jeudi 4 février 2010

Billet N°41- Dans les rues de Cayenne

Dimanche 31 Janvier 2010 –


Carnaval…

Barbara dit que les billets que j’écris sont trop longs, et parfois trop techniques, et que la plupart des abonnés au blog du voyage de Jangada V autour du monde n’ont pas forcément le temps de tout lire…

On n’a qu’une vie, une seule, sur cette Terre, et moi je la trouve bien courte pour faire tout ce que j’ai encore à faire. Et figurez-vous que ça me stresse !

Barbara me laisse entendre aussi que, dans ce blog, je raconte quelquefois trop mes mémoires, mes histoires, mes guerres… Elle dit que ça n’intéresse personne ! Damned, est-ce vrai …

Mais alors comment saurez-vous pourquoi des Hmongs venus de la lointaine Asie se sont installés il y a des années à Cacao, dans une clairière de la forêt amazonienne, à une cinquantaine de kms de Cayenne, pour y cultiver en abondance les fruits et légumes qui alimentent le marché de la ville…

Vous ne connaîtrez pas l’utilisation qu’a fait l’Institut Pasteur pendant des années de l’îlet La Mère, que nous avons laissé à babord en pénétrant dans la rivière Mahury…

Vous ignorerez quel est le village français qui a le plus grand nombre de classes de primaire (41, hallucinant !!!) et pourquoi ?...

Vous ne saurez pas ce que m’a raconté un enseignant des contrées reculées de la Guyane, poussé dans ses retranchements par ma curiosité et mes convictions sur l’incurie de la gestion de l’Etat outremer, au sujet du montant de certaines primes versées ici par l’Education Nationale (hallucinant encore, préparez vos chéquiers)…

Vous vivrez sans savoir que je suis le seul skipper, de tous ceux rencontrés depuis notre départ de La Rochelle, à avoir dûment payé la licence d’exploitation du logiciel de navigation Maxsea que j’utilise à bord, et que, comme par hasard, je suis de loin celui qui a le plus d’ennuis avec ce système officiel, à l’évidence à cause des verrous informatiques que le concepteur/fournisseur y a installé pour protéger son produit. Pendant ce temps, tous les autres utilisent des versions piratées qui, elles, marchent parfaitement bien…

Mais comment allez-vous faire ?

Jangada est à l’ancre depuis 15 jours en Guyane, et nous recevons une rafale de messages nous demandant ce qui se passe, pourquoi ce silence radio, pas de nouveaux billets sur www.voilierjangada.com, peu de nouvelles, etc…

Oh la, oh la, seriez-vous en manque ?

Pas impossible, c’est sans doute l’hiver en France, vous vous gelez les miches, fait pas beau, la vie de couple n’est pas simple, la préadolescence boutonneuse de vos enfants commence à vous gonfler grave, le premier tiers provisionnel est à payer avant le 15 Février (pour moi aussi), la déclaration d’impôts se profile dans vos boites aux lettres (et la mienne), etc…

Bon, je sens bien en vous cette demande latente d’histoires du bout du monde, d’aventures dans les mers du sud, bref il faut que nous retournions au charbon avec Jangada, que nous reprenions la mer, et la plume, aussi vais-je probablement braver l’avis de mon cher et tendre Lieutenant, parfois un poil extrême dans ses jugements, et qui vient d’écrire le joli Billet N°40 : je continuerai donc, en me glissant dans mon hamac en pur coton brésilien, de m’épancher sur mon clavier, et peu importe que ce soit plus ou moins long…

Après tout, personne n’est obligé de me lire…

Ce Dimanche après-midi, nous avons remonté la rivière Mahury sur une quinzaine de kms avec l’annexe, le Yamaha 2 temps 15 CV a turbiné sévère, puis nous avons embouqué l’étroit ruisseau qui mène à la crique Gabrielle, une ancienne clairière qui abritait des esclaves marrons, dans la forêt amazonienne.

Nous y avons vu des petits singes bruns, qui sautaient de branches en branches en poussant des cris stridents, mais nous n’y avons pas aperçu de caïmans noirs.

En fin d’après-midi, après avoir regagné le bateau, toujours au mouillage à Degrad des Cannes, nous avons rejoint le centre de Cayenne (en auto-stop, pris par un haïtien qui revenait de Belem !), où se tient, tous les Dimanches soirs pendant 6 semaines, du côté de la place des Palmistes, le Carnaval ! Très bon enfant.

Petit entraînement pour nous avant celui de Trinidad (et ses steel-bands), dans moins de 15 jours, d’une autre dimension.

Demain, nous allons à Kourou visiter le Centre Spatial Guyanais d’où décollent les lanceurs d’Arianespace, et le Musée de l’Espace.

Et Mercredi, nous quittons la rivière Mahury pour les îles du Salut et les ruines du bagne.

J’ai encore trop parlé, je laisse la place à quelques images du Carnaval de Cayenne, prises il y a 2 heures.

Regardez comme elle était belle cette touloulou solitaire, qui a pris la pose juste pour mon petit Olympus de poche…

Olivier