et légumes préservés poussent à proximité des cases.
Rangusuksu est un village vraiment gai, paisible et très joli. De plus la météo est enfin plus clémente, il pleut moins et nous avons le plaisir de nous baigner à nouveau.
Tour du village en images.
Photo 1 :
Mouillage devant le village de Rangusuksu (ou Saint-Joseph), baie de Wali Bay, île de Pentecôte, Vanuatu. La plage est constituée de petits galets blancs. L’eau est à 28 degrés, cela fait un moment que nous ne nous sommes pas baignés, ( au dernier mouillage à Malekula, la baie était infestée de requins…). Du coup ici on se rattrape et on reste des heures dans l’eau.
Photo 2 :
Les 111 ( !!!) enfants du village sont en vacances, ils en profitent pour passer leur journée dans l’eau. Ici, ils savent bien nager, les plus téméraires viendront jusqu’au bateau à la nage, d’autres en pirogue. Nous leur prêtons le kayak et le petit radeau pneumatique de pêche, ils sont ravis et s’amuseront beaucoup avec.
Photo 3 :
Le village de Rangusuksu est particulièrement bien situé, une rivière borde les habitations. Une source d’eau douce affleure à un endroit bien précis de la rivière où seulement là, les enfants vont boire. La partie aval de la rivière est réservée aux femmes et aux enfants le soir pour se laver, la partie amont aux hommes. Dans la journée les lavandières frottent leur linge. J’irai laver mon linge dans cette eau claire. Mais ce sont surtout les petites filles du village qui voudront le faire à ma place.
Photo 4 :
Adélie et ses nouvelles amies. Les blonds cheveux d’Adélie plaisent beaucoup aux filles du village, qui y passent souvent leurs mains avec plaisir, la coiffent et lui mettent des fleurs. C’est une vraie chance de ne pas avoir attrapé de poux, tous les habitants en sont couverts et se grattent le cuir chevelu sans cesse…
Photo 5 :
Les enfants sont très souriants, extrêmement obéissants et réservés. L’autorité de l’aîné est scrupuleusement respectée dans la structure sociale Ni-vanuatu. Même Marin et Adélie sont bluffés de voir les enfants quitter immédiatement le terrain de foot sur un simple sifflement des plus grands.
Photo 6 :
Voici Pio, un petit garçon espiègle et particulièrement attachant. Sa maman me précisera fièrement qu’il est le premier de sa classe.
Photo 7 :
En fin de journée alors que les grands jouent au foot et les grandes au volley, les petits se rassemblent sous les arbres et font des jeux de main en récitant des comptines : « Bleu, Blanc, Rouge, 1, 2, 3, Quelle est jolie Fanfan, domino lala, etc… », je me régale en leur compagnie.
Photo 8 :
Voici Alexandre, le chef respecté du village. Il a sept fils et deux filles, et une foultitude de petits enfants. Je remarquerai que les pères et les grands pères sont très affectueux avec leurs enfants. Très souvent ils les portent, les consolent. Et les enfants se réfugient souvent auprès d’eux. Ici une de ses petites filles fait un geste courant, elle se gratte la tête…pleine de poux !
Photo 9 :
La quiétude du village de Rangusuksu, pas l’électricité, ni d’eau courante, ni de voiture, ni de bruit, ni de pollution, ni de magasin, ni de télévision, ni de…, un havre de paix.
Photo 10 :
Les femmes et les enfants sont chargés des corvées de bois sec pour la préparation des repas. Chaque famille possède une case qui fait office de cuisine salle à manger pièce commune, et deux autres cases pour dormir, l’une pour les femmes et les enfants, l’autre pour les hommes.
Photo 11 :
La vie communautaire bat son plein. Je n’ai jamais rencontré quiconque qui paraissait isolé, dépressif ou neurasthénique. La solidarité, l’entraide sont ici des valeurs communément partagées.
Photo 12 :
La nonchalance et le temps de vivre sont parfois déroutants pour nous, habitués à courir, même si depuis deux ans ce n’est plus vraiment notre cas…Les Ni-vanuatu ont un rythme immuable jour après jour, mois après mois, année après année, siècle après siecle ! Ils vivent vraiment au jour le jour et profitent pleinement du présent.
Photo13 :
Voici l’école fleurie du village, 4 grandes cases traditionnelles, une par classe.
Photo 14 :
A Rangusuksu le kava pousse très bien. Alors les hommes en font sécher pour en faire commerce, le kava sera expédié à Port Vila, la capitale, pour être réduit en poudre et expédié ensuite aux Fidji, en Nouvelle Calédonie, où il est également consommé par les Ni-Vanuatu émigrés mais également les populations locales depuis quelque temps.
Au Vanuatu, en revanche le kava est consommé frais évidemment ! Dans les villages, uniquement par les hommes.
Photo 15 :
Voici un tas de racines de kava qui partira dans un Nakamal (bar à kava) de Port Vila pour être consommé. Un bateau est attendu pour venir chercher la marchandise. Il devait passer le lendemain de notre arrivée, mais lorsque nous sommes partis 5 jours plus tard, le bateau n’était toujours pas venu…
Photo 16 :
Préparation du kava pour la consommation quotidienne des hommes du village.
Photo 17 :
Pio, petit Ni-vanuatu, gai et déluré.
Surtout conserve toujours ton caractère enjoué mon petit bonhomme!
Photo 18 :
Les enfants du village sont fascinés par l’annexe, le bateau, notre matériel etc…
Nous nous posons alors l’éternelle question et dilemme de savoir jusqu’où notre passage dans un village comme St-Joseph peut dégrader un équilibre de vie qui est si fragile face à la déferlante de la « civilisation »…