26 Octobre 2010
Restent a parcourir sur la route directe ce soir : milles. Parcourus : milles.
Je ne vais pas tourner autour du pot, je hais les traversees! Remarquez elles me le rendent bien. Je n'y ai jamais connu un temps de demoiselle, vous savez la mer calme, la petite brise qui pousse gentillment le bateau a une vitesse de 6, 7 neuds ou la vie demeure alors encore normale a bord. C est a dire que l'on peut aller bouquiner a l'avant du flotteur sur le petit coussin prevu a cet effet, que l'on peut descendre dans la cambuse chercher de quoi preparer un bon dejeuner, qu'aller dans les flotteurs n'est pas une operation risquee ni humide. Non ca pour le moment je n'ai jamais connu, c est plutot a chaque fois ambiance rodeo, prise de ris ( NDLR: reduction de la Grand Voile), largage de ris, reprise de ris, pont completement asperge par les embruns, vagues qui se fracassent sur les hublots du carre, mouvements brutaux du bateau, descente sportive dans les flotteurs, claustrophobie dans le carre. Et puis quand le vent se calme un tantinet momentanement pour atteindre les 20, 21 neuds quand meme, que la vitesse du bateau "n est que de" 8 neuds, et que la mer me laisse quelques repits, alors la phrase sibylline du Captain m'acheve : " Ca mollit, ca mollit, on se traine...". En transat dans les conditions telles que malheureusement je les connais, je suis d'humeur sombre voir noire, je reconnais, mais je suis tellement malheureuse d'etre la ou je suis...Je me sens coincee, vulnerable, et surtout je n'eprouve absolument aucun, mais aucun plaisir a voir filer Jangada sur l'ocean. Je subis et je suis en colere contre les elements, les meteorologues ( desolee Louison...) et contre moi meme de si mal supporter la chose.
Alors je regarde mes petits, absolument stoiques, vautres dans le carre avec leur bouquin, ou leur game boy, d'humeur egale, et je les envie. Bien entendu ils n'ont pas cheville au corps et a l'ame, l'angoisse que j'ai, qu'il arrive quelque chose a Olivier pendant ces traversees musclees... Non, ils ne se projettent pas dans ce genre de mauvais trips...les veinards.
Heureusement les bouquins sont la, que deviendrais-je sans? Ils me permettent de m'evader a des milles du carre quelques heures et a oublier ma "triste" condition. Les enfants ont recupere dans des yacht clubs, cyber cafes pour les voyageurs, etc...des lieux ou l'on peut echanger des livres donc, des super navets a l'eau de rose, affligeants de debilite, mais qui ont le merite d'etre devores par Adelie, suivie de pres par Marin, ainsi les journees passent interminables.
Olivier assure pour tout, et je le soupconne meme d'apprecier les performances de Jangada dans ces conditions. Moi j'avais signer pour un tour du monde en famille tranquilou, par pour une "multicoques race"!!!
Allez dans 2 jours on devrait voir apparaitre les cotes neozelandaises, et ca ne sera plus qu'un mauvais souvenir qu'il faudra m'efforcer d'oublier avant la prochaine traversee de reve, comme Olivier me les presente toujours avant d'appareiller...
Barbara
Note de l'officier radio
Il parait clair qu'un the brulant a la bergamotte pris en compagnie de la patronne dans le plus beau salon de Whangarei s'impose a l'arrivee... Apres, tout ira beaucoup mieux!