mardi 31 mai 2011

MESSAGE N°0 – TRAVERSEE de la MER de CORAIL

 Mardi 31 Mai 2011 – Appareillage d’Espiritu Santo pour les Louisiades.

Au mouillage de Luganville, île d’Espiritu Santo, Vanuatu, c’est la mi-journée, ce dernier jour de Mai, avec 9 heures de décalage horaire en avance sur la France. Timothée (qui nous a rejoint à Port-Vila pour 5 semaines de croisière à bord de

Jangada) et moi revenons des formalités de « clearance ». Nous quittons le Vanuatu après plus de trois semaines de séjour.

Le Vanuatu qui restera pour nous l’une des bonnes surprises de ce voyage autour du monde. Le peuple des Ni-Vans s’est montré avec nous extrêmement chaleureux et accueillant. Vivant avec peu, et rien de superflu, les villageois du Vanuatu semblent avoir trouvé dans leurs îles volcaniques et verdoyantes un bonheur simple au milieu d’une nature omniprésente, dense mais généreuse Fruits et légumes dans les jardins, bétail domestique ou cochons sauvages, eau douce à volonté (car il pleut souvent au Vanuatu !), sacro-saint coupe-coupe, vie familiale et villageoise, respect de l’autorité de l’aîné et rites coutumiers, la vie traditionnelle au Vanuatu nous a séduits. Avec l’annexe, Tim et moi avons remonté à tâtons la petite rivière qui passe à proximité du marché aux fruits et légumes de Luganville. Nous y avons acheté taros, épinards, citrons verts, papayes, bananes, ananas, fruits de la passion … en prévision de la traversée vers les Louisiades et de notre séjour là-bas, loin de tout. Les appros lourds (packs de lait australien, 10 kg de farine des Fiji, 20 boites de beurre en conserve de Nouvelle-Zélande, et tout le reste…) avaient été faits la veille. Pendant ce temps, à bord, c’est la dernière séance de CNED de l’année scolaire pour Marin et Adélie. Depuis quelques temps déjà, on sentait un certain relâchement, probablement partiellement et involontairement provoqué par l’arrivée à bord de Timothée, le 16 Mai, à Efate. Quelle joie ce fut pour nous tous de voir se poser sur la piste de Port-Vila le Boeing d’Air Vanuatu en provenance de Sydney ! Presque un an que Tim nous avait quittés à Raiatea ! La prof générale a néanmoins tenu à finir le programme, et ce matin, peut-être avec un petit poil d’avance, elle a décrété la fin de l’année scolaire à bord de Jangada. Ce qui fait que lorsque Tim et moi rentrons à bord, nous entendons des cris joyeux et imprévus du style : « Yeeh !!! On est en vacances ! On est en vacances ! ». Nous préparons l’appareillage, saisissons l’annexe au poste de mer, et levons l’ancre vers midi. En route pour la Mer de Corail ! La Mer de Corail, c’est cette étendue d’océan, située tout à l’ouest du Pacifique, et qui baigne au nord la Papouasie Nouvelle-Guinée et ses archipels, au nord-est les îles de Micronésie et l’archipel des Salomons, à l’est celui du Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie, et au sud les côtes nord-orientales de l’Australie. Les nombreux récifs coralliens de cette région ont donné son nom à la Mer de Corail. Outre la Grande Barrière australienne, on y trouve aussi, entre autres, le Grand Lagon Nord de Nouvelle-Calédonie, les Récifs d’Entrecasteaux, les récifs du Détroit de Torrès, et ceux qui débordent, très loin dans le sud-est, la Papouasie Nouvelle-Guinée.

Nous mettons le cap au 286, vers l’archipel des Louisiades, ainsi nommé par Bougainville, en l’honneur de son roi, Louis XV.

Distance à parcourir jusqu’à la passe sud-est du lagon de Tagula Island : 850 milles. Le vent est très faible, quasi inexistant, mais, chose rare, nous avons un timing à respecter (Tim reprend un avion le 25 Juin à Port-Moresby pour la France), alors, malgré les prévisions météo qui nous annoncent 3 jours de calmes dans la première partie du parcours, nous avons décidé de prendre la mer pour gagner dans l’ouest, lentement et avec l’aide d’un moteur, jusqu’à ce que nous trouvions un semblant d’alizé. Pas l’idéal, mais nous n’avons pas trop le choix. Alors, cap sur les Louisiades, une myriade d’îles et de récifs qui font partie de la Papouasie Nouvelle-Guinée ! En plus des requins et des serpents marins de l’ouest du Pacifique, il va falloir apprendre à nous méfier, dans cet archipel du bout du monde, d’une autre catégorie de charmantes bestioles, plus dangereuses encore : les crocodiles marins, qui, là comme sur la côte nord de l’Australie toute proche, y sont nombreux et doivent aussi manger à leur faim… Les pirates, quant à eux, seront à l’ordre du jour (façon de parler !) juste après, lorsque nous arriverons le long des côtes de Papouasie Nouvelle-Guinée. Mais, de ce fait, notre séjour en Papouasie sera réduit au strict minimum. Des Louisiades, nous rejoindrons directement Port-Moresby (et son yacht-club colonial et sécurisé) pour 48 heures, y accompagnerons Tim à l’aéroport, et reprendrons la mer pour le Détroit de Torrès sans nous attarder dans cette ville classée au cinquième rang des villes … les plus dangereuses du monde ! Allez, haut les cœurs !

Olivier