samedi 9 avril 2011

Traversée NZ – NC : n°3

MESSAGE N°3 – Traversée Nouvelle-Zélande – Nouvelle-Calédonie Samedi 9 Avril 2011.


Opua est à 537 milles dans les tableaux arrière, et l’Ilôt Amédée (chenal passe sud de Nouméa) à 327 milles devant les étraves. Distance journalière parcourue : 168 milles, une baisse de régime attendue avec la rotation du vent par l’arrière et son affaiblissement prévu. Hier après-midi, le grand spi de vent arrière nous a tracte a une vitesse honnête, 6 à 7 nœuds tout au long de la journée. Il a travaillé seul sur le pont, c’était journée off pour la grand-voile. Quand le vent mollit en venant de l’arrière, les sourcils du Captain se froncent, le matériel souffre, la moyenne chute, les prévisions d’arrivée s’éloignent… Après-midi lecture dans le carré. Barbara a préparé un dîner crêpes, avec « complètes » aux œufs et fromage bien épaisses, puis crêpes dessert au sucre-citron et sirop d’érable. Ne manquaient que la bolée de cidre et le son de la cornemuse sur notre petit coin d’Océan Pacifique… Nous avons dîné avant le coucher du soleil, parce que juste après cette opulence joyeuse, il fallait rentrer John Deere (le grand spi vert !) dans son coffre avant la fin du jour, et renvoyer grand-voile et solent.

Pour la nuit, le jeu des couchettes musicales fut le même que la veille

: les girls en-bas à bâbord, avec le « Beige » (pour ceux qui connaissent, certains l’appellent même le « Putain de Beige » !!!) et Antarctica (le petit phoque). Tigrounet semble avoir un peu moins la cote en ce moment, mais rassurez-vous, la petite blonde du bord ne manque pas de doudous : l’étrave bâbord aurait un peu tendance à enfourner, me semble-t-il, une affirmation hydrostatique complètement réfutée par la zabitante de la cabine avant bâbord… Vous vous en contre-foutez complètement, et j’ai du mal à vous en vouloir, mais sachez tout de même que j’ai moins bien dormi que les nuits précédentes. Nous avons choisi avec Marin de partir pour cette nuit encore bâbord amures sur la gauche du plan d’eau, en prévoyant un empannage pour le lendemain matin. Nous avons donc navigué toute la nuit au plus proche du vent arrière, avec seulement une dizaine de degrés de sécurité, ce qui m’a obligé à me lever une bonne trentaine de fois dans la nuit pour corriger le cap au fur et à mesure que le vent poursuivait sa rotation, ou que des grains déviaient la trajectoire des zéphyrs de l’obscurité.… Au matin, l’empannage sauvage de la nuit avait été évité, mais j’avais connu des nuits plus sereines... Nous sommes revenus au pays des exocets, ils s’envolent aujourd’hui par nuées entières. Le premier suicidé avait été trouvé hier sur le passavant, il y en avait quatre nouveaux au lever du jour ce matin. J’avais été surpris de constater, il y a quelques semaines, du côté de Great Barrier Island, que certains grands exocets (poisson-volant) descendaient, emmitouflés, jusqu’aux eaux froides de Nouvelle-Zélande. La température de l’eau de mer dépasse désormais 24°C dans la piscine sous nos pieds.

Nous avons franchi la mi-parcours vers 22 heures hier soir, et pour l’instant, les prévisions de vent qui nous arrivent depuis Toulouse (merci Louis !) nous laissent toujours entrevoir une arrivée possible dans la journée de Lundi. La dépression située dans l’est semble y rester et même se combler, et pour l’heure, aucun grand méchant loup (cyclone, NDLR) n’a encore montré le bout de son museau dans la Mer de Corail… Cela fait nos petites affaires.

Seul regret : nous avons laissé cette nuit la petite île de Norfolk par le travers bâbord à une centaine de milles… Les précautions anti-cycloniques qui se sont imposées à nous pour cette traversée vers le Nord précoce en saison (nous sommes je crois cette année le premier voilier à remonter de Nouvelle-Zélande) nous ont dicté de supprimer sagement cette escale, qui nous aurait exposés 2 jours de plus au risque cyclonique. Tant pis pour Norfolk, le volcan basaltique émergé, longtemps bagne australien, la petite île autonome aujourd’hui associée à l’Australie, et ses quelques 2000 habitants, dont une bonne part descend des 194 émigrés de Pitcairn arrivés sur cette petite île le 8 Juin 1856 en provenance de l’île des réfugiés du « Bounty », de l’autre côté du Pacifique, sur laquelle le trop grand nombre de descendants des mutins devenait problématique à l’époque.

Bon week-end à tous !

Olivier