samedi 30 juillet 2011

Billet N°116 – Premières impressions indonésiennes…

- Du Jeudi 7 juillet au Mercredi 20 juillet

Par Barbara

Découvrir l’Indonésie et le continent asiatique, par la ville de Kupang au Timor Occidental est une entrée en matière radicale.

Après 9 jours passés en mer où les odeurs sont inexistantes, l’odorat est comme neuf, affûté et avide. Alors au petit matin, (Olivier et Marin avaient jeté l’ancre pendant la nuit) ce sont les odeurs puissantes et plutôt malodorantes de Kupang qui m’ont réveillée en me prenant à la gorge. Nous étions mouillés devant quelques cabanes de parpaing, de bois et de taule, et quand nous avons débarqué sur la plage au milieu des détritus, notre premier indonésien était unijambiste mais habile comme un singe et sa fille d’une quinzaine d’année lépreuse ou à moitié brûlée, je n’ai pas su faire le distinguo. Dans tous les cas, nous étions bien loin de nos îles du Pacifique et tout proches, m’a-t-il semblé, de l’Asie de « Slumdog Millionnaire ». Après s’être faufilés dans des ruelles tortueuses nous avons débouché sur l’artère principale de Kupang où le flot frénétique des deux roues  nous a happé. Bienvenue en Asie, dans le vif du sujet ! Remarquez après cet atterrissage sans fioritures à Kupang,   la suite ne pourrait être que mieux…

Nous sommes restés le minimum de temps à Kupang, le temps de faire les formalités d’entrée sur le territoire indonésien, et des appros en fruits et légumes et sommes partis à la découverte d’une autre face de l’Indonésie, celle de la campagne et des villages de pêcheurs, des rizières et des zébus, des volcans et des graines de cacao qui sèchent au soleil. Bienvenue à Lembata, puis à Flores, îles situées à l’est de l’archipel de la Sonde.

Quelques données que j’ai retenues sur ce grand pays qu’est l’Indonésie : 4 fois grand comme la France, et 4 fois plus peuplé également avec ces 240 millions d’habitants. L’Indonésie est un archipel de plus de 13 500 îles qui s’étend sur plus de 5 000 km d’ouest en est, du sous-continent indien à l’Océanie. Elle comprend les îles de la Sonde (Sumatra, Java, Madura, Bali, Lombok, Sumbawa, Sumba, Florès et la partie occidentale de l’île de Timor), une grande partie de l’île de Bornéo (Kalimantan), l’île de Célèbes (ou Sulawesi), l’archipel des Moluques, ainsi que la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée (Irian Jaya). Le pays compte 4  fuseaux horaires. Environ 65 % du territoire indonésien sont recouverts de forêts équatoriales ou tropicales. Enfin, c’est le plus grand pays musulman de la planète en nombre d’habitants.

Flores est une des petites îles de l’archipel de la Sonde. Elle s’étend sur 360 km de long et 60 km de large. L’île est extrêmement montagneuse, avec des sommets atteignant 2 399 m et bon nombre de volcans en activité. L’intérieur de l’île est très boisé. Les principales productions agricoles sont le maïs, le riz, la noix de coco, la cannelle, le café, le tabac et le coton. On y élève du bétail et de la volaille, et l’on y trouve quelques exploitations de gisements miniers. De grandes quantités de nacre sont pêchées dans la mer de Florès. Sa population est estimée à environ 270 000 habitants,  très majoritairement chrétienne et souvent animiste dans les montagnes.

En photos, quelques images de l’Indonésie profonde et authentique, loin de celle des visages pales et de la frénésie touristique de Bali. Mais même loin des centres urbains, le bémol qui est de taille, est la saleté ambiante. Détritus en plastique en tout genre jonchent les bas côtés, les rivières, les chemins, les littoraux, les plages et la mer ! C’est une vraie calamité, et qui ne semble pas prête d’être endiguée. J’ai observé les enfants qui sirotaient leur canette de soda et qui tout naturellement une fois terminée la jetaient sur la route. Il n’y a pas si longtemps encore (et c’est encore le cas aujourd’hui au Vanuatu et aux Louisiades) tous les emballages et les contenants étaient fabriqués à partir de fibres naturelles de pandanus, de palmes de cocotiers, etc…alors les balancer après usage sur le bas côté du chemin ne dérangeait personne ni l’environnement ! Dans l’archipel des 17 îles au Nord de Flores, considéré comme un joyau de l’Indonésie (d’après les guides…), nous nous serions crus à « Plastic-Land », les plages regorgeaient de tongs, de bouteilles, de brosses à dent, de bidons, de poupées, etc…Dans les villes, ce sont les égouts et les décharges, à ciel ouvert qui nous ont stupéfié, forcément les détritus bouchent les égouts qui débordent, mouches, rats, moustiques et compagnie prolifèrent …C’est aussi ça malheureusement l’Indonésie.

Enfin pour conclure ces premières impressions sur l’Indonésie, question navigation, pour la grande aficionada des navigations hauturieres  que je ne suis pas, naviguer dans les îles de la Sonde restera un  paisible souvenir. Mer plate à l’abri de la côte, vent faible voir inexistant, vitesse moyenne avoisinant les 4 nœuds, ce qui suppose donc du moteur, et qui dit moteur, dit frigo bien froid, dessalinisateur  en fonctionnement et donc eau douce dans les réservoirs…Que du bonus pour la vie du bord !

Photos 1 et 2 :
Les moyens de transports collectifs sont principalement les bémos(minibus) au tarif unique quelque soit la distance parcourue en ville (2000 ou 3000 roupies, soit 15 à 20 centimes d’euro), prenant et déposant personnes et marchandises n’importe où en chemin. La musique est poussée à fond, et les enceintes d’exécrable qualité. Les bémosrivalisent en efforts de décoration.
Un autre moyen de transport : les ojeks. Ce sont des motards prenant des passagers pour un prix négociable.
Les deux roues motorisées sont le moyen de locomotion par excellence, les indonésiens y montent à 1, 2 ,3 ou 4 sans souci !



Photos 3 à 8 :
Le marché ou pasar en bahasa indonesia(langue officielle) est un lieu coloré et animé. Le plus joli et le mieux achalandé que nous ayons vu est celui, hebdomadaire (le samedi matin) de Maurole, sur la côte centrale nord de Flores. Après les ignames, le taro et autres tubercules qui étaient souvent les seules légumes de nos dernières îles du Pacifique, retrouver tout ce choix ici en Indonésie est un vrai plaisir visuel et gustatif. Carottes, concombres, tomates, salades, choux, pomme de terre, haricots verts, aubergines, échalotes, gingembre, épices colorent les étalages et ensuite nos assiettes. En revanche ce n’est pas la bonne saison pour les fruits à part les bananes. Au pasar, on trouve aussi du poisson frais ou séché, de la viande couverte de mouches, et des babioles en tout genre et en plastique de préférence.






  
Photos 9 à 11 :
L’agriculture est principalement une agriculture de subsistance. Dès que l’on sort des villes on trouve des jardins potagers, dans les villages les habitants sont soit pêcheurs soit agriculteurs. Avec des spécialités par hameau, comme par exemple l’arak (alcool de palme) ou le sucre de palme. A Flores, on cultive le cacao, le café. Devant les maisons à la campagne sèchent des graines de cacao fraîches, et du café vert.
Les terres arables sont rares et l’agriculture sur brûlis est malheureusement largement répandue.




Photos 12 à 14 :
Les premiers paysages de rizières en terrasse indonésiennes me ravissent. Ils représentent pour moi l’Asie comme je me l’imaginais. Nous observons également avec fascination ces gros buffles qui labourent les rizières et qui se vautrent dans les flaques d’eau avec plaisir. L’Indonésie est le 3e producteur mondial de riz.


Photos 15 à 17 :
Les Ikats : le terme indonésien Ikat signifie « nouer » ou « lier ». Il s’agit d’étoffe aux motifs élaborés dont les fils de coton avant d’être tissés, sont minutieusement noués et teints à partir de teintures naturelles. Les styles d’Ikat varient selon les villages et le sexe de la personne qui le porte. Certains modèles sont réservés pour des occasions spéciales comme les mariages, les enterrements, etc…A Flores, les habitants portent encore beaucoup les Ikats. Leur silhouette naturellement fine est encore plus longiligne quand ils se drapent dans cette étoffe qu’ils portent avec simplicité et élégance.



Photos 18 et 19 :
Les indonésiens ont de beaux cheveux noirs et lisses. Les jeunes garçons aiment se confectionner des coiffures branchées avec crêtes et gel.
Alors que je faisais la réflexion à un indonésien sur la beauté de leur chevelure et sur le fait que les vieilles femmes n’avaient pas de cheveux blancs, il m’a expliqué que c’était du au massage du cuir chevelu et aux shampoings au lait de coco frais. Il a alors demandé expressément à sa femme de me faire un tel shampoing…allongée sur une natte de bambous, au milieu de la cour, je n’avais plus qu’à me laisser faire…certes cela n’a pas été qu’une partie de plaisir tant Yacintha frictionnait et peignait énergiquement, mais incontestablement le résultat en valait la chandelle. Mes cheveux n’ont jamais été aussi brillants et souples.


Photo 20 :
Seul et unique triste avantage de tous ces déchets qui jonchent la plage, cette petite fille joue dans la cuisine qu’elle s’est fabriquée.

Photo 21 :
Les petits indonésiens vont à l’école tous les matins de 07h00 à 14h00, du lundi au samedi inclus. Le samedi est le jour réservé au scoutisme. Les enfants font alors des travaux d’intérêt généraux. Ils apprécient toujours d’avoir de la visite dans leur école et la cour se transforme alors en véritable volière !

Photo 22 :
Voici notre ami providentiel, Vincent Ata Bala, rencontré à Maurole. Il  a été chauffeur à Bali et parle très bien anglais, ce qui est une véritable aubaine pour nous. En effet très peu d’Indonésiens rencontrés parlent anglais ce qui limite considérablement les échanges bien que nous essayons vainement d’apprendre et de retenir quelques mots de bahasa Indonesia.
Encore une fois, la règle se confirme selon laquelle faire une rencontre avec une personne de qualité comme Vincent, change radicalement la donne pour visiter, comprendre, saisir l’âme d’un endroit. Vincent se met avec générosité et simplicité à notre disposition pour nous faire découvrir les richesses de son île. On découvre ainsi avec lui et le bémo de son frère de petits hameaux nichés dans les collines surplombant les rizières. Vincent connaît bien son affaire et nous explique gentiment l’environnement qui nous entoure. Ce n’est pas tout, il nous invite à deux reprises à partager les repas avec sa famille élargie dans sa case de bambous. Nous touchons ainsi de tout près le quotidien d’une famille indonésienne et c’est exactement ce qu’on recherche et qu’on aime dans notre voyage. Merci Vincent !


Photo 23 :
La maman de Vincent et une cousine, drapées dans leur Ikat, fabriquent un panier. Le savoir faire semble malheureusement disparaître auprès des nouvelles générations…Plastique quand tu nous tiens !!!
 
Photo 24 :
Dans le centre de l’île de Flores, culmine une merveille de la nature, le Kelimutu. Il s’agit d’un volcan dont le cratère est constitué de trois lacs de couleurs différentes. Pour les habitants, le Kelimutu est un volcan sacré, et la légende veut que les âmes des morts montent vers ses lacs. Celles des jeunes et des gentils rejoignent le lac turquoise, celles des vieux le froid lac brun, et celles des méchants le lac noir.
Marin, Olivier et Adélie prennent la pose devant le lac turquoise…