Après notre départ de Lüderitz, le 25 Janvier, nous avons fait une brève escale à Hottentot Bay, une anse bordée de dunes utilisée par les pêcheurs namibiens pour y relâcher à l’abri des vents de secteur sud à sud-ouest.
Nous y passons la nuit à l’ancre dans 7 à 8 mètres d’eau, au milieu d’une bonne quinzaine de bateaux de pêche qui rejoignent le mouillage à la nuit tombante. Deux maisons de bois ont été construites sur la grève, et je suppose qu’une piste sablonneuse relie à travers les dunes la baie à une gravel road qui permettait jadis d’aller de Lüderitz à Saddle Hill, une petite agglomération minière située un peu plus au nord et aujourd’hui abandonnée. Le coin est néanmoins assez peu engageant, et la nuit tombe déjà, avec son cortège de brume et d’humidité qui nous enveloppe aussitôt. Pour le dîner, nous enfilons nos polaires, parfois même nous prenons notre repas à l’intérieur, à l’abri du roof, ce qui aura été très exceptionnel tout au long de notre voyage.
Nous décidons finalement de rester à bord, d’autant que le débarquement à terre dans cette zone diamantifère est soumis à l’obtention d’un permis préalable, que nous n’avons pas.
Hottentot Bay ne présente pas un grand intérêt, à vrai dire, mais la nuit que nous y passons sera calme.
Le lendemain matin, nous appareillons dans une brume à couper au couteau, moteurs au ralenti, radar en marche, et vigie à l’avant. La brume amortit le bruit des moteurs des navires de pêche, mais je ne suis pas fâché de gagner le large.
De temps à autre, un phoque nous montre ses moustaches en émergeant à quelques mètres du bateau. Il nous surveille du coin de l’œil pendant une trentaine de secondes, puis retourne à ses occupations nourricières.
Nous remontons le long de la côte avec les moteurs à 1500t/mn. Ils nous déhalent à 4 ou 5 nœuds contre le petit vent dans le pif du matin, qui souffle régulièrement du nord à une petite dizaine de nœuds, dès l’aube. En général cette petite brise thermique tombe complètement vers midi, à la faveur des premiers rayons du soleil, lesquels parviendront bientôt à porter la visibilité à quelques centaines de mètres, puis davantage. Adélie passe de longs moments à jouer avec les dauphins aux étraves. Ils sont nombreux à nous accompagner, et restent de longues minutes à frôler les carènes à quelques centimètres. Ils sont d’une adresse extrême, et nagent à des vitesses incroyables sans aucun effort apparent. Les hélices qui tournent ne les inquiètent pas, ils en ont apparemment l’habitude avec les navires de pêche.
A une dizaine de milles au large, nous nous dirigeons vers Spencer Bay, où je sais trouver une belle épave et une île habitée de milliers d’oiseaux, Mercury Island. Le décor de dunes de la côte, mêlées à de très vieilles roches noires, est singulier, tout au moins quand on l’aperçoit !
Nous parvenons à Dolphin Head pour le déjeuner, un vrai timing de paquebot. Spencer Bay, située à une petite soixantaine de milles au nord de Lüderitz., est un mouillage plaisant pour les voiliers voyageurs. Qui y sont rares, la plupart des navigateurs préférant quitter Cape Town directement pour Sainte-Hélène, afin d’éviter les difficultés de la navigation namibienne, pourtant limitées. Notre cartographie électronique est très imprécise, alors nous entrons dans la baie à vitesse réduite, un œil rivé sur le sondeur. Mais les fonds sont stables, et avec toutes ces dunes majestueuses qui viennent mourir sur des kilomètres de plage autour de la baie, il n’est pas étonnant que les fonds soient plats et sablonneux. Nous jetons l’ancre par 6 mètres d’eau.
La baie est déserte, il n’y a personne. En entrant dans Spencer Bay, nous sommes passés devant la petite plage, juste derrière Dolphin Head, sur laquelle s’est échoué, il y a bien longtemps, un petit cargo. Aux jumelles, j’y ai aperçu des centaines de phoques, toute une colonie qui a élu résidence sur la plage, au voisinage de l’épave. Plus tard, j’apprendrai que cette épave est celle de l’ « Otavi », un transport de guano, qui a été jeté à la côte lors d’une tempête en 1945, alors qu’il était venu embarquer des sacs à Mercury Island, toute proche.
Nous commençons par nous rendre à Mercury en annexe, une petite île distante d’un bon mille du mouillage, à l’ouvert de la baie, habitée par des milliers d’oiseaux marins. Essentiellement des cormorans et des fous, accompagnés par de nombreux manchots. Une station ornithologique y est installée, d’après ce que je sais.
En approchant, nous constatons que la répartition de la surface de l’île se fait, à partir du niveau de la mer et jusqu’au sommet, en fonction des espèces. Les manchots du Cap, particulièrement nombreux à Mercury, occupent naturellement les parties basses. Ils ne savent pas, ils ne savent plus voler, et ne sont pas particulièrement rapides à la marche terrestre (par contre ils nagent particulièrement bien). Les cormorans noirs, qui volent souvent en escadrilles de plusieurs dizaines d’individus, occupent la zone intermédiaire, entre les manchots et les fous. Ces derniers sont de grands voiliers à l’envergure imposante. Leur vol majestueux, et leurs merveilleux plongeons en piqué à la poursuite du poisson qu’ils ont ciblé à une trentaine de mètres au-dessus de l’eau, les classent dans la catégorie supérieure du petit monde de Mercury. Ils ont aussi besoin de plus d’espace pour prendre leur envol, même chose pour atterrir. Ils occupent donc les hauteurs, aristocratiques, de l’île.
Une vieille jetée de bois et quelques poulies résistent encore au temps qui passe. Elle servait à embarquer les sacs de guano ramassés sur l’île jusqu’aux début des années 50. Le guano (un mot du langage quechua, parlé par les Incas), constitué de l’accumulation au fil des siècles des excréments et des cadavres d’oiseaux marins, a longtemps été utilisé comme engrais agricole, compte tenu de sa richesse naturelle en azote. C’est lors d’un chargement de sacs de guano à la jetée de Mercury Island que l’ « Otavi » a été surpris par une tempête et jeté à la côte, sur la plage située immédiatement à l’est de Dolphin Head. Nous découvrons la station ornithologique, accrochée à la paroi rocheuse, et desservie par un petit wharf muni d’un treuil.
Un peu plus loin, nous découvrons le locataire des lieux, l’ornithologue de service. Pantalon orange, veste bleue, casquette vissée sur la tête, grande barbe rousse, notre homme est probablement misanthrope. Il ne nous adresse pas le moindre signe de salutation sans même parler de bienvenue, alors que nous passons en annexe à quelques dizaines de mètres au-dessous de lui. Il paraît absorbé dans la contemplation des fous qui l’entourent. Peut-être qu’à force de contempler les fous… J’ai eu à plusieurs reprises l’occasion de visiter des bases scientifiques, en particulier en Antarctique, et j’y ai toujours été bien reçu en y arrivant en voilier. Mais l’homme de Mercury ne doit pas apprécier la visite de ses semblables. Nous aurions bien visité ses installations et écouté ses explications scientifiques de piaffologue patenté, mais il doit être vraiment misanthrope, notre homme. Barbara en est outrée, les enfants sont surpris, et moi je m’adapte à ce comportement singulier : nous ne tentons pas de débarquer et laissons l’énergumène à sa solitude humaine.
Nous regagnons Jangada pour le déjeuner, avant de débarquer sur l’immense plage en face de nous, à l’abri tout relatif d’une petite avancée rocheuse. Un débarquement un peu sportif et humide au milieu des vagues qui brisent. On attend, on observe, on choisit sa vague, mais on se fait rincer quand même ! Nous remontons l’annexe haut sur la plage avec son système à roues pivotantes.
Un chacal nous a aperçu et s’enfuit au loin en se retournant de temps à autre. Sur le sable apparaissent de multiples empreintes laissées par les chacals, qui patrouillent inlassablement en bord de mer à la recherche de leurs proies, charognes, animaux (phoques, oiseaux) faibles ou mourants, poissons rejetés par la mer. Ils ont à l’évidence leurs sentiers habituels, et je m’aperçois que dès qu’un objet quelconque tranche visuellement sur l’uniformité infinie du sable, il est systématiquement contrôlé et reniflé par les chacals, habitués à se contenter de peu pour survivre. Les empreintes les plus grosses sont celles des hyènes brunes, également habituées des bords de mer de Namibie, mais aux mœurs totalement nocturnes. C’est peut-être pas plus mal pour nous, on espère bien être rentrés à bord avant la nuit !
Nous suivons la plage en direction de la haute corniche rocheuse qui ferme à l’est la petite baie où s’est échoué le cargo de guano. Un groupe de goélands prend le soleil sur une butte de sable de bord de mer. Au loin, des mirages apparaissent au-dessus de la dépression du terrain qui forme de vastes salines.
Nous escaladons la corniche côté mer, le passage intérieur étant à l’évidence celui emprunté par les chacals, car les traces de passages récents y sont multiples. Lorsque nous arrivons au sommet, la vue débouche soudain sur le magnifique spectacle de l’épave de l’ « Otavi » gisant sur le sable, entourée de centaines de phoques à fourrure qui partagent la plage avec cette vieille carcasse de fer. Dissimulés derrière les roches, nous restons plusieurs minutes à contempler cette vision insolite, sans bouger, et sans faire de bruit. A y regarder de plus près aux jumelles, je m’aperçois que les phoques ne sont pas seuls. Il y a aussi des chacals, une bonne douzaine dans la baie, dont les plus gros harcèlent les phoques qui prennent le soleil sur le sable, à la recherche d’un signe de faiblesse, de maladie, ou de mort prochaine. Mais les phoques ont aussi de jolis crocs de plusieurs centimètres de long dont les chacals se méfient, ne s’approchant d’eux que rarement à moins d’un mètre. Nous observons ce spectacle naturel qui doit se répéter chaque jour depuis des lustres.
Le manège des chacals est incessant. Ils doivent se nourrir, la faim les tenaille, eux et leurs petits. Et cette énorme colonie de phoques, installée à Dolphin Head probablement depuis des siècles, est leur garde-manger naturel. Le jour, ils partagent la baie avec les phoques, et les otaries adultes n’ont rien à craindre. Mais la nuit, ils doivent céder la place à plus forts qu’eux : les hyènes, à la mâchoire extrêmement puissante. J’imagine que les phoques resserrent les rangs à la tombée du jour, en particulier autour de leurs petits. Mais certaines scènes de prédation ne doivent pas être à montrer à tout le monde…
Je propose de descendre la corniche pour aller voir de plus près l’épave, et les animaux qui l’entourent. Barbara et Adélie, toujours prudentes avec les animaux sauvages, préfèrent rester sur la corniche à observer le spectacle. Marin et moi descendons dans l’arène à pas lents, pour ne pas effrayer la colonie. Les visites sont tellement rares à Spencer Bay que les chacals ne s’aperçoivent pas immédiatement de notre présence. Pourquoi songeraient-ils à lever le regard vers le haut de la corniche ? Quand nous débouchons sur la plage cependant, l’alerte est vide donnée. Les chacals s’enfuient, traversent la petite plaine caillouteuse qui jouxte la plage, puis grimpent la paroi rocheuse vers le sommet de la corniche, se dirigeant vers le passage le plus fréquenté que nous avons aperçu tout à l’heure de l’autre versant.
Barbara et Adélie vont avoir une surprise. Elles se croyaient à l’abri sur la corniche du bord de mer, mais un chacal qui s’enfuit choisit de passer par là. Il tombe nez à nez avec elles, à quelques mètres. Surpris, il s’arrête net, observe, réfléchit et détale par un sentier de traverse.
Juste le temps d’une décharge d’adrénaline pour nos filles…
Les phoques qui somnolent au bord de l’eau par dizaines ne se montrent pas autrement inquiets à notre approche, pourvu qu’une vingtaine de mètres nous séparent d’eux. Ils savent n’avoir besoin que de quelques secondes pour regagner la mer, où ils sont d’excellents nageurs. Par contre, les otaries qui ont choisi de remonter plus haut sur la plage, jusque dans les rochers, se montrent immédiatement plus inquiètes. Elles savent parfaitement qu’elles sont dans ces conditions beaucoup plus vulnérables, et cherchent immédiatement à se rapprocher de l’eau, leur seul salut, ce qui leur demande d’importants efforts physiques. Dans ce cas, nous faisons un détour.
L’épave de l’ « Otavi » est propre, je veux dire par là qu’on n’y trouve plus que de l’acier que le temps, qui a déjà bien travaillé en quelques 67 ans, s’efforce de transformer en oxyde de fer. Il avait de la gueule ce petit cargo, j’aurais aimé le visiter du temps de son service. Les coursives extérieures à chandeliers lui donneraient presque l’allure d’un petit paquebot côtier. L’odeur de la marchandise, cependant, devait être très différente du parfum des belles passagères !
J’explique à Marin le rôle des apparaux dont les contours, seuls, ont survécu au temps. Je suis très surpris par l’excellent état des espars en bois du gréement, en particulier les mâts de charge, que les embruns du ressac ont du recouvrir très tôt d’une couche de sel salvatrice. Dans les entrailles du petit navire, des otaries ont élu domicile, mais la marée et le fracas des vagues doivent les chasser régulièrement de l’endroit.
Un peu à l’écart, nous découvrons le cimetière de la colonie. Soit que les animaux mourants s’y rendent d’eux-mêmes, ce dont je doute, soit plus vraisemblablement que les hyènes y traînent les cadavres pour des ripailles nocturnes moins exposées à la fureur des grands mâles de la colonie. Les chacals, eux, sont incapables d’un tel job.
Pour l’heure, Marin décide d’arracher quelques crocs aux mâchoires blanchies par le soleil du Namib. Les cadavres se comptent par dizaines, mais la plupart sont desséchés et sans odeur.
Certains chacals se sont arrêtés en haut de la corniche, surpris et outrés de la visite des bipèdes du voilier qui a jeté l’ancre dans la baie. Ils nous observent avec attention, refusant d’abandonner aussi facilement leur baie nourricière. Nous découvrons, à la base d’un ancien dépôt de sacs de guano (probablement ceux qui ont été enlevés du cargo échoué peu après le naufrage), un réseau de terriers. Une famille de chacals habite là, à une centaine de mètres à peine de la colonie.
Nous grimpons sur les hauteurs de Dolphin Head pour contempler l’épave brisée sous un autre angle de vision. Certaines otaries se sont hissées jusqu’à une quarantaine de mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer !
Nous regagnons la corniche de l’est, et, de loin, faisons signe aux filles de nous rejoindre sur la plage de Spencer Bay, sur l’autre versant. Nous empruntons pour rentrer le sentier rocailleux qu’utilisent le plus fréquemment les chacals pour venir et sortir de la petite baie de l’ « Otavi ». Les traces de leur passage journalier sont omniprésentes. Des ossements jalonnent le parcours, de petites anfractuosités de roches leurs servent d’abri.
Au loin, Jangada tire doucement sur sa chaîne, au premier plan d’un grandiose décor de désert.
Nous découvrons un peu en recul de la plage d’anciennes machines à bras, de bois et de fer, que les hommes ont abandonnées, comme ils le font partout.
Des décennies que le temps est à l’œuvre pour faire oublier le passage des hommes. Mais il en faudra encore au moins autant pour que le désert ait complètement effacé ces traces.
Nous regagnons le bateau avant la nuit, les chacals ont sans doute déjà ré-investi la baie de l’épave, et rôdent à nouveau autour de la colonie.
Le lendemain, nous quittons Spencer Bay dans un épais brouillard, cap au nord, vers Sandwich Harbour…
Photo 1 - Navigation le long de la côte namibienne, entre deux bancs de brume...
Photo 2 - Adélie adore jouer avec les dauphins, qui nous accompagnent par dizaines dans cette région...
Photo 3 - Jangada au mouillage devant le désert du Namib...
Photo 4 - La baie de Spencer avec l'île Mercury à gauche on n'est pas gêné par les voisins...
Photo 5 - Nous partons avec l'annexe à la découverte de Mercury Island, l'île aux oiseaux...
Photo 6 - L'ancienne jetée de bois dévolue au chargement du guano, aujourd'hui abandonnée...
Photo 7 - Elle sert de perchoir aux cormorans, et sera bientôt elle-même couverte de guano...
Photo 8 - Sur Mercury, les oiseaux sont bien organisés, les fous en haut, les cormorans au milieu...
Photo 9 - ...et les manchots en bas!
Photo 10 - Ca barbote sévère chez les pingouins...
Photo 11 - La station scientifique de Mercury Island...
Photo 12 - ... tenue par un ornithologue probablement misanthrope!
Photo 13 - Nous laissons Jangada au mouillage dans la baie...
Photo 14 - ...mais sous bonne garde!
Photo 15 - Non loin de Dolphin Head, une épave sur une plage colonisée par les otaries...
Photo 16 - C'est celle de l'Otavi, un transport de guano...
Photo 17 - ... jeté à la côte dans une tempête en 1945...
Photo 18 - Les phoques à fourrure du Cap, ou otaries, nous accueillent avec curiosité mais prudence...
Photo 19 - T'as vu , une Caribe 3,40m avec un moteur Yamaha 15 CV 2 temps comme on en fait plus!
Photo 20 - Bon, ben salut Jangada, et bienvenue chez nous, à Spencer Bay!
Photo 21 - Des centaines de phoques habitent cet étonnant décor...
Photo 22 - Mais, côté plage, ils ne sont pas tous seuls...
Photo 23 - Il y a aussi les chacals...
Photo 24 - ... qui guettent les individus jeunes, malades, ou mourrants...
Photo 25 - Le terrier d'un chacal, creusé dans des sacs de guano abandonnés...
Photo 26 - Barbara et Adélie restent prudemment sur la cornière rocheuse, mais...
Photo 27 - Marin et moi descendons sur la plage, les chacals, une bonne douzaine, détalent...
Photo 28 - Position de sommeil paradoxal...
Photo 29 - Otarie, ou phoque à fourrure, c'est du pareil au même...
Photo 30 - Barbara et Adélie sont visibles sur la corniche rocheuse, au-dessus de l'angle droit de la timonerie...
Photo 31 - C'est émouvant une épave que le temps absorbe doucement, mais inexorablement...
Photo 32 - Le bois de ce mât de charge est étonnamment bien conservé, après plus de 65 ans...
Photo 33 - Les traces de l'activité des hommes...
Photo 34 - ...disparaîtront bientôt...
Photo 35 - Un autre habitant des lieux...
Photo 36 - Le Captain shoote tout ce petit monde au téléobjectif...
Photo 37 - Marin récupère des dents de phoques au cimetière marin de la colonie...
Photo 38 - L'équipage de Jangada à Spencer Bay...