mardi 5 juillet 2011

Billet N°112 – Navigation au bout du monde : Louisiades, l’archipel bienheureux…

Du Lundi 06 au Lundi 20 Juin 2011 –
Par Olivier


Au bout du monde, le savez-vous, il existe un archipel dépourvu d’à peu près tout, mais pas du bonheur…
Je n’en avais jamais entendu parler.

Ce constat pourrait constituer un intéressant sujet de dissertation au baccalauréat, encore qu’à cet âge, on n’ait guère en général une expérience suffisante de la vie pour développer objectivement un sujet comme celui-là, surtout par ces temps de matérialisme revendiqué et de consommation outrancière couramment intégrés à l’éducation de nos enfants… L’un de mes espoirs secrets est que, lorsque dans un an Marin et Adélie circuleront à nouveau dans les rayons du supermarché Leclerc de Lagord, ou bien devant les boutiques de la Rue Saint-Yon ou de la Rue des Merciers à La Rochelle, devant cet incroyable amoncellement d’objets, de vêtements, de denrées alimentaires, et de biens de consommation en tous genres, tous autant soi-disant utiles et nécessaires qu’en réalité essentiellement inutiles et superflus, ils se rappellent le bonheur qui se lisait sur les visages des enfants papous de l’archipel des Louisiades, qui, eux, avaient si peu, et bien entendu pas d’argent, mais semblaient si heureux…

Deux semaines de séjour-découverte aux Louisiades pourraient résumer la question ainsi : faut-il vivre en village au bord de l’eau dans un dénuement matériel poussé, mais une nature généreuse, pour approcher le bonheur ici-bas ?

Une réponse d’emblée affirmative serait sans doute un peu rapide, et pourtant, ce que nous avons vu dans ces îles a de quoi faire sérieusement réfléchir…



Pour rejoindre l’archipel des Louisiades, il faut un voilier, de l’autonomie (eau douce, carburants, énergie, nourriture), et aussi un minimum le goût de l’aventure. Bon, ben, on a tout ça, à bord de Jangada, non ? Allez, on y va !



Probablement découvert par le navigateur espagnol Luis Vaez de Torrès en 1606, peu avant le fameux détroit qui, un peu plus à l’ouest, porte son nom, il fut baptisé en l’honneur de Louis XV par Bougainville en 1768, lors de son voyage de retour vers l’Europe. Mais Bougainville ne l’effleura qu’à peine, passant à proximité d’une petite île qu’il baptisa Ouessant, et que nous aperçûmes un peu plus tard… L’archipel des Louisiades appartient à la Papouasie Nouvelle-Guinée, dont il constitue une sorte de tête de pont lancée dans le Pacifique, au sud-est de la grande terre. Disposant de deux semaines environ avant de devoir rejoindre Port-Moresby, nous avons choisi de naviguer à l’intérieur du grand lagon de Tagula Island. Un joli plan d’eau de quelques 112 milles de longueur sur une largeur maximale de 28 milles, parsemé d’îles et d’îlots, de récifs, de passes, et d’une kyrielle de formations coralliennes qu’il est préférable de tenir à l’œil.

Le 06 Juin au matin, en provenance de l’île d’Espiritu Santo au Vanuatu, nous atterrissons sur la passe nord-est du grand lagon de Tagula, qui porte le joli nom de Hudumuiwa Pass. Marin est à la vigie dans les barres de flèche, la passe est claire, nous sommes proches de l’étale de courant, Jangada entre sans difficulté dans son nouveau jardin de corail. Au loin, j’aperçois 2 ou 3 voiles qui semblent naviguer à bonne vitesse. Nous contournons un reef, et approchons de la baie abritée de Nimoa Island. Il faut longer le corail pour trouver l’ouverture qui permet de pénétrer à l’intérieur d’une petite aire de mouillage ceinturée de patates. Au fond de la baie, des cases surélevées par des pilotis, des pirogues tirées sur le sable de la plage, la silhouette d’enfants qui courent sur la grève, excités par l’arrivée d’un voilier. Aux jumelles, je devine des cochons noirs et des poules qui vaquent à leurs occupations alimentaires perpétuelles. Beaucoup de chiens pas très gras aussi, qui, parfois, se retrouvent dans les casserolles. Des cacatoès à crête jaune se disputent bruyamment à la cime des arbres. Des perroquets d’un rouge éclatant traversent la baie d’un vol approximatif. Nous jetons l’ancre une première fois, avant d’aller contrôler le positionnement des coraux avec les garçons. Nous larguons un grappin muni d’un flotteur au centre de la zone de mouillage sain délimitée, puis nous exécutons la manœuvre de repositionnement du bateau. Les enfants piqueraient bien une tête dans les eaux bleues de Nimoa, mais voilà, nous n’avons pas encore d’informations fiables sur trois espèces animales charmantes qui partagent ces eaux : les éternels requins, que nous côtoyons plus ou moins depuis des mois maintenant, et auxquels on finit par s’habituer ; les serpents marins, qu’on aperçoit parfois nageant en surface à proximité du bateau, et de nouveaux voisins de palier marin, d’une convivialité exquise paraît-il, les salties. Les salties, venus des côtes nord australiennes proches via les nombreux récifs côtiers de la région du Détroit de Torrès, ce sont les crocodiles de mer. Des bestioles qui occupent une bonne place parmi les animaux les plus dangereux de la planète. Ils n’ont peur de rien et nagent très bien en pleine eau. Ils ont souvent faim, ne font pas de quartier, et sont bien connus aux Louisiades, nous a-t-on dit. Un saltie respectable mesure 5 à 6 mètres de long, et le plus gros qui ait été tué dans les Northern Territories australiens mesurait 8,40 mètres de long…



« Bon, les enfants, pour la baignade, vous allez sur la plage du village, et vous attendez qu’on en sache un peu plus, OK ? »



Justement, voilà notre premier papou qui approche dans sa petite pirogue à balancier, la pagaie à la main. Il a l’air gentil, mâche du bétel, ce qui lui fait une bouche ensanglantée rassurante, et parle quelques mots d’anglais : c’est John, le chef du village, un petit gabarit aux yeux malicieux. Il fait connaissance avec nous, prudemment, ne s’impose pas, mais on le sent curieux. Il est venu voir qui arrivait dans son île. Les contacts humains aux Louisiades seront comme ça, emprunts de réserve, plus distants qu’au Vanuatu. La langue est aussi un problème, l’anglais est moins parlé que les dialectes locaux. Nous indiquons à John que nous irons visiter son village quand le soleil sera un peu moins haut. En attendant, il nous indique que nous pouvons nous baigner dans la baie, il y a bien sûr quelques requins, mais généralement non agressifs, et pas de crocodiles à Nimoa, où il n’y a pas de mangrove.

Plus tard, nous débarquons sur la petite plage. Tous les villageois nous observent. Nous ne ressentons pas d’agressivité, non, aucune, c’est simplement qu’il existe un monde entre eux et nous, entre leur civilisation, leur mode de vie, leur niveau de développement, et les nôtres. Et chacun le sait. John nous présente sa femme, qui nous adresse un grand sourire également rouge sang de bétel, moyennant sexy on va dire, et ses fils, qui travaillent, avec d’autres jeunes garçons, à remettre en état une grande pirogue à voile tirée sur des rondins de bois devant les cases. Les enfants sont nombreux, mais eux aussi sont réservés. Ils ont facilement peur de nous. Un geste un peu brusque, et les voilà qui détalent. Les cases ici sont toutes surélevées, et il doit faire bon y dormir, à même les nattes, dans le souffle de l’alizé. Des petites cases séparées servent de cuisine à proximité des cases d’habitation. On y retrouve la panoplie habituelle des gamelles en fer blanc et des bouilloires noircies de fumée, accompagnées d’ustensiles taillés dans le bois. Les coutelas et les machettes sont nombreux, les hommes en ont toujours un avec eux, dont ils se servent tout le temps, et à tout faire. Les papous utilisent beaucoup les fibres végétales de la forêt, qui leur servent à réaliser les ligatures utilisées couramment dans leur vie quotidienne, pour leurs habitations, leurs embarcations, leurs cultures. John nous accompagnera partout dans la visite du village, ce qui est rassurant pour nous, et très vite, il orientera la conversation vers le troc. Il n’y a pas de magasin d’approvisionnement dans les petites îles des Louisiades, pas le moindre, et les villageois ne produisent quasiment rien qui puisse se vendre et donc générer un flux d’échange monétaire. Sauf quelques colliers de corail rouge, et quelques sculptures sur bois, qui partent vers Misima, et de là vers le mainland, pour payer le riz et la farine. Par ailleurs, les quelques voiliers, souvent australiens, qui viennent parfois croiser dans l’archipel n’ont la plupart de temps pas de monnaie papoue (dont l’unité est le kina). C’est notre cas : nous arrivons du Vanuatu, notre escale aux Louisiades se fait hors formalités officielles, incognito, et la première banque papoue est à plusieurs centaines de kilomètres sous le vent de l’archipel. Comme aucune ligne maritime organisée ne dessert ces îles éloignées, l’archipel vit pratiquement en auto-subsistance. Les villageois envoient de temps à autre leurs embarcations les plus grandes se ravitailler sur la grande île de Misima., distante de quelques dizaines de milles, pour y acheter quelques denrées alimentaires de première nécessité, des machettes, des hameçons. En échange, ils amèneront quelques langoustes, des bananes, des papayes, un cochon ligoté, de la vannerie, des bracelets, un peu d’artisanat. John nous indique qu’il existe 3 autres villages sur Nimoa, et nous lui faisons savoir que nous ferions bien le tour de l’île à pied le lendemain. Cela semble tomber sous le sens pour lui de nous accompagner. Nous apprenons qu’il y a un petit dispensaire et une école primaire au sud de l’île. J’observe avec intérêt les pirogues à voile et balancier utilisées par les villageois pour se déplacer entre les îles. Ce sont des praos symétriques, balancier toujours au vent, sans arrière ni avant, ces derniers assurant tantôt l’une tantôt l’autre fonction, selon la direction suivie par l’embarcation par rapport à celle d’où souffle le vent. Le gréement qui porte une voile rafistolée pivote autour du mât selon les besoins. A bord de ces pirogues capables de tenir des vitesses de 7 à 8 nœuds par bonne brise, aucun organe métallique. Tout est végétal, fait de bois et de ligatures en fibres naturelles. Pour protéger les marchandises les plus précieuses des embruns salés du lagon, ou de la haute mer, un petit portique de bois surélevé portant un filet est installé en hauteur. Le flotteur principal de la pirogue est creusé dans un tronc d’arbre. De temps à autre sur ces pirogues, on constate la présence d’un hauban ou d’une ligature fait d’un cordage synthétique provenant visiblement d’un voilier de passage. Les voiles sont faites de prélarts en plastiques, d’anciennes bâches, de tissus rapiécés. Elles-mêmes sont ligaturées par transfilage à leurs espars. Assez curieusement, ces pirogues ne sont équipées d’aucun dispositif de gouverne, même démontable, ce qui serait indispensable du fait de l’alternance de fonctionnalité avant/arrière. Les marins papous utilisent un simple aviron de gouverne, assuré lui aussi par une simple ligature. Le barreur a un rôle très physique. Assis en équilibre précaire sur le plat-bord arrière, il actionne l’aviron de gouverne avec ses deux bras en s’aidant de l’une de ses jambes, passée par-dessus bord, avec laquelle il appuie sur le bord de fuite de l’aviron. Moins commode que les deux pilotes automatiques, très fiables, de Jangada… Parfois, les pirogues des Louisiades effectuent des trajets de plusieurs dizaines de milles dans le grand lagon. De temps à autre, on aperçoit des passagères, des enfants, quelques marchandises qui se rendent d’une île à l’autre. Ces praos, souvent au nombre de 4 ou 5 par village, constituent le moyen principal de transport dans l’archipel. Les pirogues à voile des Louisiades sont le plus souvent utilisées par les hommes jeunes des villages, ceux qui ont entre 15 et 20 ans, le plus souvent accompagnés d’un homme d’âge mûr. Pour la pêche et les petits déplacements individuels, les natifs utilisent des pirogues monoxyles, avec ou sans balancier, propulsées par des pagaies simples, ou doubles. Très souvent, les femmes utilisent leurs propres pirogues pour se rendre en eaux calmes dans les jardins éloignés du village, d’où elles ramènent leur récolte du jour, ignames, taros, patates douces, haricots, papayes, citrons, oranges vertes, ananas. Les femmes ramassent aussi les coquillages sur la grève. Les noix de coco sont récoltées par les hommes, qui savent tous monter en quelques secondes au faîte d’un cocotier dès l’âge de 7 ou 8 ans. Enlever la bourre des noix de coco est un travail physique que les hommes exécutent avec une dextérité et une rapidité que je ne me lasse pas de regarder. Ils vont aussi pêcher dans le lagon, avec des hameçons, mais aussi à la foëne (piquants métalliques ligaturés à l’extrémité d’un bambou). Plus tard, je découvrirai qu’ils pêchent également en apnée, avec des arbalètes sous-marines rudimentaires de 2,50 mètres de longueur environ équipées d’un sandow confectionnées avec le peu de moyens dont ils disposent. Quand je constaterai plus tard qu’ils observent avec fascination nos arbalètes de pêche sous-marine Beuchat utilisées dans le lagon par Timothée et Marin, j’en serai presque gêné. En de rares occasions, nous apercevrons au loin un canot polyester avec un moteur hors-bord Yamaha Enduro. Du fait de sa forme, les papous l’appellent « banana boat ». Nous apercevrons aussi plus tard un bateau en bois d’une douzaine de mètres de longueur, qui assure une liaison hebdomadaire des îles de la Calvados Chain avec Alotau, la petite capitale régionale située au fond de Milne Bay, à des dizaines de milles plus à l’ouest. C’est la « goélette ». A proximité du petit dispensaire de Nimoa, un petit bateau à moteur, donné aux villageois par une association australienne. C’est le bateau-ambulance..

Dans la soirée, John nous apporte dans sa pirogue quelques bananes et deux papayes. Il demande si nous avons des hameçons. Je lui dis que je vais regarder, que j’en ai surtout des gros, mais que je vais lui apporter quelque chose demain matin.

Le lendemain, le temps est nuageux, menaçant, puis il semble s’améliorer. Nous débarquons, je donne à John quelques petits hameçons, du fil de pêche. Il est content, remercie. Sa femme se charge de nos sacs poubelles accumulées pendant notre traversée depuis le Vanuatu. C’est John qui, les voyant dans le kayak sur les bossoirs, a proposé de les emmener à terre. Je lui ai dit d’accord, mais à condition de les brûler. Il m’a fait oui de la tête, alors je lui indique qu’on souhaite le faire nous-mêmes, il a juste à nous montrer où le faire. Mais là, c’est non, et je le sais d’avance. Je suis gêné, mais je sais pertinemment que la femme de John va attendre que nous soyons partis sur le sentier pour examiner minutieusement le contenu des sacs… et peut-être récupérer un emballage ou deux.

Nous partons sur le sentier qui s’enfonce dans la jungle de la colline derrière le village. Il a plu, c’est boueux, glissant, pentu. John marche toujours pieds nus, les chaussures sont inconnues au village. Nous redescendons sur le versant au vent de Nimoa, et nous faisons cueillir par une violente averse. John avise une case en bordure du sentier, dit quelques mots à la femme qui habite là avec un enfant, et nous nous glissons tous sous l’abri providentiel que constitue le plancher surélevé de la case. Je fais comprendre à John que le temps m’inquiète, pour le bateau laissé seul sur son ancre, et je lui fais comprendre qu’il ne faut pas trop traîner. Nous repartons, mais je vois les grains se former au vent, et le souffle de l’alizé orageux grimper progressivement. Alors que les grains approchent, je fais comprendre à John que je dois couper à travers l’île pour rentrer au village, sous le vent, pour rejoindre le bateau. Nous passons à côté d’une case où des villageois se sont abrités de la pluie violente qui maintenant s’abat sur nous dans les rafales. Ils nous indiquent un sentier qui grimpe dans la végétation dense. Marin et moi laissons John avec Barbara, Timothée, et Adélie. Nous fonçons à toutes jambes dans la forêt, enjambons les troncs d’arbre, sautons sur les rochers, traversons les ruisseaux qui se forment avec la pluie. Nous parvenons à bout de souffle au sommet, trempés, dégoulinants, transis. Sur l’autre versant, nous dévalons la pente, au risque de nous casser le cou, croisons un papou s’abritant sous un arbre, la machette à la main, qui nous regarde passer en trombe comme des extra-terrestres. Dans mon esprit défilent des images de Jangada qui dérape sur son ancre dans les rafales, puis qui vient s’encastrer sur le corail. Lorsque nous parvenons sur la grève du village, après 30 minutes de course folle, je n’en peux plus. Jangada est là, tirant sur ses 70 mètres de chaîne, il ne semble pas avoir bougé. Nous sautons dans l’annexe et fonçons à bord : pas de souci, Marin et moi avons juste eu peur pour notre voilier. Nous savons que perdre notre bateau dans ce genre de circonstances est le danger le plus évident pour nous depuis des mois…

Quelques jours et quelques objets troqués plus tard, nous appareillons de Nimoa vers la baie d’Hati Lawa sur l’île voisine de Pana Tinani. Un véritable abri à cyclone, mais cette grande mangrove n’offre par ailleurs pas d’intérêt particulier. Nous poursuivons notre route sur Wanim, à l’ouest de laquelle se trouve une baie apparemment bien abritée. Naviguer dans l’archipel des Louisiades demande un peu d’attention. Imaginez un lagon. long de plus de 200 km pour 50 de large, parsemé d’îles en général à relief, dont certaines possèdent leur propre lagon dans le lagon. Les profondeurs sont de l’ordre de 20 à 50 mètres, mais les formations coralliennes et les hauts-fonds sont nombreux, et assez mal cartographiés. J’ai noté un décalage de la cartographie électronique de l’ordre de 500 mètres, parfois variable, donc gênant. Une veille attentive est nécessaire, parfois à partir des barres de flèche. Pas question de naviguer de nuit. La houle du large est cassée par la barrière corallienne qui ceinture le lagon, mais c’est moins vrai à marée haute. Les courants sont sensibles, surtout au droit des passes, le ressac marqué au vent des îles, et l’eau pas toujours très claire. Bref, il faut avoir l’œil. Par chance, j’ai pu récupérer par l’intermédiaire de Dalaï, un voilier français croisé dans la Bay of Islands, en Nouvelle-Zélande, un petit recueil de graphiques commentés de mouillages reconnus aux Louisiades il y a une dizaine d’années par un couple d’australiens vivant de longue date en Papouasie Nouvelle-Guinée, Trevor et Elizabeth Kerr. Il m’a même semblé voir le nom de Trevor Kerr dans la liste des commodores du Royal Papua Yacht Club de Port-Moresby, sauf erreur.

Mais visiter ce peuple oublié de tous se mérite, et c’est une expérience exceptionnelle que je suis heureux de partager avec les miens.

A Wanim, une nouvelle séquence frayeur nocturne nous attend. Un récif frangeant parcourt la baie tout au long du rivage. Nous avons mouillé par 25 mètres de fond, mais dans la nuit, le vent tourne au sud dans les grains. Dans cette nuit sans lune, on n’y voit pas grand-chose, mais je devine notre position dangereuse, les safrans non loin du tombant accore. Je réveille les garçons, et démarre les moteurs. Au sondeur principal, dont le capteur est situé dans la coque bâbord en avant du mât, je lis 18 mètres, mais Timothée trouve 6 mètres au sondeur à main placé sur la jupe arrière bâbord… C’est clair, on n’est pas loin du corail ! Dans la nuit sombre et venteuse, nous relevons l’ancre et allons mouiller à l’ouvert de la baie, par plus de 35 mètres de fond, en attendant le jour. Dans le goulet qui sépare Wanim au nord de Pana Tinani, nous trouverons un mouillage plus abrité. Barbara et moi nous rendons au village de Wanim, tandis que les 3 enfants grimpent sur la colline avec les 4 cerf-volants du bord (dont 3 hérités de l’infortunée La Tortue, naufragée aux Tonga). Ils sont vite rejoints par tous les enfants du village qui découvrent pour la première fois ces jeux. Nos enfants les initient, et vite, certains s’en sortent très bien. Au village, nous avons la surprise de constater q’une embarcation pêche les requins, la nuit, à l’hameçon (de boucher !). Mais uniquement pour les ailerons. Je devine que ces derniers sont probablement coupés sur les animaux alors que ceux-ci sont encore vivants, car les requins sont vivaces, ils ont la mort lente, et les pêcheurs ne prélèvent que les ailerons… Pas terrible ce mode opératoire, c’est le moins qu’on puisse dire… Mais dans ce mode de vie primitif, les requins sont vraisemblablement considérés comme des ennemis des villageois, et de leurs enfants. Je demande à voir le séchage, et un villageois m’emmène sur le toit d’une case où se déssèchent des dizaines d’ailerons, certains correspondant à des animaux de 3 à 4 mètres de longueur. Dans la case, 2 sacs d’ailerons prêts à être emmenés à Alotau par la goélette. Les consommateurs sont les Japonais et les Chinois… Dans l’après-midi, Timothée, Marin et Adélie vont pêcher autour d’un îlot. Ils tombent nez à nez avec un requin de 2,50 mètres de long, mort, les ailerons coupés, qui dérive dans quelques mètres d’eau. Ils se mettent en tête de l’amarrer à l’annexe, et de le remorquer vers Jangada !

Lorsqu’ils approchent, j’entends des « Papa ! Papa ! Regarde ! On a pêché un requin ! »

Pendant 3 secondes, un doute me traverse, qui les rend heureux de leur coup. Ca se gâte un peu quand ils veulent amarrer l’animal aux palans de bossoirs, genre Jack London, pour leurs photos sur Facebook… Bon je m’exécute, mais la puanteur est telle quand la bête est hissée hors de l’eau que le vomissement général est évité de justesse !

Un peu plus à l’ouest, j’ai repéré sur la carte de l’île de Pana Wina une baie au fond de laquelle un marigot coule en séparant l’île en deux. Je me dis que c’est forcément un endroit prisé des salties, or nous aimerions bien en voir un dans son milieu naturel. Nous mouillons dans la baie où l’on aperçoit les cases d’une famille papoue qui vit là, de façon isolée. Une pirogue à voile, deux petites pirogues à rames, trois cases. Je me rends à terre avec le kayak pour les saluer. L’homme vit là avec sa femme malade, une de leurs filles vient régulièrement du village voisin passer quelques heures chaque jour avec eux pour les aider. Elle passe par la grève, à marée basse, plusieurs heures de marche. Nous verrons très peu de personnes âgées aux Louisiades : à l’évidence, l’espérance de vie y est courte, non pas du fait du mode de vie, mais plus probablement de l’absence totale de soins depuis la naissance. L’homme me confirme qu’il y a des crocodiles dans le marigot, mais qu’y accéder est très difficile, et qu’en général ils préfèrent sortir en pleine eau la nuit, quand la mer est calme dans la baie. Nous tenterons prudemment une battue familiale de jour sur une rive, nos bâtons à la main, prêts à détaler, mais les salties de Pana Wina resteront cachés dans la mangrove.

Timothée et Marin passent l’essentiel de leurs journées à plonger en apnée, leurs arbalètes de pêche sous-marine à la main. Au mouillage de Pana Wina, nous dînons d’un barbecue de poissons de la baie en papillotes. En arrivant à Port-Vila, presque un an après nous avoir quittés à Raiatea, Timothée avait failli ne pas reconnaître son frère cadet, tant Marin avait grandi entre temps. (C’est vrai que le contraste des images de Marin au départ de La Rochelle en 2009 et celles de son retour en 2012 seront incroyablement saisissantes. Il approche 1,80 mètre, à pas encore 14 ans, un an avant son retour au pays !)

Nous longeons Gigila Island, passons devant de petits villages côtiers, et jetons l’ancre dans Robinson Harbour, tout près de la petite île de Talfaur, reliée à Gigila par un isthme de sable couvert d’eau à marée haute. Nous serons particulièrement bien accueillis à Talfaur, grâce à la famille de Ronnie, qui est aussi celle du chef du village. Ronnie, la trentaine, est d’un commerce agréable, intelligent, parlant bien l’anglais, il s’intéresse à tout. Il nous raconte comment il a été cherché sa jeune femme Barbara sur la grande île proche de Misima, et comme il a du travailler plusieurs mois pour le compte de son beau-père, avant de pouvoir revenir dans son petit village de Talfaur, dans le lagon, avec sa belle. Ronnie nous emmène dans les jardins cultivés, de l’autre côté de l’isthme. Il envoie un gamin en haut d’un cocotier pour nous offrir des noix de coco à boire, pleines de fraîcheur. Au retour, nous montons voir la petite source qui donne de l’eau aux villageois. Ronnie se sépare rarement de son fils de 3 ans, qui l’accompagne à peu près partout. Dans sa case, Ronnie me montre une installation électrique basique donnée par une association de bienfaisance australienne, un équipement que nous retrouverons aussi dans d’autres villages : un panneau solaire, un régulateur, une batterie, et un néon. Les villages des Louisiades sont bien sûr noyés dans l’obscurité dès que la nuit tombe, vers 18H00. Pas de groupe électrogène, encore moins de réseau. Le feu couve dans les foyers, et est attisé avant les repas. Lorsque c’est nécessaire, les papous frottent des morceaux de bois sec pour obtenir une flamme. Ronnie me montre le néon, en panne. Le manque de réalisme technique de certaines ONG caritatives m’étonnera toujours. Donner la lumière à une case papoue des Louisiades, cela relève d’une bonne intention, certes. Mais la fournir avec un seul tube néon merdique, et aucun rechange… J’observe le panneau, le régulateur, la batterie : du matériel de qualité. Mais le seul tube néon fourni est une saloperie made in China à 3 sous…. Quand le tube est mort, plus rien ne marche, panneau et batterie high-tech sont désespérément inutiles. Du bord, avec les garçons, je ramène notre caisse à outils, mon multimètre, des cosses électriques. Nous entreprenons de faire dans la case de Ronnie un montage fixe, qui doit pouvoir durer. Seul problème : son panneau solaire et sa batterie sont en 12 volts, et l’installation de Jangada est en 24 volts. En fouillant dans mes pièces de rechange, je trouve une ampoule 12 volts en spare pour la petite lampe de cockpit confectionnée dans le delta du Saloum au Sénégal, à partir d’une calebasse et d’une douille de phare de voiture récupérée dans une casse africaine. Je n’ai pas d’autre douille pour recevoir l’ampoule, alors j’explique à Ronnie que je vais souder les fils à l’étain directement sur le culot. A bord, Adélie, qui aime l’odeur de l’étain en fusion, m’aide à effectuer le travail. Le lendemain matin, expédition technique de l’équipage de Jangada à terre. Tous les enfants du village sont là à regarder, des hommes aussi, et quelques femmes, en retrait. Je demande à Ronnie où il veut mettre la petite ampoule dans sa case. Puis, avec Timothée et Marin, nous hissons la batterie sous la charpente du toit, et nous l’amarrons solidement avec un cordage amené du bord. Nous passons proprement le câble du panneau solaire dans les palmes du toit et la charpente, puis celui qui conduit le courant à la petite ampoule. Des colliers en plastique assurent le tout. Je me fais l’impression d’être un prof de techno en brousse. Je remonte proprement l’interrupteur, contrôle notre travail, optimise l’ensemble, puis, satisfait, actionne le bouton. L’ampoule s’illumine, tout le monde s’esclaffe, tout le monde est content !

Ronnie m’a aussi montré sa pirogue tirée sur le sable. Le bordé est pourri sur quelques dizaines de cm2 au ras de la quille, l’embarcation prend l’eau. Nous regardons de près, rien de grave, et je propose à Ronnie de poser une doublante de contre-plaqué vissée et collée au Sika. J’ apporte la visserie inox nécessaire, lui donne un tournevis cruciforme et ma cartouche de silicone, mais Ronnie préfèrera, devant un matériel aussi rare et précieux ici, prendre le temps d’aller couper dans la forêt un morceau de bois d’une qualité adaptée à une réparation durable, plutôt que d’utiliser mon morceau de CP qui ne l’inspire pas. A l’heure qu’il est, nul doute que la pirogue de Ronnie a repris la mer dans le lagon des Louisiades, et cela me fait simplement plaisir. Je songe aussi parfois à la petite ampoule 12 volts qui doit être la seule, dans le village de Talfaur Island, à briller quand le soir tombe. Pour combien de temps, puisque je n’avais pas … de rechange ! Un autre voilier, un jour peut-être ? En souriant, me vient l’idée qu’il ne faudrait pas non plus aller trop loin dans l’apport du progrès technique aux Louisiades : pourvu qu’aucun navigateur n’ait un jour la sale idée de leur donner sa vieille télé 12 volts… Encore faudrait-il qu’il y ait un émetteur dans le coin ! Mais la télé par satellites apporterait à coup sûr beaucoup de malheur aux Louisiades. Les enfants jouent ensemble toute la journée, et tout est prétexte à jouer d’un rien. Les adultes sont souriants, et nous n’avons jamais vu qui que ce soit qui semblait dépressif !

Pendant ce temps, le troc bat son plein à Robinson Harbour. Si un jour vous allez aux Louisiades, souvenez-vous de ne pas y venir les mains vides. Le troc, c’est un commerce équitable tellement plaisant ! C’est aussi une occasion de rêve d’alléger son bateau, et par la même occasion de faire du rangement ! En échange de patates douces, d’ignames, de taros, de haricots, de bananes, de citrons verts, de cocos, d’oranges, et même de langoustes, nous donnons, mais toujours de façon ciblée, parcimonieuse et équitable stylos, cahiers, livres d’école, fringues, sucre, riz, lessive, savons. Pour les hommes, le must c’est les hameçons, un masque, un tuba, du cordage. C’est le moment de vider le bateau de tout ce qui n’y est pas indispensable !

Nous resterons plusieurs jours mouillés devant le village de Talfaur, irons pêcher la langouste autour de l’îlot Einamu, partagerons les poissons fléchés, laisserons les enfants du village jouer avec les cerfs-volants. Nous essaierons même d’aller avec Ronnie sur l’île voisine de Pana Krusima, où il a passé sa jeunesse. Ronnie veut nous montrer des salties, qui vivent dans le lagon de cette petite île. Mais nous ne les verrons pas, ils resteront à l’ombre de la mangrove. Le dernier soir, pour notre départ, Ronnie a fait capturer et tuer pas son jeune frère un petit cochon noir. Les hommes l’ont fait rôtir au feu, les femmes ont préparé les plats de légumes, ignames, taros, et patates douces. Nous sommes invités à dîner tous les cinq dans la case de Ronnie. Pour nous, les villageois ont sorti leurs plus beaux plats, et même des couverts sans doute récupérés sur un voilier de passage. Nous sommes assis sur des nattes, les femmes de la famille de Ronnie ont mis leurs plus beaux vêtements, tout le monde est souriant. Au plafond, la petite ampoule brille de son éclat nu. Sous le plancher de la case, entre les pilotis, une bande de cochons profite bruyamment des raies de lumière qui filtrent entre les bambous, à moins qu’ils ne soient là pour honorer la mémoire de leur congénère découpé en appétissants morceaux… Heureux partage humain au bout du monde !



Le lendemain matin à l’aube, Jangada file vers l’ouest, vers Pana Numara, puis un mouillage insolite entre Bobo Eina et Gilia Islands, et encore Bagaman. Island., aux deux grandes baies bien protégées.

Notre dernière escale dans le grand lagon des Louisiades aura pour décor grandiose le petit lagon turquoise de Panasia Island. Un lagon dans le lagon, avec sa propre passe qui exige de monter dans les barres de flèche. Nous nous faufilons entre les patates de corail et gagnons un mouillage sûr au pied d’une falaise rocheuse qui tombe abruptement dans l’eau claire. Pas de case de ce côté-ci de Panasia, seulement deux jardins de bananiers et de papayers cultivés par une famille qui habite sur l’autre versant, et qui vient en pirogue. Les garçons pêchent dans le lagon, les filles font des longueurs au bord d’une petite plage de sable étincelant. Nous allons visiter le motu désert de Nasakoli en annexe, d’où Barbara et moi ramenons de jolies fleurs de frangipaniers merveilleusement odorantes. Nous sommes à la fin de notre séjour dans l’archipel, et depuis, deux 48 heures, je prends les cartes météo du trajet que nous devons parcourir pour rallier Port-Moresby, où Timothée doit reprendre l’avion pour la France. Le départ est fixé au 20 Juin au matin.

En attendant, le héros du jour, le 18 juin, c’est bien lui, Timothée, mon fils aîné de 20 ans, venu passer 6 semaines avec nous entre le Vanuatu et la Papouasie Nouvelle-Guinée. Dans la nuit, il a eu une liaison téléphone satellitaire avec La Rochelle. Le verdict est tombé : il est admis au concours d’entrée en médecine à Bordeaux. Yaouhhhh !!!

Il est heureux, il a travaillé, il a réussi, il l’avait promis. Bravo, fiston !

Nous sommes tous, à bord, tellement contents et fiers de lui ! Quand je l’ai vu arriver à l’aéroport de Port-Vila, j’ai presque eu un choc. En un an, il est devenu un vrai et beau jeune homme, il a pris de l’assurance, de la maturité, de la densité physique aussi. D’ailleurs, au bras de fer, alors que l’année dernière je le battais encore des deux bras, cette année il a été plus fort que moi du bras droit, et j’ai du me contenter de sauver l’honneur du bras gauche… J’ai essayé de convaincre l’assistance (qui m’a semblé partiale à cette occasion) qu’il était mieux nourri que moi depuis deux ans, c’est sans doute vrai, mais cela n’a pas suffit. Inutile de vous dire que l’année prochaine, je trouverai un prétexte fallacieux pour m’abstenir, et tenter de laisser planer un doute…

Mais au fond de moi, je suis simplement heureux de le voir grandir et de l’avoir près de moi.

Pour arroser ce succès, au mouillage sauvage de Panasia Island, dans les eaux translucides du lagon, sous l’abri de la haute muraille rocheuse, Tim ouvre une bouteille de Moët et Chandon bien frappée qui vieillissait dans les cales depuis quelques semaines. Les bougies de son gâteau au chocolat d’anniversaire illuminent quelques instants, et avec quelques mois de retard, le cockpit de Jangada, à l’autre bout du monde....

On n’a pas tous les jours 20 ans !



Le 20 Juin au matin, la chaîne d’ancre regagne bruyamment son puits devant le mât. Nous prenons la passe en sortie, hissons la toile et mettons le cap sur Jomard Passage, à 12 milles au sud-ouest, qui délimite la fin du grand lagon de Tagula.

En route pour Port-Moresby !

Adieu, l’archipel bienheureux…

Photo 1 - Jangada au mouillage de Nimoa Island, aux Louisiades, Papouasie Nouvelle-Guinée.  
Photo 2 - Les pirogues à voile et balancier, des praos étonnamment véloces dans le lagon.  
Photo 3 - Case de village côtier, à Nimoa Island, Louisiades, PNG.  
Photo 4 - Ce villageois de Nimoa prépare des liens en fibre végétale pour l'amarrage des feuilles de palme du toit de sa nouvelle case.  
Photo 5 -Sur l'île de Pana Krusima, les cases sont montées sur pilotis, comme partout aux Louisiades.  
Photo 6 - L'intérieur d'une case familiale au village de Pana Krusima Island, Louisiades, PNG.  
Photo 7 - Certainement la femme la plus âgée que nous ayons croisée aux Louisiades, où l'on ne vit pas très vieux.  
Photo 8 - Pirogue sur la plage, entre deux services.  
Photo 9 - A Robinson Harbour, une pirogue venue d'une île voisine fait escale le temps de quelques heures.  
Photo 10 - Les garçons apprennent très jeunes à se servir des pirogues à voile, qui assurent l'essentiel des échanges dans l'archipel des Louisiades.  
Photo 11 - A Wanim Island, les villageois pratiquent malheureusement la pêche aux requins, uniquement pour les ailerons...

Photo 12 - Suspendu aux bossoirs de Jangada, ce requin est tenu en respect par les enfants...  
Photo 13 - Nous sommes sans doute les premiers blancs que voit cette petite fille. Que peut-elle bien penser...  
Photo 14 - Dans l'archipel des Louisiades, une certitude saute aux yeux, les enfants sont heureux...  
Photo 15 - La fratrie à nouveau réunie à bord de Jangada...  
Photo 16 - Adélie chez les Papous, trop cool...  
Photo 17 - Le staff masculin de Jangada, avec John, le chef de village de Nimoa Island.  
Photo 18 - Timothée affute son tir dans le lagon, en gardant un oeil sur les suales et les crocos!  
Photo 19 - Aux Louisiades, on réapprend le troc. Là, on s'est pas trop mal démerdés...  
Photo 20 - Mon pied, c'est du 43, donc c'est une belle moule que vous voyez-la!!!  
Photo 21 - Timothée passe un moment avec son coiffeur préféré qui tient commerce directement sur le lagon...  
Photo 22 - Jangada au mouillage de Panasia Island, entre les bananiers.  
Photo 23 - Ce palmier doit être opportuniste de nature...  
Photo 24 - Vacances nature et découverte pour l'équipage de Jangada aux Louisiades.  
Photo 25 - Tim passe des heures dans l'eau avec Marin, fusil sous-marin à la main.  
Photo 26 - Plongée dans la passe du lagon de Panasia Island pour Tim et Marin, je reste en surface en couverture...  
Photo 27 - Le 18 Juin au matin, après le verdict du téléphone  par satellite, on tient notre héros du jour!  
Photo 28 - Adélie s'est mise en urgence à la couture pour son grand frère!  
Photo 29 - Pour cette occasion exceptionnelle, le Captain a fouillé dans les cales de Jangada! Bravo Tim!!!