dimanche 19 février 2012

MESSAGE N°3 – TAVERSEE WALVIS BAY (Namibie) – JAMESTOWN (Sainte-Hélène)

JOUR 3 – Dimanche 19 Février 2012

Distance parcourue en 24H00 sur la route directe 153 milles.
Distance restant à parcourir 740 milles.


Encalminés !

Peut-être me suis-je réjouis trop vite d’avoir retrouvé l’appréciable régularité des alizés. Elle n’a pas duré… Vous comprenez pourquoi les marins deviennent vite superstitieux ?

Nous avons bien marché hier jusqu’à minuit, puis le ciel s’est couvert d’une couche de nuages gris homogène, et le vent nous a quittés, nous laissant nous démerder avec un petit zéphyr minable de quelques nœuds venant de surcroît de l’arrière. Caramba, j’aime pas ça ! J’ai les calmes en horreur… Ca ne veut pas dire que j’apprécie la tempête, non plus !

Il a fallu démarrer un moteur pour continuer à progresser à faible allure ; et les voiles ont commencé à battre, ce que je déteste. Dans ce cas, j’enroule tout à l’avant, et je bride au mieux la grand-voile, quand je ne l’affale pas. Dans ces conditions, le matériel s’use trois fois plus que lorsque les voiles portent.

Il fait lourd, l’air est à 26°C, l’eau de mer à 23,3°C. Nous nous sommes traînés toute la matinée, et cela m’emmerde de taper dans nos réserves de gas-oil, dont nous aurons bien davantage besoin pour passer les calmes équatoriaux.

J’en ai profité pour faire tourner le déssalinisateur d’eau de mer, et chacun a pu prendre une grande douche chaude. Nous avons des soucis avec les accus de nos ordinateurs, tous deux fatigués, et qui m’obligent à démarrer plus souvent qu’auparavant l’onduleur, lequel les alimente en courant alternatif 220 volts à partir des batteries de service 24 volts courant continu.

Seule Barbara se réjouit de ces calmes, car bien sûr ils s’accompagnent d’une mer calme seulement ondulée par des restes de houle… Mais pour qu’elle nous signifie cette affreuse tendance moderato, je lui dis qu’en conséquence l’île de Sainte-Hélène ne devrait apparaître sur la ligne d’horizon que dans un mois, au plus tôt… Le gennaker tente de capter les petits airs, mais sans beaucoup de succès.

Il faut se résigner, attendre, et scruter l’horizon en appelant le vent.

Ce matin, j’ai tenté discrètement de mettre une ligne à l’eau, sans beaucoup de conviction.

Jusque-là, le frigo contenant encore des denrées fraîches, l’autorisation de pêcher m’était tacitement refusée. Pas de succès non plus, la vitesse idéale d’après notre expérience à bord pendant ce voyage se situant autour de 7 à 8 nœuds. J’ai tout ramassé discrètement, en me disant que je savais pertinemment que le poisson ne mordrait pas… Seule consolation du jour, j’ai pu réparer le système Sailmail, à force de modifier dans tous les sens la programmation du logiciel. J’avais téléchargé sur Internet à Walvis Bay la dernière version du logiciel, j’ai reçu également par Internet les drivers du modem de pilotage de l’émetteur-récepteur BLU, et à force de bidouiller tout ça, ça marche !

(alors qu’en toute logique j’aurais du dire ça ne marche pas !) Sauf que la plaque de masse de la BLU doit être tellement sale sous la coque après notre séjour dans les eaux ultra-chargées du courant de Benguela que la propagation radio-électrique est très moyenne, d’autant que la station Sailmail la plus proche que j’utilise est sise à Maputo, au Mozambique, de l’autre côté des terres de l’Afrique australe… Ce matin, il y a eu à bord une grande séance de découpage des livres scolaires du CNED du premier semestre. J’ai cru comprendre que dans la perspective du débarquement de l’équipage aux Iles du Cap Vert, il fallait alléger les bagages, et seuls les « Je retiens… » ont sauvé leur peau…



Ainsi va la vie certains jours, à bord d’un voilier seul au milieu de l’océan.

A demain !



Olivier