vendredi 19 août 2011

Billet N°119 – Sur la piste des dragons …de Komodo !

Du Mardi 19 au Lundi 25 Juillet 2011 –

Par Olivier


J’ai le souvenir que, lorsque nous étions enfants, ceux et celles de ma génération ont tous entendu parler à l’école des fameux varans de Komodo. En cours de sciences naturelles, et en cours de géographie. C’était incontournable. Leur découverte remontait alors, pour le monde occidental, à quelques dizaines d’années seulement.  Cet animal à l’allure préhistorique avait tapé dans l’œil et retenu l’attention des scientifiques, des journalistes, et aussi, à n’en pas douter, des responsables de l’élaboration des programmes scolaires du primaire et du secondaire. Depuis, je dois confesser que, si l’existence des varans ne m’avait pas échappé, le positionnement sur la carte de l’Indonésie des îles de Rindja (ou Rinca) et de Komodo, où vivent essentiellement les fameux varans, était redevenu pour moi un tantinet  nébuleux…

Jusqu’à il y a de cela quelques semaines, en fait jusqu’à ce que je passe quelques heures devant l’écran de mon ordinateur à étudier les cartes d’ un parcours possible pour Jangada dans l’archipel des petites Iles de la Sonde, Nusa Tenggara.

Alors tout redevint limpide.

Il n’était pas décemment possible pour des marins comme nous avides de découvertes et jamais fatigués d’un détour de passer à proximité des ces îles plutôt arides, sans aller à la rencontre de cet animal légendaire.

Au fur et à mesure que nous approchions de l’extrémité occidentale de l’île de Florès, je songeais à identifier  sur les cartes marines quelques mouillages propices à notre dessein.

Nous étions sur la piste des oras, les célèbres dragons de Komodo !



Le 18 Juillet, venant de l’est, nous atteignons un minuscule archipel ‘une dizaine de petits îlots éparpillés à quelques dixièmes de  milles de la côte nord de Florès : les Seventeen Islands. Qui ne sont ni 17, ni le paradis que décrivent les guides indonésiens. Nous nous faufilons à vue entre les bancs de corail et trouvons un abri pour la nuit sous le vent d’un de ces îlots, qui ont la particularité, comme tous les rivages indonésiens (sauf ceux nettoyés pour cause de tourisme intensif, comme certaines grandes plages de Bali), d’être jonchés de détritus de toutes sortes, en plastique de préférence.

Brève promenade à terre, nos pas s’efforçant de tracer un sillage sinueux entre les amers-polymères de ce siècle moderne et pas toujours joli joli. Un petit tour en annexe dans ce micro-archipel nous indique qu’on y amène depuis le mainland quelques rares touristes courageux sur une plage à peu près propre, elle. Toujours la même. Et la seule à bénéficier d’un nettoyage. Les embarcations locales s’y amarrent pour quelques heures, toutes au même endroit, et les premiers clients offusqués ont du finir par faire comprendre aux opérateurs locaux que s’ils payaient cher leur excursion sur cet îlot vendu comme étant paradisiaque, ce n’était pas pour partager leur après-midi avec une brosse à dent usagée, une bouteille d’huile de palme vide, 2 tongues en fin de vie, un tube de crème oublié, et 3 canettes de soda remplies de sable. Alors désormais, les propriétaires des barcasses tiennent cette plage propre, business oblige, mais il ne faudrait surtout pas que les touristes demandent à aller bronzer sur la plage d’à côté! Ils seraient surpris !

Bref, en Indonésie, l’écologie n’est pas encore à l’ordre du jour, alors que le business l’est tout à fait. Un classique des pays en voie de développement.

Nous appareillons sans regret le lendemain matin à l’aube pour Labuanbajo, une bourgade haute en couleurs positionnée au nord-est du détroit tumultueux qui sépare Florès de Komodo.

L’aurore suivante, celle du 20 Juillet, nous voit approcher de Seraja Besar, une petite île qui marque l’entrée du Selat Linta. Nous passons à vue entre un reef de corail et la côte, et découvrons les embarcations locales de pêche, à deux balanciers, différentes de celles de l’est de Florès. Labuanbajo est le premier centre touristique indonésien que l’on rencontre lorsqu’on arrive de l’orient. Non pas qu’il y ait foule dans les rues de ce village, non. Mais un petit aéroport bien positionné et des liaisons maritimes régulières entre Florès et les autres îles situées à l’ouest en font la porte d’entrée la plus utilisée par les voyageurs souhaitant se rendre à Florès depuis Bali par exemple. La plupart des goélettes de charter, souvent équipées pour des croisières-plongée, en ont fait également leur port d’attache, ou bien y font escale, tant le détroit est propice à cette activité. Et puis bien que située sur Florès, Labuanbajo constitue l’accès le plus aisé, via les nombreuses embarcations qui sillonnent le détroit, au Parc National de Komodo, qui s’étend sur les deux îles proches de Rindja et Komodo, ainsi que sur une multitude de petites îles avoisinantes. Cet ancien village de pêcheurs, qui a gardé un certain charme, vit principalement aujourd’hui du développement du tourisme. Les clubs de plongée y sont légion, et les îlots proches ont vu pousser depuis quelques années d’ inévitables bungalows les pieds dans l’eau. Nous ne resterons que deux heures à Labuanbajo, le temps de passer au marché local pour l’approvisionnement en frais, et de trouver un bar italien branché dans lequel, miracle, existe une bonne connection wi-fi. Vite, nous appareillons pour une baie tranquille, quelques milles plus au sud, Nisa Purung. A l’ouvert de cette petite baie, un fort courant s’engouffre dans l’étroit selat qui sépare l’île de Rindja de celle de Florès.

Lorsqu’on arrive dans le Selat Linta, on a l’impression de naviguer dans la baie d’Along, mais avec des eaux plus agitées. Une multitude d’îles et d’îlots habillent l’horizon, éparpillés çà et là au gré des  caprices de la volcanologie. Ces îles, peu habitées, arides et semi-désertiques,  offrent à l’œil des paysages de savane et de mangrove. Elles sont, le marin s’en aperçoit vite, baignées par les eaux les plus tumultueuses d’Indonésie. Même le (méchant) Capitaine Bligh, encore lui, l’avait signalé en son temps. Il était passé par le Selat Linta  du sud au nord en 1789, sur la route de Batavia, après avoir repris des forces à Kupang et ré-armé un petit cotre qui avait succédé à la chaloupe de son récent exploit maritime. La convergence de courants chauds et de courants froids, conjugués aux courants de marée, perturbés et souvent accélérés par la présence des nombreux îlots du détroit, donne naissance à de violents remous, à des zones d’intenses tourbillons, et à des vagues déferlantes qui rendent la navigation délicate dans le selat, mais sont particulièrement propices à la vie sous-marine. L’environnement nutritif très riche de cette région y attire de nombreux animaux marins, parmi lesquels de nombreux dauphins, requins, raies mantas et baleines. La prolifération des coraux et la qualité de l’eau du détroit, résultantes on l’aura compris non pas du souci écologique des riverains mais de l’efficacité de la machine à laver naturelle qu’est le selat, font de cette région l’un des plus beaux sites de plongée sous-marine au monde. Pour l’équipage de Jangada, un impératif s’impose : il nous faut naviguer avec les courants, qui peuvent parfois atteindre 6 à 8 nœuds, et non pas contre eux.  C’est ainsi qu’il m’est arrivé de devoir prendre parfois  … 60° de dérive pour arriver à bon port !

L’île de Rindja abrite quelques 1100 dragons, contre 1300 environ à Komodo. Rindja, plus facile d’accès que sa voisine, est aussi plus fréquentée. Les varans y sont plus faciles à observer, à commencer par ceux, légèrement dénaturés, mais très photographiés, qui ont pris l’habitude de rôder autour des cuisines du camp du PHKA. A Komodo, plus isolée, plus sauvage, et très sèche, leur habitat est immense, et ils sont plus difficiles à observer. Les sentiers ne manquent pas, mais il est normalement interdit de s’y promener sans l’accompagnement d’un guide du Parc National, armé d’un long bâton fourchu, car les attaques de varans contre l’homme, même rares, ont fait plusieurs victimes.

L’animal, en bon prédateur qu’il est, analyse très vite le rapport des forces en présence lors d’une situation donnée, et il en tire tout aussi rapidement les justes conclusions qui s’imposent. Très bon observateur, il saura tirer avantage, essentiellement par l’effet de surprise et la rapidité de son attaque, de la moindre défaillance constatée dans la vigilance des autres êtres vivants, qui sont ses proies : buffles d’eau, cerfs, chevaux sauvages, sangliers et cochons sauvages, singes et chèvres. Parfois aussi, des chiens imprudents. Un peu plus tard, nous en aurons la preuve grâce à une anecdote malheureuse survenue à  l’équipage d’un splendide catamaran américain, quelques jours avant notre passage. Bien que les attaques des oras contre l’homme soient rares, mieux vaut se souvenir, lorsqu’on part sur ses traces, que le varan, comme tous les prédateurs, est avant tout un opportuniste. Le dernier accident remonte au 4 Juin 2007. Ce jour-là, près du village de Kampung Komodo, un dragon attaque un garçon de 8 ans, qui décèdera des suites d’une hémorragie massive. Le dernier humain à s’être sorti in extremis d’une attaque de varan est un garde du Parc National, attaqué récemment par un dragon alors qu’il travaillait dans son bureau, au campement du PHKA de Rinca. Transporté d’urgence par avion à Bali, il s’en est sorti grâce à des injections massives d’antibiotiques, car la morsure du varan est très infectieuse, et même plus que cela - venimeuse !!!- , d’après une découverte scientifique récente. Des chercheurs de l’Université de Melbourne ont mis en évidence, en 2005, le caractère auxiliaire venimeux de la morsure du varan. Ils ont observé les symptômes habituels de la présence de venin après la morsure : œdème, troubles de la coagulation sanguine, extension périphérique de la douleur, ainsi que la persistance de ces symptômes communs à la morsure des serpents venimeux pendant plusieurs heures.

Eh oui, la morsure du dragon, en sus d’être salement infectieuse, est aussi venimeuse !

Charmant animal…

Mais la découverte tardive par le monde occidental de l’existence des lézards géants de Komodo est assez surprenante. Cependant des rumeurs persistantes relatives à l’existence dans cette région des Indes néerlandaises de créatures préhistoriques féroces, pourvues d’énormes griffes, de dents redoutablement acérées et d’une incroyable langue jaune, circulaient depuis longtemps. Les locaux connaissaient évidemment depuis toujours l’existence des oras. Deux pêcheurs de perles hollandais, Kock et Aldegon, faisant escale dans les îles du détroit, seraient tombés nez à nez avec le « monstre ». Les pêcheurs apprennent alors des insulaires que les oras sont suffisamment puissants pour s’attaquer aux buffles d’eau et qu’à l’occasion, attaquer un homme ne leur fait pas peur. La rumeur enfle. A peu près à la même époque, deux évènements particuliers surviennent. Nous sommes en 1910. Un pilote hollandais, qui convoyait un appareil du Timor vers Java, avait été contraint, suite à une panne de moteur, d’amerrir en catastrophe à proximité de l’île de Komodo, au relief accidenté. Il mentionna sur son rapport d’accident que les pêcheurs locaux qui l’aidèrent à regagner la terre ferme l’avaient mis en garde contre le danger que présentaient les oras, capables, disaient-ils, d’avaler un sanglier d’un coup. Il put observer l’animal de loin, en compagnie de ses sauveteurs, avant d’être ramené à Florès, d’où il rejoignit Djakarta. Par ailleurs, d’autres pêcheurs hollandais, qui commençaient à fréquenter régulièrement les eaux poissonneuses du Selat Linta, rapportèrent le même genre de propos alarmants au gouverneur de la région, le lieutenant Van Steyn Hensbrock.  L’administration coloniale hollandaise véhicula alors les premières informations relatives à l’existence de lézards géants sur les îles de Komodo et de Rindja. A partir de 1912, la présence des dragons de Komodo fut révélée officiellement au monde occidental lorsque Peter Ouwens, conservateur du musée zoologique de Bogor à Java publia un article sur les oras après qu’il eût reçu du lieutenant Hensbrock une photo et la peau d’un animal tué à l’appui du rapport du gouverneur. La communauté scientifique internationale fut stupéfaite ! Le varan de Komodo allait devenir une star du monde animal. Une expédition eût lieu à Komodo en 1926, conduite par l’américain Douglas Burden. Elle en revint avec 12 animaux naturalisés et 2 vivants. C’est elle qui généralisa l’appellation de dragons de Komodo, attribuée depuis à ces animaux,  étonnants à plus d’un titre. Après sa découverte par les occidentaux, de nombreux scientifiques, et de non moins nombreux chasseurs trafiquants s’intéressèrent aux dragons, pour leur plus grand malheur. Le prix d’un dragon naturalisé atteignit des sommets. Les massacres amenèrent les autorités coloniales hollandaises, devant le nombre limité d’individus présents sur les îles, à en interdire la chasse et à en limiter les prélèvements pour raisons scientifiques. L’intermède de la deuxième guerre mondiale permit aux varans de se reproduire et les études reprirent dans les années 50, et surtout 60, permettant une meilleure connaissance de l’animal. Cependant, celui-çi conserva certains secrets de son métabolisme bien particulier jusqu’à une période très récente. Le dragon de Komodo est une espèce vulnérable aujourd’hui totalement protégée, dont il existerait environ 3 à 4000 individus à l’état sauvage, vivant sur certains îlots du détroit de Linta (Gili Motang, Gili Dasami, ), sur l’extrême ouest de Florès, et principalement sur les îles de Padar, Rinca et Komodo. Mais il n’existerait au total que 350 femelles reproductrices dans la population des varans. L’intense activité volcanique de la région, les tremblements de terre et tsunamis, la perte d’habitat par le feu, la diminution du nombre de proies disponibles, le braconnage et l’exploitation touristique ont contribué ensemble à la mise en danger de l’espèce. Le Parc National de Komodo a donc été créé en 1980, et les dispositions prises depuis semblent porter leurs fruits. Le nombre des oras est à nouveau en augmentation.

D’un poids de 70 à 150 kg pour les adultes et d’une longueur courante de 2 à 3 mètres, le varan de Komodo (varanus komodoensis) est le plus grand lézard au monde. Sa taille inhabituelle pour un lézard est attribuée au « gigantisme insulaire », une forme de développement due à l’exclusivité de sa position au sommet de la chaîne alimentaire locale, exclusivité protégée et perpétuée par l’insularité de son habitat. Il est doté d’une excellente vision (300 m) et d’un odorat extrêmement développé, qui lui permet de repérer des proies, et des charognes, à plusieurs kilomètres de distance. Malgré son allure relativement pataude, le varan est plutôt agile. Il peu courir rapidement sur de courtes distances (ce que nous avons pu constater), il sait nager bien qu’il n’apprécie guère l’eau, et il grimpe aux arbres, surtout lorsqu’il est petit, où cette aptitude est pour lui une question de salut, les mâles, par ailleurs charmants, étant volontiers cannibales avec leurs petits… Ses quelques 60 dents cannelées, pouvant atteindre 2,5 cm de longueur, sont régulièrement remplacées, comme chez certains requins, et ses mâchoires sont particulièrement puissantes. Ses 4 pattes robustes sont pourvues chacune de 5 orteils terminés par de longues griffes courbes, particulièrement acérées. Sa queue, aussi longue que le reste du corps, constitue une arme puissante dont le varan se sert pour assommer certaines proies. Lors de l’attaque, le varan se dresse souvent sur ses pattes arrière, prenant appui sur sa queue, ce qui lui permet de placer sa morsure à un endroit vital du corps de sa victime, souvent la gorge ou l’abdomen. Pour les proies de taille limitée comme les chèvres ou les singes, le varan vise la colonne vertébrale, qu’il parvient à briser d’un seul coup de gueule. Ces caractéristiques font de lui un véritable tueur. Pour ajouter à sa légende, la salive du varan est souvent teintée de son propre sang, car ses dents sont presque entièrement recouvertes d’un fin tissu gingival, conçu pour se déchirer lorsque l’animal s’alimente. Cette caractéristique crée un milieu biologique idéal pour le développement d’une multitude de souches bactériennes qui colonisent en permanence la gueule du varan, et qui sont libérées au moment de la morsure… Ingénieux, non ? La langue du varan est remarquable. Pouvant atteindre 50 cm de longueur, elle est profondément fourchue et d’une intense couleur jaune orangé. Le varan, comme la plupart des autres reptiles, utilise sa langue dès qu’il se déplace pour capter les stimuli gustatifs et olfactifs de son environnement. Le corps du varan est recouvert d’écailles ossifiées, dont certaines sont munies de plaques sensorielles innervées. Ovipare, le varan a des capacités reproductrices étonnantes lorsqu’il se trouve, pour son plus grand malheur, en captivité. Capables de parthénogenèse, les femelles peuvent parfois pondre des œufs viables en l’absence de fécondation par un mâle (ben merde alors…). L’accouplement a lieu en Juillet, et la femelle pond en Septembre environ 20 œufs dont l’incubation dure 8 mois. Les varans utilisent les nids abandonnés, à même le sol, des mégapodes (une espèce de dindon locale), qu’ils agrandissent en se les appropriant. L’éclosion a lieu en Avril, une période où les insectes sont très abondants. Commence alors la lutte des petits lézards pour la vie. Obligés de se protéger des adultes mâles, qui les dévorent sans état d’âme, les petits varans passent environ cinq années dans les arbres, à manger des insectes, des geckos et des oiseaux. Quand ils sont menacés par des adultes, ils se cachent dans les viscères d’animaux morts, ou bien s’enduisent de déjections, un stratagème particulièrement efficace tant les varans adultes en ont horreur. Jusqu’à ce qu’ils atteignent 1 mètre de longueur environ. Exclusivement carnivore et charognard, le varan vit une cinquantaine d’années à l’état sauvage. Il est d’humeur solitaire et a une activité diurne, mais de préférence aux heures fraîches, matin et soir. Il a en toute circonstance un comportement de prédateur, imprévisiblement agressif et attaché à son territoire, n’ayant jamais peur d’un combat, ce qui le rend dangereux. Sa morsure est toujours infectée, et si la mort survient parfois rapidement des conséquences hémorragiques de la morsure, elle vient souvent en plusieurs jours (parfois une quinzaine) de l’infection septicémique généralisée occasionnée par la blessure de ses mâchoires. Capable d’avaler d’un trait une chèvre, un cochon ou un singe, le varan s’attaque aux cerfs, nombreux sur ces îles, et également aux buffles, sa plus grosse proie. La technique du varan est alors l’embuscade, et l’attaque surprise, au cours de laquelle l’animal se contente d’une morsure de sa proie. Il attendra alors pendant des jours que les bactéries mortelles injectées dans la chair de sa victime produisent l’infection généralisée qui la conduira invariablement à la mort. En se contentant de la suivre à distance grâce à son odorat particulièrement affûté, le varan attendra l’affaiblissement de sa proie pour l’achever et la dévorer. Son métabolisme particulièrement lent lui permet de ne se nourrir qu’une fois par mois en moyenne. En fin de digestion, les varans rejettent par régurgitation les cornes, les poils et les dents de leurs proies, le tout entouré d’un mucus malodorant.

Ainsi va la vie des dragons de Komodo…

Après avoir étudié les mœurs de l’animal, passons aux exercices pratiques. Travaux dirigés d’abord (avec un guide du Parc national pour nous accompagner), avant les figures libres (l’équipage de Jangada légèrement armé face au dragon en liberté dans la nature) ; ces dernières se révèleront, de loin, les plus intéressantes.

Nous nous rendons sur l’île de Rinca, dans la baie de Lehok Buaja. Au fond d’une petite anse étroite où nous jetons l’ancre se trouve le campement du PHKA, Sok Kuas. Plusieurs embarcations à touristes, venues de Labuanbajo, sont amarrées au petit ponton de bois. Nous débarquons et croisons aussitôt notre premier varan, de taille moyenne, assoupi sous les frondaisons à quelques mètres du sentier qui mène au camp. Des singes déambulent dans les sous-bois. Parvenus au campement du Parc National, nous nous acquittons du droit d’entrée, pas donné, mais qui autorise aussi la visite de Komodo. Démarche de toute façon indispensable pour que nous puissions par la suite aller mouiller incognito dans les petites criques sauvages de Rinca et Komodo. Et ainsi partir, seuls, sur la piste des dragons !

Le paiement du droit d’entrée entraîne celui d’une visite d’une heure, accompagnée par un guide, dans la savane entourant le campement. Le guide se présente, sympathique et jovial, armé d’un long bâton fourchu, et nous explique que le « dragoon » étant un animal sauvage qui bouge en permanence, rien ne garantit que nous en apercevions un, et a fortiori plusieurs, lors de notre petite visite guidée. En attendant, il nous montre les 5 ou 6 varans semi apprivoisés qui ont pris la mauvaise habitude de se contenter des restes de la cuisine du camp. Ils se laissent approcher sans difficulté à quelques mètres, mais moi qui apprécie tant la nature à l’état sauvage, je suis déjà déçu et rêve d’un demi-tour express. Le petit sentier qui se faufile dans les sous-bois de la savane de Rinca ne nous permettra d’apercevoir aucun varan ce jour-là, seulement des nids délaissés à cette saison, quelques empreintes et quelques déjections. Apparemment, il n’est pas venu à l’idée des agents du Parc National de Komodo qu’un ou deux pisteurs partant en repérage le matin pouvaient assurer pour les visiteurs une observation quasi sûre de l’animal dans son environnement naturel, surtout si un petit point d’eau (une simple mare, où viendraient naturellement boire toutes les proies habituelles du varan) était aménagé à quelques centaines de mètres du campement. La seule idée qu’avait eu l’administration du parc a consisté, pendant des années, à Komodo, à attacher chaque jour à heure fixe une malheureuse chèvre à un piquet à un endroit connu des dragons, toujours le même, de telle façon que les visiteurs (installés dans un bungalow surélevé et sécurisé) puissent assister à la « prédation » des tueurs. Après  quelques centaines d’évanouissements de vieilles dames horrifiées, appuyés par l’afflux régulier de lettres de visiteurs scandalisés, et l’intervention d’associations écologistes, l’administration de la réserve naturelle a du renoncer à regret à cette pratique, qui avait néanmoins l’avantage d’assurer un minimum de spectacle… Aucune autre idée géniale, peut-être plus proche des lois de la nature, n’a à regret semblé germer depuis dans l’esprit des responsables du PHKA. Nous laissons les touristes au bar du campement, la plupart devront se contenter de photographier les dragons affectés aux cuisines, et nous rentrons à bord, bien décidés à aller voir les varans à l’état sauvage un peu plus loin, et dans d’autres conditions. Nous allons mouiller dans l’anse voisine de Lehok Kima, devant une petite plage sauvage dénommée Toro Tingkor.

Notre première expédition à terre, chaussés et armés (un gourdin de teck, un piolet de randonnée, et deux bâtons) ne donne rien. Nous repérons cependant des empreintes de cervidés, et des colonies de singes qui vivent dans la mangrove, en bordure du rivage. Cette première promenade dans les hauteurs arides de Rinca, dans les herbes folles et sous un soleil de plomb, nous permettra d’apercevoir 4 ou 5 cerfs et quelques macaques.  Nous nous rendrons en annexe sur une autre plage de la baie, au joli sable ocre, découvrirons les ruines d’un ancien campement du PHKA, verrons là encore quelques singes et cervidés, qui détaleront à notre approche, mais pas de tueur en embuscade. La star locale restera invisible. A l’évidence, elle se mérite. A l’aube du 22 Juillet, toujours le premier à me lever avec le jour (l’un des plaisirs simples dont je ne me lasse pas au cours de ce tour du monde), j’aurai la surprise d’assister à une véritable procession simiesque sur la plage, à quelques dizaines de mètres du bateau. Des dizaines de singes, toutes générations confondues, déambulent joyeusement sur la plage, avant d’aller se cacher pour la journée dans l’épais feuillage des palétuviers.

Il faut trouver un coin à varans, loin des agents du parc et des touristes, avec un bon mouillage. J’étudie la carte de Rinca, et déniche une intéressante baie à plusieurs anses profondes, sur la côte ouest de l’île : Lehok Ginggo. Aucune piste terrestre ne semble y mener, et plusieurs mouillages semblent possibles à cet endroit. Pour s’y rendre, pas le choix, il faut affronter les flots tumultueux du Selat Linta, par l’un des deux bras principaux du détroit..

Le 23 juillet, nous levons l’ancre et sortons de la baie au moteur, à l’heure adéquate pour se laisser porter par le courant. Les deux Volvo ronronnent dans les remous portant au sud. Nous voilà dans la grande machine à laver du selat, emportés à plus de 8 nœuds par les tourbillons inquiétants. Nous changeons de veines de courants, peinant parfois dans un flot contraire. Dans ce cas, la solution est l’esquive latérale. Nous parvenons devant l’entrée tourmentée  de Lehok Ginggo, et dès que nous nous enfonçons de quelques encâblures dans la baie, le calme revient. Aux jumelles, je scrute les lieux. Avant de jeter l’ancre, nous faisons un tour complet de la baie, et nous finissons par dénicher l’un des plus beaux mouillages de notre voyage. Très protégé, dissimulé dans un petit bras de mer, il nécessitera de s’y reprendre à deux fois pour jeter l’ancre précisément au bon endroit, et d’assurer la tenue du bateau par une longue aussière passée à terre à l’arrière, capelée sur une roche acérée de corail mort.

Une fois la manœuvre terminée, nous soufflons, heureux de la découverte de ce site insolite. Je lève les yeux. Dans le ciel plane un aigle pêcheur. La baie de Lehok Ginggo offre de multiples anses propices à l’habitat des varans. Les proies potentielles s’y révèleront nombreuses. Les dragons ne peuvent plus nous échapper… !

Nous resterons deux jours mémorables cachés à Lehok Ginggo, et vivront là de grands moments, forts en émotions … animalières !

Dès la deuxième expédition de l’équipage de Jangada version indonésienne de Tartarin, le succès est au rendez-vous. Nous marchons en file indienne dans la savane ombragée, à une centaine de mètres de la plage, et tombons soudain nez à nez avec un varan de 2,50 mètres, aussi surpris que nous. Il s’arrête, nous fixe droit dans les yeux, nous observe, nous compte, aperçoit nos gourdins, et décide finalement de modifier son plan de route. Il bifurque vers les fourrés ! Mon Nikon à la main, je l’y suis, mais il maintient la distance, malgré mes tentatives pour la réduire. Parfois, il se met à trotter de son allure préhistorique, ne me quittant jamais du regard de ses pupilles rondes. Je serai obligé de l’abandonner dans les sous-bois, contraint de marcher comme lui à quatre pattes.

Nous découvrons non loin de là, plus tard dans l’après-midi, une mare d’eau douce alimentée par une résurgence. Nous nous approchons silencieusement et découvrons que deux énormes buffles d’eau s’y baignent avec délectation. Nul doute que tous les animaux du coin viennent boire à cet endroit. Du coup, les varans sont forcément de la partie. Il doit y en avoir d’autres dans le quartier, et des gros. Nous relevons à proximité des empreintes de cerfs, de sangliers. En revenant vers la plage et l’annexe, nous croisons un cochon sauvage, noir, qui s’enfuit en trottinant. Pas de doute, nous avons découvert un très bon spot. Nous décidons de revenir le lendemain, à l’heure préférée de la chasse des dragons, la fin de l’après-midi. Et, cette fois, de nous mettre en embuscade.

En allant prendre l’affût, nous apercevons plusieurs dragons dans les herbes hautes. Nous rejoignons sans un bruit le petit torrent asséché en aval de la mare, et nous asseyons sur de grosses pierres rondes. Pas vraiment dissimulés, mais immobiles et silencieux, le gourdin sous la main, prêts à nous enfuir si la situation tournait mal pour nous… Cette fois, un seul buffle se prélasse dans l’eau. Seule sa tête et ses cornes dépassent de la surface. Mais, très régulièrement, il les immerge complètement, restant en apnée pendant de longues secondes, puis expirant bruyamment l’air de ses poumons. Ces animaux adorent patauger dans l’eau, et c’est pour cela qu’ils sont encore largement utilisés dans les rizières. Occupé à ses ablutions, le buffle ne semble pas nous avoir vus.

Quelques minutes plus tard, j’entends un léger froissement de feuilles sur la droite, puis un autre. Les sons se font progressivement plus précis. S’arrêtent quelques secondes, puis reprennent. Pas de doute, un animal approche. Mais lequel ? Suspense. Je fais signe à chacun de ne pas bouger, de ne pas faire le moindre geste, pas le moindre bruit. Les enfants ont du mal. Ils n’ont pas été élevés à la campagne, n’ont jamais chassé à l’affût !  Ils prennent visiblement sur eux, mais c’est surtout l’appréhension qui leur fait respecter la consigne ! Soudain, entre deux arbustes, à dix mètres de nous, apparaît un gros varan, qui avance lentement. Il s’arrête de temps à autre, hume l’air, mais ne semble pas nous avoir vus. Il a repéré depuis longtemps le buffle dans la mare, et cherche à l’approcher. Lentement, il descend dans le lit asséché du petit torrent, à découvert. Il est à moins de 5 mètres de nous, impressionnant. Il regarde le buffle, qui le regarde à son tour, apparemment sans inquiétude, en continuant ses jeux d’eau. Ce face à face, sans doute quotidien, entre les varans et les buffles, est pour nous fort en émotions. Je tente une image ou deux, mais aussitôt le dragon nous repère, s’arrête, nous observe, surpris. Courage, courage, soyons prêts à fuir, mais ne bougeons pas ! Visiblement, il n’apprécie pas de se retrouver entre le buffle et nous, deux proies potentielles certes, mais deux dangereux ennemis aussi. Contrarié, il traverse le lit du torrent, grimpe sur la petite berge, et s’enfonce dans la forêt. Mais quel spectacle, ce face à face !

Nous laissons passer quelques longues minutes, échangeant nos émotions. Bientôt, nous entendons un bruit de pas lourds dans les fourrés, un bruit de branches écartées, de feuilles froissées. La tension monte. Les sons se rapprochent encore, certains songent à la fuite. Mais c’est trop tard. Personne ne bouge. Soudain, un énorme buffle apparaît dans les branchages. Il s’apprêtait à rejoindre dans la mare, pour leur bain du soir, ce qui doit être sa compagne, mais il nous a senti. Il tourne vers nous son énorme tête surmontée  de puissantes cornes, et nous voit. Il doit être à une quinzaine de mètres. Il s’arrête, nous regarde droit dans les yeux, et j’avoue que c’est alors pour nous un moment impressionnant. Nous n’en menons pas large. Soudain, il émet un grognement sourd, fait demi-tour et disparaît dans les fourrés. Je n’ai pas touché à mon appareil, je n’ai pas osé. Aussitôt, l’autre buffle sort bruyamment de l’eau, se hisse lourdement sur la berge  boueuse, et disparaît  à grand bruit dans les feuillages.

Fin de la séquence vie sauvage !

L’équipage se remet de ses émotions, les commentaires vont bon train. En revenant vers la plage, nous croisons encore deux dragons, évoluant lentement sur le sable chaud. Je parviendrai à en approcher un très lentement, avec beaucoup de patience, sans aucun geste brusque, à moins d’un mètre. Toujours sur mes gardes, attentif au moindre signe en provenance de l’animal, car je sais que l’attaque surprise est le stratagème préféré de la bête. J’obtiendrai ainsi quelques bonnes images.

Plus tard, à Bali, une anecdote nous sera racontée. En escale à Rindja, l’équipage d’un superbe catamaran américain, un Gunboat 66, dénommé Sugar Daddy , que nous avons déjà croisé à Tahiti, et à bord duquel nous irons boire ultérieurement une délicieuse Bintang glacée, assistera à un épisode assez peu sympathique. Les propriétaires du beau voilier, accompagnés par un couple skipper-hôtesse, Morgan et Cheryl, voyagent autour du monde en compagnie de leur petit chien , un Jack Russell adorable. Ce jour-là, ils ont une mauvaise idée. Ils débarquent avec le toutou, trop ravi d’aller se dégourdir les pattes sur le rivage. Ils croisent un varan, indolent, l’observe, le photographie. Le petit toutou a même envie d’aller titiller la bébête, ça ne se fait pas, on l’en empêche. Puis la ballade reprend, et là, une seconde d’inattention, et c’est le drame. Le varan a lancé son attaque surprise, saisi le gentil toutou entre ses terribles mâchoires, et commence à l’avaler tout cru. Les pierres lancées à l’animal par le skipper n’y feront rien, le petit chien sanguinolent disparaît dans la gueule du monstre, c’en est fini de la promenade. Et du toutou, aussi.

Nous abandonnons à regret notre mouillage de rêve de Lehok Ginggo, et entreprenons de traverser le Selat Linta par le sud de Padar. Marche en crabe de rigueur, traversée laborieuse.

Nous mouillons quelques heures sous le vent de la petite île de Lassa. Nous visitons le seul village de l’île de Komodo, Kampung Komodo : un village de pêcheurs musulmans, qui habitent des maisons surélevées construites sur pilotis. Sur le pas de leur porte, des hommes âgés sculptent des petits varans de bois qui seront vendus aux touristes de Labuanbajo. Le village me rappelle certaines favellas brésiliennes. Des grappes de gamins s’accrochent à nos pas, en criant « Hello, Mister ! », les seuls mots d’anglais qu’ils connaissent.



Nous allons mouiller pour la nuit dans un coin tranquille de la baie de Soro Lia, à l’écart du village. Nous apercevons, dans la savane environnante, un véritable défilé de cervidés : des dizaines d’animaux évoluent lentement dans les herbes hautes et sèches. Plus près de nous, des cochons noirs sauvages profitent de la marée basse pour retourner de leur groin la vase de l’estran, où ils s’empiffrent de coquillages. Au petit matin, j’aperçois une petite pirogue montée par un homme seul, coiffé d’un chapeau. Son manège est curieux. En l’observant attentivement, je m’aperçois qu’il sert de rabatteur à un autre homme, qui lui se trouve à terre, dissimulé dans les herbes hautes. Des braconniers, dont les rangers du PHKA nous ont dit qu’ils n’étaient pas rares dans le parc national de Komodo, où le gros gibier abonde.

Une dernière randonnée à Komodo nous permettra d’apercevoir quelques beaux specimen de dragons, dont l’un, un mâle, avec des yeux étonnamment clairs, qui aurait pu être un héros de bande dessinée.

Nous avons aimé approcher, seuls, les varans de Rindja et Komodo.

Nous levons l’ancre au matin du 25 Juillet, cap au nord, vers Sumbawa et Lombok.

A la sortie du selat, nous croisons un grand catamaran à voiles, d’une vingtaine de mètres de longueur, battant pavillon portugais, échoué sur un récif corallien. Comment a-t-il fait pour se mettre sur le reef ? Mystère. Navigation de nuit peut-être. Cartographie électronique imprécise, aussi. Peut-être les deux conjuguées. Nous l’appelons avec insistance en VHF, pas de réponse. Des silhouettes s’activent sur le pont. Une embarcation indonésienne est amarrée à couple. Les opérations de déséchouement sont visiblement en cours. Personne ne demande notre aide. La mer est calme, il fait beau. Il se remettra en eau avec la prochaine marée.



Alors, nous faisons route à l’ouest, vers les contreforts du maître incontesté des lieux, le Tambora.



Olivier
Photo 1 - Marin au poste de vigie, à l'approche de Labuanbajo, île de Florès, Indonésie.

Photo 2 - Embarcation de pêche de l'ouest de Florès.

Photo 3 - Dans les rues de Labuanbajo, Florès.

Photo 4 - Au marché aux poissons de Labuanbajo.

Photo 5 - Des fruits et des légumes pour la cambuse de Jangada!


Photo 6 - La mosquée de Labuanbajo.


Photo 7 - Sur l'île de  Rindja, nous entrons dans le parc national de Komodo.


Photo 8 - Quelques signaux d'avertissement balisent les sentiers...

Photo 9 - Ces lieux arides ont un maître incontesté, le dragon de Komodo!

Photo 10 - Et d'ailleurs, en voilà un!

Photo 11 - Et là, un autre!

Photo 12 - Jangada au mouillage de Toro Tingkor.

Photo 13 - Un varan en chasse dans les fourrés de Rindja.

Photo 14 - La posture de chasse préférée du varan de Komodo...

Photo 15 - Attentif, immobile, il attend, pour bondir, l'erreur de sa proie.

Photo 16 - L'équipage de Jangada sur les traces des dragons de Komodo, à Rindja!

Photo 17 - Adélie descendrait-elle du singe, bonne question...

Photo 18 - Les nids des varans, à même le sol, à Rindja.
Photo 19 - Jangada au mouillage de Lehok Ginggo.

Photo 20 - Excréments de varans.

Photo 21 - Portrait de jeune varan, à Rindja.

Photo 22 - Portrait, suite

Photo 23 - Les empreintes de l'ora, sur le sable.
Photo 24 - Les ablutions du buffle, le soir, à Rindja.

Photo 25 - Face à face avec un bel animal, dans la savane de Rindja.

Photo 26 - Mouillage de rêve à Lehok Ginggo.

Photo 27 - Après la sieste, la chasse.

Photo 28 - Démarche préhistorique pour le grand lézard...

Photo 29 - Une orchidée de l'île de Komodo.

Photo 30 - Attention à baisser la tête sur les sentiers de Komodo...

Photo 31 - Varan dans un pierrier, à Komodo.

Photo 40 - Dans les ruelles de Kampung Komodo, à Komodo.

Photo 41 - A Kampung Komodo (1).

Photo 42 - A Kampung Komodo (2)

Photo 43 - A Kampung Komodo (3)

Photo 44 - A Kampung Komodo (4)

Photo 45 - Reportage animalier à Komodo!
Photo 46 - L'ora le plus dangereux, un grand mâle.

Photo 47 - Avec sa blessure de combat...

Photo 48 - Il me regarde d'un drôle d'air, là, non...

Photo 49 - C'était SUR LA PISTE DES DRAGONS, un reportage de l'équipage de Jangada!