dimanche 17 juin 2012

Billet N°162 – A Angra do Heroismo, île de Terceira, au cœur de l’archipel des Açores…

Du Dimanche 6 au Lundi 7 Mai 2012
Par Olivier

En venant de Sao Jorge, faisant route vers l’est, je voulais montrer la ville d’Angra do Heroismo à mon frère. Mais je m’attendais à devoir rejoindre la baie de Praia da Vitoria, un des rares très bons mouillages de l’archipel des Açores, à l’est de l’île de Terceira.  Ce qui nous aurait obligés à prendre le bus pour rejoindre Angra. En passant au sud du Monte Brasil, qui protège la petite anse d’Angra des vents d’ouest, je décidai tout de même de tenter notre chance de  dénicher une place dans la petite marina pour notre catamaran, en général bien encombrant pour ce genre d’infrastructure. Bien m’en prît. En cette fin d’après-midi dominicale, il n’y avait là aucun préposé de la marina pour nous dire que c’était impossible, que notre bateau était trop gros pour le ponton, et de toute façon trop large pour y accéder. Nous pûmes nous faufiler entre les étraves d’un Gun Boat 63 et la jetée du port, et nous amarrer à l’extrémité d’un ponton qui semblait nous attendre depuis des lustres… Manœuvre au chausse-pied, mais sans problème.

Nous étions à pied d’œuvre pour visiter Angra do Heroismo, une jolie ville açorienne dont le centre historique a été classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco en 1983.

Angra, c’est la première ville européenne et atlantique créée à la suite des horizons ouverts au vieux continent par les apports des Grandes Découvertes.

Le centre d’Angra do Heroismo témoigne de l’époque heureuse où le monde occidental passât des modes de vie médiévaux à ceux créés par la Renaissance. L’architecture et les modes de construction changèrent, accompagnant la  mutation du monde occidental vers les Lumières, cheminant vers la nouveauté et la modernité. Angra do Heroismo était à l’avant-garde géographique du continent européen, idéalement placée à la croisée des routes maritimes de l’Atlantique Nord, et pendant 3 siècles la ville fût la vitrine et le témoin de l’expansion économique européenne.

Les premiers habitants de Terceira furent des émigrants venus des Pays-Bas, dans la deuxième moitié du XVème siècle. Mais la ville fut créée par Alvaro Martins Homem, selon les nouvelles normes de construction héritées de la Renaissance, avec des rues rectilignes et des quartiers organisés par métiers, tournés essentiellement vers les activités du port. Les navires portugais furent rapidement les plus nombreux à jeter l’ancre dans le sud de Terceira. Le choix du site d’Angra fut bien sûr dicté par l’existence de son mouillage naturel abrité par la presqu’île du Monte Brasil. Terre-neuve, le Groenland, le Labrador furent découverts par des navires qui avaient appareillé d’Angra. En 1499, Vasco da Gama y fît une brève escale pour y enterrer son frère, Paulo, décédé à bord de son navire de retour des Indes.

La croissance d’Angra fût rapide, dès lors que les capitaines des navires marchands comprirent que la meilleure route maritime pour revenir d’Amérique, des Caraîbes, du Brésil, ou du Sud-Est asiatique passait par les Açores.

En 1534, Angra était élevée au rang de ville, et d’évêché. La population s’accrût rapidement en même temps que l’activité du port grandissait, et Angra devînt la ville la plus prospère de l’archipel des Açores et sa capitale jusqu’en 1832.

En 1580, la rivalité éternelle entre Portugais et Espagnols tourna à l’avantage de ces derniers, et l’île de Terceira fût le dernier bastion de la résistance lusitanienne. En 1581, les insulaires réussirent à repousser la tentative de débarquement des Espagnols sur la plage de Praia, en lâchant sur les envahisseurs la horde de leurs troupeaux de taureaux et de bœufs. Il semble que la tradition de la tourada da corda (taureaux lâchés dans les rues mais vaguement retenus par une corde), qui a lieu tous les ans dans les rues d’Angra, provienne de cet épisode de la lutte des açoriens contre les envahisseurs espagnols. Deux ans plus tard, Terceira tomba néanmoins aux mains des Espagnols et le roi Philippe II d’Espagne fît construire peu après sur le Monte Brasil une incroyable forteresse, celle de Sao Joao Baptista, la plus grande jamais construite par les Espagnols. Commencée vers 1592, elle n’alignait pas moins de 4 km de murailles et 400 pièces d’artillerie servies par 1500 hommes. Elle avait pour mission de défendre non seulement la ville, mais aussi et surtout le port, qui voyait de plus en plus souvent les galions espagnols chargés des trésors du Nouveau Monde se faire attaquer par les pirates nord-africains ou les corsaires anglais (comme Sir Francis Drake), français ou hollandais.

Le Portugal ne retrouva son indépendance du joug espagnol qu’en 1640. Le dernier rôle important joué par l’île de Terceira dans la vie politique portugaise fût de soutenir les Libéraux en 1829. Le débarquement des Absolutistes à Praia fût repoussé, ce qui conféra à la cité le suffixe Praia da Vitoria. La régence libérale, établie à Angra, accorda alors à la ville le titre honorifique d’Angra do Heroismo


Photo 1 - La ville d'Angra do Heroismo, à Terceira...

Photo 2 - Vers l'église da Misericordia, à Angra...

Photo 3 - Ancien hôpital, l'église da Misericordia date du XVIII ème siècle...

Photo 4      

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Photo 6 - Les rues colorées d'Angra...

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Photo 8 - La rua do Galo au fond, la cathédrale...

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Photo 10 - L'arrière de la cathédrale d'Angra do Heroismo...

Photo 11 - Le couvent franciscain d'Angra...

Photo 12 - Le palais des Capitaines-Généraux, ancien collège des Jésuites...

Photo 13 - Un des imperios d'Angra, consacrés au culte du Saint-Esprit...

Photo 14 - Vielle maison de quartier, à Angra...

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Photo 16 - Tourada da corda, dans les rues d'Angra do Heroismo...