2ème partie : la famille de Robinson…
Par Barbara
C’est sûr et certain, je quitterai le cœur vraiment gros l’île de Maupiti…
D’abord parce que notre séjour en Polynésie française touche à sa fin, et surtout parce qu’à Maupiti le bonheur est incontestablement dans le pré…enfin dans le lagon !
Maupiti est un condensé de tout ce qui m’a tant séduite, touchée et émue, dans les îles de Polynésie.
L’île est si paisible et si jolie, elle vit au rythme des arrivées des bateaux et de l’avion.
Le mode de vie semble être le même depuis des lunes, on pêche, on cultive le tiaré, le tarot, et on ramasse les cocos, les papayes.
Les farés (maisons) et les jardins sont toujours impeccablement tenus.
Un poste à essence, une épicerie, un dispensaire, l’OPT (la poste) et la mairie.
Il y a quelques voitures mais très peu en comparaison des autres îles, la route circulaire ne fait que 10 kms. A Maupiti on circule surtout à vélo, ou à pied, et tout un chacun qui se croise, se salue d’un « Ia Orana » (bonjour) franc et direct, sourire à la clef.
Quand on se promène à terre, d’un côté la luxuriance de la végétation, de l’autre le bleu turquoise du lagon (où les raies manta se meuvent avec grâce), quand on lève la tête, la falaise de basalte.
Nous avons fait de jolies ballades, assez escarpées, mais la récompense était toujours à la hauteur de l’effort fourni, quand on admirait du sommet le lagon à 360°, et au-delà, l’océan à perte de vue.
Ici, les voiliers sont très peu nombreux, les touristes aussi ( juste quelques pensions de famille), du coup bien sûr les locaux sont moins saturés des popaas ( les « blancs ») et les contacts sont plus faciles.
Nous avons eu de la chance : nous avons rencontré, puis sympathisé avec la famille de Robinson.
Nous nous promenions un soir, avec Olivier, sur la route circulaire, à la recherche de jardins où l’on pourrait troquer des fruits et des légumes, contre quelque chose du bord.
On se renseignait auprès des personnes rencontrées. Jusque là en vain…
Nous décidâmes alors de rebrousser chemin, quand quelqu’un, visiblement informé depuis peu de notre quête, nous héla d’un jardin : Robinson.
Robinson et sa famille, dès qu’ils surent que nous allions bientôt faire voile vers Mopelia, et plus loin encore, nous offrirent des papayes, un régime de bananes, une pastèque, avec la gentillesse et le naturel qui me touchent tant ici.
Robinson et sa femme Ahuura (prononcer « ahououra ») ont 3 enfants dont Ahurau (« ahouraou ») leur fille de 11 ans et deux garçons, de 15 et 9 ans.
Ainsi, de fil en aiguille, Ahurau et Adélie devinrent très amies.
Cette famille vit selon son envie, son humeur et la santé de leur fille, soit sur le motu (petit îlot) devant lequel nous sommes mouillés, ou bien dans le faré familial au village. Ahurau souffre d’asthme et lorsque cela devient difficile pour elle, la famille migre sur le motu, très ventilé.
Grâce à la famille de Robinson, nous avons approché l’âme polynésienne, sans doute la meilleure.
Celle de ceux qui ont conservé leur mode de vie proche de la nature, leurs traditions, leurs valeurs, leur générosité.
Ahuura (la maman) apprend à Adélie à tresser le niau (feuilles de cocotiers) sur la plage, utilisé pour confectionner les toits des farés traditionnels, les tapis, les sacs, les chapeaux. Ahurau vient jouer à bord, ou sur le motu où les filles construisent des cabanes.
Olivier et Marin pêchent avec Robinson et ses fils. Y compris la nuit venue, au clair de lune. Ils attrapent des vivaneaux, des petites carangues, avec des cannes en bambou munies d’un simple hameçon et d’un petit appât fait d’un reste de bonite.
Ils doivent repérer les requins de lagon, dans la pénombre, et retirer leurs lignes avant de se les faire arracher !
Hier soir nous avons dîné sur le motu dans leur faré poté (c’est un faré indépendant où l’on cuisine et ou l’on prend les repas, il y a ensuite le faré ou l’on dort, et un endroit dans la cocoteraie où l’on se lave).
Les pieds dans le sable, éclairée par une lampe à pétrole, la tablée était grande et gaie. Robinson, le père de famille, a récité le bénédicité en début de repas, et il m’a semblé que nous formions une grande famille tous ensemble.
Ensuite les tanés (les hommes) sont partis à la pêche au clair de lune, et vahinés (les femmes) ont fait la vaisselle et confectionné des colliers de tiaré pour la pension d’à côté, qui accueillera demain matin, de nouveaux hôtes.
Aujourd’hui le colis des livres scolaires du Cned doit arriver depuis Raiatea, l’avion d’Air Tahiti nous a survolé toute à l’heure, avant de se poser sur le motu aéroport : sa réception mettra un terme à notre séjour à Maupiti.
Cela signifiera aussi la fin des grandes vacances à bord de Jangada.
Heureusement Ahurau reprend aussi l’école jeudi 19 août, alors j’ai expliqué aux enfants que nous aussi nous allions nous caler sur le calendrier scolaire … local !
Ahurau peut rester scolarisée à Maupiti jusqu’à sa 5ème, ensuite comme son grand frère, elle sera pensionnaire à Uturoa, sur l’île de Raiatea. Elle ne rentrera que toutes les 6 semaines sur son motu. Sa maman, Ahuura, s’en inquiète déjà.
Aujourd’hui, j’ai du mal à imaginer que je puisse rencontrer un lieu aussi doux et beau que Maupiti, sur le chemin de notre voyage…
Même si je crois que je me suis déjà fait cette réflexion …
Barbara
Vue du lagon depuis le sommet de Maupiti, le mont Teurafaatiu, 380 mètres.
Adélie reprend son souffle au sommet de Maupiti.
Le Maupiti Express dans le lagon.
Robinson, Ahuuraa, Waimea, Ahurau, et Tepura, nos amis de Maupiti.
Maison de village, à Maupiti. Devant la maison, tombes des ancêtres, et parabole TV.
Lait de coco et citrons, petit commerce à Maupiti.
Le tiaré est cultivé dans tous les jardins de Maupiti, pour les touristes de Bora Bora.
Liane de vanille sauvage, sur la montagne de Maupiti.
Le lagon de Maupiti, vu vers l'ouest.