Distance de Horta (Ile de Faial, Açores) en route directe 943 milles.
Distance directe à Furna (Ile de Brava, Cap Vert) 515 milles. Distance réelle parcourue en 24 heures 164 milles.
Gain sur la route directe en 24 heures 164 milles.
Hier en milieu de journée, le vent a adonné de quelques degrés supplémentaires, nous permettant de faire route directe vers Horta. Gain intéressant sur la trajectoire la plus courte. Nous sommes aussi passés sous la barre des 1000 milles, ce qui est toujours bon à prendre pour le moral ! Un tiers du parcours est dans le sillage, en 3 jours. On s’accroche aux chiffres qui vous arrangent, comme de vulgaires politiciens!
Bel après-midi de beau temps, ciel pommelé, avec toute une bande de dauphins venue jouer aux étraves. Mais vers 20H00 hier soir, le vent est rentré à 28/29 nœuds réel, soit un vent apparent de 32 à 33 nœuds. Pas cool. Il a fallu prendre le 3ème ris dans l’obscurité, avec la toile qui claquait au vent, la sangle d’amure difficile à passer tout seul, le guindant qui ne voulait pas descendre, les paquets de mer, bref l’ambiance des nuits qui commencent mal. Dans ces cas-là, Jangada est déjà un gros bateau. Il faut de la volonté, et du muscle. J’avais revêtu une tenue de combat, il y avait bien longtemps que je ne l’avais pas fait… Alors bien sûr, la nuit a été agitée, le bateau a pas mal ramassé, il ne faisait pas un temps à pointer son museau à l’extérieur du roof. Je voyais l’eau des paquets de mer traverser le cockpit, du côté au vent au côté sous le vent, en me disant que j’avais connu des conditions meilleures.
A quelques nœuds de vent près, la mer change vite de visage. Je préfère le baston quand je vois clair, mais là la nuit était noire. Mais en fait, soyons clair, je n’aime pas le baston, surtout contre le vent, j’aime la mer quand elle est belle à peu agitée. Au-delà, je fais juste avec, en rêvant d’être dans une petite maison à la campagne, au milieu des arbres, des fleurs et des oiseaux ! Oui mais voilà, il faut aussi que je me fabrique des souvenirs pour quand je serai vieux ! Sinon, comment apprécier la petite maison à la campagne, les arbres, les fleurs et les oiseaux ? Nous n’avons gardé que quelques petits mètres carrés de solent à l’avant, Louis est allé se coucher en bas, et les heures se sont écoulées avec lenteur et turpitude. Vers 04H00 du matin, le vent est revenu à une petite vingtaine de nœuds, et nous avons renvoyé de la toile au jour. On est même revenu à 1 ris dans la matinée, mais il a vite fallu réduire à nouveau à 2 ! Manœuvres… Changement de leurre sur la ligne de traîne : la mer étant agitée, on s’est dit que les prédateurs ne devaient pas être tout à fait en surface. Leurre indonésien (acheté à Bali) plombé donc. On a sorti une petite daurade coryphène, à peine 2 kg, une misère… Elle était tellement amochée à son arrivée dans la jupe arrière, aucune chance de survie, que nous l’avons gardée pour le dîner. Mais on ne va pas s’en vanter.
Ce matin, le vent a refusé d’au moins 15 à 20°, il a fallu abandonner la route directe, route au 335/340 au lieu de plein nord désormais pour Horta.
On ne fait pas ce qu’on veut, il faut être modeste et endurant pendant cette traversée.
Ne pas forcer, ne rien casser ! Faire le dos rond, ajuster autant de fois que nécessaire la toile et les réglages, gagner des milles, et durer, autant que ce sera nécessaire. Les jours meilleurs seront pour plus tard !
A demain !