vendredi 10 juin 2011

Billet N° 111 -Magique archipel papou: les Louisiades.

Du Lundi 6 au Lundi 20 Juin 2011 -
Photos et texte Barbara

Quelle chance de terminer notre long séjour dans l’Océan Pacifique par cet archipel perdu et oublié de tous, les Louisiades ! Certainement l’endroit le plus reculé que nous ayons découvert depuis notre départ de France il y a bientôt deux ans.

On clôture ainsi en beauté cette année passée dans le Pacifique qui nous aura donné l’occasion de voir tant et tant de belles choses.

D’un avis souvent partagé par les circumnavigateurs, le Pacifique reste un must, voir « the » must d’un tour du monde en voilier, et pour le moment j’adhère à 150 % à cette opinion répandue. En plus des merveilles que nous y avons découvertes, un sentiment de sécurité partout où nous nous sommes arrêtés, a contribué largement au fait de se sentir si bien dans cette « immense » partie du monde.

Vous me direz que mon jugement est un peu prématuré dans la mesure où nous n’avons pas encore navigué dans l’Océan Indien. Certes, mais j’ai déjà eu la chance d’en avoir un aperçu en voyageant précédemment à la Réunion et aux Seychelles. Malheureusement aujourd’hui la piraterie nous empêchera de naviguer où bon nous semblera, ce qui du coup par conséquence (malheureuse pour moi…) va nous imposer de longues traversées et moins d’escales.

Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, alors je vous confirmerai si le Pacifique était vraiment mon océan de prédilection, une fois l’Océan Indien parcouru (enfin pour partie).

Cette croisière de deux semaines aux Louisiades nous laissera donc des souvenirs de « bout du monde », de rencontres avec des papous accueillants, souriants et généreux. Nous aurons eu la chance d’observer un mode de vie primitif, aux antipodes du nôtre, bien plus égalitaire et plus sage aussi.

Enfin, accéder et demeurer aux Louisiades , n’est possible que si l’on s’y rend en voilier, et comme pour moi la navigation et les traversées restent toujours éprouvantes, arriver dans des endroits aussi reculés, justifie et donne du sens, alors, à tous ces milles parcourus.

En deux mots, (le billet d’Olivier sur les Louisiades est plus précis et détaillé géographiquement et historiquement), l’archipel des Louisiades se situe au Sud Est de la Papouasie Nouvelle Guinée. Les îles sont principalement d’origine volcanique ou de formation corallienne. Ce chapelet d’îles, environ 1 554 km², se situe principalement dans l’enceinte d’un seul et immense lagon.

Enfin, c’est Louis Antoine de Bougainville qui, en 1768, au cours de sa circumnavigation, baptise l'archipel en l'honneur du roi de France Louis XV.

A présent quelques images de ce paradis préservé, où nous avons passé des jours heureux.

Barbara

 
Photo 1 :


Notre séjour aux Louisiades a aussi correspondu avec le début des grandes vacances à bord de Jangada. Se met alors en place un tour de vaisselle (plus ou moins bien suivi…) chez les enfants, pour que la prof ait aussi l’impression légère d’être en vacances. Ici, dans la jupe arrière, Marin sous son grand chapeau, s’y colle. Bien entendu cela donne aussi souvent l’occasion à une fourchette de tomber au fond de l’eau, et ensuite à Timothée et à Marin de faire des séances d’apnée pour aller la récupérer.


Photo 2 :

Adélie en pleine séance de couture, entourée de tous ses petits amis qui prennent l’air et le soleil des Louisiades.


Photo 3 :

Petit hameau typique, quelques cases construites sur pilotis, pour nous les premières…ça sent l’Asie. Aucun objet en plastique vilain qui accroche l’œil, mais des matériaux naturels, du bois, du pandanus et bien entendu toujours un enfant qui sourit.


Photo 4 :

Les petits enfants sont légion, contrairement à leurs aînés qui ont été à l’école, ils ne parlent pas encore anglais. Ils sont insouciants, joyeux et heureux.

En revanche si les enfants sont nombreux, très rares sont les personnes d’âge mûr (supérieur à 40 ans), l’espérance de vie doit être très courte. Je n’ai trouvé aucune donnée chiffrée sur ce peuple quelque peu oublié…


Photo 5 :

Voici un papou assis devant sa case sur sa « terrasse » entrain de poncer des coquillages pour confectionner des colliers. Il est entouré de son fils et de son neveu. La cellule familiale, comme souvent dans les îles du Pacifique, est complexe pour nous, le rôle des oncles utérins prédomine souvent sur celui du père biologique de l’enfant. Quoiqu’il en soit, les adultes sont très affectueux avec les enfants. Et je voyais d’un bon œil ces papas ou similis, cajoler ou porter les bébés.

Cet homme, comme tous les adultes (femmes et hommes) papous et même les jeunes adolescents, a la bouche, les gencives et les dents complètement rouges. En effet à longueur de journée ils consomment du bétel. Le bétel est une plante grimpante sarmenteuse tropicale connue pour ses feuilles, formant l'un des principaux ingrédients d'un masticatoire extrêmement usité en Papouasie. La feuille mélangée à un peu de chaux éteinte est utilisée pour envelopper la noix de bétel, également appelée noix d'Arec, qui est le fruit d'une espèce de palmier. Ce mélange fournit par la mastication un suc donnant à la salive une couleur rouge écarlate qui teint la bouche et noircit les dents. Le bétel a des vertus toniques. Contrairement au Vanuatu où boire le kava est un rituel quotidien à la tombée de la nuit, et où à plusieurs reprises, Olivier avait été convié à partager ce moment, signe d’amitié, le bétel se consomme de façon personnelle et en permanence. Les papous ne nous ont jamais proposé d’y goûter, voir au contraire déconseiller d’essayer. Ils nous disaient que cela serait dangereux pour nous, blancs, et que nous ne supporterions pas les effets…

Photo 6 :

La confection de colliers à partir de coquillages constitue une monnaie d’échange. Ici nous n’avons pas vu de kinas (monnaie de Papouasie) circuler, mais nous avons uniquement fait du troc. Cahiers, stylos, vêtements, riz, sucre, hameçons contre fruits, légumes et langoustes !

Les habitants de ces îles n’ont vraiment aucun bien de consommation et profitent du passage des bateaux pour s’équiper à minima. Pour autant, ils ne sont pas pauvres, ils mangent à leur faim grâce à une nature généreuse, ils sont bien logés dans de grandes cases ventilées. L’absence de biens matériels évite l’envie, la convoitise et la jalousie. Dans les villages que nous avons visités, le niveau de vie était le même pour tous, d’où une grande entente et une forte entraide entre eux.



Photos 7 et 8 :

Les Louisiades resteront aussi un souvenir fort pour y avoir appris la réussite de Timothée à son concours d’entrée en médecine. Ce fut un bonheur que d’apprendre tous ensemble ce résultat positif et prometteur.

Photo 9 :

Panasia Island, avec son propre lagon dans le grand lagon, notre dernier mouillage aux Louisiades.



Photos 10 et 11 :

Avec Adélie, nous rivalisons en figures et en cabrioles sur la petite plage de sable blanc très fin, la première de l’archipel. Panasia fut aussi un super spot pour les baignades et pour faire des longueurs comme je les apprécie, sur de longues distances sans dangers de requins, de crocos, ni patates de coraux encombrantes.




Photos 12 et 13 :

La fleur de frangipanier, présente dans toutes les îles, élégante, au parfum suave.

Un soir nous avions été invités à partager un cochon de lait préparé en notre honneur. La table avait été dressée dans la case à même le sol, décorée par de nombreuses fleurs de frangipanier, c’était touchant et ravissant de simplicité.