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De : Jangada
Envoyé : mardi 4 mai 2010 05:35
À : LARROQUE FAMILY
Objet : MESSAGE 16
JOUR 16 - Lundi 3 Mai - DERNIERE EDITION!!!Position du mouillage de Rikitea 23S07 et 134W58
DEVANT : o mille DERRIERE : 2889 milles DISTANCE TOTALE PARCOURUE : 2933 milles en 15,5 jours.
Voila, fin d'une jolie trajectoire oceanique... plus ou moins appreciee selon les membres d'equipage! Barbara a trouve cette traversee longue, dure, physique, eprouvante, mais elle l'a faite, or elle la redoutait. Bravo! Faudra pas lui en proposer des comme ca tous les matins quand meme... Marin et Adelie m'ont vraiment etonne, je ne les ai jamais vus se plaindre, ils ont ete nickel. Chapeau a mes petits. Adelie a enormement progresse en terme de gestion de son mal de mer, elle ne l'a pratiquement pas eu. Quant a moi, j'ai ete content de notre tableau de marche pendant les 8 premiers jours, malgre un relatif inconfort, mais j'ai trouve les jours sans vent qui ont suivi gonflants, je n'aime pas trainer en mer. Je suis evidemment content d'avoir amene notre voilier et son equipage a bon port, sans probleme. Jangada tire doucement sur sa chaine de mouillage devant le village de Rikitea, a Mangareva. La nuit nous a vus manoeuvrer a plusieurs reprises avec Marin, et nous sommes arrives pil poil avec le jour a notre waypoint d'atterrissage. La masse sombre des iles se devinait dans la penombre. Je me suis fait un petit cafe, ai allume un petit cigare, et Marin, que l'excitation de l'arrivee tenait eveille, m'a accompagne pour ce lever de rideau sur l'archipel des Gambier. Les princesses dormaient encore. Des qu'il a fait suffisamment jour, je suis monte a quelques metres de hauteur dans le mat, et j'ai vu que malgre ce vent d'est, la passe sud-est etait calme. Nous avons empanne, et fait route sur la passe. Comme prevu, le sondeur a amorce une remontee vertigineuse, passant de fonds de plus de 1000 metres a une douzaine de metres, en l'espace de 500 metres environ. Tout s'est bien passe. C'etait plaisant de voir les rayons du soleil levant, que nous avons amene avec nous aux Gambier ou il faisait defaut depuis 8 jours, caresser les lignes sommitales des iles verdoyantes qui grossissaient a vue d'oeil. A 20 milles pres, nous sommes a la limite des tropiques (23S07 pour 23S27 Tropique du Capricorne), et les pentes plantees de melezes plus que de cocotiers faisaient davantage penser a l'Ecosse qu'a la Polynesie... Navigation ventee dans le lagon, puis dernier affalage. Il a fallu ensuite scruter les alignements aux jumelles, les deviner, les identifier, les confirmer, puis les suivre de pres, car le lagon est peuple de cayes de corail. Puis, au detour d'un angle droit du petit chenal, le double clocher de l'eglise Saint- Michel est apparu, dans un ecrin de verdure. Nous avons encore serpente entre les balises, puis la zone de mouillage, juste devant le village tout en longueur de Rikitea, s'est ouverte. L'ancre est tombe dans le lagon, la chaine a fait tete, j'ai stoppe les moteurs, la centrale de navigation, le pilote automatique. Apres plus de 15 jours de cavalcade sur l'ocean (la ou j'en esperais 17/18, ne nous plaignons pas), notre voilier a retrouve son calme. Nous sommes arrives aux Gambier, a Mangareva, en Polynesie Francaise! Il n'y a pas de bistrot a Rikitea, mais Barbara et moi allons boire une Hinano a la sante de nos fideles lecteurs des Nouvelles du Pacifique Sud! Le petit quotidien s'arrete avec notre arrivee aux Gambier, mais d'ici quelques jours (car je n'ai pas pu rediger en mer) vous pourrez lire sur le blog www.voilierjangada.com le billet sur notre passage aux Perlas, et celui sur nos escales aux Galapagos.
Merci de nous avoir suivis, et a bientot pour d'autres aventures!
Olivier
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De : JANGADA
Envoyé : dimanche 2 mai 2010 22:06
Objet : MESSAGE 15
Attention: avant-derniere edition, inch allah!
JOUR 15 - Dimanche 2 Mai - Position a midi : 22S43 et 132W45
DEVANT : 120 milles DERRIERE : 2765 milles Distance parcourue en 24 heures : 194 milles
Proverbe du jour: " Chose promise, chose due: tout vient a point a qui sait attendre! "
Ia orana
Yeeeeeeeeeehhhhh! Veille d'arrivee a bord de Jangada! Eh oui, nous nous acheminons vers la fin de cette longue partie de haute mer! Demain, nous arrivons en Polynesie Francaise! Nous avons accroche l'alize, qui souffle de l'est a 20 noeuds. Malheureusement sous un ciel couvert et une mer grise, on se croirait en Manche... Mais cela va changer! Depuis hier soir, nous avons commence a ralentir, en prenant 2 ris dans la GV et en gardant pour la nuit juste un petit bout de toile a l'avant, car les calculs montraient que nous ne pouvions pas arriver ce soir, et des lors, pas d'autre choix que d'attendre le lever du jour suivant pour franchir la passe. On ne navigue pas de nuit dans ce genre d'endroit ou le corail regne en maitre. Sauf a faire naufrage. Nous reglons donc l'allure pour arriver Lundi a 06H00 du matin TU - 9 (17 heures francaises)au waypoint d'atterrissage ATTER de notre GPS, positionne a proximite de la passe sud-est d'entree dans le lagon. Situe a quelques 1700 kms dans le sud-est, le petit archipel des Gambier est le plus eloigne de Tahiti. Il a la particularite de se presenter sous la forme d'un seul grand anneau corallien d'environ 18 milles de diametre qui acceuille toutes les iles de l'archipel, soit 4 iles principales, Mangareva etant la plus importante. Essayons d'imaginer le deroulement probable des choses lors de notre arrivee.
D'abord, je sais que je ne vais pas beaucoup dormir pendant cette nuit d'atterrissage, que je vais passer dans le carre: il faut controler de pres la route sur le fond, et la vitesse, et corriger les deux autant que necessaire pour arriver a l'aube a proximite de la passe. Au prealable il faut parer le banc de la Minerve, a tribord, sur lequel il n'y a que 11 metres d'eau, alors qu'a cote les fonds sont de 2300 metres! La mer doit briser dangereusement sur cet eceuil que nous passerons de nuit sans le voir. Plus loin, sur babord, existe un atoll solitaire, inhabite, l'atoll de Temoe. On va le laisser dans le sud, et dans l'obscurite, a une distance de 5 milles de notre trajectoire. Il ne ferait pas bon y finir la nuit. Puis les premieres lueurs de l'aube dessineront progressivement un horizon autour de Jangada. Nous ne devrions pas etre alors a plus de 2 milles de notre waypoint d'atterrissage ATTER (atterrissage). Je chercherai a voir, par le travers tribord, la ligne de crete du Mont Duff, le sommet de l'ile de Mangareva, a 441 metres d'altitude, et a une distance de 20 kms environ. Malheureusement, le temps est plutot couvert en ce moment, et les nuances se font dans le gris, un peu comme ... en Bretagne, voyez-vous... Mais peut-etre aurons-nous du ciel bleu pour demain? Arrives au WP ATTER, nous mettrons le cap sur le WP ENTPASSE (entree passe sud-est), situe sur l'alignement d'entree de la passe. Avec Marin, nous chercherons a identifier la petite ile KAMAKA, dans le lagon, dont il faut mettre le sommet de 166 metres dans les etraves au 326. Des lors, nous ferons route sur la passe, avec le vent legerement sur l'arriere du travers tribord. J'enverrai Marin, sangle dans son harnais et sa chaise de mat, jusqu'au premier etage de barres de fleche, pour qu'il confirme la position de la passe, grace a l'absence de vagues deferlantes. Le GPS sera alors cale sur le WP LAG1 (lagon 1). Nous passerons en quelques centaines de metres de distance de fonds de plus de 1000 metres a des fonds de l'ordre de 10 metres dans la passe. Le sondeur va s'affoler lors de cette remontee vertigineuse sur l'accore du tombant, et le skipper va connaitre les petites decharges d'adrenaline que genere ce genre de situation... Des la passe franchie, la mer va se calmer, la houle restera dehors, le terrain de jeu sera plus plaisant. Une navigation d'une douzaine de milles a l'interieur du lagon prendra alors le relais de la navigation au large. Jalonnee par les waypoints LAG2 jusqu'a LAG6, elle laisse l'ile de MAKAROA et le motu TEIKU a tribord, les iles de TARAVAI et AGAKAUITAI a babord, et celle de AUKENA a tribord. Puis celle de AKAMARU, au-dela de laquelle on apercevra le motu tout en longueur de TOTEGEGIE, sur lequel a ete construite la petite piste d'atterrissage des Gambier. Au sud immediat de Mangareva, Jangada s'engagera dans le chenal balise qui permet de franchir le seuil d'AUKENA.
Apparaitra alors sur la gauche le petit village de Rikitea et le clocher de l'Eglise Saint-Michel. Sur la gauche toujours, un micro-chenal serpente entre les massifs coralliens, et permet de gagner la zone de mouillage des voiliers de passage naviguant au long cours, devant le village. Il faudra suivre un premier alignement au 263, puis un second au 302. Nul doute que les equipages des quelques voiliers presents auront quelques mots et gestes de bienvenue pour le nouvel arrivant, car si certains sejournent depuis longtemps en Polynesie, d'autres, comme nos amis d'Eglantine, arrives depuis quelques jours apres un sejour ecourte aux Galapagos, savent que la fin d'une traversee de 3000 milles est toujours empreinte d'un peu d'emotion! Il ne restera plus qu'a choisir l'emplacement au mouillage, a laisser tomber la pioche (l'ancre), a arreter les moteurs, la centrale de navigation, et le pilote automatique, et ... a s'embrasser, comme nous l'avons fait au depart, avant de sacrifier a la tradition, en piquant une tete dans le lagon (salto arriere apprecie) sous les ovations de l'assistance presente sur la zone! Il sera alors quelque chose comme 09H30 du matin a Mangareva, et 20H30 en France, lundi soir.
Allez, yapluka!
A demain, pour la derniere edition des Nouvelles du Pacifique Sud, en direct du mouillage de Rikitea, ile de Mangareva, archipel des Gambier, Polynesie Francaise!
Nana (au revoir en polynesien)
Olivier
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De : JANGADA
Envoyé : dimanche 2 mai 2010 03:38
Objet : MESSAGE 14
JOUR 14 - Samedi 1er Mai - Position a midi : 21S35 et 129W31
DEVANT : 313 milles DERRIERE : 2571 milles Distance parcourue en 24 heures : 157 milles
Proverbe du jour: " Aujourd'hui 1er Mai, pas de brin de muguet, pas de defile CGT, mais plus que 300 milles, et c'est dans le mille!"
Encore une journee de haute mer pas vraiment inoubliable... Nous avons exploite les rares risees qui se presentaient, la plupart generees par des lignes de grains. Nous avons surtout beaucoup escalade de montagnes d'eau, avant de redescendre dans des vallees marines, le tout dans un ordonnancement peu habituel dans nos contrees maritimes a nous. A certains moments, on devait pouvoir mesurer des creux de 6 a 7 metres, alors que le vent ne depassait pas 8 noeuds... Mais si ces creux peuvent etre impressionnants, ils ne sont nullement dangereux, et refletent simplement les dimensions d'un ocean qui en a sous le pied. Savez-vous que l'Ocean Pacifique a approximativement le double de la surface de l'Ocean Atlantique? Les mouvements du bateau etaient suffisamment violents hier soir pour que je choisisse d'affaler la grand-voile, qui envoyait de grandes claques dans le greement et la mature, par manque d'appui. La corne de la GV et sa latte forcee jouent a cet egard un effet tres negatif lorsque le vent est trop faible. Puis une petite brise de SE s'est levee vers 01 heure du matin, et nous avons renvoye, en conservant le moteur tribord en appui. Il a tourne toute la nuit. C'est toujours rageant de bouffer du gas-oil en plein ocean pour se propulser a 4 noeuds. Et puis il semble que notre strategie de descendre au sud de la route orthodromique pour y aller a la rencontre du vent a ete la bonne: apres une serie de grains et d'averses, ce qui ressemble a l'alize de SE a fait son apparition, ou plutot son retour, au lever du jour, d'abord a 8 ou 10 noeuds, puis a 15, puis a 20 noeuds. Et la, la piroque polynesienne rochelaise est repartie sur la route directe desormais au 249, a 8 bons noeuds de moyenne! Longtemps qu'on n'avait pas vu cela! Bonne option donc, mais il faut maintenant que cela nous emmene au bout! On croise les doigts...
A demain
Olivier
Merci a toutes celles et ceux, famille et amis, qui nous envoient des messages encourageants depuis le depart des Galapagos. La lecture chaque jour de ces billets en fin d apres midi est notre rayon de soleil de la journee. C est vous desormais qui me faites rever avec le printemps estival qui s installe en France, l arrivee des hirondelles, les journees qui rallongent, les herbes hautes dans les champs, les jardins fleuris et les piscines qui se remplissent. Profitez en bien, je vous embrasse.
Barbara
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De : JANGADA
Envoyé : samedi 1 mai 2010 02:59
Objet : MESSAGE 13
JOUR 13 - Vendredi 30 Avril - Position a midi 20S21 et 127W08
DEVANT : 464 milles DERRIERE : 2420 milles Distance parcourue en 24 heures: 126 milles
Proverbe du jour : "A fin de traversee difficile, bientot la vie facile!"
Eh oui, fin de traversee delicate pour Jangada. Meteo compliquee, vents forts et pluies sur les Gambier, mais ici, c'est le royaume des petits airs volages et ephemeres. Qui obligent a manoeuvrer souvent pour tirer la quintessence de quelques zephyrs capricieux. La mer, apres avoir ete belle, est redevenue chaotique. D'une facon particuliere que je ne connais pas a l'Atlantique. Je pense que la raison en est l'immensite de cet ocean qui voit se juxtaposer a sa surface des systemes meteo differents qui envoient les trains de houle qu'ils generent a des milliers de kilometres, la ou ces houles rencontrent a leur tour la mer du vent de systemes locaux, mer du vent a laquelle elles se combinent pour donner, souvent, une surface perturbee.
Cette nuit, un enorme grain de pluie s'est abattu sur nous: des trombes d'eau qui crepitaient sur le pont, et biensur, une visibilite nulle. Pendant une douzaine d'heures le vent nous a ensuite completement abandonnes. Nous en avons profite pour faire route sur les deux moteurs au 215 (surl'ile de Pitcairn ou vivent les descendants des mutines du Bounty), histoire de faire un peu de sud pour tenter de nous rapprocher du vent.
Mais cela suffira-t-il?
A demain
Olivier
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De : JANGADA
Envoyé : vendredi 30 avril 2010 03:03
Objet : MESSAGE 12
JOUR 12 - Jeudi 29 Avril - Position a midi 19S17 et 125W17
DEVANT : 587 milles DERRIERE : 2298 milles Distance parcourue en 24H : 132 milles
Proverbe du jour : " Patience! Patience! " (de plus en plus court)
Plus de 130 milles parcourus en 24 heures. Biensur c'est peu, mais je m'attendais a moins encore. Nous veillons la moindre risee, et adaptons aussitot la voilure et le cap au mieux pour parcourir quelque distance dans la bonne direction. Le temps est passe au grand beau, la mer est belle, les grains rares, la nuit de toute beaute. Mille etoiles et une lune incroyablement pleine qui nous accompagne tout au long de la nuit. Depuis que l'alize nous a quittes, biensur les poissons-volants du quartier survivent au passage du catamaran. Plus un seul sur le pont le matin, corvee de nettoyage en moins a l'aube. Les enfants sont gentils, je ne leur ai pas entendu un mot d'impatience. Aujourd'hui, ils ont invente sur le pont un "accrobranche des vagues". Ils ont cree 5 exercices avec des cordages et des poulies. Ils ont ecrit un reglement, etabli un tarif, tape tout ca a l'ordi puis imprime les documents, et ils y ont joue toute la journee. Je sens que cela ne va pas etre facile de leur faire demonter le bazar avant la nuit. Adelie a essaye de negocier: "Papa, pourquoi on ne peut pas laisser l'accrobranche en place pour la nuit?" "Tu sais, il peut y avoir des grains la nuit, et parfois violents. Alors non, on ne peut pas laisser tous ces cordages attaches au mat, a la bome, a l'etai, au bas -etai, on doit pouvoir manoeuvrer! Mais demain, je vous aiderai a le remettre en place."
A plus de 500 milles de l'arrivee, le chemin est encore long en l'absence d'un vent etabli.
A demain
Olivier
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De : FNRL Jangada
Envoyé : jeudi 29 avril 2010 02:18
Objet : MESSAGE 11
JOUR 11 - Mercredi 28 Avril - Position a midi 18S26 et 123W10
DEVANT : 718 milles DERRIERE : 2167 milles Distance parcourue/24 h : 143 milles
Proverbe du jour: "Vent faiblard de l'arriere, encore de la route a faire, ca fait pas nos affaires!"
Eh oui, seulement 143 milles, et 141 sur la route directe... Sanction numerique du vent merdique dont nous avons herite depuis hier. Il a fallu empanner plusieurs fois la voile d'avant, puis la GV, nous voila repasses tribord amure. Mais ou sont donc passes les alizes de sud-est? Devant nous sur les 700 et quelques milles qui nous separent de l'arrivee, les fichiers de vent que nous avons captes ne sont pas limpides: vents variables faibles. Pas bon pour le moral du Captain, qui prefere aligner de loin 200 milles par jour, surtout sur le dernier troncon du parcours! Et sur les Gambier, c'est quasiment un temps brestois en ce moment, avec un vent de pres de 30 noeuds, et une pluie battante...
A demain
Olivier
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De : JANGADA
Envoyé : mercredi 28 avril 2010 18:31
Objet : MESSAGE 10
JOUR 10 - Mardi 27 Avril - Position a midi : 17S19 et 121W00
DEVANT : 859 milles DERRIERE : 2026milles Distance parcourue/24h: 193 milles
Proverbe du jour: "Faut pas etre con, on n'aime pas le baston, mais la on est mal, le vent s'est fait la malle!"
A bord, nous sommes passes desormais a TU - 8, soit 10 heures de decalage avec la France. Nous devons encore changer deux fois d'heure avant notre arrivee aux Gambier. Hier apres-midi le temps est progressivement passe au grand beau, ciel limpide sans un nuage sur le bleu devenu profond du grand large. Le vent a continue a souffler gentiment grand largue toute la nuit, a une quinzaine de noeuds, nous assurant une vitesse moyenne de 8 noeuds environ. La nuit etait magique, tres etoilee, sans un grain. La Lune etait pratiquement pleine, la mer s'est lentement calmee. Ce matin, grand beau temps, mais le vent s'est fait la malle. Nous avons d'abord essaye le gennaker pendant 3 ou 4 heures, mais le cap nous emmenait trop sud, vers Pitcairn, l'ile des Revoltes du Bounty, ou j'aurais aime aller faire une petite visite, avec plus de temps. Le mouillage y est quasi impossible, car tres mal protege, et souvent, la relache doit se limiter a quelques heures inconfortables. Et puis, tres vite, nous avons remise le gennaker, affale la GV, qui commencait a battre, et envoye "John Deere", le spi symetrique qui tient du vent arriere au grand largue. Mais meme lui a eu tres vite bien du mal a tenir en l'air, et a regret, je lui ai adjoint en fin de matinee le moteur tribord au ralenti, histoire de voir 4 noeuds s'afficher au speedo, un peu au nord de la route directe...
Les previsions meteo annoncent un vent erratique devant nous, la jolie moyenne journaliere generale de Jangada depuis le depart des Galapagos va sensiblement chuter a partir de demain, et mieux vaut ne plus rever a une arrivee le week-end prochain!
Avantages: le calme est revenu a bord, plus de chocs, plus d'embruns, le soleil a tout seche, ce matin nous avons ouvert en grand les capots des cabines avant, fait de la lessive, et range le clipper.
Inconvenient pour les kids: la prof a ressorti les bouquins du CNED pour l'apres-midi...
A demain
Olivier
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De : JANGADA
Envoyé : mardi 27 avril 2010 02:47
Objet : MESSAGE 9
JOUR 9 - Lundi 26 Avril - Position a midi 15S43 et 118W09
DEVANT : 1048 milles DERRIERE : 1837 milles Distance parcourue/24H : 199 milles
Proverbe du Jour: "Qu'il est long, qu'il est loin ton chemin Papa, c'est vraiment fatiguant d'aller ou tu vas..."
(Vous vous rappellez les mots de cette chansonnette de Joe Dassin? Oui je sais je l'ai deja utilise, mais elle reflete bien les choses du moment!)
Nous n'en finissons pas de tracer notre sillage dans les couleurs changeantes des eaux du Pacifique: bleu profond quand le ciel est limpide et que le soleil brille, gris tristesse (la mer a alors un sale visage, que Barbara deteste, et ne regarde jamais) lorsque les grains nous rattrapent et nous tombent dessus. Les premiers grains font leur apparition en debut de nuit, les derniers vers 10 ou 11 heures du matin. En general, ils contiennent peu de vent. Nous les voyons se former de loin, au vent de notre position, puis ils mettent 30 a 45 minutes pour nous rejoindre. A l'avant du grain, le vent se renforce, d'une bonne dizaine de noeuds en general. Si nous avons deja 2 ris, cas frequent, je me contente de prendre quelques tours sur l'enrouleur de solent. Et quand les premieres gouttes de pluie viennent momentanement rincer le pont de Jangada, j'abats de quelques degres, au cas ou il se trouverait davantage de vent que prevu dans le grain. A plusieurs reprises chaque jour, et parfois la nuit, nous devons prendre un ris, ou le larguer, et parfois le reprendre a nouveau, et ainsi de suite. Chacun a son poste et son role bien defini pour cette manoeuvre que l'on commence a avoir decline quelques dizaines de fois. Allez, aujourd'hui, je vous fais le cours des Glenans, vous allez voir c'est tres chiant. Et je ne suis pas sur que tout le monde suive au fond de la classe...
Quand la decision a ete prise (je passe souvent au prealable 15 minutes a observer le vent, l'etat de la mer, le ciel, le comportement du bateau, avant de decider de la manoeuvre), un scenario toujours identique se met en place. La seule variante que je lui trouve, c'est lorsque nous renvoyons un ris en pleine nuit - cela signifie que le temps s'ameliore - nous nous demerdons du bazar a deux avec Marin, en laissant dormir nos princesses.
Avec Marin, nous enroulons completement le solent, en general c'est moi qui mouline la bosse au winch, et Marin choque l'ecoute. Le bateau ayant commence a ralentir, je debraye les 2 helices (embrayees en arriere sous voile pour stopper leur rotation)en mettant les commandes moteur en position neutre. Quand Jangada va trop vite (10 nds plus), je dois attendre qu'il ralentisse en venant dans le vent, les helices restant bloquees en arriere du fait de la vitesse. Puis je demarre les 2 moteurs, et les embraye au ralenti en marche avant. Je reconnecte les deux petits plots en inox de la barre a roue, debrayee lorsque le pilote automatique est en fonction, pour diminuer l'effort mecanique a fournir par le verin electrique. De la sorte, les drosses de barre sont a nouveau en prise. Mais nous sommes toujours sous pilote automatique. Marin va alors larguer la retenue de bome tournee a un taquet sous le vent au milieu du bateau. Marin, c'est mon voltigeur, il a pris du metier, et je suis fier de lui. Quand il faut prendre le risque d'aller se tremper les couilles vers l'avant, c'est souvent lui que j'envoie ... a ma place! Un infame privilege de l'age, mais rassurez-vous, sa Maman est toujours la pour pousser des Cot Cot Cot (eventuellement horiifies) qui flattent l'ego du pre-ado male en devenir... J'embraque alors la maneuvre au vent du charriot de grand-voile, en choquant la manoeuvre sous le vent, jusqu'a ce que le charriot ait regagne une position quasi centrale, legerement sous le vent. Ceci fait, Barbara entre en scene: elle prend la barre, debranche le pilote, met un peu de gaz sur les commandes moteurs, et commence a faire venir le voilier vers le lit du vent. Adelie est a son poste, invariable, immediatement a tribord du poste de barre, elle s'occupe de l'ecoute de grand-voile et du winch dedie. Vous vous doutez bien que je lui ai explique bien des fois ce qu'il fallait faire, et surtout ne pas faire, en particulier mettre ses petites menottes n'importe ou n'importe comment. Elle connait bien son job maintenant, mais je me garde toujours par securite la manoeuvre qui consiste a choquer l'ecoute en fin de prise de ris, qui peut presenter un risque.
Marin et moi gagnons le pied de mat, nos premiers regards sont pour les vagues, qui nous arrivent desormais de face, et dans lesquelles il arrive que les etraves plongent... Pour cette raison, nous manoeuvrons souvent nus en pied de mat, ou alors juste vetus d'un petit pagne de feuilles de pandanus que nous a offert Barbara (non, je deconne! mais j'aimerais bien). Nous ajustons la balancine au winch babord, puis Adelie souque l'ecoute de GV. Comme le vent couvre alors les voix fluettes, j'utilise mon registre le plus fort et le plus grave pour coordonner les gestes, et le maintien du voilier au bon cap. Vient ensuite pour moi la manoeuvre de la drisse de GV, toujours au winch babord de pied de mat, tandis que Marin, au winch tribord, gere les bosses de ris. La grand-voile, hisse ou affalee, doit etre etarquee au winch (la, c'est toujours moi qui m'y colle, il faut de ... l'energie! notre GV entierement lattee est dotee d'un joli rond de chute et d'une corne, comprenne qui pourra), puis la bosse du ris adequat doit subir le meme sort. Je monte alors toujours sur le toit du roof pour m'assurer que la poulis de bosse ne fait pas du hachis parmentier avec le tres beau tissu Hydranet de la GV... Il faut se cramponner aux raquettes de bome, arranger les plis, faire souquer la bosse par Marinou jusqu'a sa position de travail, et redescendre.
A partir de la, c'est presque gagne, Marin choque la balancine, met de l'ordre en pied de mat et regle les lazy-jacks, Barbara ralentit les moteurs et commence a abattre, je choque a nouveau la manoeuvre de charriot au vent en prenant soin d'arreter celui-ci 10 cms avant sa butee de rail, indication qui m'est donnee par Toudou Rose. Barbara remet le voilier sous pilote automatique au cap souhaite en verifiant la route fond effectivement suivie au GPS, et debraye les moteurs. Je rejoins Adelie au winch de GV pour choquer l'ecoute, Marin remet a poste la retenue de bome dans la position que je lui donne, puis je borde a nouveau l'ecoute. Il ne reste plus qu'a renvoyer le solent, Marin gere la bosse, tandis que j'embraque l'ecoute au winch. Souvent, nous ajoutons deux cordages supplementaires sur le point d'ecoute de solent, des barbers, qui permettent d'optimiser le reglage de la voile tout en l'immobilisant par une traction en trois directions. Au large, je deteste voir les choses bouger! Bon ben voila, on love les bouts, rien ne doit trainer sur le pont, on stoppe les moteurs, on embraye les helices en arriere, on debraye la barre manuelle, et on peut ... souffler!
L'ensemble du bazar a pris une dizaine de minutes...
Il ne reste plus qu'a constater les effets de la nouvelle configuration de voilure...
C'etait "Une manoeuvre de ris" a bord du clipper Jangada, dans l'immensite du Pacifique Sud, comme si vous y etiez!
A demain
Olivier
De : JANGADA
Envoyé : lundi 26 avril 2010 01:44
Objet : MESSAGE 8
JOUR 8 - Dimanche 25 Avril - Position a midi 14S17 et 115W07
DEVANT : 1244 milles DERRIERE: 1641 milles Distance parcourue/24H: 230 milles
Proverbe du jour: "Equipage secoue, paradis gagne!"
Aujourd hui c est dimanche, alors j ai mis une robe, concocte un flan a la tomate ( pas une idee lumineuse de mettre un truc liquide dans le four avec une mer bien agitee, mais il fallait briser la routine), et nous avons appele Mamina et Tomana par telephone satellite Iridium, et ca c est du plaisir avant, pendant et apres l appel!
Bon les conditions meteo je ne vous en parle meme pas, on prend les memes que toute la semaine ecoulee et on recommence. Mes yeux se portent le moins possible sur cette etendue bleue mais souvent grise furibarde, quand elle apprendra a se montrer plus aimable, je me ferai un plaisir d y porter mon regard, en attendant je l ignore...
Marin et Ade explosent tous les scores de leurs jeux de Nitendo DS, il faut dire qu ils ont des heures d entrainement au compteur. Olivier descend plus souvent dormir dans sa banette, c est qu il doit avoir une confiance absolue desormais en son equipage...non je rigole c est qu il est bien fatigue par sa creve et ses antibiotiques! Hier apres-midi nous avons croise un cargo, le "Hong Kong Delight". Il s'est deroute pour nous passer sur l'arriere. Olivier a converse quelques instants avec son commandant philippin. Parti du Chili, il faisait route sur le Japon avec un chargement de bois destine a faire de la pate a papier pour les nippons.
Barbara
De : JANGADA
Envoyé : dimanche 25 avril 2010 00:15
Objet : MESSAGE 7
JOUR 7 - Samedi 24 Avril - Position a midi 12S32 et 111W38
DEVANT : 1473 milles DERRIERE: 1412 milles Distance parcourue/24H: 205 milles LA MI-ROUTE DANS 3 HEURES, APRES 6 JOURS ET 22 HEURES DE MER!!! Belle performance pour notre catamaran...
Proverbe du jour: "Mieux vaut en rire... qu en pleurer"
Effectivement chaque jour depuis que nous sommes partis, on se dit, et ces satanes fichiers meteo nous le predisent aussi, que demain sera un jour meilleur, et finalement chaque jour les conditions tres inconfortables nous poursuivent comme la veille. Hier soir une enorme vague a explose contre la coque babord et des centaines de litres d'eau ont envahi le carre, et ce matin nous avons flirte avec les 18 nds de vitesse. Mais c est vrai qu aujourd hui a la vue des fichiers Ugrib ( meteo)qui nous assenaient les memes salades pour demain, c'est a dire soit disant du mieux, on a franchement ri. Surement que d avoir parcouru la moitie du chemin en moins d'une semaine nous met du baume au coeur et nous donne du courage.
Et puis personne n est malade, apres 9 mois de mer on est aguerri, on a de l appetit, on reussit a lire. Il y a de l amour dans ce bateau et des souvenirs qui se creent pour la vie!
Barbara
De : JANGADA
Envoyé : samedi 24 avril 2010 01:22
Objet : MESSAGE 6
JOUR 6 - Vendredi 23 Avril - Position a midi 11S01 et 108W36
DEVANT : 1677 milles DERRIERE: 1208 milles Distance parcourue/24H: 202 milles
Proverbe du jour: "Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, Papa! C'est vraiment fatiguant d'aller ou tu vas!"
C'est vrai, c'est pas encore gagne pour la quietude des Mers du Sud. Mais on est sur la bonne voie. Le vent est reste soutenu hier apres-midi et dans la nuit. Il a fallu prendre le 2eme ris vers minuit. Ce matin des grains, et une mer decidement confuse. Les filles ont fait leur grande nuit en bas, Marin et moi avons dormi dans le carre. J'ai passe toute la matinee dans la salle des machines babord a essayer de trouver pourquoi le groupe d'eau douce sous pression ne fonctionnait plus correctement. Demontages, remontages, essais, et toujours pas de solution. Demain, je vais me pencher sur son collegue, le petit ballon rouge, car je le soupconne d'etre le responsable. Hier, j'ai apercu sur la ligne d'horizon, entre deux grains, la silhouette d'un thonnier senneur. A part le catamaran americain que nous avons double 36 heures apres notre depart, et ce thonier, nous n'avons vu personne. Dieu, que l'Ocean Pacifique est grand! De l'eau a perte de vue, que d'eau!que d'eau! Le vent a adonne en fin de matinee, comme nous nous y attendions: nous devrions aller vers des jours meilleurs. Je vais peut-etre mettre une ligne a l'eau aujourd'hui.
Bon week-end!
Olivier
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De : Jangada
Envoyé : vendredi 23 avril 2010 00:35
Objet : MESSAGE 5
JOUR 5 - Jeudi 22 Avril - Position a midi (loc) 09S24 et 105W33
DEVANT : 1877 milles DERRIERE : 1012 milles Parcourus/24H : 192 milles
Proverbe du jour: "Une hirondelle ne fait pas le printemps "
Hier apres midi a bord de Jangada, c'etait ambiance refuge de haute montagne, tous terres dans le carre, cales par les coussins pour amortir les chocs, dehors ca piaulait et a l interieur malgre tout, tous ensemble, un sentiment de calme et de securite. Dehors, les elements rugissaient et dedans le temps s'egrenait. Nous avons atteint le tiers de la traversee.
Ce matin le vent est momentanement passe davantage sur l arriere, ca souffle encore bien, mais ca tape beaucoup moins, la mer reste formee. Du coup grand nettoyage et rincage a l eau douce, car la mer puissante de ces derniers jours avait penetre partout et sali coussins, vetements, sols, serviettes...
Olivier est fatigue par un coup de froid, de la fievre, et des nuits de veille cumulees. Mais il recupere vite.
Allez je vais preparer un bon dejeuner, c'est important pour le moral, un enorme calamar a atterri sur le trampoline tribord cette nuit, en entree ce sera parfait.
Ensuite une bonne sieste pour le Capitaine, le Cned en revanche n est pas encore a l ordre du jour...
Et alors que je termine mon billet, le vent repasse bien a l avant du travers, tout le monde sur le pont, on reprend un ris dans la GV, et on rentre le gennaker vite fait. Les previsions meteo nous annoncent encore au moins 24h00 de conditions difficiles ...
Barbara
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De : Jangada
Envoyé : jeudi 22 avril 2010 01:36
Objet : MESSAGE 4
JOUR 4 - Mercredi 21 Avril - Position a midi (loc) 07S53 et 102W43
DEVANT : 2068 milles DERRIERE : 816 milles Parcourus/24H : 213 milles
Proverbe du jour: " Pacifique? Vous avez dit pacifique?"
A bord de Jangada, l'equipage courbe l'echine, en attendant des jours meilleurs, promis dans 48 heures et 400 milles, mais pas avant... Le vent souffle par le travers a 28/30 nds, le Pacifique a des creux de 4 a 5 metres. Le lagon des Gambier se merite... GV a 2 ris, petit torchon a l'avant, vitesse en baisse 8,5 a 9 nds pour diminuer l'impact des paquets de mer. Il ne fait pas bon trainer sur le pont, copieusement submerge. 25 poissons-volants sur le pont ce matin... On philosophe, on s'accroche, il faut laisser passer. Les enfants ne se plaignent pas, ils sont formidables. Je passe toutes les nuits dans ma niche de veille, sous le roof, ce qui me permet d'etre sur le pont immediatement, mais j'ai la creve, de la fievre, j'ai attrape froid! et cela ajoute a l'inconfort du moment! Depuis 2 nuits, Adelie et Barbara dorment dans notre couchette a babord, bien au chaud et a l'abri des paquets de mer. Je prefere. Marin et moi dormons dans le carre. Je me leve une douzaine de fois par nuit. Le pilote marche bien. Nous avancons sur la route directe, c'est bien aussi. Secretement, je commence a me dire que la mi-route en 7 jours, c'est pas gagne mais c'est encore jouable, et c'est incroyable, non? Je sais que la deuxieme partie sera moins ventee, et donc plus longue, mais je me prends a rever de ne mettre que 17 a 18 jours pour entrer dans le lagon des Gambier?
Les marins sont superstitieux, ils n'aiment pas trop les pronostics d'arrivee... alors, on verra bien.
En attendant, tenir, et laisser passer.
Olivier
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De : Jangada
Envoyé : mercredi 21 avril 2010 00:10
Objet : MESSAGE 3
Traversee Galapagos - Gambier : 3000 milles d'ocean!
JOUR 3 - Mardi 20 Avril - Position a 12H00 (TU - 6) 06S12 et 099W36 -
DEVANT : 2284 milles DERRIERE : 604 milles Distance parcourue/24H: 216 milles -
Proverbe du jour : "Allez, hauts les coeurs, mine de rien on a deja fait du chemin!"
Forcement la Polynesie ca se merite...mais la c est quand meme un peu hardos les conditions depuis notre depart. Ce matin Olivier est venu me voir au petit reveil apres avoir pris les fichiers meteo en m'annoncant une "bonne nouvelle" : "Ma cherie, plus que quatre jours a ce regime la, mais on avance vite..." quatre jours quand on est secoue comme dans un shaker, je vous assure que c est long!
Il parait que tout cela s oublie vite et je veux bien le croire. Les enfants sont zens, ils lisent livres sur livres et j' admire leur stoicisme et leur bonne humeur. Hier apres midi un bidon de detergent s'est renverse dans toute la coursive tribord, aspergeant nos reserves de choux et de pamplemousses entre autre, on a tout rince, seche, pourvu qu ils soient encore comestibles. Tout le flotteur sent le destop!
Barbara
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De : Jangada
Envoyé : mardi 20 avril 2010 00:09
Objet : MESSAGE 2
JOUR 2 - Lundi 19 Avril - Position a 12H00 (TU - 6) 04S28 et 096W26 -
DEVANT : 2502 milles DERRIERE : 387 milles Distance parcourue/24H: 243 milles -
Proverbe du jour : "Aujourd'hui c'est lundi, le vent a forci, nous avons pris des ris, des tours dans le solent aussi, et c'est reparti!"
Ola!Ola! Ca va vite, tres vite a bord de Jangada Express! 243 milles en 24 heures, plus de 10 noeuds de moyenne depuis hier midi... Mais ca bouge et ca mouille! Le vent reel est 10° sur l'arriere du travers, mais le vent apparent 15° sur l'avant, et ce petit detail n'a pas echappe a la patronne... 22/24 nds de vent, le speedo n'a guere quitte les 10 nds, allant parfois jusqu'a 12. Mais la mer est toujours tres agitee, confuse, ca tient du champ de mines. Jangada laboure le Pacifique! Vivement le calme du lagon des Gambier! Euh c'est encore loin! Un premier ris pris vers 02H00 du matin avec Marin, puis un 2eme a midi. Le gennaker a regagne son coffre au petit jour. Nous allons trop vite pour pecher. Ce matin, au lever du jour, une voile a l'horizon, un peu au vent! Nous avons serre l'alize muscle pendant 1 heure, puis avons fondu sur la proie en abattant a nouveau au cap. C'etait un catamaran battant pavillon americain, "Dream Caper", un Belize 43, avec des californiens a bord, qui faisaient route sur les Gambier. Partis 12 heures avant nous d'Isabela, ils ont deja disparus dans le sillage. Je leur ai promis un comite d'acceuil a Rikitea. La nuit a ete nefaste pour les nurseries de poissons volants et de calmars: il a fallu faire 3 tournees de nettoyage sur le pont, des que le catamaran fait route avec le vent sur l'avant du travers, c'est l'hecatombe...
Ce matin les enfants m'ont surnomme Captain Banana, je me suis tape tout le regime (une bonne centaine) de bananes a couper en rondelles, les 2 cocottes-minutes du bord nous mijotent a present des confitures.
On ne verra pas beaucoup Barbara sur le pont aujourd'hui, elle attend des jours meilleurs...
Olivier
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De : Jangada
Envoyé : lundi 19 avril 2010 00:09
Objet : MESSAGE 1
JOUR 1 - Dimanche 18 Avril - Position a midi (loc) 2S21 (lire 02°21' Sud) et 92W59 (lire 092°59'W).
DEVANT: 2742 milles DERRIERE: 146 milles Parcourus: 147 milles
Proverbe du jour: "Au revoir la terre, Dimanche en mer, a nous le grand air!"
Ola! Ola! Deja pres de 150 milles parcourus sur la route directe des Gambier, au 239. Nous avons profite d'une rotation du vent au 110 pres des Galapagos, mieux que sud-est donc, pour hisser les voiles, hier vers 17H00. Les hauteurs volcaniques d'Isabela se sont progressivement estompees dans le couchant. Souvent, les voiliers preferent appareiller le matin, mais cela ne me derange pas de commencer par une nuit en mer. Le vent etait faible au depart, une petite dizaine de noeuds, nous avons conserve le moteur babord en marche jusqu'a 22HOO, d'une part pour degonfler le reservoir de GO babord, qui avait joyeusement deborde lors du remplissage par syphonnage des futs amenes par une lancha, mais aussi pour fabriquer 400 litres d'eau douce avec le dessalinisateur, nos deux reservoirs etant pratiquement vides au depart. Le vent est monte a 12/13 nds jusqu'au matin, il souffle maintenant a 15/16 nds. Grand-voile haute et gennaker bleu a poste depuis le depart. Ciel bleu peu nuageux, mais mer agitee et desordonnee. Vitesse comprise entre 7 et 9 nds. Le Capitaine est content, c'est un bon debut de traversee. Les previsions sont favorables pour les 5 jours a venir, vent est-sud-est 15/20 nds. Cela devrait nous permettre de suivre la route directe a bonne allure. Vers 09H00 ce matin, la canne babord a ploye severe, le moulinet a devire a grande vitesse, le cliquet a fait monter l'adrenaline de l'equipage masculin, mais le temps d'enrouler le gennaker et de lofer, ce gros client s'etait fait la malle... Il nous a laisse le leurre et un hamecon proprement redresse!
Barbara et moi avons des ampoules aux pieds, consequence de notre randonnee d'avant hier dans les laves d'Isabela, quant aux enfants, ils se remettent d'un mega coup de soleil contracte hier en jouant pendant des heures avec 6 autres enfants francais sur une ravissante petite plage de sable clair d'Isabela.
Aujourd'hui, tout le monde a l'ombre!
Bon Dimanche, et a demain!
Olivier
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"Comme on arrête pas le progrès, je me suis fait installer la dernière version du logiciel Themis
développé par CLS pour visualiser tout ce qui peut être intéressant dans nos domaines d’activités :
surveillance environnementale, gestion des ressources marines , sécurité maritime…
Le logiciel a été utilisé de façon opérationnelle lors du dernier Vendée Globe et du trophée Jules Verne.
A 10H00 TU le 19, Jangada naviguait avec 16 nœuds du 120 dans une mer à 27 °C avec des creux de 2,40 m.
Le vent devrait monter dans les 20 nœuds sur les prochains jours et une arrivée aux Gambier dans 15 prochains jour
est possible mais le vent va mollir sur la fin.
A confirmer par le Captain car évidemment, ma grenouille peut se tromper…
A+
Louis Mesnier"
De : Jagada
Envoyé : samedi 17 avril 2010 23:15
À : LARROQUE FAMILY
Objet : MESSAGE 0
JOUR 0 - Samedi 17 Avril - Appareillage d'Isabela. Position mouillage 00°58'Sud et 90°58'Ouest
DEVANT: 2889 milles DERRIERE: 0 milles
Proverbe du jour: "Qui veut voyager loin menage sa monture."
Ola Ola!
Dernieres courses a terre ce matin, a Puerto Villamil, le village de l'ile d'Isabela, aux Galapagos. Prendre les 4 pains commandes a la boulangerie, le dernier sac de linge chez la lavandiere, et depenser les derniers dollars en fruits et legumes qui vont vite se faire rares a bord. Il reste un demi-sac d'oranges de Panama, le regime de bananes achete au marche de Santa Cruz il y a quelques jours, et 5 pamplemousses delicieux de ... Mangareva !!! qui nous ont ete donnes par un convoyeur italien qui y a fait une breve escale en venant de Tahiti. Puis se connecter une derniere fois a Internet a l'Albatros, echanger les e-mails, et prendre le fichier de vent sur U-grib.
Le plein de gas-oil a ete fait ici avec des bidons amenes par une lancha, 2 US dollars le gallon. J'ai frotte la carene pour qu'elle glisse bien dans l'eau, localise le point d'impact du tronc d'arbre que nous avons heurte en venant de Panama, juste dans l'axe du flotteur tribord a 20 cms sous la flottaison, mais c'est solide a cet endroit la, pas de souci. Hier, pour la premiere fois, c'est Marin qui est monte a ma place en haut du mat faire l'inspection d'avant traversee dans le greement, RAS.
Il restera juste a saisir impeccablement l'annexe sur les bossoirs, et a relever le mouillage.
Et puis, nous prendrons le large, nous serons en fin d'apres-midi ici, a TU - 6, soit 8 heures de decalage avec la France.
Allez, cap au large! En route pour les Gambier! Bon week-end!
Olivier
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De : Jagada
Envoyé : samedi 17 avril 2010 23:15
À : LARROQUE FAMILY
Objet : MESSAGE d'ANNONCE
MESSAGE d'ANNONCE
Allo Allo? Do you receive me, over?
Message de l'equipage du voilier Jangada, actuellement au mouillage d'Isabela, Iles Galapagos.
Bonjour a tous!
Voila, notre sejour aux Iles Enchantees (Galapagos) se termine. Apres la relation (detaillee, non?) de notre franchissement du Canal de Panama, vous recevrez, des notre arrivee a Rikitea, sur l'ile de Mangareva, dans l'archipel polynesien des Gambier, la relation de notre passage aux Iles Perlas (Panama), puis celle de notre sejour aux Galapagos. J'ai une putain de collection de portraits d'iguanes (photos), vous risquez l'overdose! Nous allons reprendre le large, le grand large meme, Samedi soir 17 Avril. Pas moins de 3000 milles d'ocean au bas mot (soit 5556 kms!)nous attendent avant de voir emerger les montagnes de l'ile de Mangareva, entouree de son atoll dans lequel nous penetrerons par la passe sud-est.
Pour vous associer a notre traversee du Pacifique sud-est, nous allons tout faire pour vous envoyer un message par jour (relatant la journee de la veille) grace a notre emetteur radio BLU et au systeme Sailmail. Ce message sera envoye a notre web-master Vincent, qui s'efforcera de le "forwarder" par e-mail a son listing (abonnez-vous!)le jour meme si possible, mais vous le retrouverez sur le blog peu de temps apres.
Ce sera, nous l'esperons, un petit rayon de soleil dans votre journee!
Votre deuxieme quotidien regional sera intitule "Les Nouvelles du Pacifique Sud", et comportera systematiquement chaque jour la distance restant a parcourir sur la route directe (appelee par abreviation DEVANT)pour rejoindre le waypoint enregistre "Lagon 1" sur notre GPS, le premier apres le franchissement de la passe sud-est du lagon des Gambier; la distance deja parcourue sur la route directe (appelee par abreviation DERRIERE); et la distance effectivement parcourue sur l'ocean lors des dernieres 24H00, dont le total sera forcement plus grand que la distance sur la route directe.
Puis vous aurez droit au proverbe du jour, qui refletera l'ambiance de la derniere journee passee, ou la preoccupation du moment, inutile donc de vous prevenir qu'il ne sera pas forcement academique, ni genial...!
Puis le texte du message suivra, quelques lignes par jour.
Les photos ne sont pas transmissibles en mer, il vous faudra attendre notre connection Internet a l'arrivee.
Souvenez-vous, avec le systeme Sailmail, nous avons droit a 90 mn de transmission radio par semaine, apres la ligne est coupee! Donc petit rappel: envoyez-nous des messages frequemment (on adore!), mais plutot courts, 5 a 10 lignes maxi, sans accentuation, ca beugue. Surtout pas de PJ! Et n'utilisez surtout pas la fonction reponse (qui nous renvoie notre propre message avec le votre, la c'est la cata, ca nous bouffe du temps de transmission pour rien!), faites un nouveau message a chaque fois! OK?
Ce soir pour nous, notre balise Argos va faire route, j'espere au 239 route directe, mais ca c'est moins sur. Vous pouvez suivre notre progression geographique mise a jour plusieurs fois/24 H sur Internet grace aux satellites et a la Societe CLS Argos! Renseignez-vous aupres de Vincent!
Portez-vous bien, et a tres bientot avec "Les Nouvelles du Pacifique Sud"!
Jangada's Captain and Crew.
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Pour info : petits messages de Jangada avant le grand départ de la 2ème Grande Traversée !
Avec une petite rectification tout de même sur le message d'Olivier : je vous envois en copie cachée à tous ce premier message (vous êtes actuellement plus de 180 inscrits), mais ensuite j'essaierai de les mettre tous les jours sur le blog : www.voilierjangada.com
En effet, certains d'entre vous ont des adresses "pro" et je ne voudrai pas vous "inonder" chaque jour …par contre je ferai tout de même un petit mail systématique de rappel en fin de semaine.
Bonne semaine à tous !
Vincent
