jeudi 29 décembre 2011

Billet N°138 Oudtshoorn, province du Western Cape, capitale mondiale sud-africaine de l’élevage d’autruches…

Par Olivier
Il paraît qu’une autruche, c’est con comme un balais…

Moi, je suis prudent avec la notion d’intelligence. L’expérience de la vie m’a appris qu’il  en existe tellement de formes différentes…  Méfions-nous des soit disant surdoués, et des itou fieffés imbéciles. La vie sait se montrer compliquée. Bon, si on parle poids du cerveau, l’autruche ne s’en sort pas très bien, c’est sûr. Seulement 40 grammes pour un poids moyen de l’animal de l’ordre de 120 kg, pouvant aller jusqu’à 150. C’est vrai que quand vous regardez une autruche droit dans les yeux, vous avez l’impression de vous trouver en face de Paris Hilton, la plastique en moins. Question étincelles, c’est donc limité. Chacun de ses yeux aligne par contre 60 grammes sur la balance, l’autruche n’est peut-être pas lumineuse, mais elle a une vision exceptionnellement bonne. Cependant ce cerveau gros comme une noix n’est pas l’explication du principal problème de l’autruche, à savoir qu’elle ne sait pas, qu’elle ne peut pas voler. Il y a très longtemps, ce devait être le cas pourtant, mais le concept de l’évolution des espèces cher à Darwin a changé sérieusement la donne chez l’autruche, depuis probablement quelques dizaines de millénaires. Par contre, c’est connu, elle a de bons jarrets, et elle court vite : jusqu’à 70 km/h ! Pour autant, les courses d’autruches montées sont un mythe. Dans la tradition locale, elles n’ont jamais existé, autrement que pour amuser le touriste. L’autruche peut vivre plus de 40 ans, mais le gros avantage de la bestiole, c’est qu’elle est capable d’atteindre un poids de 100 kg en seulement 14 mois après la naissance, tout ça avec un joli plumage, une performance qui a largement favorisé l’idée de son élevage. Et aussi, malheureusement pour elle, son rendez-vous précoce à l’abattoir…L’autruche pond un œuf tous les 2 jours, et  dans son milieu naturel, la ponte cesse d’elle-même à environ 15 œufs, le maximum que le couple parental peut couver. Dans les fermes d’élevage, la ponte s’étend de Juillet à Février, et ne cesse jamais pour peu qu’on enlève à l’animal ses œufs au fur et à mesure de sa production…

Un œuf d’autruche équivaut à 24 œufs de poule, commode pour faire d’un coup une belle omelette ! L’épaisseur de la coquille est de l’ordre de 3 mm, c’est du solide ! Barbara et Adélie se sont amusées à marcher sur des œufs (pleins) sans pour autant se retrouver avec les phalanges inférieures repeintes en jaune gluant. Dans la nature, les mâles sont d’un tempérament territorial qui peut devenir rapidement agressif. Ce sont eux qui possèdent les plus jolies plumes, longues et soyeuses, d’un noir profond. Le plumage des femelles, de texture plus grossière, est de couleur grisâtre, moins beau, et commercialement sans intérêt, sauf pour en faire des plumeaux à poussière. Alors que les plumes des mâles sont utilisées par les danseuses de cabaret du monde entier ! Dans les fermes, les revenus attachés à l’élevage d’autruches se répartissent de nos jours en 60% pour le cuir, 30 % pour la viande, et 10 % pour les plumes. Eh oui, on se promène de moins en moins avec une plume d’autruche sur le chapeau, et encore moins dans le cul…sauf du côté du Lido ou du Moulin Rouge !

La petite ville d’Oudtshoorn, située à une centaine de km de la côte au niveau de Mossel Bay, s’est développée sur les plateaux du Little Karoo, une des plus belles régions d’Afrique du Sud. Encadrées par deux massifs montagneux orientés est-ouest, le Swartberg au nord et l’Outenika au sud, les terres semi-arides du Little Karoo offrent des paysages splendides de défilés rocheux et de vallées encaissées sur fonds de montagnes grandioses. Laissant le bateau à quai sur le Waterfront de Knysna, nous avons décidé de venir y passer la journée avec une voiture de location.

L’intérêt de l’homme pour l’autruche s’est développé à partir du XVI ème siècle, lorsque les élégantes dames de la société aristocratique  européenne ont commencé à déambuler gracieusement dans les salons en utilisant des plumes d’autruche comme accessoire décoratif. A cette époque, point d’élevage, la chasse à l’autruche, aisée,  pourvoyait aux besoins, jusqu’à ce que le nombre des volatiles diminue dangereusement.  Un classique de la bêtise humaine. Les commerçants en plumes furent les premiers à évoquer l’idée de l’élevage des autruches, à la fin du XVIII ème siècle. La première ferme d’élevage vit le jour dans ce qui est devenu l’Algérie d’aujourd’hui.  En Afrique du Sud, l’élevage d’autruches prit de l’ampleur dans la région d’Oudtshoorn, particulièrement propice, très chaude en été, à compter de 1863. L’abondance des terres disponibles favorisa à l’époque l’élevage extensif. Malgré la relative sécheresse (en surface) des terres plutôt arides du Little Karoo, l’eau abonde dans les nappes phréatiques sous-jacentes à faible profondeur, alimentées par les nombreuses petites rivières dévalant des massifs montagneux proches, et  la culture de la luzerne (qui demande beaucoup d’eau) a beaucoup contribué au développement de l’élevage d’autruche, de plus en plus intensif. La luzerne est coupée, ensilée, puis transformée en granulés, avant d’être distribuée aux animaux tout au lond de l’année comme aliment complémentaire, et parfois même principal. Implantée à compter de 1860, la luzerne s’est également révélée particulièrement propice au développement rapide du plumage des autruches, du fait de son apport riche en protéines.

Le premier boom commercial, essentiellement lié au commerce de la plume, intervint sur une décennie, entre 1875 et 1886. A cette époque, en Europe surtout, il n’était pas un chapeau de femme qui ne soit pourvu de quelques plumes d’autruche. En quelques années, on dénombra jusqu’à 32 000 fermes d’autruches dans la région d’Oudtshoorn. L’élevage des volatiles venait souvent en complément des cultures traditionnelles locales, comme les céréales et le tabac, occupant 40 à 50% du travail des fermiers en 1880. La richesse induite par le boom de la plume entraîna rapidement un courant d’immigration vers la région d’Oudtshoorn, dont un filon juif lituanien qui se spécialisa rapidement dans le commerce de la plume, exportée principalement vers Londres, Paris et New-York. Vers 1890, la dégradation qualitative du marché de la plume d’autruche fût une conséquence directe du nombre excessif de fermes et de sociétés commerciales liées à une activité qui avait atteint rapidement ses limites. Nombre de structures de production et de négoce s’effondrèrent et disparurent. Seules subsistent alors les plus solides, qui vont connaître une nouvelle période d’expansion, jusqu’à la première guerre mondiale. C’est que la plume d’autruche est désormais utilisée non seulement sur les chapeaux des élégantes, mais aussi sur les robes et les accessoires de mode. Entre 1900 et 1910, l’Afrique du Sud couvre plus de 80% des besoins mondiaux en plumes d’autruche. Le bourg d’Oudtshoorn  change alors de visage. Quelques belles fortunes se créent en quelques années, et l’on voit les « barons de la plume » se faire ériger en ville de somptueuses demeures dénommées feather palaces, dont il subsiste aujourd’hui quelques exemplaires. La guerre de 14, ainsi qu’à moindre degré, la surproduction, la spéculation sur les prix et la précarité de la mode provoqueront l’effondrement durable du marché. Il faudra attendre l’avènement des années 1970 pour que l’élevage d’autruche reprenne quelques couleurs. La plume passera alors au troisième et dernier rang des revenus des fermiers, alors que la viande (Oudtshoorn possède un abattoir spécialisé) et plus encore le cuir deviendront les principales sources de revenus liés à cette activité. La peau de la bestiole donne un cuir de très bonne qualité, très résistant, ourlé de petits points régulièrement répartis qui furent autant d’attaches de plumes, et qui tient bien la multiplicité des coloris. On en fait des sacs, des ceintures, des porte-monnaie et des portefeuilles, des abat-jour aussi …  Quant à la viande, elle gagne à être connue. Nous nous étions promis de déjeuner d’un steak d’autruche à Oudtshoorn, et nous n’avons pas été déçus. Pour chacun de nous, ces steaks grillés, tendres et juteux, entre magret de canard et bœuf fondant, vraiment délicieux, furent  parmi les tous meilleurs filets que nous n’ayons jamais dégustés. Cela m’a rappelé la viande délicieusement tendre et merveilleusement bien préparée que j’allais manger, lorsque j’avais 25 ans, dans certains restaurants spécialisés du centre de Buenos-Aires. Le kilo de filet d’autruche est vendu environ 200 rands (20 euros) dans les bonnes boucheries du pays, et même en supermarché. On peut aussi déguster de l’autruche sous forme de viande séchée, appelée biltong, très prisée à l’apéritif pat les afrikaners de souche.

Oudtshoorn, devenue aujourd’hui une petite ville aérée et paisible, au tempérament néanmoins très afrikaner, vit toujours de l’autruche, version touristique. Le marketing est passé par là, et les coquilles d’œufs du volatile, travaillées jusqu’à l’extrême, sont déclinées en une multitude d’objets qui se veulent décoratifs. Le meilleur investissement reste peut-être celui d’un sac ou d’un portefeuilles en cuir d’autruche, qui, sur place, est d’un très bon rapport qualité/longévité/prix. Depuis quelques années, quatre fermes d’autruche ont ouvert leurs portes au public dans la région d’Oudtshoorn, en proposant un service de restauration à midi avec autruche à toutes les sauces, une activité qui représente pour elles jusqu’à 50% de leur chiffre d’affaire annuel.

L’élevage des autruches, c’est finalement pas plus mal que celui des cochons, la bestiole est probablement plus con mais elle sent moins mauvais…

Une piste de job, peut-être pour moi, à la fin du voyage ?


Photo 1 - Dans les environs d'Oudtshoorn, sur les monts du Swartberg...

Photo 2 - Question taille, Marin va bientôt rattraper son père, 1,86 m...

Photo 3 - Les paysages du Little Karoo, en début d'été austral...

Photo 4 - Des terres arides, une température élevée, mais un sous-sol riche en eau...

Photo 5 - Elevage intensif de jeunes autruches, essentiellement à base de granulés de luzerne...

Photo 6 - Femelle autruche dans son enclos...

Photo 7 -  La séduction du mâle passe par la danse, pas un truc pour moi ça...

Photo 8 - Bon, ben voilà le résultat...

Photo 9 - Un père (à g.) trés attentif, qui couve la nuit, la femelle (à d.) s'y collant le jour...

Photo 10 - Barbara marche sur des oeufs, aucun problème, c'est du solide!

Photo 11 - Charcuterie d'autruche et d'antilopes, à Outshoorn...


Photo 12 - Filet grillé d'autruche, frites et petits oignons, un délice!
Photo 13- Dans les rues d'Oudtshoorn...
Photo 14 - Le commerce de la rue, sans doute parallèle...
Photo 15 - La plume d'autruche, à l'origine des malheurs de l'animal, mais du bonheur des dames...

Billet N° 137 - Bartolomeu Dias, marin portugais méconnu…

Fin Décembre 2011

Par Olivier

Pour moi, modeste marin des temps modernes, il existe une petite énigme au sud du continent africain. Ou plus exactement un doute. Mais ce sujet n’a pas l’air d’interpeller grand monde, un constat qui devrait me pousser à rentrer dans le rang des touristes qui se font photographier, l’air béat, et sans se poser de questions, devant la pancarte de bois du Cape of Good Hope (Cap de Bonne-Espérance)…

J’y reviendrai

Par ailleurs, l’histoire est parfois injuste. Elle a retenu le nom de Vasco da Gama, portugais également, premier marin occidental à atteindre les Indes par le sud de l’Afrique, 10 ans après que son prédécesseur, Bartolomeu Dias, ne lui ouvre la voie du Cap de Bonne-Espérance. Mais le valeureux précurseur est resté méconnu. Pourtant il n’a pas démérité, payant de sa vie quelques années plus tard sa découverte du passage au sud de l’Afrique.

Le début du XVème siècle marque le début de l’expansion du Portugal hors des frontières lusitaniennes. L’Infant Henrique, dit le Navigateur, est un visionnaire : poussé par des motifs religieux autant qu’économiques (dont le négoce des épices, alors largement perturbé par l’emprise ottomane sur les routes asiatiques du commerce terrestre), il entreprend dès 1415 sa première expédition maritime vers le sud. De l’autre côté du détroit de Gibraltar, il conquiert Ceuta, enclave espagnole sur le continent africain tout proche. Il faudra une vingtaine d’années (1434) à ses capitaines pour franchir le Cap Bojador, à 300 km au sud des Canaries, à l’époque la limite du monde connu (et le siège de légendes terrifiantes). Et pas moins de trois quarts de siècle pour atteindre l’extrême sud du continent africain, trop pour que le roi ait le bonheur de savourer de son vivant la récompense des efforts ininterrompus de la nation, marins et savants en tête. Le Portugal doit beaucoup à ce prince explorateur, qui n’était pas marin, mais avait l’âme d’un explorateur, et chérissait ses capitaines. Henrique, pour servir ses desseins, a créé une académie des sciences qui rassemble les travaux et les connaissances des astrologues, des cartographes et des navigateurs d’Europe occidentale qui acceptent de partager leur savoir. Les navigateurs portugais vont profiter de l’amélioration des savoirs en matière de navigation astronomique et de cartographie maritime, mais aussi de ceux accomplis en matière de construction navale. La mise au point d’un navire plus léger, plus manoeuvrant, et remontant mieux au vent date de cette époque. Les qualités marines de la caravelle portugaise vont aider les capitaines d’Henri le Navigateur à gagner des rivages toujours plus lointains. Henrique meurt à l’âge de 66 ans, en 1460. Ses navires ont seulement atteint le Golfe de Guinée. Mais le roi Jean II poursuit, après le règne bref d’Alphonse V, son œuvre visionnaire. En 1474, l’équateur est franchi, sans qu’aucune des croyances obscurantistes de l’époque ne se réalise : les nefs portugaises ne s’enflamment pas au passage de la ligne, les eaux de l’océan ne se mettent pas à bouillir, et la peau des marins ne noircit pas au passage dans l’hémisphère sud...

Il faudra quatre générations de marins portugais pour descendre tout au bout de l’Afrique, et atteindre, enfin, l’Océan Indien.

Bartolomeu Dias naît en Algarve vers 1450. Il participe à sa première expédition sous les couleurs du Portugal à 16 ans, et atteint la latitude du Congo en 1466 avec son capitaine d’alors, Padrarias Davila. Il est à bonne école. De retour en Europe, il apprend beaucoup du géographe et cosmographe allemand Martin Benhaim, passionné de cartographie, qui reçoit chez lui tous les découvreurs de son temps, et qui lui transmet sa vision du probable monde. En 1481, il participe à une nouvelle expédition portugaise qui atteint l’actuel Ghana. En 1484 et 1486, Diogo Cao et d’Aveiro atteignent l’embouchure du Congo. Plus tard gentilhomme à la cour du roi Jean II, qui a succédé à Henrique et à Alphonse V, Dias exerce sa charge d’intendant des magasins royaux. Il est informé des moindres détails relatifs aux expéditions maritimes de l’époque. Il inspire confiance à son roi. Jean II décide de lui confier le commandement d’une nouvelle expédition qui doit tenter d’aller encore plus au sud le long des côtes africaines, et, si possible, de doubler la pointe extrême sud de l’Afrique pour ouvrir une route maritime vers l’Orient. Tout pousse à croire désormais qu’il existe vraisemblablement une route possible vers les Indes qui passe par le sud du grand continent. Mais si l’exploit de la pensée humaine est déjà pratiquement acquis, celui de la technique et de l’humain, l’exploit maritime en somme, lui, reste à accomplir. La flotte de Dias se compose de deux caravelles d’une cinquantaine de tonneaux (un peu plus de 23 mètres de long pour un peu moins de 7 mètres de large), et - nouveauté pour l’époque - d’une nef de transport (de nos jours, on parlerait de navire de support logistique), qui doit permettre de prolonger la durée de l’expédition tout en favorisant les caravelles, plus légères, plus libres de leurs mouvements et plus aptes à se défendre. La flotte de Bartolomeu Dias quitte Lisbonne en Août 1487, avec à bord 6 africains (2 noirs et 4 noires, précédemment capturés par Diogo Cao, sur la côte occidentale d’Afrique), habillés à l’européenne, porteurs de marchandises à échanger et destinés à inciter les populations indigènes à commercer utilement avec le royaume. En un peu moins de 4 mois, Dias, qui est alors âgé de 37 ans, atteint à son tour le Congo, puis laisse bientôt derrière lui le dernier comptoir portugais. Cependant les alizés de sud-est de l’Atlantique Sud, qu’il lui faut remonter, retardent beaucoup la lourde nef, qui traîne à l’arrière de la flotte. Dias décide de laisser ce navire trop lourd et trop lent dans la baie d’Angra das Voltas, atteinte le 25 Décembre 1487 (l’actuelle Luderitz, au sud de la Namibie) avec 9 hommes pour en assurer la garde. Il compte les retrouver là plus tard. Le chef d’expédition décide alors d’aller chercher les vents d’ouest plus au sud, dont Martin Benhaim lui a laissé entendre la probable existence. Une tempête (de sud-ouest, vraisemblablement) survient alors, et la terre disparaît à la vue des marins, qui vont être malmenés pendant près de 2 semaines au large. Le temps finit par se calmer, et l’expédition fait route à l’est, pendant plusieurs jours, sans rencontrer la terre. Bartolomeu Dias multiplie les observations astronomiques (rudimentaires à l’époque) et les calculs, et acquière la conviction qu’il a dépassé la pointe extrême sud de l’Afrique. Il décide alors d’infléchir sa route vers le nord, en espérant retrouver la terre. La côte re-apparaît bientôt, Dias trouve une baie abritée des vents tempétueux de sud-ouest. Le 3 Février 1488, les deux caravelles de Bartolomeu Dias jettent l’ancre devant une magnifique petite plage. Ils appellent l’endroit Aguada de Sao Bras, d’après le saint du jour (Saint Blaise). Aujourd’hui, c’est la plage la plus fréquentée de Mossel Bay, située à quelques 113 milles (209 km) à l’est du Cap des Aiguilles (l’extrémité sud vraie du continent africain), et à 184 milles (340 km) à l’est de l’actuel Cap de Bonne-Espérance. Dias fait de l’eau et des vivres dans la baie, à laquelle il donne le nom d’Angra dos Vaqueiros, tant les bovins y sont nombreux. Les équipages remettent de l’ordre à bord des caravelles et réparent les avaries léguées par la tempête. Dias veut poursuivre sa reconnaissance vers l’est. Il a quelques contacts avec les indigènes de l’endroit, les khoisans, en autres pour acquérir des vivres. Très vite, des affrontements interviennent. La flotte appareille vers l’orient. Mais, parvenu à l’embouchure de l’actuelle Fish River (entre Port-Alfred et East London), les équipages, épuisés et apeurés, se rebellent et refusent de poursuivre la route. Dias note que la côte, à cet endroit, a nettement amorcé une orientation au nord-est. Mais il est contraint de renoncer à aller plus loin sur la route de l’Océan Indien. Il se résigne à regrets à faire demi-tour. Auparavant, son équipage consent à ériger un padrao, un petit monument de pierre qui témoignera de la longitude atteinte vers l’est par l’expédition au sud du continent africain. Ce monument a été retrouvé et identifié en 1938 ! Sur la route du retour, Bartolomeu Dias identifie le Cap des Aiguilles, le point le plus austral de l’Afrique, puis, un peu plus tard, plus au nord et plus à l’ouest, un autre cap remarquable, qu’il baptise Cap des Tempêtes, car c’est à cet endroit qu’il a perdu la côte de vue et a été emporté vers le sud par le mauvais temps.

De retour à Angra das Voltas (Luderitz) près de neuf mois après en être parti, Dias constate que 6 des 9 hommes d’équipage laissés sur place pour assurer la garde de la nef sont morts. Sur les 3 marins survivants, l’un, malade, meurt brutalement (probablement d’une crise cardiaque) en apercevant ses compatriotes arriver ! Par ailleurs, l’état du navire s’est dégradé, et Dias décide d’abandonner la nef, qu’il sait déjà lente.

On la décharge, et on la brûle. Puis l’expédition fait route vers Lisbonne pour rapporter au roi Jean II la nouvelle de sa découverte. Un accueil triomphal l’attend sur les bords du Tage en Décembre 1488. L’expédition aura duré près de 16 mois.

Au milieu de la foule, un Génois inconnu, venu proposer ses services au roi Jean II pour la deuxième fois, observe les deux caravelles qui reviennent du sud lointain. Il s’appelle Christophe Colomb. Il a le visage sombre car il comprend qu’il sera désormais très difficile de convaincre le roi du Portugal de l’intérêt d’une expédition vers les Indes qui passerait par l’ouest. L’exploit de Bartolomeu Dias va l’obliger à modifier ses projets, et à trouver un autre commanditaire…

Bartomeu Dias, lui, a ramené la preuve qu’il était possible de contourner l’Afrique par le sud pour rejoindre l’Océan Indien et atteindre les Indes, puis l’Asie.

Pour le royaume du Portugal, c’est la promesse de grandes richesses.

Dans le sillage des caravelles de Bartolomeu Dias, l’Occident va bientôt dominer le monde…

Dias propose au roi Jean II de conserver au Cap des Tempêtes le nom que lui-même lui a donné. Mais le roi le rebaptise Cabo de Boa Esperança, car il y voit, à jute titre, la certitude que ses navires vont bientôt atteindre les Indes.


Bartolomeu Dias repartira quelques années plus tard vers le sud de l’Afrique. Le 8 Juillet 1497, il accompagnera Vasco de Gama qui part pour les Indes, et atteindra avec lui Calicut.


Son dernier voyage commence le 9 Mars de l’an 1500. Bartolomeu Dias accompagne cette fois Pedro Alvarez Cabral (1467-1520), chef d’escadre. L’expédition, qui compte pas moins de 13 navires, découvre le Brésil puis fait route vers le Cap des Aiguilles.

Bartolomeu Dias périt dans une tempête, au large du Cap de Bonne-Espérance, et disparaît avec son navire le 24 Mai 1500, englouti par les flots en furie avec 3 autres caravelles de l’expédition…

Au cours de son voyage de retour vers le Portugal, en Mai 1501, Pedro de Ataide (1450-1504), un autre capitaine de l’expédition de Cabral fait escale à Mossel Bay. Il fait attacher par ses marins au tronc d’un arbre (un milkwood tree), près de l’Aguada de Sao Bras (la source d’eau douce où les équipages venaient s’approvisionner), une vieille chaussure contenant une lettre relatant son voyage et la disparition en mer de Bartolomeu Dias. (Cet arbre a survécu aux siècles et il est aujourd’hui classé National Heritage Site de la République d’Afrique du Sud.) Le 7 Juillet 1501, un autre capitaine portugais, Joao da Nova (qui a donné son nom à une petite île française du Canal du Mozambique, intégrée dans les district des Iles Eparses des TAAF), faisant route vers les Indes, escale à Mossel bay et trouve la lettre de son compatriote de Ataide. La tradition du « post office tree » de Mossel Bay est née, et se perpétue encore aujourd’hui…

Souvenez-vous de Bartolomeu Dias, marin portugais, aussi valeureux que son compatriote Vasco da Gama…


Photo 1 - La statue de Bartolomeu Dias, à Mossel Bay...

Photo 2 - Bartolomeu, comment t'oublier...

Photo 3 - L'aguada de Sao Bras, la source de Saint Blaise, où s'approvisionna Dias en 1488...

Photo 4 - Sous le milkwood tree, la chaussure qui commémore la tradition des capitaines portugais est désormais en pierre...

Photo 5 - La réplique exacte de la caravelle de Bartolomeu Dias, à Mossel Bay...

Photo 6 - Reconstruite à l'identique à Vila do Conde, au Portugal...

Photo 7 - ...en 1987, elle a fait voile vers Mossel Bay fin 1987...

Photo 8 - ...pour commémorer le 500ème anniversaire...

Photo 9 - ... du passage de Bartolomeu Dias au sud de l'Afrique...

Photo 10 - Le Cap des Aiguilles, le point le plus sud du continent africain.

Photo 11 - Cape Point, au sud de la péninsule du Cap. Un vrai cap celui-là.

Photo 12 - Le Cap de Bonne-Espérance, un promontoire très modeste et sans phare, mais est-ce le Cap des Tempêtes de Bartolomeu Dias...

lundi 26 décembre 2011

Billet N°136 – - Ballade à Robberg Marine Reserve, Plettenberg Bay, Province du Western Cape…

Dimanche 4 Décembre 2011

Par Olivier

A une trentaine de km à l’est de Knysna, et à la limite des provinces du Western Cape et de l’Eastern Cape, la petite ville de Plettenberg Bay est une station balnéaire appréciée des sud-africains, blancs, bien entendu. Elle s’abrite des vents forts de sud-ouest derrière un promontoire rocheux de près de 9 km de long, le Cap Seal. Celui-çi ferme au sud une grande baie sablonneuse propice aux activités de plage. La jeunesse sud-africaine essentiellement blanche s’y délecte dans des établissements sablonneux qui sont une des choses inventées par l’homme dont j’ai le plus horreur à titre personnel. Leur existence ne me dérange pas, mais surtout ne me proposez jamais d’aller à la plage dans ce genre d’endroit, que je tente toujours de fuir à toutes jambes. Je n’aime que les belles plages à peu près désertes des îles éloignées, que l’homme n’a pas défigurées par un urbanisme moche mais sans doute juteux, qui ne sentent pas la crème solaire et les hamburgers frites, au bord desquelles aucun pavillon publicitaire pour marques de boissons sucrées ne flotte au vent, et sur lesquelles l’étalage de viande humaine  plus ou moins molle reste raisonnable. Le bourg de Plettenberg est ceinturé par des centaines de villas, résidences secondaires de sud-africains aisés, les classes moyennes partageant davantage leur résidences en multi-propriété (time share). Les noirs n’y sont plus interdits, il y a des progrès, on en voit donc quelques uns, souvent en famille, mais le clivage économique a pris le relais de l’apartheid racial. C’est très efficace aussi, et beaucoup plus présentable ! Très majoritairement, la population noire habite donc dans des townships à la périphérie de la ville. La différence de niveau de vie entre blancs et noirs est énorme, même s’il est probable que depuis une quinzaine d’années, une classe moyenne noire est en train de se constituer. Nul doute qu’il faudra des années et des années (soit des décennies) pour réduire la fracture sociale (ça me rappelle quelqu’un, ça !) en Afrique du Sud. J’ai aussi noté sans surprise que dans les zones où les blancs sont très majoritaires (comme à Knysna ou à Plettenberg), on se sent évidemment, nous blancs, beaucoup plus en sécurité que dans les zones où la proportion ethnique est inversée, comme à Richard’s Bay par exemple. Simple logique de rapport de forces, y compris au premier degré, dans la rue. La chose qui finalement m’a le plus intéressée sur la plage de Plettenberg fut de voir un vieux Land-Rover d’une quarantaine d’années en parfait état avec lequel un loueur de jet-skis venait proposer ses services à la jeunesse du Cap pas encore dorée en ce début de vacances, et un autre équipé d’un canopy en aluminium dont les sud-africains sont  spécialistes (Alu-Cab) et qui avait attiré mon attention. On ne sait jamais, il va peut-être falloir que je commence un de ces jours à réfléchir et à imaginer un futur prochain grand voyage autour du monde, en solitaire sans doute, histoire d’avoir une chance de survivre…

Nous quittons rapidement la plage de Plettenberg, et filons vers l’est, dans la direction de Port-Elizabeth. A une cinquantaine de km se trouve le site de Bloukrans. Y est installé le bungy (saut à l’élastique) le plus haut du monde,  216 mètres, sur un pont en béton qui traverse une ravine encaissée au fond de laquelle serpente un petit ruisseau.

Apparemment, personne n’est jamais venu se gaufrer lamentablement dans ses eaux vives et limpides. La société Face Adrenalin est l’organisateur local des délicieuses décharges de ladite substance dans les veines de clients relativement  rares, mais en fait, cette adrénaline-la, très peu pour moi : c’est totalement inimaginable pour mon esprit étroit de tenter un truc pareil pour éprouver je ne sais quelles sensations. Je n’y trouverais absolument aucun plaisir, et j’imagine même que ma résistance mentale serait telle qu’il y a probablement une chance sur deux que j’y abandonne d’une crise cardiaque fatale ma modeste vie…

“World’s most professional operation with 100% safety – 100% adrenalin”,  dit pourtant la pub. En espérant du fond de mon âme un refus catégorique, je demande avec une extrême modération et un manque total d’enthousiasme aux enfants s’ils sont intéressés. Heureusement, tout le monde tombe d’accord pour regarder les autres se faire peur pour 700 rands (70 euros), réduction à 450 rands pour le deuxième saut si vous avez survécu. Avec un œil fixé sur le pont maudit , et l’autre sur le grand écran du petit restaurant qui surplombe le bazar, nous assistons avec un certain scepticisme, devant nos assiettes de fast-food, à l’une des manifestations les plus emblématiques de l’esprit humain moderne…

Nous filons vivants vers la réserve marine de Robberg, pour y effectuer une magnifique randonnée vers le cap Seal, ainsi nommé parce que depuis des millénaires des centaines de phoques y ont élu domicile. Le long promontoire rocheux domine un paysage magnifique de falaises déchiquetées et de rivages en furie, baignés par une lumière de fin du monde au coucher tourmenté du soleil. L’œil exercé du marin aperçoit au large le souffle des baleines franches et les accents circonflexes des dauphins qui sautent joyeusement hors de l’eau, à la poursuite de quelques bancs de poissons. Les eaux qui baignent cette côte de l’Afrique australe sont froides, pas plus d’une quinzaine de degrés en été, et un peu plus à l’ouest, dans l’Océan Atlantique, elles se mettront en ordre de marche vers le nord pour remonter le long des côtes de la Namibie et de l’Angola, formant le courant de Benguela, une veine bien délimitée qui apporte brumes mais aussi nourriture en quantité à une multitude d’animaux marins et d’oiseaux qui affectionnent cette côte.

Marin et Adélie sont devenus au fil des années de bons marcheurs (à défaut d’être des marcheurs enthousiastes, question d’âge sans doute, espérons que ce goût leur reviendra plus tard), et nous effectuons en 3 heures au lieu de 4 à 5 le tour de la péninsule de Robberg. Les colonies de phoques envoient dans les hauts, portées par le vent de sud-est,  de fortes odeurs de déjections qui me rappellent mes séjours en Antarctique. Leurs grognements sourds nous parviennent atténués, le sentier passant à une centaine de mètres au-dessus des roches de bord de mer sur lesquelles ils se prélassent par centaines. Les voir nager d’en haut reste un spectacle magique, tant ils sont aussi à l’aise dans l’eau qu’ils sont maladroits à terre. Barbara se blesse le pied sur une roche contendante (elle marche en tongues, une salle habitude de tourdumondiste confirmée…), et les enfants se précipitent pour l’escorter dans les dernières centaines de mètres devenues difficiles. De belles images que je fixe sur la pellicule…

Nous laissons les eaux tumultueuses du Cap Seal derrière nous, l’obscurité les recouvrira bientôt, et regagnons la lagune de Knysna où nous attend notre voilier, sagement amarré au petit quai du waterfront de Knysna Quays. Le Drydock (la cale sèche), le restaurant devant la terrasse duquel nous sommes amarrés, passe en boucle indéfiniment la même bande musicale, qui ne doit pas dépasser une trentaine de minutes… Je vais finir par détester Demis Roussos, Cesaria Evora (Dieu ait son âme !), et Jacques Brel. Je ne les écoute plus, je les supporte…

Photo 1 - Bloukrans Bridge...

Photo 2 - Le bungy le plus haut du monde, 216 mètres de chute au maximum...

Photo 3 - La ravine et le pont de Bloukrans. ..

Photo 4 - Le promontoire du Cap Seal, à proximité de Plettenberg.


Photo 5 - Les colonies de phoques, sur les roches basses...

Photo 6 - Le garde-manger préféré des grands requins blancs d'Afrique du Sud...

Photo 7 - La côte sud de Robberg Marine Reserve, face au Grand Sud...

Photo 8 - Les côtes tourmentées d'Afrique australe...

Photo 9 - ... où vents forts et courants puissants s'affrontent ...

Photo 10 - ... nous rappellant les rivages extrêmes de la Bretagne occidentale...

Photo 11 - Marin fait une pause au refuge de Robberg Marine Reserve...

Photo 12 - Barbara (légèrement) blessée au pied, placée sous bonne escorte...

Photo 13 - La convalescence sera brève, à mon avis c'était une ruse de sioux dans laquelle les enfants sont tombés...

jeudi 22 décembre 2011

Billet N°135 – Escale à Knysna, Afrique du Sud, ghetto blanc au pays des ghettos noirs…

Du 29 novembre au 23 décembre 2011 :
Par Barbara

Knysna est une agréable bourgade au bord d’un lagon naturel appréciée des sud-africains (plutôt blancs et riches…) et relativement préservée des assauts immobiliers que subissent d’autres secteurs de cette côte.                                                                         

Pour information : Géographiquement, Knysna se trouve sur le 34 ° parallèle sud. Coincée entre les monts Outeniqua et les rivages escarpés de l’océan Indien, la lagune de Knysna est située à environ 500 km à l'est de la ville du Cap. Elle se trouve au cœur de la route des jardins (Garden Route) qui, à certains égards, peut rappeler la Côte d'Azur française.

La naissance de la ville est assez récente. La région de Knysna fut explorée par les premiers Européens vers 1760. Knysna doit son existence à un certain George Rex que la rumeur présente depuis des générations comme un fils illégitime du roi anglais George III. George Rex était arrivé dans la colonie du Cap en 1797. En 1803, il quitta Le Cap pour s'installer avec ses enfants et son entourage dans la lagune de l'actuelle Knysna constituée d'une baie naturelle peu profonde, mais étendue (18 km²) et protégée de l'Océan Indien par un passage étroit appelé the Heads.

Nous y avons passé presque un mois, (que le temps passe vite en voyage…). Ce fut une étape paisible et parfaite pour avancer l’école, établir le rétro-planning de Jangada pour les derniers mois de voyage à venir, entamer nos premières réflexions et prospections sur nos futurs jobs …Mais aussi l’escale à Knysna fût épatante  pour visiter les alentours, profiter de nos amis flamands du voilier A small nest, également en escale à Knysna, pour goûter au confort simple mais appréciable d’une petite marina (électricité, eau, wi-fi) ce qui aura été rare au cours de notre voyage.

Nous aurons également eu le plaisir de faire la connaissance des quatre générations d’une famille sud-africaine accueillante et charmante. C’est toujours plaisant et instructif de rencontrer les gens du cru pour mieux comprendre un pays. (Ils sont sud-africains depuis plusieurs générations et aiment leur pays, mais ils envisagent malheureusement de le quitter, en bateau, pour émigrer en Australie ou en Nouvelle Zélande, compte tenu de la détérioration du climat social et économique de l’Afrique du Sud depuis quelques années. Ils ne veulent pas élever leurs enfants dans un pays devenu aussi violent. Au cours de notre voyage, nous aurons souvent croisé des sud-africains qui souhaitaient ainsi émigrer).  L’idéal eut été de rencontrer une famille sud-africaine noire, mais cela semble bien difficile…Si l’Apartheid n’existe plus sur le papier, dans les faits il semble bien sévir et la barrière entre les Noirs et les Blancs demeure difficilement franchissable. Certes vous pouvez visiter les ghettos noirs en minibus si vous le souhaitez, « spécialité » des offices de tourisme d’Afrique du Sud, mais payer pour voir la misère me semble juste inconvenant, voir  inconcevable.

Sinon, le soleil aura majoritairement brillé à Knysna pendant notre séjour et après le mauvais temps essuyé depuis notre arrivée en Afrique du Sud le 12 novembre dernier, on a apprécié ! Marin et Adélie se seront bien amusés avec leurs amis Sapke, Wart et Flor de A small Nest, et  auront navigué l’après midi dans la lagune sur un petit dériveur gracieusement prêté par un membre du Yacht Club de Knysna.

En photos et en commentaires l’escale de Jangada à Knysna, ghetto blanc au pays des ghettos noirs…

 
Photos 1 et 2 :
La lagune de  Knysna  est constituée d'une baie naturelle peu profonde, mais étendue (18 km²) et protégée de l'Océan Indien par un passage étroit appelé the Heads.  Jangada s’apprête à franchir la passe par un temps de demoiselle pour entrer dans la lagune.
A noter que par mauvais temps, cette passe demeure infranchissable et elle est considérée comme l’une des huit passes les plus dangereuses au monde !
Certains bateaux peuvent rester parfois longtemps coincés dans la baie (ou en dehors) par les intempéries.



Photos 3, 4, 5, 6 :
Le Yacht Club de Knysna, jolie maison en bois, laqué blanc et gris, est particulièrement animé, les membres y sont nombreux et accueillants. Les bières  Castle Lager, Carling Black Label, y coulent à flot à l’happy hour. C’est chic et décontracté à la fois, so british ou so afrikaner en fait !




Photo 7 :
Avant qu’une place ne se libère au ponton de la petite marina, nous sommes à quai dans l’enceinte du petit port. L’animation est juste bien, les sud-africains dînent tôt, à partir de 18h00, et donc à 21h00 plus un bruit. Le matin le quai ne s’anime pas avant 11h00, ce qui nous permet de faire l’école dans le cockpit en toute tranquillité. Derrière Jangada, deux voiliers de voyage en escale, dont nos amis flamands A small Nest (le plus grand des deux).

Photos 8, 9, 10, 11 :
Si le matin, l’école bat son plein dans les cockpits des bateaux, l’après midi est réservé aux jeux d’eau avec les amis, les filles font du kayak, les garçons du dériveur, et le soir séance DVD pour tous. Sapke, Wart et Flor de nationalité belge, ne parlent pas français, contrairement à leurs parents, mais très bien anglais. Du coup c’est tout bénéfice pour Marin et Adélie qui sont obligés d’échanger avec eux en anglais.



Photo 12 :
Thesen Island : une presqu’île  dans la lagune reliée à la ville par un petit pont. C’est un îlot entièrement résidentiel sur lequel s’élèvent des centaines de maisons plutôt haut, voir très haut de gamme. Un dédale de canaux où chaque maison a les pieds dans l’eau avec son hors-bord amarré au ponton. De jolies blondes sirotent du champagne sur les terrasses en teck, des enfants blondinets pêchent sur les pontons, les « mâles » font ronfler leurs 225 CV…
Regardez en haut de la colline, très loin du centre ville, un township (noir) qui surplombe ce town ship pour white and rich people. Une photo ô combien caractéristique de l’Afrique du Sud et qui explique assez bien mon malaise dans ce pays.

Photos 13, 14 :
Thesen Island .
J’en profite pour vous donner quelques chiffres sur la population d’Afrique du Sud : 50  millions d’habitants officiellement, mais en réalité beaucoup plus, certains avancent  les chiffres de 70 ou même 80 millions d’ha, (l’immigration clandestine des pays limitrophes est très élevée).


80% de la population sont Noirs, 9% Métis, 9% Blancs et 2% Indiens. La répartition sur l’ensemble du territoire est très inégale.
La ville de Knysna compte environ 37 000 habitants, largement dispersés autour du centre-ville dans les collines et sur les côtes environnantes. Comme dans beaucoup de villes sud-africaines, une large partie de la population noire habite dans des townships assez éloignés du centre. La ville compte 40 % de Métis, 32 % de Noirs et 28 % de Blancs. Le chômage touche 40 % de la population métisse et 59 % de la population noire.
Thesen Island est 100% blanche of course!

Photos 15, 16, 17:
Knysna est une ville qui vit essentiellement du tourisme national et international même si on y trouve quelques petites entreprises souvent liées à la transformation du bois et de nombreux artistes peintres. La ville est notamment le lieu d'embarquement pour les promenades en mer pour approcher les baleines et le point de départ de balades en montagne dans la forêt primaire qui entoure la lagune.
Avec A Small Nest, on explore les recoins de la lagune, dont la plage de Leisure Island, la seule de la lagune. Sur cette île beaucoup d’oiseaux et des maisons cossues encore.




Photos 18, 19 :
Le Belvedere, ravissant hameau, ultra préservé en bordure de lagon. Il s’agit d’un lieu de résidence ultra chic. L’absence de commerce est voulue pour que les résidents ne soient pas trop dérangés par les « intrus ». En décembre en Afrique du Sud, le printemps bat son plein, la nature explose, les arbres en fleurs sont de toute beauté. Ici un  magnifique jacaranda en fleurs.


 Photo 20 :
Les vieilles voitures bien retapées sont légion dans la région. Olivier se plait à rêver…

Photo 21 :
L’Afrique du Sud tient le triste record après Israël de barbelés au mètre carré. Le chiffre d’affaire du business de la sécurité privée dépasse de 50% le budget de la police nationale ! Compte tenu du nombre de voitures ALLSOUND qui circulent et de pancartes ALLSOUND sur les murs des maisons, je suppose que cette entreprise est plus que  prospère !