mercredi 1 juin 2011

MESSAGE N°2 – TRAVERSEE de la MER de CORAIL

 Jeudi 2 Juin 2011
Distance parcourue : 252 milles
Distance à l’arrivée : 598 milles


Ouahhh ! L’après-midi d’hier fut … dantesque ! Quelque part loin dans l’ouest d’Espiritu Santo et à quelques dizaines de milles dans le nord des Récifs d’Entrecasteaux, qui débordent très au nord l’extrémité nord de la Nouvelle-Calédonie, Jangada s’est trouvé pris dans une zone de grains infernale. Cerné de toutes parts par des barres nuageuses plus sombres les unes que les autres, il nous a fallu subir pendant une quinzaine d’heures des trombes d’eau mélangées aux rafales de vent, sur une mer grise et peu avenante. Manœuvres de voiles incessantes pour tenter de gagner laborieusement dans l’ouest, puisque c’est là que semble se trouver le souffle renaissant d’un alizé décidément très perturbé. Imaginez la scène : les trois hommes du bord en bermudas trempés par des trombes d’eau, se battant pour deux d’entre eux (Tim et

moi) sur le roof avec la toile de la GV dans les rafales pour prendre un troisième ris, tandis que Marin gère le pied de mât (drisse, balancine, bosses, lazy-jacks). Barbara courbée à la barre essayant d’éviter de se faire cingler par les bosses de ris en folie, et Adélie fidèle à son poste de manager incontesté de l’écoute de grand-voile, le job certes le plus planqué, question intempéries. Après la manœuvre, tout notre petit monde se retrouve dégoulinant à souhait sous l’abri du roof, à se sécher et à rêver de Mers du Sud, chaudes et ensoleillées… La trace du positionnement Argos de Jangada ne doit pas être d’une limpidité totale pour la journée d’hier et pour la nuit dernière… Lassé d’un sillage aussi dégueulasse, j’ai même renoncé à mon ti-punch du soir, c’est vous dire. Ce n’est donc pas le taux d’alcoolémie du Captain qui est en cause, mais bien cette fichue zone de grains. En fin de journée, rotation brutale du vent de 50° à la « faveur » d’un nouveau grain. Marin est venu dormir avec moi dans le carré en prévision des réjouissances de la nuit…une nuit laborieuse, avec un vent qui a disparu, de la pluie, et des restes de houle. Sommeil minimum pour moi … Mais Tim a passé … 16 heures dans sa bannette ! C’est beau la jeunesse.

Au petit jour ce matin, le vent est revenu du sud-ouest, mollement d’abord, puis il s’est décidé à souffler à 15/20 nœuds : voiles hautes, nous avons retrouvé un beau sillage à 8/9 nœuds, pour quelques heures seulement, mais en route directe cette fois vers les Louisiades. Les fichiers de vent que j’ai pu capter ce matin semblent nous promettre une jonction avec un début d’alizé de sud-est (portant) pour demain. On croise les doigts. Au menu à midi : tarte aux épinards, papaye et fruits de la passion du Vanuatu.

Olivier