dimanche 26 février 2012

Billet N°147 – Wild Namibia…

Du 17 Janvier au 16 Février 2012
Par Barbara
Photos Olivier

Quelle chance d’avoir pu passer un mois en Namibie et d’avoir ainsi une petite idée de ce vaste et « sauvage » pays. La Namibie, qui il y a quelques mois encore, ne figurait pas vraiment sur l’itinéraire de Jangada par manque d’information, restera finalement  parmi les escales phares du voyage. Premièrement le dépaysement et la découverte étaient largement au rendez-vous. Et en voyage c’est surtout ce qui compte : découvrir ! Ensuite parce que la Namibie ne ressemble à rien de ce que je connaissais. On a souvent cette fâcheuse tendance à vouloir  rapprocher et comparer les choses pour mieux les comprendre. La Namibie n’entre dans aucune case. Enfin la Namibie aura été la dernière escale, inconnue, longue et exotique du Voyage, (les prochaines escales seront de petites îles : Ste Hélène et l’Ascension puis les enfants et moi débarquerons au Cap Vert, que nous avons déjà touché en octobre 2009, a long time ago…).

Alors la dernière ça compte toujours un peu plus…



En photos et commentaires, un aperçu et mes impressions sur la Namibie.











-  La Namibie,  pays d’Afrique australe, dont la capitale est Windhoek, est limitée au nord par l’Angola et la Zambie, à l’est par le Botswana, au sud-est par l’Afrique du Sud et à l’ouest par quelque 1 500 km de côtes désertiques en bordure de l’océan Atlantique. Ancien Sud-Ouest africain, devenu Namibie en 1968, le pays, colonisé par l’Allemagne, puis par l’Afrique du Sud, a accédé à l’indépendance en 1990.



C’est un vaste plateau, couvrant une superficie de 824 269 km² (presque deux fois la France), riche en minerais précieux. La Namibie se divise en trois régions : le désert du Namib, large couloir de 50 à 140 km qui longe les 1 572 km de côtes de la Namibie ; le plateau central, dont l’altitude s’étage entre 1 000 et 2 000 m ; le désert du Kalahari, en bordure orientale. Le point le plus élevé est le mont Koenigstein (2 636 m).



Traversée par le tropique du Capricorne, la Namibie possède un climat sec et tempéré, aride pour la moitié sud du pays où les précipitations annuelles sont inférieures à 300 mm. Celles-ci ne dépassent pas 50 mm dans le désert du Namib. Le Nord est mieux arrosé, avec 600 mm d’eau par an.

Photo 1


- Ce qui est le plus frappant dans ce pays est l’impression d’immensité qui s’en dégage. Tout est immense, les cieux, les plateaux, les pistes, le désert, l’horizon. Incontestablement l’échelle de grandeur n’est pas habituelle pour nous. De plus, La Namibie a une densité très faible, l’une des plus faibles d’Afrique avec seulement 2,5 habitants /km2. Sachant que la moitié de la population se concentre au nord, il nous est fréquemment arrivé de rouler des heures, des jours…sans rencontrer âme qui vive ! Il faut dire que si la nature est superbe pour ceux qui ont la chance de voyager dans ce pays, y vivre est une toute autre affaire, sécheresse, désert, chaleur, etc…

Photos 2 à 9









- Si l’intérieur est attirant, la côte namibienne reste largement  hostile. A cause des eaux froides du courant de Benguela venant de l’Antarctique, la côte namibienne est presque continuellement prise dans le brouillard. Très peu d’abris côtiers se présentent aux voiliers voyageurs. Nous ferons escale à Luderitz au Sud et à Walvis Bay au Nord. Entre les deux, chanceux avec une météo clémente, nous pourrons faire trois stops et observer ainsi la faune à loisirs, colonies de phoques, de manchots, et même des chacals ! A Luderitz et Walvis Bay, nous laisserons Jangada en sécurité et en profiterons pour visiter le pays en voiture et en 4X4. Les retours à bord ne seront pas folichons, car synonyme de Cned à haute dose, pour rattraper le retard accumulé dans une ambiance humide et brumeuse assez sinistre, de plus quasiment pas de voiliers de voyage au mouillage, on se sentira souvent isolé au milieu de la brume.

Photos 10 et 11



- La population Namibienne :

Elle s’élève à un peu plus de deux millions d’habitants, l’espérance de vie est faible 44,5 ans chez les hommes, 41,6 ans chez les femmes ainsi plus de 60% de la population a moins de 25 ans, et je me surprenais souvent à chercher les personnes âgées…mais en vain, elles ne sont que 3,8 % qui dépassent l’âge de 65 ans ! Dans un pays marqué par de stupéfiantes inégalités sociales, l’accès à la santé est problématique, en particulier pour les personnes atteintes du virus du sida, qui touchait en 2004 plus de 20 % des adultes. Aujourd’hui dans certaines régions du nord plus de 50% de la population en est affectée !!! L’espérance de vie est passée de 52 ans en 1999 à 43 ans en 2004…

La population se compose de différentes ethnies : les Owambos ( 50%), les Hereros, les Damras, les Himbas (cf. la photo ci-après, les femmes sont enduites d’une pâte rouge qui les rend très reconnaissables), les Basters, les Caprivians, les Kavangos, les Nams, les Sans et enfin les Blancs.

En Nambie il n’y a pas de conflits tribaux, ce qui rend entre autre le pays sûr pour y voyager. En 1993, le premier ministre de l’époque prononça cette phrase fédératrice pour cette jeune nation «  For too long, we have thought of ourselves as Hereros, Namas, Afrikaners, Germans, Owambos. We must now start to think of ourselves as Namibians! ». Force est de constater que règne une paix relative entre les tribus. En revanche le clivage avec la population blanche est ô combien heurtant. Si je me suis régalée devant la beauté des paysages et des bêtes sauvages de Namibie, je serai restée mal à l’aise tout au long de notre séjour face aux relations entre les Blancs et les Coloured people. A vrai dire, j’aurais même été particulièrement frustrée du manque de contacts avec les locaux. Les Blancs ne m’ont rarement donné l’impression de s’intéresser à nous. Avec les Coloured People, le contact fut juste inexistant, impossible ! Les communautés vivent côte à côte, elles ne se mélangent pas, au mieux se tolèrent, au pire se méprisent. J’ai  attendu un sourire, ou même un simple regard franc, mais ils ont été bien trop rares.

Il faut dire que le passif entre Blancs et Noirs est lourd, et  même si on peut comprendre l’attachement viscéral des descendants d’Afrikaners ou d’Allemands à leur terre, dont ils ont extraits durement leur gagne pain, il n’en demeure pas moins que la Namibie est l’un des pays au monde où la richesse est aussi la plus injustement répartie. Si la Namibie fait partie des pays relativement riches d’Afrique, de très fortes disparités sévissent, ainsi le PIB/ha est de  15 000 dollars pour un Blanc alors qu’il atteint tout juste les 650 dollars pour un Noir.  Les grandes exploitations, 60% des terres, appartiennent à des Blancs spécialisés dans l’élevage de bovins et d’ovins. Soit 5 % de la population  détient 9 millions d’hectares, alors que près de 250 000 de paysans Noirs ne possèdent pas de terre !

Une réforme agraire a été lancée en 1991 avec pour objectif de redistribuer les terres.  Le gouvernement incite les Blancs à vendre leurs exploitations aux Noirs en tentant d’éviter tout débordement comparable à la crise qui secoue le Zimbabwe à ce sujet. Mais dans les faits, la situation ne semble pas avoir évolué, et les Blancs de Namibie ne se sentent absolument pas menacés…

Les langues officielles sont l’anglais et l’afrikaans ; l’allemand, les langues khoïsanes et bantoues sont également parlées. La religion chrétienne est pratiquée par une majorité de Namibiens (80 % dont au moins la moitié de luthériens) ; une partie de la population noire est animiste.

Photos 12 à 15


  Jacques, descendant d'Afrifaaners,ne s'imagine pas vivre ailleurs que dans la ferme familiale.

 Les voitures sont rares, sur les pistes, circulent surtout des carrioles.

 Une Himba enduite d'un onguent rouge très caractéristique de sa tribu


- Quelques paysages namibiens, parmi tant d’autres…


Le Fish River Canyon : Ce site exceptionnel situé dans le sud du pays est l’une des destinations les plus visitées du pays. Il  est long de 160 Kms, large de 27 Kms et profond de 500 mètres. Le canyon peut être parcouru à pied sur plusieurs jours, j’aurais adoré ! Malheureusement le temps nous étant compté, nous ne l’aurons admiré que d’en haut.

Photos 16 à 18











- Le Damaraland, région particulièrement sauvage située au nord ouest de la Namibie. Quand nous y sommes passés, les pluies se faisaient encore attendre, tout était sec et poussiéreux, écrasé par la chaleur. A la fin de la journée, les couleurs revêtaient des teintes chaudes, le rouge dominait. Nous avons eu l’occasion d’y faire de beaux bivouacs, dont l’un dans le massif du Spitzkoppe, grandiose !

Photos 19 à 24




Une institution en Namibie, le Braaî, en fait le barbecue.



- Les gravures et les peintures rupestres :

C’est dans le Damaraland  et plus au nord dans le Kaokoland que se trouvent des concentrations de  peintures et de gravures rupestres.

Précisément les terres de Twyfelfontein, abritent de nombreuses gravures rupestres figurant des animaux de la région : girafes, rhinocéros, zèbres, oryx, autruches, etc, mais également des figures humaines aux positions variées.
L'art de Twyfelfontein, probablement œuvre de chasseurs-cueilleurs San de la fin de l'âge de pierre, a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco en 2007.

A deux reprises, accompagnés d’un guide, nous admirerons ces traces anciennes de civilisation en appréciant la chance de voir ainsi dans leur cadre des dessins et des gravures datant de millénaires.

Photos 25 à 29






- La Skeleton Coast :

Certainement l’une des côtes les plus dangereuses et inhospitalière au monde. Elle s’étend sur des centaines de kilomètres entre Swakopmund et la frontière angolaise. Aujourd’hui un parc national protège cette zone extrêmement fragile  et dangereuse à la fois. Elle porterait son nom à cause du nombre d’épaves de navires échoués sur la côte, et/ou à cause des ossements trouvés  de baleine et de naufragés…

Photo 30


- La réserve de phoques de Cap Cross :

Sur la Sleleton Coast, à un endroit bien précis, les phoques du Cap viennent mettre bas. L’odeur de cette nurserie est insoutenable mais cela reste un spectacle fascinant et bruyant. Tous ces mamans phoques et ces bébés phoques qui tentent de se retrouver en s’appelant. Il y en a des milliers, et rien ne ressemble plus à un bébé phoque qu’un autre bébé phoque ! Jamais très loin rodent les chacals qui se régaleront du bébé perdu…

Photos 31 et 32



La Namibie restera donc pour moi un pays remarquable et fascinant pour ces paysages et sa faune sauvage, en revanche le climat social et les disparités effroyables entre Blancs et Noirs me choqueront  tout au long de notre séjour et m’empêcheront d’apprécier pleinement ce pays sauvage...

Aujourd’hui la Namibie doit faire face à des challenges considérables, lutter contre la pauvreté et le chômage, trouver des solutions pour la redistribution des terres sans tomber dans le chaos de son voisin le Zimbabwe, lutter contre l’épidémie de Sida qui fait des ravages… La Namibie a cependant des atouts. Son sol est riche en minerais (diamants, or, uranium, zinc, cuivre, etc), malheureusement les entreprises d’exploitation sont rarement namibiennes…

Le tourisme est en pleine expansion, mais rassurez-vous il ne s’agit pas de tourisme de masse. Voyager en Namibie par les circuits classiques est cher, les lodges affichent des tarifs exorbitants, qui ne s’adressent qu’à une clientèle (très) aisée en recherche de dépaysement et d’observation animalière. La formule la plus économique est sans conteste celle de louer un 4X4 tout équipé et d’être ainsi en autonomie complète.

Aujourd’hui la Namibie avance le chiffre de 900 000 touristes par an, une manne financière non négligeable pour le pays, même si elle semble toujours bénéficier à la même tranche de population, propriétaire des infrastructures touristiques. Anyway cela génère quand même des emplois dans les services.



Je suivrai avec intérêt désormais l’évolution politico-économico-sociale de ce pays. Je ne peux pas imaginer passer quelque part, m’intéresser et m’attacher pour ensuite tourner la page et oublier. Ainsi même à terre, le Voyage se poursuivra !

 Photo 33