mardi 12 octobre 2010

Billet N°83 -Croisière dans l’archipel des Vava’u, aux îles Tonga…

– Du lundi 20 septembre au lundi 11 octobre 2010.


Après 48 heures de mer tranquille en provenance de Niue, nous arrivons de nuit dans l’archipel des Vava’u, au nord des îles Tonga. Cette traversée aura été courte et de surcroît sur le calendrier, nous perdons un jour, le jour mystère… Nous avons franchi la ligne conventionnelle de changement de date, qui fait un petit crochet pour inclure les Tonga. Nous passons de H -11 à H + 13, ce qui fait que désormais lorsque nous nous couchons après une bonne journée, vous commencez la dite journée. Nous sommes aux antipodes…

Nous découvrons avec un regard neuf et curieux cet archipel des Tonga, un tout petit pays qui couvre une superficie de 750 km². Il est constitué de plus de 160 îles et îlots répartis, du nord au sud, en trois groupes principaux : les îles Vava’u et Niu, les îles Ha’apai et les îles Tongatapu (où se situe la capitale des Tonga, Nuku’alofa).

La population s’élève à environ 120 000 habitants, mais aussi nombreux sont les tonguiens vivant hors de leur pays, principalement en Nouvelle Zélande et en Australie. Les habitants sont presque tous polynésiens (d’origine maorie) et majoritairement de confession protestante. Cependant comme nous l’observons dans toutes les îles du Pacifique, de très nombreuses confessions sont représentées. Ainsi dans le micro village d’Ofu, avec son unique chemin rectiligne (d’un côté les cases, de l’autre la plage), se succèdent 3 églises, l’église méthodiste, l’église des Tonga et l’église des mormons. Ceci étant, dans les 3 églises, les chants a capella et en canon sont particulièrement beaux. J’ai été touchée par la puissance et la pureté des voix.

On sent une société encore très traditionnelle, entre autres dans sa façon de se vêtir ce qui fait notre joie, car voir les tonguiens, hommes, femmes, enfants, vêtus d’une longue jupe ( souvent noire) sur laquelle se superpose une 2ème jupe en fibre naturelle de pandanus, est un beau spectacle. L’archipel des Tonga est une monarchie constitutionnelle héréditaire, la seule du Pacifique, à la tête de laquelle le roi exerce l’essentiel du pouvoir. La société est construite sur un modèle hiérarchique très strict, dans lequel il existe toute une série de relations sociales et rituelles entre le roi, les nobles et les roturiers. Les îles Tonga sont sans doute la société la plus traditionnelle et la plus complexe du Pacifique.

Cela dit nous apprenons que prochainement des élections vont avoir lieu qui donneront plus de représentativité au peuple tonguien à l’Assemblée. Le nombre de députés élus au suffrage universel sera plus important dorénavant, que celui des députés nommés par le roi.

Nous commençons notre périple aux Tonga par l’archipel du Nord, le groupe des Vava’u. Les principales îles sont couvertes d’une végétation luxuriante, et compte tenu de la pluie que nous aurons pendant notre séjour, nous comprenons pourquoi ! Après avoir fait la clearance à Neiafu, le bourg principal des Vava’u, nous quittons rapidement les lieux où est organisée par les néo-zélandais la semaine de régates de l’année. Nombreux sont les bateaux inscrits, les bateaux en voyage mais aussi ceux des bases de location Moorings et Sunsail, implantées à Neiafu. Tout un tas de réjouissances sont organisées autour des régates, et de non moins nombreux potlucks, très anglo-saxons, et que nous goûtons assez peu… Nous profitons de l’aubaine de tous ces bateaux rassemblés pour entamer, de notre côté, plus indépendant, notre croisière aux Vava’u, où les mouillages sont alors désertés.

C’est une kyrielle d’îlots qui nous attend, les eaux sont particulièrement transparentes. Peu d’ îles sont habitées, parfois nous trouvons de petits villages basiques, toujours sur le même modèle : niché dans un petit vallon, quelques maisons éparses, des jardins un peu cultivés mais souvent négligés. Malheureusement souvent des détritus traînent de-ci delà. Il y a des églises, au moins deux par village, souvent trois, et une multitude de cochons, grands et petits, qui vont en liberté. A proximité du village quelques cultures, des ananas, du taro, un peu de maïs. Nous sommes surpris que les tonguiens ne soient pas plus tournés vers la pêche, les eaux sont poissonneuses, leurs embarcations sont sommaires et peu adaptées.

Nous cabotons entre de jolis mouillages sauvages. J’apprécie ces courtes navigations paisibles entre les îles.



Au cours de ces 3 semaines, notre programme sera identique chaque jour : école le matin de 8h00 à 12h00 pour les enfants, et force est d’admettre que la régularité facilite grandement les choses avec le Cned. « On » ne tergiverse pas pour savoir s’il y a école ou pas : dès le bol de lait du petit-déjeuner avalé, Marin et Adélie ouvrent leurs cours sans se poser de questions. L’après midi est ensuite réservé à la baignade, au kayak, au snorkelling, aux petites excursions à terre. On se couche tôt, difficile d’avoir une vie plus simple.



Le 2 octobre, cependant, sera une exception, puisque Adélie fête pour la 2ème fois son anniversaire sur Jangada. L’an dernier c’était aux îles du Cap Vert, cette année, le jour de ses 12 ans sera fêté aux Vava’u !

Pour l’occasion, deux bateaux nous rejoignent au mouillage, nos amis anglais de Zephyrus, Andy et Rhian, et la famille canadienne de Tyee. La journée sera particulièrement belle, pas d’école le matin évidemment et plein d’appels téléphoniques (fait rarissime d’entendre sonner le téléphone dans le carré de Jangada, car nous n’utilisons habituellement ce moyen de communication qu’en mode émission en phonie) pour la demoiselle, famille, marraine, amie, etc…Puis l’après midi des jeux dans l’eau et la « birthday party » le soir à bord de Jangada, avec des ballons multicolores, des cadeaux, des gâteaux et des bonbons !



Désormais nous ne côtoyons plus que des bateaux anglo-saxons, le pavillon français a pratiquement disparu (c’est une surprise pour nous), et à bord de Jangada nous sommes tous obligés de pratiquer l’anglais et surtout de l’améliorer ! J’envie parfois la façon de naviguer des bateaux anglo-saxons (Olivier beaucoup moins…). Ils sont super organisés, se retrouvent souvent ensemble, ont des vacations radios à heure fixe et s’échangent un tas d’informations. (Olivier les trouvent plutôt bavards et grégaires !) Pour les enfants et moi qui souffrons parfois d’un manque de sociabilité, cela est tentant. Et puis lorsqu’il y a des enfants sur ces bateaux, leur mode de scolarité nous fait encore plus envie ! Les petits anglo-saxons en voyage ont des scolarités super souples et très light, parce qu’à leur retour à terre, leur système scolaire sera beaucoup plus compréhensif et flexible que le nôtre et leur réintégration se fera facilement. En France, Marin et Adélie devront justifier d’avoir intégralement suivi les programmes de 5ème, de 4ème et de 3ème pour entrer en 2nde au lycée. Je mesure à quel point notre système français est exigent, lourd, et ne prend guère en compte la personnalité des élèves ni leurs parcours individuel. Une formule unique pour tout un chacun…

Anyway, no choice ! Mais heureusement que, malgré leur exhaustivité, les cours du Cned sont très bien faits. Inutile de vous dire que cela reste difficile pour les enfants de voir leurs congénères anglais, canadiens, sud-africains, s’amuser quasiment toute la journée, alors qu’eux sont cantonnés dans le cockpit du bateau à travailler toute la matinée…



Après trois semaines paisibles passées aux Vava’u, nous apprenons avec tristesse qu’un voilier français rencontré à Niue avec son équipage, Marie Laure et Nicolas, un charmant jeune couple, accompagné de deux amis embarqués à Nuku ‘alofa, vient de faire naufrage dans le sud des Tonga, dans les îles Ha’apai, un endroit mal pavé. L’équipage est sain et sauf, il a été récupéré par un navire de guerre, mais le bateau est perdu. Nous décidons illico de nous rendre sur place, avec Zephyrus et Tyee, pour voir si l’on peut se rendre utile…


Barbara
 Le marché de Neiafu, très bien achalandé en fruits et légumes.

Village des Vava'u, niché dans un petit vallon.

Maison typique, en bois et en tôle, entourée d' un petit jardin clos.

Jangada au mouillage de Nuku Island.
L'après- midi est réservé aux baignades, au kayak, ici à Vaka'eitu.
L'îlot de Nukulahanga. Les mouillages sont parfois précaires, nous y passons alors seulement une partie de la journée.

Excursion sur l'ilôt désert de Luahiapo.
 Jangada au mouillage de Luahiapo.
Marin pratique avec assiduité et succès  la pêche sous-marine.

Au village d'Ofu Island, les tonguiennes dans leur tenue traditionnelles.

Cuisson traditionnelle dans le umu, le four tonguien creusé dans le sol.

Arrivée poétique d'Andy et Rhian pour la birthday party d'Adélie, le 2 octobre 2010.

Adélie émue et comblée par tous ces ballons multicolores.

Une maman songeuse d'avoir déjà une grande fille de 12 ans!

Ouverture des cadeaux sur le trampoline.

Croisière aux Vava'u avec en toile de fond l'ilôt de Maninita.