lundi 30 mai 2011

Billet N°108 : Escale à Port Sandwich, île de Malekula

du Jeudi 19 au Mardi 24 Mai 2011.
Texte : Barbara Photos : Olivier

Une fois Timothée accueilli à l’aéroport de Port-Vila, ainsi que trois jours plus tard son 2ème sac qui s’était égaré au cours du voyage Paris-Londres-Bangkok-Sydney-Port-Vila, une fois aussi les visas obtenus au consulat local pour nos futures escales en Papouasie-Nouvelle-Guinée dans quelques semaines, nous quittons Port-Vila , capitale du Vanuatu, pour nous rendre à Malekula, deuxième île par sa taille de l’archipel.

Nous jetons l’ancre au petit matin dans la baie très abritée de Port-Sandwich à proximité du village de Lamap, où comme à l’accoutumée au Vanuatu nous sommes accueillis avec beaucoup de gentillesse par les habitants.

Parmi eux, il y a Roch qui aime les livres et qui a une bibliothèque particulièrement bien fournie. Il échange volontiers ses livres avec les bateaux de passage. Je n’échangerai finalement pas mais je lui en offrirai une bonne quinzaine. Cela m’émeut de trouver cette bibliothèque inespérée à Port-Sandwich et de rencontrer son propriétaire amoureux des livres. Je ne veux pas ponctionner ses étagères. Et puis j’ai largement de quoi lire encore à bord. Olivier qui fait la chasse au poids sur le bateau est satisfait du deal…

Roch présente malheureusement une cataracte sur les deux yeux, ce qui l’handicape considérablement pour lire. En octobre il doit aller à Port-Vila, où une équipe d’ophtalmologistes indonésiens doit venir pour soigner les yeux malades des Ni-vanuatu. Roch espère alors recouvrer la vue.

Il y a également Didier et son petit fils Julien, dont il est si fier. Il faut dire que Julien est malin et espiègle comme tout. C’est Didier qui, outre notre guide de navigation qui mentionne lui aussi des accidents, nous confirmera qu’il ne faut malheureusement surtout pas se baigner dans la baie de Port-Sandwich, où vit un grand requin qui a déjà attaqué deux enfants qui y ont tous deux laissés la vie, ainsi que des pirogues, qui portent les traces des attaques de l’animal. Toute la population vit avec cette contrainte, c’est en effet le seul rivage où l’on ne verra pas les enfants s’amuser dans l’eau.

Il y a aussi la femme de Didier, Marcelline, qui nous préparera le lap-lap, plat de base au Vanuatu.

Une fois de plus, cette escale aura été riche en rencontres et en découvertes.

Le Vanuatu est un archipel qui, s’il n’offre pas des plages de sable banc et des lagons translucides de cartes postales, est habité par un peuple ô combien attachant dont on se souviendra longtemps, à bord de Jangada, comme faisant partie des plus belles rencontres de notre voyage..
Reportage en photos de l’escale à Port-Sandwich, sur l’île de Malekula, au Vanuatu.
Barbara


Photo 1 :

Bien trop rares sont les bateaux inter-îles au Vanuatu. Les îles semblaient mieux desservies avant l’indépendance. Aujourd’hui les îliens profitent souvent des voiliers de passage pour se rendre d’une île à l’autre.

Voici une exception à la règle, cette goélette vient ravitailler le village de Lamap, à Malekula.


Photo 2 :
Une jolie rivière, du nom de Murder River (l’équipage d’une frégate française s’y est fait massacrer…) se jette dans la Baie de Port-Sandwich. Nous remonterons son cours au milieu de la végétation luxuriante. Adélie ne quitte plus sa fronde, fabriquée par Jonas et assemblée par Joseph d’Erromango. Elle atteindra rarement ses cibles, les petits oiseaux sont trop rapides pour elle.


Photo 3 :
Au retour de la balade, Marin sur le kayak se fait tracter par l’annexe. Attention à ne pas tomber, de gros requins rôdent dans la baie…


Photo 4 :
L’habitat sur le chemin du village de Lamap situé à l’entrée de la baie. Les cases traditionnelles y sont encore largement majoritaires, noyées dans des écrins de verdure. Ici dans ce village de Malekula, les cochons sont excessivement nombreux, signe de richesse. Ils vivent en liberté dans le village, font de gros dégâts dans le sol, et obligent alors les villageois à cultiver leurs jardins fort éloignés de leurs cases, parfois jusqu’à deux heures de marche du village.


Photo 5 :
Les habitants de Malekula tirent encore quelques revenus de la fabrication du coprah (chair de noix de coco séchée à l'air libre).



Photo 6 :
Adélie, Timothée, Olivier et Didier. Bientôt à la tombée de la nuit, les hommes vont aller boire ensemble le kava. Ici comme dans la majorité des villages que nous avons visités, le chef interdit le kava aux femmes.


Photo 7 :
Voici Julien, le petit fils de Didier. Ce sont ses grands parents qui l’élèvent. Ses parents sont partis travailler à Port-Vila. Julien arbore une polaire de Jangada, trop petite pour Marin puis pour Adélie. J’apprécie l’idée qu’elle sera encore utile pour les enfants du village.


Photo 8 :
Voici le lap-lap préparé par Marcelline, la femme de Didier. C’est le plat de base des Ni-vanuatu. En revenant des jardins, les femmes rapportent des fagots de bois sec et des paniers remplis de fruits et de légumes. Etalées sur des nattes, des feuilles de bananiers passées brièvement sur le feu pour être assouplies, servent de récipients. Les ignames, taros et bananes sont soigneusement râpés, modelés en galettes rondes enrichies parfois de morceaux de porc ou de poisson.


Photo 9 :
Les feuilles de bananiers savamment pliées garantissent l’étanchéité de chaque paquet solidement maintenu par un lien végétal. Elles sont ensuite placées au milieu du foyer puis recouvertes entièrement de pierres volcaniques chauffées à blanc. Puis le tout est recouvert d’une couche de grandes feuilles sur lesquelles est jetée de la terre. Cela formera un dôme pour permettre une cuisson à l’étouffée de plusieurs heures.


Photo 10 :
Une fois cuit et découvert, le lap-lap est arrosé de lait de coco fraîchement pressé. Ce plat savoureux est particulièrement nourrissant.

Photo 11 :
La table est dressée, le plat est servi, nous sommes conviés à partager ce repas traditionnel.


Photo 12 :
Le soleil ne brille malheureusement pas tous les jours au Vanuatu, beaucoup de pluie et de grains violents dans cette partie ouest de l’océan Pacifique, encore à cette période de l’année, bien que théoriquement la saison des pluies soit terminée. Mais cela n’altère pas la joie de Timothée, Marin Adélie qui se sont retrouvés récemment, après une longue année de séparation.