jeudi 26 novembre 2009

Billet N°28 Au fil de l’eau de Casamance - Barbara

- Fin Novembre2009 -


Deux constatations depuis que nous sommes partis :

1/ Excepté Dakar, les destinations sont à mes yeux toujours plus exotiques et plus belles… Peut-être suis-je désormais vraiment partie en voyage ?

2/ Une fois quelque part, les enfants ne veulent plus jamais en repartir. Ils ont pris leurs marques, se sont habitués à leur nouvel environnement et pensent que la prochaine destination ne pourra jamais être aussi bien que celle où ils se trouvent aujourd’hui…

La Casamance est la parfaite illustration de ce phénomène….

J’avais certes été séduite par le Siné Saloum, je suis complètement sous le charme de la Casamance et Marin et Adélie ne veulent absolument plus quitter l’Afrique et ses fleuves !

Nous séjournons ici à la meilleure période de l’année. Plus de pluie, moins d’insectes. Quasiment pas de touristes (les lignes aériennes ont été suspendues à cause d’incidents localisés dans le nord de la région, entre « rebelles » et armée régulière). Nous sommes tôt en saison donc très peu de voiliers dans les mouillages.

La saison des pluie (l’hivernage) s’achève juste, les paysages sont verts, vert tendre dans les rizières, vert plus foncé pour les arbres. Le riz est haut, presque mûr, et les récoltes commencent doucement. Olivier surveille de près la récolte de vin de palme…

Les rives sont beaucoup plus arborées que sur le Siné Saloum, cocotiers, baobabs, fromagers, rôniers ont les pieds dans l’eau.

La lumière très douce et l’atmosphère paisible dans les rizières me ravissent.

Il règne une douceur de vivre dans les villages, communicative et qui apaise. Encore très nombreuses sont les cases en banco (terre argileuse séchée) avec leurs toits en bois de palétuviers et paille de riz. Le bétail (cochons, canards, poules, chèvres, zébus) et les habitants cohabitent harmonieusement. Toutes les générations vivent ensemble dans les grandes cases, je pense à nos « vieux » seuls et isolés…

Ces villages n’ont ni électricité, ni eau courante, ni route, mais des sentiers de sable blanc. Leur mode de vie est extrêmement sommaire, et ne semble pas avoir évolué depuis des lunes.

Mais il ne s’est pas dégradé non plus.

Les diolas sont d’une gentillesse désarmante, pas une personne, un enfant qui ne nous croise en nous saluant et en nous demandant comment nous allons. Ils sont doux, gentils, souriants et discrets.

Hier nous avons « bidonné », Marin et moi (opération qui consiste à aller au puits du village remplir nos bouteilles de 10 litres en plastique pour ensuite remplir les réservoirs du bord), c’est physique et fastidieux, mais une douzaine d’enfants nous ont gracieusement aidé, cela s’est révélé être une vraie partie de plaisir. Difficile d’imaginer que cette opération est le quotidien des femmes du village. Cela ne semble pas devoir changer…l’eau courante n’est pas à l’ordre du jour !

Actuellement se prépare dans les villages la fête du Tabaski, le 28 novembre prochain. Les femmes se tressent les cheveux, on voit moins de pirogues pêcher. Les familles un peu disséminées sur le territoire se regroupent pour fêter ensemble cette grande fête musulmane, même si en majorité ici la population est animiste et/ou catholique mais peu importe, toutes les occasions sont bonnes pour se réunir, chanter, jouer de la musique et danser.

Beaucoup d’intérêt dans cette partie du Sénégal, difficile d’accès si l’on n’a pas un bateau, la région est de ce fait naturellement préservée. Pouvoir communiquer avec les diolas qui parlent bien le français est un atout supplémentaire. Les anciens en particulier, qui ont connu la colonisation, parlent particulièrement bien notre langue.

La navigation fluviale est si douce, de manœuvres et de vent que neni, les bolongs sont lisses. Nous sommes évidemment complètement désamarinés et avons sûrement perdu nos réflexes de marins, plutôt marins d’eau douce l’équipage de Jangada !

Capitaine excepté bien sûr !

Toujours pas de frigo à bord, en instance aux douanes à Dakar. Nous ne savons pas très bien comment nous allons le récupérer.

Mais force est d’admettre qu’on a fini par s’habituer à l’absence de froid et à notre nouveau régime alimentaire constitué de fruits, légumes et féculents. La température a légèrement diminué, plutôt dans les 30/34° désormais, et l’eau à boire est moins tiède. La « gazelle » fraîche (bière locale), se boit dans les campements.

CNED toujours et encore avec même un rythme plus soutenu en ce moment que d’habitude pour être en vacances quand Mamina et Tomana seront à bord avec nous très prochainement. Pour qu’ils puissent rapporter en France les dernières évaluations pour les poster.

Et oui, nous attendons mes parents qui viennent passer une semaine à bord avec nous en Casamance et nous sommes un peu contents de cette visite qui n’était pas programmée !!!

Barbara

Le coin des curieux (en référence au supplément d’informations que les enfants trouvent à la fin de leur séance Cned du jour) :

L’initiation ou bukut en diola : (rite animiste)


Dans le village de Nioumoune où nous séjournons depuis quelques jours, les hommes construisent de grandes cases pour accueillir les très nombreux casamançais qui viendront pour la cérémonie de l’Initiation, en avril prochain.


Il s’agit d’un rituel d’intégration de l’individu au village de ses ancêtres. Elle lui permet de quitter l’univers de l‘enfance pour accéder à celui des hommes et de devenir membre à part entière de la communauté, grâce à un enseignement secret, religieux, militaire et social. Cette formation est dispensée par les Anciens au cours d’une retraite dans le bois sacré pendant une quinzaine de jours. Nous n’avons pas pu avoir plus de renseignements, car ce rite reste secret et sacré.


L’individu non initié est comme une « semence avant sa mise à terre ». Quels que soient son âge, son expérience, ses réussites loin du village, il reste un « enfant », quelque part un irresponsable. Il ne pourra pas prendre part aux délibérations des Anciens ni accéder à une quelconque fonction sociale.


Cette cérémonie a lieu tous 20 ans.


C’est pourquoi, les casamançais de tout le Sénégal, mais également ceux qui vivent à l’étranger reviennent au village pour ce rite initiatique.


Dans le village, les festivités se poursuivent tout le temps que dure la retraite des futurs initiés…


Bidonnage à Nioumoune



Récolte du riz à Tan-Tank



La femme africaine, respect...



Jus de bissap à Vindaye



Délicieux!



Adélie fait son CNED à Elinkine