samedi 28 novembre 2009

Les Cartes de Novembre 2009

11Novembre (détail)28 novembre (détail)

Billet N°29- Spécial BUNUK nouveau - En Casamance -Barbara & Olivier

28 Novembre 2009


Non non, bunuk n’est pas un mot de patois charentais…

Le bunuk, c’est le vin de palme, en diola, le dialecte des habitants de la région la plus au sud du Sénégal, la Casamance, proche de la Guinée Bissau.

Le bunuk se boit avec la kakobot, la cuillère faite de la coque coupée d’un fruit de rônier (une espèce de palmier, mais pas la même) dotée d’un petit manche de bois.

En Casamance, la récolte du vin de palme, très prisé des villageois, a commencé il y a quelques jours, vers le 20 Novembre.

Le premier jour, le vin de palme n’est que du jus, sucré et agréable, la sève de l’arbre qui alimente les fruits que l’on coupe pour l’occasion, en les remplaçant par des bouteilles équipées d’un petit entonnoir tressé à la main, fait de feuilles de palmier vertes.

L’incision se fait de nuit, vers 5 heures du matin. La récolte a lieu l’après-midi, vers 17heures.

Cette année, comme nous avons été privés du Beaujolais nouveau chez Rémi Macé avec Vincent et Edith, on fait la campagne du bunuk nouveau en Casamance.

Le principe de l’avantage acquis cher aux Français…

Notre première virée en brousse pour siroter le bunuk a lieu dans le bolong de Nioumoune.

A 1H30 de marche du village par le sentier qui traverse rizières asséchées et marigots vaseux enjambés par quelques ponts branlants en bois de la mangrove.

Nous avons laissé l’annexe à Alfred, qui a envoyé Justin, coupe-coupe à la main, pour nous guider. Nous rejoignons successivement les frères d’Alfred à Tan-Tank : Adrien, Alphonse, Henri, et leur cousin Antoine. Pendant la période de la récolte du vin de palme, ils délaissent leurs cases aux villages d’Oubak et d’Elou, et leurs familles.

Ils s’installent sur place dans des petits campements de brousse, et partagent leur temps entre le travail sur les palmiers, et pêche et chasse pour se nourrir.

Nous partagerons ainsi avec eux, le temps d’une journée, leur vie dans la brousse : poissons au brasero, aigrette au barbecue, et riz de Casamance biensûr !

Le tout arrosé de bunuk, à tous les stades de maturation…
Petit reportage en images…
Allez, un dernier petit coup de bunuk…
Cela fait si longtemps que nous n’avons pas trinqué avec vous !
A la vôtre !

Olivier et Barbara

D'abord, aiguiser les lames sur du bois de fer...



Puis tresser des entonnoirs avec les feuilles de palmier



Beau boulot, 100% naturel...



Bon, ben grimper en haut du palmier...



Faire le ménage et ...



Inciser au niveau des fruits



Poser entonnoir et bouteille, ligaturés



Ca donne ça



Le jus coule doucement de 5 heures du matin à 17 heures



Le jus est sucré et doux le premier jour, après ça monte vite dans les degrés, 10 à 15° puis 30°



Jus du jour pour Barbara...



AOC Tan-Tank 30° pour Olivier. A la vôtre!

jeudi 26 novembre 2009

Billet N°28 Au fil de l’eau de Casamance - Barbara

- Fin Novembre2009 -


Deux constatations depuis que nous sommes partis :

1/ Excepté Dakar, les destinations sont à mes yeux toujours plus exotiques et plus belles… Peut-être suis-je désormais vraiment partie en voyage ?

2/ Une fois quelque part, les enfants ne veulent plus jamais en repartir. Ils ont pris leurs marques, se sont habitués à leur nouvel environnement et pensent que la prochaine destination ne pourra jamais être aussi bien que celle où ils se trouvent aujourd’hui…

La Casamance est la parfaite illustration de ce phénomène….

J’avais certes été séduite par le Siné Saloum, je suis complètement sous le charme de la Casamance et Marin et Adélie ne veulent absolument plus quitter l’Afrique et ses fleuves !

Nous séjournons ici à la meilleure période de l’année. Plus de pluie, moins d’insectes. Quasiment pas de touristes (les lignes aériennes ont été suspendues à cause d’incidents localisés dans le nord de la région, entre « rebelles » et armée régulière). Nous sommes tôt en saison donc très peu de voiliers dans les mouillages.

La saison des pluie (l’hivernage) s’achève juste, les paysages sont verts, vert tendre dans les rizières, vert plus foncé pour les arbres. Le riz est haut, presque mûr, et les récoltes commencent doucement. Olivier surveille de près la récolte de vin de palme…

Les rives sont beaucoup plus arborées que sur le Siné Saloum, cocotiers, baobabs, fromagers, rôniers ont les pieds dans l’eau.

La lumière très douce et l’atmosphère paisible dans les rizières me ravissent.

Il règne une douceur de vivre dans les villages, communicative et qui apaise. Encore très nombreuses sont les cases en banco (terre argileuse séchée) avec leurs toits en bois de palétuviers et paille de riz. Le bétail (cochons, canards, poules, chèvres, zébus) et les habitants cohabitent harmonieusement. Toutes les générations vivent ensemble dans les grandes cases, je pense à nos « vieux » seuls et isolés…

Ces villages n’ont ni électricité, ni eau courante, ni route, mais des sentiers de sable blanc. Leur mode de vie est extrêmement sommaire, et ne semble pas avoir évolué depuis des lunes.

Mais il ne s’est pas dégradé non plus.

Les diolas sont d’une gentillesse désarmante, pas une personne, un enfant qui ne nous croise en nous saluant et en nous demandant comment nous allons. Ils sont doux, gentils, souriants et discrets.

Hier nous avons « bidonné », Marin et moi (opération qui consiste à aller au puits du village remplir nos bouteilles de 10 litres en plastique pour ensuite remplir les réservoirs du bord), c’est physique et fastidieux, mais une douzaine d’enfants nous ont gracieusement aidé, cela s’est révélé être une vraie partie de plaisir. Difficile d’imaginer que cette opération est le quotidien des femmes du village. Cela ne semble pas devoir changer…l’eau courante n’est pas à l’ordre du jour !

Actuellement se prépare dans les villages la fête du Tabaski, le 28 novembre prochain. Les femmes se tressent les cheveux, on voit moins de pirogues pêcher. Les familles un peu disséminées sur le territoire se regroupent pour fêter ensemble cette grande fête musulmane, même si en majorité ici la population est animiste et/ou catholique mais peu importe, toutes les occasions sont bonnes pour se réunir, chanter, jouer de la musique et danser.

Beaucoup d’intérêt dans cette partie du Sénégal, difficile d’accès si l’on n’a pas un bateau, la région est de ce fait naturellement préservée. Pouvoir communiquer avec les diolas qui parlent bien le français est un atout supplémentaire. Les anciens en particulier, qui ont connu la colonisation, parlent particulièrement bien notre langue.

La navigation fluviale est si douce, de manœuvres et de vent que neni, les bolongs sont lisses. Nous sommes évidemment complètement désamarinés et avons sûrement perdu nos réflexes de marins, plutôt marins d’eau douce l’équipage de Jangada !

Capitaine excepté bien sûr !

Toujours pas de frigo à bord, en instance aux douanes à Dakar. Nous ne savons pas très bien comment nous allons le récupérer.

Mais force est d’admettre qu’on a fini par s’habituer à l’absence de froid et à notre nouveau régime alimentaire constitué de fruits, légumes et féculents. La température a légèrement diminué, plutôt dans les 30/34° désormais, et l’eau à boire est moins tiède. La « gazelle » fraîche (bière locale), se boit dans les campements.

CNED toujours et encore avec même un rythme plus soutenu en ce moment que d’habitude pour être en vacances quand Mamina et Tomana seront à bord avec nous très prochainement. Pour qu’ils puissent rapporter en France les dernières évaluations pour les poster.

Et oui, nous attendons mes parents qui viennent passer une semaine à bord avec nous en Casamance et nous sommes un peu contents de cette visite qui n’était pas programmée !!!

Barbara

Le coin des curieux (en référence au supplément d’informations que les enfants trouvent à la fin de leur séance Cned du jour) :

L’initiation ou bukut en diola : (rite animiste)


Dans le village de Nioumoune où nous séjournons depuis quelques jours, les hommes construisent de grandes cases pour accueillir les très nombreux casamançais qui viendront pour la cérémonie de l’Initiation, en avril prochain.


Il s’agit d’un rituel d’intégration de l’individu au village de ses ancêtres. Elle lui permet de quitter l’univers de l‘enfance pour accéder à celui des hommes et de devenir membre à part entière de la communauté, grâce à un enseignement secret, religieux, militaire et social. Cette formation est dispensée par les Anciens au cours d’une retraite dans le bois sacré pendant une quinzaine de jours. Nous n’avons pas pu avoir plus de renseignements, car ce rite reste secret et sacré.


L’individu non initié est comme une « semence avant sa mise à terre ». Quels que soient son âge, son expérience, ses réussites loin du village, il reste un « enfant », quelque part un irresponsable. Il ne pourra pas prendre part aux délibérations des Anciens ni accéder à une quelconque fonction sociale.


Cette cérémonie a lieu tous 20 ans.


C’est pourquoi, les casamançais de tout le Sénégal, mais également ceux qui vivent à l’étranger reviennent au village pour ce rite initiatique.


Dans le village, les festivités se poursuivent tout le temps que dure la retraite des futurs initiés…


Bidonnage à Nioumoune



Récolte du riz à Tan-Tank



La femme africaine, respect...



Jus de bissap à Vindaye



Délicieux!



Adélie fait son CNED à Elinkine

vendredi 20 novembre 2009

Billet N°27 - En Casamance - Olivier

A partir du 14 Novembre 2009

Retour à Ehidj, 27 ans plus tard…

Je ne vais pas vous raconter toutes mes guerres, seulement quelques unes !

Au petit matin, j’ai beau chercher aux jumelles, je ne trouve pas la bouée d’atterrissage de la Casamance. Elle est déradée.

Je me dirige vers le premier couple de bouées de la passe.

Timing impeccable, nous sommes en fin de marée montante, le meilleur moment pour franchir toutes les barres du monde. Et celle de la Casamance n’est pas particulièrement paisible.

L’eau est verte, on aperçoit au loin la pointe de Djogué, et à un demi mille, les brisants s’écrasent lourdement sur les hauts-fonds.

Voiles affalées, Jangada s’engage dans la passe, longue de plusieurs milles.

Les Volvo (50 CV chacun) ronronnent, je les pousse à 2000 tours/mn. (Robert, comme tu vois, cela reste raisonnable !)

Par le travers du phare de Djogué, je tente de rentrer dans le premier bolong à droite, celui de Kachiouane. J’ai sorti ma carte marine de 1982, où je retrouve quelques notes écrites au crayon à papier, lors de mon précédent passage, avec le premier Jangada, il y a 27 ans…

J’y lis « Serrer à droite », mais j’ai beau serrer à droite, je vois le sondeur amorcer une remontée vertigineuse… Je tâtonne sans succès, et je touche, du bout de la quille tribord. Les fonds ont visiblement complètement changé, la carte n’est d’aucune utilité, et je dois renoncer pour l’heure à cette option.

Direction Karabane, en amont, vent debout et début de courant descendant. Je monte à 2200 t/mn. (Robert, ça va encore !)

Premier comptoir établi par les français en Casamance, on trouve à Karabane une église bretonne en ruine, et aussi la tombe d’un vaillant capitaine (Protêt), français lui aussi, qui a tenu à se faire enterrer debout, pour faire face à l’ennemi…

Je tâtonne encore pour trouver l’entrée du bolong d’Elinkine, manque encore de toucher, et localise enfin le nouveau lit du bras de fleuve, qui lui aussi s’est déplacé de plusieurs centaines de mètres.

Les choses sont plus simples dès lors qu’on a franchi l’entrée du bolong : nous retrouvons 3 à 4 mètres d’eau en direction d’Elinkine. Une odeur pestilentielle nous accueille à l’approche du gros village : des étals de poissons sèchent (pour ne pas dire pourrissent) au soleil. Ce poisson séché gagnera plus tard l’intérieur du pays, le Mali et le Niger.

Après la modification des fonds depuis mon précédent passage, le deuxième changement notable que j’observe dans les paysages de Casamance, ce sont les pylônes (Orange ou Tigo, les 2 concurrents locaux) d’antennes pour la téléphonie mobile… Les opérateurs ont quadrillé le delta pour verrouiller ce marché très lucratif en Afrique. Par-dessus le faîte des fromagers et des baobabs, les pylônes balisent la position des villages…

Je remarque aussi que les passagers des pirogues portent tous ici une brassière, du jamais vu en Afrique. Plus encore, au mouillage d’Elinkine, je m’aperçois que toutes les pirogues qui circulent vont se faire voir au ponton (branlant) de la marine nationale sénégalaise. Contrôle du port des brassières ! Incroyable. Nous apprendrons qu’il y a 2 mois, une pirogue a chaviré de nuit non loin d’ici : 22 morts…

La Casamance a aussi en mémoire le drame du Joola, le ferry local qui reliait Ziguinchor, capitale régionale, à Dakar. Il y a 2 ou 3 ans, surchargé, mal entretenu, armé par un équipage incompétent, il a chaviré de nuit au large de la Gambie (petit pays enclavé dans le Sénégal, entre Siné Saloum et Casamance) : plus de 2000 morts, oui, deux mille…, pire que le Titanic.

L’Afrique…

Nous gagnons le petit village d’Ehidj, un village qui m’est cher en Casamance. J’y ai des souvenirs chaleureux de l’accueil incroyable que j’y avais reçu il y a 27 ans. Ce petit village d’une dizaine de cases était habité essentiellement par la famille Soumaré, des diolas catholiques, agriculteurs et pêcheurs.

Raymond et Blandine, qui avaient une dizaine d’enfants de 1 à 18 ans à l’époque, j’en avais 27, m’avait assimilé à leur famille pendant une dizaine de jours. Nous allions chasser dans « la savane », Raymond m’emmenait (une histoire d’hommes) récolter le vin de palme (c’est lui qui montait en haut du palmier, moi je restais en bas à siroter !), nous mangions tous assis par terre sur une natte dans la case en banco couverte de paille de riz le ragoût de corbeau pris avec les doigts dans l’unique plat commun, puis nous allions pêcher à l’épervier en pirogue…

Entre Elinkine et Ehidj, j’essaie de retrouver le passage entre les bancs, et à mesure que Jangada se rapproche du petit promontoire sur lequel est installé le village, ces souvenirs remontent dans ma mémoire.

J’appréhende les nouvelles que je vais bientôt avoir, au village.

Raymond et Blandine sont-ils encore de ce monde ? Qui est resté au village, de ceux que j’y ai connus ? Hilaire, Pierre ?

Vingt-sept années ont passé. L’espérance de vie dans ce pays n’est que de 52 ans…

Nous jetons l’ancre à 100 mètres de la petite plage en contre-bas du village, et je prends seul l’annexe pour aller aux nouvelles. Deux hommes viennent à ma rencontre, je leur dis que j’ai séjourné ici il y a près de 30 ans, et que j’y avais été plus particulièrement accueilli par Raymond et Blandine Soumaré, et tous leurs enfants.

A mon regard interrogateur, Léon et Benoît répondent par un silence empreint de douceur et de respect à mon égard.

Je comprends que l’un et l’autre ont changé de monde.

Raymond en 1997, Blandine il y a deux ans. Déception, et tristesse. Cela m’aurait vraiment fait plaisir de les embrasser.

Je demande où ils sont enterrés dans le village, mais j’apprends que sur l’île d’Ehidj, village fondé par l’ancêtre guerrier Soumaré, on n’enterre pas les morts. La sépulture a lieu de l’autre côté du bolong. Croyances animistes, fétichistes, harmonieusement mêlées ici au christianisme. Dieu reconnaîtra les siens. Et les esprits les leurs.

Mais Léon se retourne et me dit que la personne, là-bas, sous le fromager, c’est Pierre Soumaré, un des fils de la fratrie. Je me souviens de lui, il avait 10 ans à l’époque, 37 aujourd’hui, et il n’avait pas son pareil, à la chasse où il me suivait, pour plumer en quelques secondes les oiseaux que j’arrivais à dégommer avec mon fusil Baïkal calibre 12 à un coup.

Pierre approche, et je m’amuse, en faisant mine de m’étonner qu’il ne me reconnaisse pas…

Je lui rappelle quelques détails de ce séjour, et m’aperçois qu’il a gardé en mémoire quelques autres souvenirs que j’avais moi-même oubliés.

Dès lors, le village nous est grand ouvert, le respect mutuel et la gentillesse sont la règle, et nous nous sentirons comme chez nous à Ehidj. Pierre m’explique qu’il est le seul enfant à être resté au village, ses frères et sœurs sont tous à Dakar ou en France. Je ne suis pas surpris, leurs parents étaient pauvres, mais intelligents, lumineux.

Un soir de mon précédent passage où j’avais invité Raymond et Blandine à venir dîner sur mon bateau, j’avais eu la surprise de voir débarquer de la pirogue monoxyle de Raymond : Raymond biensûr, mais aussi Mélanie, 18 ans, formes rondes sympathiques, poitrine arrogante, fille aînée de Raymond et Blandine… Il y avait là derrière un dessein qui n’avait pas été simple à gérer pour le navigateur solitaire que j’étais alors, mais je m’en étais plutôt bien sorti. Le dîner avait été tout de même un poil compliqué…

Pierre m’apprend qu’un crocodile a été tué par Maurice il y a 2 jours non loin du village.

Je lui dis que je pensais qu’il n’y en avait plus en Casamance, voilà les enfants refroidis quant à leurs jeux aquatiques dans les bolongs…

Effectivement, la bête est passée à la casserole, j’en découvre les restes dans la cuisine de la case de Maurice…

La vieille case de Raymond et Blandine n’existe plus, je me réfugie avec mes souvenirs sous la petite paillote qui a été dressée sur la plage par Léon.

Les deux singes Jules et Timmy font les pitres et attrapent au vol les arachides qu’Adélie leur lance.

J’emmène Barbara se promener dans la brousse, derrière le village.

Les vautours décollent lourdement des palmiers, les aigrettes, les oiseaux marabouts, les hérons fuient à notre approche.

La nuit venue, je pars poser le tramail de 25 mètres avec Marin et Adélie. J’accroche une extrémité à une branche de palétuvier, et l’autre plonge dans l’obscurité de l’eau noire du bolong.

Ne reste plus qu’à regarder les étoiles qui scintillent sur la voûte céleste, dans la nuit africaine.

Retour à Ehidj, où rien n’a vraiment changé depuis presque trois décennies.

Olivier

 

Mouillage à Elinkine



Dans les rizières de Vindaye, avec Nelly



C'est pas mignon, çà!



Equipage en goguette...



Premiers jours de récolte à Ehidj



Jules, le meilleur copain d'Adélie, à Ehidj.



Ce soir au dîner, crocodile de Casamance!

vendredi 13 novembre 2009

Billet N°26 - Médecine de brousse sur la blanche - Olivier

- Du 10 au 13 Novembre 2009


Derniers jours dans le delta du Saloum.

Bon, je ne vais peut-être pas agrémenter de photos la séquence de médecine tropicale appliquée qui a eu lieu sur la (belle) cuisse gauche de Barbara au campement de pêche Hakuna Matata, sur la rive droite du fleuve.

Chacun sait que la nature est forte en Afrique.

A Siwo, le 9 Novembre, l’état de la plaie empire. Nous pensons à une piqûre d’insecte venimeux, mais la propriétaire (de la cuisse) n’a rien senti… L’infection gagne, et le cercle violacé fait maintenant 15 cm de diamètre. Ca ne va pas dans le bon sens, tout ça. Douleur dans toute la jambe, ganglions à l’aine, moral en chute libre… J’ai incisé, mais n’ai rien sorti de concluant de la plaie. Je n’y ai rien vu non plus…

Je prépare ma nav, et je décide d’appareiller de nuit, à 5H00 du matin le 10, à la faveur du plein. Il faut que nous allions consulter les médecins de Voiles sans Frontières, qui, d’après les informations que j’ai pu obtenir par radio, doivent être en mission en ce moment à Mar Lodj. J’ai réveillé Marin, qui, depuis la table à cartes, me donne les points GPS de notre trace à l’aller. Jangada glisse sur l’eau calme du bolong dans la nuit noire. J’essaie de me remémorer la position des bancs pour éviter l’échouement.

Pas simple, j’ai hâte que les premières lueurs de l’aube viennent me faciliter la tâche.

Ce que je redoute, c’est l’élargissement des bolongs, car, en toute logique, lorsque le bolong s’élargit, la profondeur diminue…

Le plus gros est fait, nous approchons de Djirda, les premières pirogues de l’aube croisent avec surprise ce catamaran qui navigue de nuit…

L’échouement fait partie de la navigation fluviale, mais il n’arrange jamais les bateaux. On force sur les quilles, les safrans, les moteurs, alors que pendant un tour du monde, on cherche à tout préserver, à prévenir les emmerdements, à commencer par les fondamentaux, la structure, l’appareil à gouverner, le gréement, la propulsion.

Loin de ses bases, le désert technologique est souvent la règle. Alors, moins on touche, mieux on se porte….

A un moment, le sondeur, dont le capteur est installé dans le flotteur babord, indique 2,50m de fond, mais le flotteur tribord touche, la quille s’enlise dans la vase, et fait pivoter le catamaran qui se retrouve à 90° de la route. Plantés ! J’essaie de manœuvrer aux moteurs, je brasse un nuage de vase, ça fume, et je ne sais même pas dans quelle direction il faut aller ! Plus à gauche, plus à droite ?

Le bateau pivote à peine…

Sur la rive de palétuviers, les aigrettes doivent se marrer.

La marée descend, il y a du courant, il faut faire vite, sous peine de passer la journée échoués là, comme des cons.

On met l’annexe à l’eau, Marin saute dedans, et je l’envoie pousser à l’étrave, moteur à fond.

Je lui ai appris la technique à Moundé. Le bateau pivote doucement, un piroguier providentiel me donne le sens de la sortie (s’agit pas de monter un peu plus sur le banc !), dès que le bateau est dans l’axe, je mets les moteurs à fond, le bateau vibre et semble d’abord ne pas bouger, puis tout doucement, il fait sa trace dans la vase, et regagne progressivement l’eau libre ! Ouf !

Nous rejoignons le campement Hakuna Matata, tenu par Olivier l’africain (un grand copain de Titi, le boss du CLEAR, le club hippique bien connu de La Rochelle !). Il diagnostique immédiatement le problème de Barbara : un ver qui s’est installé dans la chair. L’explication : une espèce de mouche pond ses œufs dans le linge propre mouillé qui sèche au vent. Le repassage à chaud a l’avantage de tuer dans l’œuf ces charmantes petites bêtes, mais inutile de vous dire que nous avons oublié depuis des semaines ce que c’était que le linge repassé. Dès que le vêtement a repris du service, le ver, minuscule au début, traverse la peau et s’installe.

Sans tout de même passer par Ikea, il fait son chez lui, et grossit vite. Très vite.

Le porteur ne s’en trouve point aise, et tous ses anticorps affluent autour de l’agresseur.

Il nous faut prendre la calèche (carriole tirée par une mule) jusqu’à Mar Lodj, mais il n’y en aura pas avant 16H00.

Barbara est mi-figue mi raisin : contente de savoir ce qu’est son mal (tous les africains ont confirmé le diagnostic), mais dégoûtée de savoir qu’elle a un ver dans la cuisse…

Les choses s’accélèrent, une employée noire du campement va chercher un onguent gras, il paraît que la bête a horreur de ça, et que cela l’incite à se rapprocher de la sortie. Une dizaine de personnes assistent à la scène, sous la véranda en paille de riz du campement.

Effectivement, dès l’application du corps gras, des ondulations fébriles commencent à animer la plaie… C’est bon signe : l’animal est bien présent, et il n’apprécie pas.

Je surveille Barbara du coin de l’œil, mais, avant que j’ai pu dire ou faire quoi que ce soit, l’employée noire saisit à deux mains plusieurs kilos de quadriceps (entendons-nous bien, la cuisse est fuselée, of course), et commence à presser en partant de loin. Barbara dérouille, tente de gueuler, mais la femme noire nous explique qu’il faut presser de plus en plus fort, sans jamais suspendre la pression, sinon le ver en profite pour regagner ses pénates en profondeur…

La séance de pressions dure entre 5 et 10 minutes, ma douce tourne de l’œil, je lui tiens la main et lui cache la plaie, pas jolie, mais elle est encouragée à la fois par les africains qui voient que l’extraction progresse, et aussi par les quelques blancs présents qui poussent des « Ah, c’est dégueulasse ! » quand la bête, en cours d’expulsion, commence à montrer le bout de son nez, en se tortillant allègrement….

L’infirmière de brousse improvisée prévient que le dénouement est proche, et quand la moitié de la bestiole est visible, elle annonce le coup de grâce : je redoute l’arrachement des chairs, l’altération du patrimoine familial, etc… toujours est-il qu’une dernière pression sauvage expulse le ver de la plaie.

Soulagement général.

1cm de long, 3 mm de diamètre, s’il n’est pas de la famille des asticots, c’est un cousin germain…

Il gigote dans tous les sens, ondule, rampe sur le coton, tout le monde l’admire, car c’est un beau specimen : je le montre à son ancienne propriétaire, plutôt contente de la présentation.

Elle sait que maintenant un bon traitement antibiotique local et général va remettre de l’ordre

dans la belle machine.

Pour l’heure, cela suppure dru, et un joli trou subsiste comme souvenir de l’intrus.

Direction la pharmacie du bord, et au travail.

Mais le moral de ma douce est déjà remonté d’un sérieux cran.

Le soir, au campement Hakuna Matata, dîner d’huitres de palétuviers grillées et d’un ragoût de poulet au riz du Saloum..Un guitariste vagabond à l’accent québécois pousse la chansonnette jusqu’à 2 heures du mat, quelques Gazelle bien fraîches font passer la première dose d’antibiotiques, et au dodo.

Le lendemain, nous remontons le bolong de Ndangane, y faisons quelques appros : légumes, fruits, pain, et eau minérale. Pas l’abondance, mais de quoi survivre. C’est aussi le seul endroit du delta où l’on trouve « le 10 de Kirène », le bidon de 10 litres (1000 Francs CFA, soit 1, 53 euro) de l’eau minérale sénégalaise, sans laquelle le blanc a du mal à survivre dans ces contrées où l’eau n’apporte pas que des bonnes choses. Je trouve des belles crevettes fraîches, modèle gambas, 1500 FCFA (2,30 euros) le kilo. Juste passées à la poêle, dans l’huile d’olive, et légèrement relevées d’une sauce piquante, le dîner de ce soir sera succulent.

Le 13 Novembre, nous prenons le train descendant de la marée du fleuve, et faisons route vers Djiffere.

Le nombre de pirogues de pêche sur la plage de ce village qui garde l’embouchure du Siné Saloum est impressionnant : des centaines.

Le fleuve, depuis quelques années, a creusé une nouvelle passe de sortie pour retrouver l’océan. Il a délaissé la pointe de Sangomar, à plusieurs milles au sud, a coupé la presqu’île, créé une île, et s’est frayé un passage dans les bancs de sable directement vers le large. Mystères de l’hydrologie.

La nouvelle passe vient juste d’être balisée, et nous décidons de l’emprunter pour quitter le Saloum.

Le soleil décline, nous franchissons le dernier couple de bouées, et hissons la grand-voile, un rituel où chacun a désormais son poste, et ses attributions. C’est la manœuvre la plus physique du bord. Cela faisait un moment que nous n’avions pas envoyé de la toile ! Les coulisseaux Antal sont gorgés de sable ocre apporté par les vents du désert, les haubans sont à l’unisson, la belle voile Incidences prend des couleurs méconnues dans les pertuis rochelais….

En Afrique, le bateau prend des allures de 4 x 4…

Route au sud-ouest pour s’éloigner de l’embouchure de la Gambie, le cata fait route à 8 nœuds sous voiles, impressions délaissées quelque temps.

Mais nous découvrons aussitôt un hallucinant champ de mines de casiers de pêche, des centaines, les fonds, très plats, ne font qu’une dizaine de mètres.

J’évite les premiers au pilote, mais il y en a de plus en plus, Barbara prend la barre, je prends une étrave et Marin l’autre, et le slalom durera une bonne heure, par chance nous sortirons de ce piège à la nuit tombée, sans dégâts.

Nous mettons le cap sur la passe d’entrée de la Casamance, à 80 milles au sud.

Mon petit équipage va se coucher.

Je démarre le déssalinisateur, un bonheur de le voir désormais marcher à merveille (merci Greg pour l’envoi du tuyau 20 bars), et je commence ma nuit de veille, sous les étoiles, à veiller les pirogues.

Olivier

Pirogue de transport sur un bolong du Saloum



Pain de singe, le fruit du baobab


Pain de singe, le fruit du baobab

mercredi 11 novembre 2009

Billet N°25 - Par Barbara : Le Siné Saloum, SENEGAL

A partir du 29 octobre 2009


Incroyable labyrinthe de bolongs…

Double découverte, la navigation fluviale et le fleuve Siné Saloum.

Le nom enchante, il s’agit d’un fleuve sénégalais au sud de Dakar, long de 250 kms, la mangrove de palétuviers y est dense et touffue, les bancs de sables sont mouvants et nombreux. Le courant parfois très fort peut être dangereux (un piroguier est mort noyé quasiment sous nos yeux en allant chercher sa pirogue mouillée dans le lit du fleuve, sur le tombant, très souvent malheureusement les villageois ne savent pas nager). Le relief est absent, sauf parfois un minaret qui surgit de la mangrove, insolite au milieu des fromagers et des baobabs, et nous indique la présence d’un village, Niodior, Moundé, Diogane, Bassoul…

Des pirogues colorées et chargées de villageois ou de marchandises animent les cours d’eau, les liaisons entre villages ne sont assurées que par ce moyen de transport. Pas de routes, des pistes de brousse. Pas de véhicules à moteur, uniquement des « calèches » (charrettes tirées par des mules).

Nous séjournons dans d’insolites mouillages, le plus incongru hier dans un bolong large de 15 mètres, notre cata touche les palétuviers de part et d’autre et nous avons pied des deux côtés du bateau ce qui est limite inquiétant. On se posera une à deux fois pendant la nuit et devrons manœuvrer pour déséchouer le bateau posé dans la vase. Le cata par sa la largeur (8,6m) et son tirant d’eau (1,60m) n’est pas le bateau idéal pour ces étroits bolongs, mais je trouve magique de m’y trouver.

Les enfants du village de Moundé (un village peul) se baignent autour du bateau avec Marin et Adélie qui les rejoignent rapidement. Je prépare un gâteau au chocolat dont tout le monde se régale sur le petit ponton en bois de rônier, où accostent les pirogues. La veille, au village, les adultes nous avaient offert le fameux thé de l’hospitalité (teranga), thé vert de Chine, très sucré, avec de la menthe, en 3 services, du plus amer au plus sucré. Des nuées d’enfants étaient assis autour de nous, 8 à 10 enfants par femme dans le village. Tous paraissent en bonne santé et mangent à leur faim. Le Siné Saloum offre à la fois des fonds poissonneux, du bétail (zébus, chèvres) dans la brousse et des fruits aux arbres (ditas, rôniers, pains de singe).

Nous rencontrons dans ce pays francophone quelques voiliers en voyage, parfois avec des enfants de surcroît. Marin et Adélie sont ravis, même si il y a majoritairement des filles. Le trampoline du cata sert de dortoir collectif au mouillage, à la belle étoile.

La température de l’air reste élevée, 35 à 39 ° C, l’eau du fleuve est à 29/30°, heureusement que nous pouvons nous baigner. Il n’y a parait-il aucun risque de crocodile dans le Saloum, l’info circule selon laquelle il y en a uniquement sur le fleuve Gambie, qui se situe entre le Siné Saloum et la Casamance, les deux fleuves où nous séjournons…

Il y a seulement des hyènes, des chacals, des najas, et des murènes dans le fleuve qui ont vraiment une sale tête.

La nuit tombe tôt, 18h30, vite nous allumons les fameux tortillons chinois, spirales incandescentes qui repoussent les insectes, nombreux à la tombée de la nuit. Nous prenons chaque soir consciencieusement notre cachet de malarone, notre anti-palu.

Les insectes ont envahi le bateau.

Cette navigation fluviale africaine est une toute nouvelle expérience pour moi et les enfants, à la fois douce et paisible (l’accueil et l’hospitalité de la population, la douceur des paysages) mais qui peut être aussi inquiétante (la nuit surtout, les bruits des animaux, la vie intense dans les bolongs, les chasses des prédateurs sur terre et dans l’eau) et dangereuse (le courant, les bancs de sable).

L’Afrique, attachante mais rude.

Barbara

Barrrbarrra et une toute petite partie de son fan-club, dans le bolong



Au village de Moundé, Siné Saloum



Le thé de la teranga, à Moundé


Calfatage d'une pirogue à Bassar, Siné Saloum



Entre Siwo et Fallia, par la piste


De Siwo à Fallia, par la savane


Carte des derniers jours !




mercredi 4 novembre 2009

Billet N°24 - par Adélie : Sur le Siné Saloum, Sénégal

Du 29 Octobre au 4 novembre 2009

par Adélie

Coucou !!!
Nous sommes partis de Dakar le 29 octobre pendant la nuit. Nous avons navigué tout l’après-midi au milieu des gigantesques pirogues colorées. Nous n’avons pas pêché de poissons mais nous nous sommes fait arracher le rapala (leurre de pêche) par une pirogue qui est passée à 10 mètres du bateau. Nous sommes arrivés à l’entrée du Siné Saloum vers deux heures de l’après-midi. Heureusement, on nous avait donné les points G.P.S pour l’entrée car il y a de nombreux bancs de sable et notre bateau n’est pas fait pour se poser. Pendant une heure nous avons navigué dans les bolongs jusqu’à un petit village qui s’appelle Mar-Lothie. Là, j’ai rencontré une copine qui s’appelle Océanie. Son papa, Ollivier, a participé à la construction du trimaran géant « Banque Populaire ». Tous les matins, Océanie venait se baigner avec nous. Au bout de deux jours, JOHGOR un bateau que l’on avait rencontré à Dakar est arrivé avec leurs deux enfants Alizé (une fille de mon âge) et Yannis. J’avais maintenant deux copines !!! Nous sommes partis a la pêche avec un français, Jean-Claude, qui habitait au village. Nous sommes partis avec sa pirogue et nous avons pêchés toute la matinée. J’ai pêché une carpe rouge !!! Ensuite nous sommes aller manger nos poissons chez une famille sénégalaise que le monsieur connaissait. On les a mangé dans une tiejboudienne plat typique du Sénégal, assis par terre sur une natte. Une des sœurs de la famille m’a fait des tresses à l’africaines !!! Nous sommes ensuite partis de se village trop cool…

Adélie



Look afro, trop cool



Coucou, c'est moi!



Attention, je manoeuvre!



Le village de Ndangane, Siné Saloum



Mon piroguier préféré



Tout le monde à la pêche sur le bolong de Mar Lodj



Marie-Jeanne en fera une tiejboudienne au village de Mar Lodj