vendredi 18 mars 2011

Billet N°97 -Hors du temps, à Great Barrier Island (Nouvelle-Zélande)…

 Du Samedi 26 Février au Jeudi 10 Mars 2011 -


Texte Barbara
Photos Olivier

Nous quittons Marsden Cove, la marina où le bateau avait séjourné pendant nos dernières semaines de terriens sur le sol néo-zélandais, pour Great Barrier Island, une île au large d’Auckland. L’équipage avait perdu un peu le pied marin, alors cette petite remise en jambes se fait doucement. En une journée de mer nous rejoignons Great Barrier Isalnd, et là nous sommes à nouveau totalement coupés du reste de la planète. Cela dit il y a parfois des moments où se retirer du monde favorise paradoxalement le rapprochement avec ceux qui sont loin, par la pensée et par la prière. Nous savons que l’état de santé de notre belle amie Claude se dégrade chaque jour davantage et nous apprenons quelques jours plus tard son décès. A Great Barrier Island nous ne cesserons de penser à elle, à son mari Jean-Manuel et à leurs trois enfants. Notre « retraite » comme le qualifiera mon amie Natalie me donnera le temps et l’acuité de réaliser sa disparition et de l’accepter. Je n’aurai pas suffisamment connu Claude, mais elle m’aura marquée par sa bonté, sa générosité, et sa foi profonde pour le restant de mes jours.

Il me semble parfois que le voyage, l’éloignement et l’isolement me permettent d’avoir une clairvoyance et une acuité des choses que je n’aurais pas à terre, trop polluée par tout un tas d’interférences parasitaires. L’essentiel s’impose alors plus facilement…

Great Barrier est donc une île extrêmement préservée de la marche du temps, un peu austère, elle se situe à 90 kms au nord-est d’Auckland, d’une superficie de 285 km2. Bien qu’ayant été victime de la déforestation intensive à l’arrivée des premiers colons européens, elle a conservé une beauté originelle. L’absence de possums (le fléau numéro 1 en Nouvelle Zélande, petit mammifère importé d’Australie en 1837 pour sa fourrure, en l’absence de prédateur, il se reproduit à un rythme incontrôlable qui compromet l’équilibre écologique. Les autorités parlent de 20 000 tonnes de végétaux engloutis ou détruits chaque nuit à travers le pays !) et les efforts de reforestation, commencent à rendre à la forêt de sa superbe.

L’île est un doux compromis entre mer et montagne.

Barbara

En photos et en commentaires notre séjour à Great Barrier Island.

Photo 1 : Mouillage à Katherine Bay, au nord ouest de l’île. Pas un chat au mouillage, la végétation est subtropicale, malheureusement les arbres endémiques de Nouvelle Zélande que nous aimons tant, les pohutukawas, sur la plage ne sont plus en fleurs. La fin de l’été approche…Il y a de petits manchots bleus qui tournent autour du bateau, des raies et des dauphins.



Photo 2 : Marin ne perd pas une minute, enfile sa combinaison, (l’eau est quand même un peu plus fraîche que sur la plage de Tauranga, la dernière maison échangée par mes parents au sud d’Auckland dans la Bay of Plenty), et part nous chercher le dîner avec Olivier, adieu les côtelettes d’agneau grillées, retour au poisson !

Photo 3 : En fait de poisson, il y aura bien du kingfish pêché à la traîne, mais ce seront des ventrées de moules que nous ferons à Great Barrier, non pas les grosses moules vertes endémiques à la Nouvelle Zélande, mais des noires plus petites (quand même plus grandes que celles des pertuis charentais) et délicieuses.


Photo 4 : Certes après la pêche aux moules moules moules, il faut un certain temps pour les gratter et les nettoyer, ce que Marin aime moins faire…mais en tant que cuisinière du bord « j’exige » que les moules soient nettoyées et le poisson vidé par les pêcheurs avant d’entreprendre de les cuisiner. C’est Olivier qui s’y colle… Elles seront servies à toutes les sauces : marinières, à la crème, au muscat, au curry chaudes, froides…jusqu’à ce que dans l’ordre, Adélie, Marin, puis moi et enfin Olivier soyons limite saturés…mais cela restera toutefois un bon souvenir culinaire du coin.


Photo 5 : Comme partout en Nouvelle Zélande, la priorité numéro un est la préservation de l’environnement. Ici à Great Barrier, 70% de l’île est sous la protection du fameux et efficace DOC (département d’Etat, l’équivalent d’un ministère chez nous, dont les missions sont de préserver et de promouvoir les espaces naturels, leur biodiversité, et de protéger les espèces natives). Le DOC fait un travail remarquable, il emploie un personnel nombreux, rangers, administratifs et volontaires. Et je persiste à dire que je n’ai jamais vu un pays si préservé !

Ici il s’agit du brown teal (sarcelle brune) ou pateke qui ressemble à un petit canard, cette espèce est en danger mais à Great Barrier Island, elle se porte plutôt bien. Tous les matins, un ou deux pateke viennent tourner autour du bateau, à la joie d’Adélie qui s’empresse de leur donner du pain.



Photo 6 : La réputation de Great Barrier pour la randonnée est hautement méritée, de grandes étendues de montagnes et de côtes sont uniquement accessibles à pied, à défaut d’un réseau de pistes développé. Environ 100 km de sentiers font notre bonheur…moins celui des enfants, même si ils sont d’excellents marcheurs, Marin désormais est toujours en tête, Adélie ferme la marche, un peu plus lente mais fine observatrice de la faune et de la flore.

Ici nous entamons l’ascension vers le sommet de l’île, le mont Hobson, soit une bonne rando A/R de 7h00, avec pique nique au sommet.


Photo 7 : Ces randonnées sont toujours très plaisantes, car variées : avec des ruisseaux, des plats, des montées, des bois, des ponts suspendus…

Photo 8 : …et des escaliers ! Pour atteindre le sommet, des marches de bois infinies, mises en place pour protéger la nidification des pétrels noirs au sommet de l’île, nous achèvent !

Photo 9 : Un barrage qui date de l’industrie forestière qui exploita le Kauri de l’île aux premières années de la colonisation britannique. On construisait des barrages pour amener les rondins à la côte. Les rondins attendaient derrière les barrages jusqu’à ce que l’eau ait suffisamment monté. A ce moment là on ouvrait une sorte de trappe pour laisser tomber les rondins, qui flottaient jusqu’à la côte, emportés par la rivière.

Photo 10 : La très jolie ballade de Harataonga Okiwi Coastal Track, soit 4h00 aller simple. Avec Adélie on s’offre une petite pose, la vue sur la côte est splendide.

Photos 11 et 12 : La côte Est, plus exposée, au relief plus sauvage aussi, présente une végétation clairsemée, des forêts de pins, des plages de sable blanc.

Photo 13 : Nous quittons la baie super abritée de Port-Fitzroy, après 15 jours coupés du monde. Sur l’île habitent en permanence environ 800 habitants que nous n’aurons guère aperçus, l’île n’est pas électrifiée, sauvage et préservée elle demeurera.

Nous rejoignons la côte Est de l’île Nord de la Nouvelle Zélande, le « continent » comme dira Adélie.