vendredi 19 mars 2010

Billet N°53 – Chez les Indiens Kunas, dans l’archipel des San Blas…

Heureuses San Blas… mais pour combien de temps encore ?

A quelques dizaines de milles à l’est de la ville de Cristobal, qui marque l’entrée atlantique du Canal de Panama, s’étire au pied des montagnes du Panama une myriade d’îlots (365 dit-on) couverts de cocotiers : les San Blas.

Le destin des San Blas aurait pu se jouer entre 1501, date de la découverte de l’archipel par le conquistador espagnol Roderigo de Bastidas, et 1513, année où Vasco Nunez de Balboa traversa l’isthme étroit (80 kms environ) reliant les Amériques et aperçut l’Océan Pacifique.

Mais les Indiens Kunas Yalas, qui peuplent l’archipel des San Blas, se sont montrés particulièrement résistants, au cours des siècles, à l’altération de leur mode de vie.

Par la suite, les conquêtes espagnoles utilisèrent le port de Puerto Bello, non loin de Cristobal Colon et des San Blas, comme port de commerce avec la Grande Espagne. Les galions y étaient chargés des richesses de la côte pacifique, qui traversaient alors l’isthme de Panama à dos de mules sous bonne escorte, ce qui donna quelques idées au pirate Henry Morgan au XVII ème siècle…

Les San Blas constituent une région de l’état de Panama, bénéficiant d’une semi-autonomie depuis 1925. Anciens guerriers, les Kunas vivent hors du temps, d’une façon encore très rudimentaire aujourd’hui. Leur artisanat est original et constitue le moyen essentiel pour eux d’entrer en contact avec les voiliers de passage, et de gagner quelques dollars.

(L’unité de monnaie du Panama est le balboa, qui a une parité fixe avec le dollar américain, 1 balboa = 1 US$, mais, compte tenu de la longue gestion américaine de la zone du canal, depuis 1903 jusqu’à fin 1999, le dollar US est accepté partout).

L’après-midi touche à sa fin, nous atterrissons sur Cayo Chichime, après 750 milles, 4 jours et 7 heures de mer depuis les Aves, au Venezuela.

Nous nous faufilons dans l’étroit goulet qui conduit, entre les récifs, au mouillage entre deux îlots. La barrière de corail, au vent, nous protège de la houle du large.

Des cases couvertes de feuilles de palmes construites à quelques mètres de l’eau, deux ou trois pirogues monoxyles (les « cayucos »), creusées dans des troncs d’arbre, appareillent pour venir à notre rencontre, sitôt l’ancre enfouie dans le sable corallien.

Ce sont des femmes Kunas, qui viennent, à la pagaie, nous proposer leurs molas et leurs winnis.

Le petit commerce n’attend pas, et les premiers contacts sont dollarisés. Après tout, nos bateaux représentent aussi pour eux la preuve d’une grande richesse.

Elles portent elles-mêmes des habits très colorés, et les molas (carrés de tissus de couleurs vives, superposés et brodés) recouvrent leur robe au niveau du torse, aussi bien sur leur poitrine que dans le dos. Bras et jambes sont largement couverts de winnis, ces jolis bracelets multicolores, censés les protéger des mauvais esprits, que les femmes Kunas fabriquent dans leurs cases.

Autrefois, les femmes Kunas vivaient nues, et comme la plupart des individus appartenant aux ethnies indiennes d’Amérique, elles avaient l’habitude de porter des peintures corporelles. Lorsque les conquistadores les obligèrent à se vêtir, armées de ciseaux, de fils colorés et d’aiguilles, elles inventèrent les molas , qui vinrent égayer l’austérité des vêtements imposés par la colonisation. Au fil du temps, les molas devinrent les œuvres d’art de l’artisanat Kuna, les motifs y figurant représentant les scènes et les animaux qui font leur vie quotidienne, ou bien encore des motifs imaginaires.

Les femmes Kunas nous proposent les molas qu’elles ont travaillés sous l’abri de leur campement (10 US$) et les winnis qui ornent de couleurs chatoyantes leurs avant-bras et leurs mollets (5 US$). Adélie et Marin en choisiront chacun un, nul doute que l’apport de cet argent est utile pour ces familles, mais les Kunas n’y perdront-ils pas, à terme, leur authenticité ?

Un jour viendra où les molas seront fabriqués dans la banlieue de Shangaï…

Nous allons à terre faire le tour de l’îlot, quelques hectares seulement, et découvrons de près ces petits campements familiaux, où le matriarcat est de règle.

Des cases très simples faites d’une armature de bois ligaturés, un toit de feuilles de palmes, peu d’ouvertures, des hamacs suspendus à l’intérieur : c’est la case dédiée au repos et au sommeil. A quelques mètres, un autre abri, identique, adossé au vent dominant, mais ouvert du côté sous le vent : le coin cuisine et repas, un foyer où brûlent des écorces de noix de coco et quelques bois flottés séchés, avec autour quelques tabourets taillés eux aussi dans du drift-wood. Des poissons fument sur le feu.

Plus loin encore, un simple auvent de palmes, et des hamacs pour la sieste : les Kunas ne semblent pas connaître le stress. Quelques volailles courent de-ci de-là, un minuscule enclos végétal entoure un petit cochon noir, dont le destin semble écrit.

A l’écart du campement, un petit abri isolé dans les cocotiers, un trou dans le sol corallien, parfois une lunette de récupération, venue du continent, montée sommairement sur quelques planches de bois flotté, que l’on trouve en abondance sur le rivage des San Blas : les toilettes.

Souvent, les restes d’une ancienne pirogue servent de lavoir pour le linge.

Les cases des Kunas sont construites dans les cocoteraies, omniprésentes, à quelques mètres de l’eau du lagon. Sur la plage sont tirées deux ou trois cayucos (pirogues), qui avancent soit à la pagaie, soit à la voile, la pagaie servant alors de gouvernail. Les femmes Kunas les utilisent pour parcourir de courtes distances, à la pagaie, alors que ce sont les hommes qui effectuent les liaisons plus longues entre les îlots, à la voile, utilisant le vent constant de secteur est dominant qui souffle sur l’archipel.

Les San Blas, pour le navigateur de passage, ce sont des milliers de mouillages potentiels, dans de l’eau limpide, à l’abri des récifs coralliens, au milieu d’une population amicale, commerçante, mais jamais agressive, qui admet la présence des étrangers, mais sans curiosité excessive. Une région bénie des dieux, car elle ne connaît pas les cyclones, qui passent plus au nord, dans le Golfe du Mexique.

Les eaux sont très poissonneuses, et ne semblent pas être atteintes de la ciguatera : les Kunas pêchent poissons, langoustes, et crabes.

Snorkelling ? Les San Blas sont un paradis de la pêche sous-marine, libre, mais … attention aux requins, nombreux eux aussi.

Nous plongerons autour des récifs à fleur d’eau, à l’intérieur de la barrière, en restant toujours ensemble, et dans peu d’eau…

Les Indiens Kunas ont longtemps vécu de l’exploitation des cocoteraies, omniprésentes sur les îles, et nous avons vu, y compris sur les îlots non habités, des campements temporaires utilisés pour la récolte. L’eau douce utilisée par les Kunas provient de petits puits (2 mètres de profondeur) creusés dans le sol des îlots, sous lesquels existent de petites nappes phréatiques.

Adélie se serait bien vue vivre dans ces cabanes en feuilles de palmes quelques jours, à condition que Jangada reste au mouillage à proximité…

Mais cette exploitation de la noix de coco semble perdre de l’importance progressivement dans la vie pourtant encore peu dispendieuse des Kunas.

Nous ferons notre entrée officielle au Panama au petit poste kuna de Porvenir : deux fonctionnaires débonnaires, sympathiques, dont j’irai chercher l’un d’eux au petit café du minuscule hôtel-pension qui jouxte la non moins minuscule piste d’atterrissage (10 mètres de large, 200 mètres de long ?), afin qu’il appose sur nos passeports, sur ma crew list, et sur mon cruising permit un nombre suffisamment important de coups de tampon pour être pris au sérieux.

Heureux Indiens Kunas…

Leur authenticité les a préservés, et aujourd’hui encore, mais… pour combien de temps ? Certains signes montrent que les temps modernes se rapprochent de ces îles de carte postale : les premiers moteurs hors-bord apparaissent, certains petits îlots voient leurs cases autrefois familiales converties en hébergement à la journée voire en pension de quelques jours, certes sommaire, pour touristes bien renseignés. J’ai même vu, sur un îlot paradisiaque à l’état naturel, un des premiers bistrots kunas, dont le fonds de commerce repose tout entier sur le courant 220V fourni par un petit groupe électrogène portable à essence qui alimente un réfrigérateur, lequel proposait des Balboas fraîches, la bière panaméenne, payables en dollars US…

Après quelques jours passés dans ces îles enchantées, le mouillage des flats nous attend dans l’avant-port de Colon, à 85 milles nautiques des heureuses San Blas.

Le Canal de Panama nous invite dans l’Océan Pacifique.
Olivier
Marin, à l'approche des San Blas...

Heureux Kunas sur leurs îlots de rêve...

Habitation familiale Kuna, en cours de remplacement.

L'abri utilisé dans la journée par les Kunas...

Le cayuco tiré sur la plage...,

..., la pirogue monoxyle...

...des Indiens Kunas.

Mamy Kuna...

Molas et winnis, l'artisanat des femmes Kunas.

Molas...

Winnis...

... et winnis.

Le kayak remorqué par le Yam 15 CV, les enfants adorent...

Une jeunesse au bout du monde...

Photo de famille aux San Blas...

mardi 16 mars 2010

Billet N°52 – De Los Roques à Las Aves, au large du Venezuela. (par Barbara)

Olivier n’aime pas renoncer à ses projets… A Trinidad, nous avions décidé de laisser tomber les îles du Venezuela compte tenu de l’odeur de piraterie qui s’en dégageait, de l’avis général.

Et puis l’escale martiniquaise était devenue incontournable techniquement pour le bateau.

Nous envisagions d’autres escales avant Panama, Carthagène en Colombie par exemple, devenue sinon sûre du moins jouable, et classée au patrimoine de l’Unesco.

Puis en Martinique j’ai vu qu’Olivier recommençait à reparler des Roques et des Aves, les archipels les plus à l’ouest des îles vénézuéliennes, réputées magnifiques.

L’escale à Carthagène semblait également compliquée, administrativement. Sans retrouver subitement à ces îles isolées une odeur de sainteté, Olivier avançait, après réflexion, et pas mal de lectures, des arguments plutôt convaincants, quoique partiellement opposés à ceux qui nous y avaient fait renoncer quelques semaines plus tôt…je n’étais pas dupe, mais vous l’aurez compris, le maître à bord c’est lui…

Après étude des cartes marines, deux des plus beaux mouillages de l’archipel ont été identifiés, situés à l’ouest, dans la partie la moins fréquentée et la plus sauvage de l’archipel.

Le dimanche 7 mars, nous appareillons du mouillage de Saint Anne en Martinique, direction Los Roques. 3 jours de mer plus tard, alors que la nuit tombe, nous jetons l’ancre à Gran Roque, seul mouillage accessible de nuit et seule île habitée de l’archipel des Roques constitué d’une cinquantaine d’îles et de plus de 200 îlots et bancs de sable.

Cet archipel corallien, qui s’étend sur 22 milles de long sur 13 de large, est classé parc national depuis 1972.

Nous passons la nuit à Gran Roque, sans débarquer ni nous faire remarquer, et appareillons très tôt le lendemain matin pour Carenero.

Le temps nous est compté, Panama nous attend, nous ne resterons que 3 jours sur place. Autant entrer directement dans le vif du sujet et ne pas perdre de temps dans des formalités qui nous gâcheraient au minimum une ½ journée. Rétrospectivement nous avons bien fait, aucun contrôle lors de notre court séjour sur place…

Vers 10h00, nous nous approchons de ce qui est sans doute le mouillage le mieux protégé des Roques, le soleil dans le dos, une condition indispensable pour naviguer dans ces coins truffés de cayes (pâtés de coraux) à fleur d’eau, sans compter que la cartographie électronique pour les Roques est complètement fausse, idem pour les cartes papier…

Marin, le vaillant, désormais le véritable second du bord, monte au premier étage de barres de flèche du mât pour tenter de guider Jangada dans ce labyrinthe turquoise.

A la barre, Olivier est tendu, et davantage encore quand il s’aperçoit qu’il est difficile de lui dire suffisamment tôt si les tâches sombres, là, à quelques mètres des coques de Jangada, sont des cayes ou des herbiers… J’avoue qu’avant d’avoir le nez dessus, avec un masque et un tuba en prime, il est difficile de faire le distingo…

Nous jetons l’ancre dans un écrin de bleus, de ciel et de bancs de sable.

Le lieu est incontestablement magique, au loin une barrière de corail.

Nous mettons l’annexe à l’eau et allons à terre observer les oiseaux. En effet bon nombre d’espèces y nichent, y pêchent et pour certains y séjournent à l’année. Il en est ainsi des fous bruns à pattes jaunes, des sternes marron, des pélicans…

Nous pouvons observer les nids à même le sol et voir des oisillons à différents âges, juste nés, ou déjà de beaux bébés tout blanc et patauds. Les mères veillent et nous conservons une distance respectable pour ne pas les déranger.

Devant notre mouillage une toute petite chapelle de coquillages (des lambis) haute de 80 cm, une Vierge Marie plutôt kitch et la flamme d’une petite bougie qui vacille à l’intérieur d’une bouteille en plastique. Des pêcheurs doivent y passer régulièrement pour l’entretenir.

A la nuit tombée, cette petite lumière sur la plage est pleine de grâce.

Le lendemain matin, nous changeons de mouillage pour Cayo de Agua, Cayo Tinosa et West Cay, plus à l’ouest, c’est encore plus beau…

Le site offre de longues promenades sur la plage et des baignades magnifiques.

Marin et Adélie se baignent avec un enthousiasme et un plaisir qui me ravissent, ils sont complices dans leurs jeux et savent apprécier l’instant.

Je savoure d’être avec eux dans des endroits pareils. Leur joie et leur bien-être font du bien.

Le spot est remarquable pour celui qui aime la Nature sauvage, les mouillages déserts, (nous serons toujours seuls, pas un voilier en vue, une ou deux barques de pêcheurs au loin), les couleurs pures.

Cayo de Agua et West Cay (l’îlot le plus à l’ouest de l’archipel, sur lequel est planté un petit phare), sont reliés par une langue de sable léchée par les vagues que l’on peut emprunter à pied, de toute beauté.

Le vendredi matin, avec regret, nous quittons cet endroit unique pour Las Aves, 30 milles plus à l’ouest.

Ces îles sont un cran en dessous des précédentes, toutes aussi désertes, moins abritées, sans les couleurs de lagon, une forte odeur de guano nous parvient de la mangrove où nichent des oiseaux par milliers, que nous irons en annexe observer.

Il existe aux Aves, dans cette mangrove surpeuplée de volatiles, les plus grands palétuviers qu’il m’ait été donné de voir : de véritables arbres qui, pour certains, atteignent une vingtaine de mètres de hauteur.
Nous quitterons les Aves le lendemain matin direction l’isthme de Panama. Les Roques valaient largement le détour. Elles feront partie du palmarès des escales dont je me souviendrai !
Barbara
Mouillage à Carenero, aux Roques

Petite chapelle kitch construite avec des lambis.

Toudou Rose au pays du bleu...

Marin sur la plage déserte de Cayo Tinosa.

Les habitants de Becqueves.

Fou aux pattes jaunes et son petit.

Petit fou qui s'aventure hors du nid.

Jangada dans sa piscine de Cayo de Agua...

Pélican à la cime de son arbre rabougri.

Langue de sable entre Cayo de Agua et West Cay.

Une escale qui restera gravée dans nos mémoires.

Les palétuviers géants des Aves...

vendredi 12 mars 2010

Billet N°51 – Saint - Pierre, au pied de la Montagne Pelée…

Petite promenade en images dans une petite ville martyrisée où il fait bon vivre aujourd’hui…

15 Septembre 1635.

Au nom du Roi de France, Pierre Belain d’Esnambouc, gentilhomme normand, s’empare de la Martinique, alors occupée par les amérindiens.

Première capitale de la Martinique, Saint-Pierre se raffine au fil du temps : un théâtre ouvre ses portes, les idées révolutionnaires y circulent, et la ville deviendra le berceau de l’abolition de l’esclavage après les émeutes de 1848. En 1853, les évêchés coloniaux sont créés, et l’église du quartier du Mouillage devient la cathédrale de Saint-Pierre.

La ville, située au nord de l’île de la Martinique, a gardé davantage d’authenticité créole que les bourgades du sud, plus touristiques, et plus faciles d’accès.

L’atmosphère de la ville est particulière, on sent que quelque chose s’y est passée, les vestiges du drame, pierres noircies par le feu de la terre, sont très présents.

Rue Bouillé, ou rue Victor Hugo, on trouve de vieilles boutiques créoles avec collier choux et gran’robe.

Sur la place Bertin, des antillaises en madras tiennent des étals de fruits et légumes locaux.

On pêche encore parfois à la senne tirée, sur le front de mer, au son du lambi.

Saint-Pierre a la nostalgie de sa grandeur d’antan.

Au nord-est de la ville, à quelques lieues à peine, un volcan somnole : la Montagne Pelée.

A 1395 mètres d’altitude, le dôme accroche les nuages et le flux de l’alizé, qui porte les quelques fumerolles qui s’échappent du cratère directement vers la ville de Saint-Pierre, située, pour son malheur, sous le vent du volcan…

Je ne vais pas vous raconter l’histoire, passionnante, de ce drame, ses dessous politiques (on était en période électorale), ou encore la destinée tragique de chacun des navires marchands à voiles (et parfois moteur auxiliaire) qui sont restés à jamais au fond de la baie, coulés par les incendies déclenchés par l’éruption du volcan et la terrible nuée ardente qui l’a accompagnée.

La nuée ardente, c’est elle qui a le plus de morts sur la conscience. Comment y échapper ?

En 1902, Saint-Pierre, plus de deux siècles et demi d’existence, est la capitale commerciale de la Martinique. Elle abrite 30 000 habitants.

La raison principale de son essor est d’ordre maritime : la rade de Saint-Pierre, située sur la côte sous le vent de l’île (donc abritée du vent et de la mer), est ouverte au large coté Caraïbe, et la facilité d’accès qui en découle pour les navires à voiles peu manoeuvrants de l’époque lui confère un avantage certain sur la rade de Fort de France, plus centrale, mais moins profonde.

Le port de Saint-Pierre accueillait de nombreux navires marchands.

Les bâtiments battant pavillon français se voyaient affecter le mouillage situé au sud de la place Bertin, les bâtiments étrangers celui situé au nord, réputé plus rouleur…

La majeure partie des échanges de marchandises de la colonie passait par Saint-Pierre.

La métropole envoyait à la Martinique des chevaux, des mules, des conserves alimentaires, de

la charcuterie, du beurre, des fromages, des pâtes, des légumes, des huiles, des matériaux et des machines.

La cité créole exportait du sucre, des rhums et autres tafias, du cacao, de l’indigo, de la farine de manioc, des ananas, de la confiture, des vanneries…

Dès le mois de février 1902, le volcan donne des signes tangibles d’une activité soutenue, que chacun sait dangereuse.

La première interdiction de bâtir à Saint-Pierre date en effet de 1763…

Mais, à l’époque, la vulcanologie n’existe pas, en tant que science.

Début mai 1902, tous les signes avant-coureurs du drame sont en place.

Une très faible proportion de la population préfère quitter la ville…

Le 8 Mai 1902, c’est l’éruption majeure, qui, en sus de la projection de nombreuses bombes volcaniques et de la libération d’importantes coulées de lave, envoie vers la ville une gigantesque nuée ardente dont les gaz mortels et les cendres surchauffées font périr 30 000 personnes en l’espace de quelques minutes…

La légende veut que seul un prisonnier du nom de Cyparis, alors enfermé dans un cachot de la prison, sous le morne Abel, qui forme promontoire, ait survécu à l’éruption de la Montagne Pelée. L’exiguïté du lieu et la petitesse des ouvertures expliquerait que le bougre (qui n’était pas un meurtrier, seulement semble-t-il un habitué des taux d’alcoolémie outranciers et bagarreurs sur la voie publique) s’en soit sortie vivant, quoique sérieusement brûlé.

Ceux sont trois habitants du Morne Rouge, venus à Saint-Pierre récupérer des objets dans les décombres de la ville, qui auraient découverts le survivant, lequel venait de passer 4 jours et 3 nuits dans son cachot…

Conduit au Morne Rouge, Cyparis fut soigné par le père Mary, curé du bourg.

Par la suite, le célèbre survivant de la catastrophe du 8 Mai 1902 termina sa carrière au cirque américain Barnum, pour le compte duquel il exhibait ses brûlures.

Aujourd’hui, des capteurs sismiques et des analyseurs de gaz volcaniques surveillent le volcan de la Montagne Pelée, le rhum Depaz peut vieillir tranquillement et la ville de Saint-Pierre rêver à son prestigieux passé…
Jusqu’au jour où, peut-être, les entrailles de la terre se réveilleront à nouveau…

Olivier
La baie de Saint-Pierre et la Montagne Pelée.

La baie de Saint-Pierre et la Montagne Pelée.

La ville détruite au lendemain de l'éruption...

Les ruines du théâtre, aujourd'hui...

... et celles de l'ancienne prison.

Le cachot de Cyparis...

... bienheureux prisonnier!

La cloche de la cathédrale de Saint-Pierre, après l'éruption.

Passager du vent (de la liberté)...
... et son équipage!

L'ancienne chambre de commerce, reconstruite à l'identique.

Saint-Pierre, aujourd'hui.

jeudi 11 mars 2010

Billet N°50 – Au pays du rhum agricole AOC Martinique…

Fin d’après-midi au mouillage, à bord de Jangada…

Ti-punch ? Ti-punch…

A bord de notre voilier, il existe quelques bonnes habitudes, patiemment optimisées au fil du temps, certaines essentiellement par le Capitaine…

(Barbara a aussi les siennes, bien sûr, mais dans d’autres registres, bien distincts…)

L’une d’entre elles a fait l’objet d’un long entraînement (mais toujours sans excès, bien entendu), commencé consciencieusement à terre avant le départ, comme tout ce qui concerne les points essentiels du voyage maritime :

le ti-punch, façon Jangada bien sûr !!!

car il est différent du ti-punch officiel.

Quand le soleil, en rougeoyant, décline sur l’horizon, quand la fraîcheur retrouvée d’une fin d’après-midi tropicale regagne le pont de Jangada, quand l’alizé mollit sur le mouillage à l’approche de la nuit (qui tombe vers 18H30 sous ces latitudes), quand le Capitaine, délicatement allongé dans son hamac savamment tendu entre le mât et l’étai avant du navire, se dit qu’une nouvelle journée de voyage touche à sa fin, et qu’il a, avec les siens, encore vu, ou vécu, ce jour, deux ou trois choses exceptionnelles, l’heure du ti-punch approche à bord de Jangada, inéluctablement.

Pas systématiquement, non, mais quand les conditions s’y prêtent…

En mer ou au mouillage, le rituel est le même pour moi.

Différent pour Barbara qui, au large, a des goûts qui changent, et ne boit pas une goutte d’alcool.

Aux Antilles françaises, si vous trouvez encore un petit bistrot local fréquenté exclusivement par des Antillais, et que vous demandez, l’air connaisseur, et le bronzage ancien, un « punch », on vous mettra sur la table une bouteille de rhum agricole (la marque peut varier Neisson, Trois Rivières, Clément, Dillon, La Mauny, Saint-James, HSE, Depaz etc… en Martinique), un petit verre à punch contenant seulement au départ une rondelle de citron vert, et un petit sucrier contenant un joli sucre de canne ocre avec une petite cuillère.

Ce sera à vous de concocter vous-même votre ti-punch, et vous en déduirez que le vrai ti-punch antillais se fait sans jus de citron, sans sirop de canne à sucre, et, surtout, sans glaçons, la présence de ces derniers étant vraiment la marque des touristes !

A bord de Jangada, dont le boss a longtemps fréquenté les côtes brésiliennes (le plus grand producteur mondial de rhum - mais pas forcément le meilleur - est, de très loin, le Brésil, où on l’appelle plutôt cachaça), le ti-punch est un peu différent : le goût fort du rhum (limité à bord à 50°, car il existe aussi en 55 et 62° aux Antilles) est partiellement adouci par le jus et le zeste de citron vert, très présents, à raison d’un demi-citron vert par verre, coupé en 4 quartiers pressés à la main (propre), le tout participant à l’arôme final…

Résumons la recette de l’allégresse du marin quand le soir approche : dans un verre à punch (ou à sangria, type basque) une mesure de sirop de canne brun (ou 2 cuillères à café de sucre de canne brun), 5 mesures de rhum agricole des Antilles françaises, un demi-citron vert pressé en 4 quartiers avec le zeste, bien mélanger (cela fait partie du plaisir), attendre 3 minutes (si possible…), dégustez, vous n’êtes pas loin d’une certaine philosophie de la vie !

La mienne, en l’occurrence…

Que certains qualifieront de basique (la philosophie), mais je leur réponds que cela dépend du décor qu’ils mettent autour, et de l’emploi du temps auquel on s’est adonné dans sa journée…

Précisons peut-être qu’à bord, la consommation de vin est parallèlement rarissime : lourd, encombrant, souvent cher à l’étranger, il y en a rarement à bord.

Et savez-vous, par ailleurs, qu’il y a de l’eau minérale dans le rhum agricole ? Mais oui, si non, il titrerait 70°, et non pas 50…

C’est donc bon pour la santé, le rhum, en petite quantité ! Voilà l’avis du Capitaine.
Lors de notre séjour en Martinique, nous sommes allés visiter deux distilleries, en pleine activité : La Mauny à Rivière Pilote, et Depaz à Saint-Pierre.

La Mauny a un marketing très au point, et c’est probablement la marque la plus connue en métropole, mais la distillerie Depaz (où mon frère Louis a travaillé un temps !) est sans nul doute la plus belle, sur les pentes de la Montagne Pelée, et la mieux entretenue.
Allez, je vous emmène faire un tour avec nous, boulevard du rhum, aux distilleries La Mauny et Depaz !

Mais sans canne à sucre, pas de rhum, et sans rhum, pas de ti-punch, et là, le marin se sent démuni devant l’immensité de l’océan, la force des éléments naturels, le courroux des dieux, tout ça, voyez-vous, alors commençons par elle…

Famille : graminées, origine : Nouvelle Guinée, floraison : décembre, fleurs : blanches, exposition : soleil, hauteur : 2 à 5 mètres, type : herbe géante vivace, feuillage : persistant.

La tige de la canne, ou « roseau sucré », est le réservoir en sucre de la plante : elle contient 10 à 18% de saccharose. Chaque pied de canne comporte plusieurs tiges. C’est cette partie aérienne de la plante qui intéresse l’industrie sucrière et rhumière.

A maturité, la canne peut mesurer jusqu’à 5 mètres de hauteur, et le diamètre de la tige peut atteindre 6 cm.

Tous les 10 à 20 cm, la canne présente des nœuds, enveloppés de paille, d’où partent les feuilles effilées et coupantes, pouvant atteindre 1,50 m de longueur.

La canne repousse chaque année à partir du rhizome laissé en terre lors de la récolte, ou bien par bouturage.

La canne à sucre aurait été découverte par les armées d’Alexandre vers 325 av J.C, et ramenée alors dans le bassin méditerranéen, avant d’être introduite aux Indes Occidentales (Antilles) par Christophe Colomb lors de son deuxième voyage, en 1493.

La valeur marchande de la canne intéressera très vite les colons antillais, au détriment de la culture du tabac et de celle de l’indigo, dès le XVII ème siècle, où elle fera la fortune de certains d’entre eux.

De 117 « habitations » (les domaines antillais) sucrières en 1670, la Martinique en comptera jusqu’à 456 en 1742.

A la distillerie La Mauny, à Rivière Pilote…

Le domaine La Mauny est installé dans la région vallonnée et accidentée de Rivière Pilote, dans le sud de la Martinique. L’habitation doit son nom à Ferdinand Poulain, Comte de Mauny, issu de la noblesse bretonne et conseiller à la Cour d’appel du Roi de France. Le Comte épousera la fille d’un planteur possédant une sucrerie à Rivière Pilote, laquelle deviendra en 1749 le Domaine La Mauny. Pendant très longtemps sucrerie, l’habitation La Mauny s’est progressivement orientée vers la production de rhum agricole à la fin du XIXème siècle, plus particulièrement après le passage du terrible cyclone de 1891 sur la Martinique, qui marqua le début du déclin de l’industrie sucrière locale.

En 1920, le domaine couvrant 170 hectares de plantations devient la propriété des frères Bellonnie, Théodore et Georges, issus de la bourgeoisie mulâtre de l’île.

Tandis que Georges se consacre à la distillation, Théodore s’adonne au négoce du rhum.

En 1929, l’unité de production est agrandie et modernisée, avec l’adoption d’une colonne à distiller, de nouveaux moulins de broyage de la canne, et l’arrivée d’une nouvelle machine à vapeur.

A partir des années 50, le rhum La Mauny connaît une expansion commerciale importante, due à sa commercialisation en bouteilles de marque, à la sérigraphie désormais bien connue.

En 1970, les Bellonnie s’associent à la famille Bourdillon, négociants originaires de Marseille, et le groupe prend le nom de B.B.S, Bellonnie-Bourdillon-Successeurs.

Les terres du domaine sont remodelées, les méthodes de coupe et de récolte améliorées.

Le savoir-faire en matière de distillation progresse.

En 1977, le rhum La Mauny est lancé sur le marché métropolitain, la demande est forte, et la production … insuffisante.

La distillerie achète de la canne aux petits planteurs indépendants, et, en 1984, une nouvelle distillerie est construite, sur le domaine, à quelques centaines de mètres de l’ancienne.

Trois fois plus grande, elle dispose d’un quatrième moulin de broyage, d’une chaudière haute pression, et de trois nouvelles colonnes de distillation.

Sous la houlette de Jean-Pierre Bourdillon, le rhum agricole La Mauny a gagné d’importantes parts de marché, aussi bien en métropole que sur le marché local.

C’est également cet homme qui, ayant su fédérer les intérêts des rhumiers martiniquais au-delà des simples manoeuvres de concurrence, est à l’origine de l’obtention du label AOC Martinique (Appellation d’Origine Contrôlée) dont bénéficie les producteurs de l’île, à la différence notable de l’île sœur du nord, la Guadeloupe, comme on le sait plus problématique…

A noter que le rhum « Trois Rivières » est désormais distillé chez La Mauny, qui l’a racheté.

Les colonnes de distillation restent différentes.

Vous avez dit « rhum agricole » ?

L’arrivée à la distillerie Depaz est magnifique. La plantation s’étend, au-dessus de Saint-Pierre, sur les premières pentes de la Montagne Pelée. L’exploitation, qui appartient à Dillon (groupe Bardinet), est magnifiquement tenue.

La plantation Depaz existe depuis quatre siècles, elle a été replantée et reconstruite après la terrible éruption de 1902.

Il se trouve que Dillon-Depaz a longtemps été dirigé en Martinique par un ami d’enfance, Patrick Héry. Nous avons fréquenté, avec son frère Noël, et le mien, Louis, le même collège privé (Saint Caprais), à Agen, et nos parents se voyaient régulièrement à l’époque, près d’Aiguillon, puis d’Agen. La Case à Rhum, toute de bois rouge, est très agréable, mais nous n’avons pas goûté les plats créoles du Moulin à Cannes, le petit restaurant de la distillerie, ayant déjeuné un peu plus tôt d’accras, de féroce d’avocat, de vivaneau grillé, d’ananas frais et de blanc-manger coco dans un petit boui-boui créole de Saint-Pierre face à la mer des Antilles.

Patrick a regagné la France il y a quelques années, mais lorsque j’ai indiqué à une employée de chez Depaz, affectée à la Case à Rhum, que je l’avais connu autrefois, elle m’a dit que chez Depaz, on le regrettait…Bel hommage.

Les chaudières à vapeur crachent dans le ciel azur ourlé de quelques cumulus, le mouvement alternatif des machines semble venu du fonds des âges, la distillerie est en pleine activité !

Mais comment produit-on le rhum agricole ?

Petit rappel pédagogique du principe…, sans prétention aucune, car pour avoir vu mon père, ingénieur agronome, procéder pendant des années à de savantes distillations, qui le passionnaient, j’en ai juste retenu que ce pouvait être une science relativement complexe…

Et tout d’abord, quelle est la signification du qualificatif « agricole » appliqué au rhum utilisé dans les ti-punchs servis à bord de Jangada ?

Il indique que le rhum est obtenu exclusivement à partir de pur jus de canne broyée (vesou), à la différence du rhum de bien moindre qualité (usage cuisine), obtenu à partir de la distillation de la mélasse, résidu de la fabrication du sucre de canne.

C’est pendant la saison sèche aux Antilles (appelée ici le Carême, de février à juin) que la canne est riche en sucre.

La saison de la récolte, et donc celle de l’activité des distilleries, s’étend donc sur ces 5 mois de l’année.

Dans les distilleries de l’île, le travail se fait alors en 2 x 8.

La canne est aujourd’hui essentiellement récoltée à la machine, mais lorsque l’accès est difficile, ou le terrain trop pentu, les coupeurs traditionnels suppléent la machine.

La canne coupée à la main se reconnaît facilement sur les camions : beaucoup plus longue, elle comporte encore une certaine proportion de feuilles, alors que la canne coupée à la machine produit de petites sections de tige de longueur égale, parfaitement débarrassées de leurs feuilles.

Les cannes sont aussitôt amenées à la distillerie pour y être pesées (les planteurs sont payés à la tonne, mais selon un coefficient de qualité de coupe, de récolte et de richesse en sucre de la canne, rapidement déterminé par un contrôle à l’arrivée à la distillerie) , puis broyées.

Chez Depaz, le domaine de culture de la canne s’étend sur 250 hectares.

En moyenne 250 tonnes de canne sont broyées chaque jour, ce qui correspond approximativement à la production de 25 000 litres de rhum par jour.

Déchargée sur un convoyeur, la canne est d’abord éclatée par deux séries de couteaux mécaniques, puis les fibres chargées de sucre sont broyées successivement par quatre moulins.

Le jus de canne brut, appelé vesou, est filtré, puis dirigé vers les cuves de fermentation.

Le résidu solide du broyage de la canne, la fibre végétale sèche, appelée bagasse, est utilisé comme combustible pour les chaudières à vapeur (elle y est brûlée dans les foyers), qui fournissent l’énergie à la distillerie.

Une partie de cette énergie est utilisée pour l’entraînement mécanique des moulins, via des bielles de taille respectable et de gros engrenages, réducteurs ou multiplicateurs, bien huilés, qui semblent pouvoir fonctionner pendant des siècles.

Ces machines alternatives me rappellent celles, à basse, moyenne ou haute pression, que l’on

apprenait, futurs Officiers de la Marine Marchande, à faire fonctionner dans les locaux de techno de l’Ecole Nationale de la Marine Marchande, dans les années 70, au Havre. Increvables…

Une autre partie de la vapeur produite est utilisée pour la distillation dans les colonnes.

Les cuves de fermentation en inox (contenance 28 000 litres chez Depaz) sont remplies de vesou, auquel on ajoute des levures de fermentation.

48 heures plus tard, la fermentation a transformé le sucre en alcool, et le vin de canne ainsi obtenu titre alors 5 à 6° d’alcool.

Vient alors le moment de la distillation de ce vin de canne dans les colonnes à distiller, qui produira le rhum proprement dit.

Chaque cuve de 28 000 litres de vesou produit ainsi, après distillation, environ 3000 litres de rhum.

Les méthodes de distillation et le savoir-faire ancestral de chaque distillerie crée, avec le terroir, les caractères (organoleptiques) de chaque rhum agricole.

La distillation est donc un processus de concentration de l’alcool et des arômes initialement contenus dans le vin de canne.

A l’intérieur des colonnes à distiller, la vapeur monte et le vin de canne descend.

A chaque plateau, la vapeur se charge en alcool par barbotage, avant d’être refroidie dans les condenseurs, à l’intérieur desquels circule l’eau de captage de la Montagne Pelée.

Le rhum, transparent comme de l’eau claire, coule en bas des colonnes, il titre alors 70°…

Chaque distillerie, un peu comme en Ecosse, a (en principe) sa propre source d’eau naturelle qui alimente la distillerie, et est utilisée, après filtrage, au coupage du rhum, afin de ramener son degré d’alcool à 50, 55 ou 62° aux Antilles.

Mais c’est un sujet sur lequel les rhumiers ne s’étendent pas, peut-être considèrent-ils que le fait d’ajouter de l’eau pour couper le rhum à 70° est peu vendeur en terme d’image du produit ?

De même, aucune distillerie ne fait visiter la phase d’embouteillage.

Mystère…

Moi, j’en déduis néanmoins logiquement, à titre personnel, et à mon humble échelle, que boire du rhum, c’est quelque part boire de l’eau… Non ?

Selon le type de rhum auquel il est destiné, le vieillissement se fait alors en cuve inox pour le rhum blanc, dans des foudres de chêne pour le rhum doré, et dans des fûts de chêne pour le rhum vieux.

Oh là, cela suffit, pendant que je discoure, le soleil décline sur l’horizon en rougeoyant de tous ses feux du soir…

Ti-punch ? Ti-punch….

Santé !!!

Olivier
La très belle distillerie Depaz, à Saint-Pierre.

La canne à sucre, ici coupée à la main, en route pour la distillerie La Mauny.

Réception de la canne à la distillerie La Mauny.

Les machines alternatives à vapeur (Depaz)

Le vesou, jus de canne brut de broyage.

Colonnes de distillation du vin de canne (La Mauny).

Les cuves de stockage, chez Depaz.

Réserve d'allégresse, chez Depaz.

La propriété des rhumiers Depaz...

...et la châtelaine d'un jour...

Ah, si j'avais pu l'arrimer sur le pont de Jangada...!

... mais soyons raisonnables...

... direction la Cabane à Rhum (La Mauny)...

pour une petite dégustation!

L'équipage hilare, allez savoir pourquoi...