dimanche 7 mars 2010

Billet N°48 – En Martinique,

du Samedi 27 Février au Dimanche 7 Mars 2010


Un air de vacances en France, d’outremer…

Sous le vent des îles hautes de Saint-Vincent et Sainte-Lucie, il a fallu manœuvrer au cours de la nuit… Je n’ai pas beaucoup dormi…

Le petit matin nous rencontre dans le canal de Sainte-Lucie, cap au nord-est sur les collines qui ceinturent le Cul de Sac du Marin. Nous sommes Samedi matin, et avons décidé de passer le week-end au mouillage de Sainte-Anne.

Le timing prévu au départ de Béquia était bon, l’ancre chute de son davier à 07H00 et va s’enfouir dans le sable devant le petit bourg du célèbre Alfred Marie-Jeanne, maire du lieu et président du Conseil Régional de la Martinique.

(Notez que la gabegie nationale fait joliment se superposer dans ces îles antillaises un Conseil Général et un Conseil Régional, le tout sur le même caillou, sûrement une solution économique pour nous, contribuables…)

Indépendantiste déclaré, et néanmoins copieusement rémunéré par les institutions de la République, Alfred fait flotter le drapeau indépendantiste de la Matinik sur le parvis de la mairie et au centre du rond-point qui permet l’accès au bourg de Sainte-Anne…

Avec Marin, nous mettons l’annexe à l’eau et allons acheter des baguettes toutes chaudes et bien de chez nous à l’ Epi Soleil du coin. Un bonheur...

De retour à bord, Barbara et Adélie, qui émergent de leur sommeil, apprécient.

Nous sommes heureux d’être en Martinique, une escale imprévue, mais finalement devenue indispensable pour remplacer le câble de 14 mm de la martingale de Jangada, se procurer des filtres de déssalinisateur d’eau de mer (introuvables en 7 pouces à Trinidad), tenter d’optimiser le fonctionnement de l’installation froid, et faire mille autres choses…

Plus tard dans la matinée, j’aperçois au loin une yole martiniquaise sous voile, dont l’équipage s’entraîne en vue du prochain tour des yoles, un moment fort de la vie de l’île.

Tout le monde embarque dans l’annexe, et nous convergeons vers elle pour que chacun puisse découvrir cette embarcation emblématique de Madinina.

De retour vers le mouillage, je remarque la silhouette d’un catamaran un peu massif, qui pourrait bien être … celui de mon amie Agnès, ma co-équipière de l’expédition « Salut au Grand Sud » en Antarctique, en 2006, à bord d’ Ada 2 , le voilier d’Isabelle Autissier. Nous savions qu’Agnès avait quitté Argelès sur Mer pour la Martinique, et quand le détour par l’île aux fleurs s’est finalement imposé, Agnès faisait partie des personnes à voir absolument !

Nous nous approchons, mais elle, qui nous sait partis autour du monde, est à cent lieues de penser que les 4 pingouins qui tentent de se rapprocher en annexe de son bateau sous voiles (avec des clients à bord) sont des vieilles connaissances…

Souriante malgré tout, il faut que j’enlève ma casquette et que je lui crie « Fais attention à l’iceberg, là, devant ! » pour qu’elle tombe des nues et nous reconnaisse tout à fait…

Plus tard, nous retrouverons Agnès et Jean, son père adoptif (un tandem en acier trempé par la vie, qui ne leur a pas toujours été souriante), à bord d’ « Handi 48 », pour un dîner créole, et plus tard encore, Agnès viendra passer une soirée à bord de « Jangada ». Notre séjour commun en Antarctique (« Salut au Grand Sud », par Isabelle Autissier et Erik Orsenna, Le Livre de Poche), avec Isabelle, Erik, Joël (le camaraman) et Fabrice (l’ornithologue), a tissé entre nous des liens durables.

Agnès, pressée de questions, tentera de nous raconter sa vie d’enfant abandonnée, du moins ce qu’elle en sait. Barbara en aura les larmes aux yeux, moi, je savais déjà.

Sur ta moto de cross, Agnès, ou sur ta moto de vitesse, à la barre de ton catamaran, sur tes skis, ou dans l’hélicoptère d’où tu lances des bâtons de dynamite sur les pistes des stations de sport d’hiver pour déclencher les avalanches préventives, en bleu de mécanicien imbibé de gas-oil au fond de ton compartiment moteur, ou bien en combinaison de survie amarrée à la colonne de barre d’Ada 2 avec Isabelle, en fuite dans le mauvais temps dans l’archipel Melchior au milieu des roches et des glaces antarctiques pendant que j’essaie de trouver la route la moins dangereuse au radar, ou encore en pleine conversation avec Jean, ton père dans la vie, dans son fauteuil roulant, Agnès, devant toi, c’est rare, je mets chapeau bas.

Que la vie te soit désormais plus douce !

A bientôt, suis notre petite balise, et donnes-nous de tes nouvelles !

Agnès et moi avons une pensée tropicale, mais solidaire, pour Isabelle, la dame du Grand Sud, actuellement avec « Ada 2 » du côté de la base antarctique argentine « General San Martin », en baie Marguerite (environ …67° Sud) où j’étais moi-même passé en 2003 à bord de Glory of the Seas, lors d’une précédente expédition vers le grand continent blanc.

De temps à autre, un e-mail à 28°C (température de l’eau de mer) part de Jangada via les satellites de la constellation Iridium à destination d’ Ada 2, là-bas dans le Grand Sud. Il en revient quelque temps après un autre e-mail, à 1 ou 2°C, voire pire (jusqu’à - 2°C), qui donne quelques nouvelles, forcément fraîches, et toujours empreintes d’ humour…

Sur la place de Sainte-Anne, nous achetons à l’étal d’une antillaise en madras des accras de morue ou de crevettes, et des petits boudins créoles épicés, dont nous nous régalons.

Dimanche matin, nous assistons à la messe, colorée et joyeuse, dans la petite église de Sainte-Anne.

Je n’y ai pas vu Alfred.

A la fin du week-end, nous gagnons le mouillage du Marin, en passant devant le Club Méditerrannée, où j’aperçois un grand catamaran de 23 mètres que nous avons construit à Rochefort, Emotions II. Une semaine intense nous y attend : mollissement du gréement, démontage du câble de martingale, remplacement (merci encore à l’indispensable et au tellement serviable Yaya, en transit vers la Bretagne depuis Trinidad), reprise du gréement sous voiles, intervention du frigoriste Fred de Tilikum qui rechargera en gaz notre installation, réabonnement à Sailmail, rechargement de logiciels, consultation chez le dentiste pour les enfants, regrets de na pas voir débarquer Tomana et Mamina (les parents de Barbara, qui avaient envisagé de sauter dans l’avion pour nous faire une belle surprise, mais ont renoncé pour cause de … de … grèves - tiens c’est quoi, ça ? ah oui, les grèves, un truc bien de chez nous aussi, toujours pratiquées par les mêmes, pourtant oh combien choyés par la République… une détestable manie bien de chez nous donc, mais beaucoup moins savoureuse que la baguette, le camembert, et le vin rouge), et un tas d’autres appros jugés tellement indispensables et introuvables ailleurs !

Nous trouverons le temps d’aller pique-niquer sur la plage du Diamant d’un poulet boucané à la sauce chien, et nous passerons, avec les enfants, mais sans Timothée cette fois, faire un pèlerinage sur les marches de la mairie du Diamant, où Barbara et moi avons dit « oui », c’était … au siècle dernier !

Les enfants feront la connaissance de mon ami de 30 ans, Hervé, arrivé aux Antilles en voilier, et jamais reparti. Il fabrique les meilleures voiles de la Caraïbe dans sa voilerie du Marin et d’ailleurs, et nous offrira des sangles solides pour assurer nos prises de ris quand le vent rentre, et une sangle de retenue de bôme qui me plaît bien aussi.

Le « Leader Price » (une horrible appellation de la société de consommation qui nous entoure, et que nous avons fuie pour quelques temps) du Marin a l’avantage d’offrir un petit quai aux annexes des voiliers voyageurs, ou de charter : nous y embarquons entre autres 25 bidons de 5 litres d’eau minérale Chanflor, et le contenu de 2 caddies, que Barbara n’a eu aucun mal à remplir.

Je lui ai conseillé : « Tu fais les vivres de base jusqu’à Papeete, et les vivres frais jusqu’à Panama. »

Les enfants ne se font pas prier pour aller faire les super-marchés : ils adorent ! Le must, ce sera la Galleria, une galerie marchande proche de Fort de France.

Barbara nous y rhabille.

Nous irons aussi chez Annette, et chez Ed, et à la laverie où Barbara fait tourner des machines de 13 et 7 kgs.

Mais, la Martinique, c’est aussi le pays du rhum !

Olivier
Sainte-Anne, en Martinique!

La yole martiniquaise...

... l'embarcation emblématique de l'île aux fleurs...

... à bord de laquelle tout est force...

... et équilibre!

Produits locaux...

... sur le marché de Sainte-Anne!
Une semaine au Marin...

... en passant par les anses d'Arlet...

...la mairie du Diamant (où Barbara et moi nous nous sommes mariés!)...

... et les distilleries!