mardi 6 juillet 2010

Billet N°72 : Huahine, l’île sereine.

Du Mardi 29 juin au Mardi 6 juillet 2010 :


Vers les Iles Sous le Vent…

Nous appareillons au coucher du soleil de la baie d’Opunohu, à Moorea. Dès la passe franchie, la houle et le vent du large nous poussent vers l’ouest. Sans que nous soyons en mesure de l’expliquer vraiment, à un demi-mille au large de la passe, par plusieurs centaines de mètres de profondeur, une vague escarpée de plusieurs mètres de hauteur déferle sur Jangada. Olivier a juste le temps de nous prévenir en sautant sur la barre. Jangada lève un peu la hanche tribord, puis retrouve l’horizontalité. Des centaines de litres d’eau se déversent sur le pont, inondent le cockpit, pénètrent dans le carré. Le rice-cooker effectue un salto latéral, mais retombe à l’endroit, le dîner est sauvé !

La nuit a été ventée, avec des pointes à 33 noeuds. Nous avons pris 2 ris dans la grand-voile et mis tout le monde au lit, moi avec…

Olivier est resté dans le carré pour veiller et adapter l’allure de Jangada afin de ne pas arriver trop tôt à Huahine. On ne prend jamais une passe de nuit. Il faut attendre le jour.

Au petit matin du 29 juin, après une nuit de mer plutôt agitée, nous entrons par la passe Avamoa dans le lagon de Huahine.

Nous mouillons devant Faré, le village principal de l’île.

Huahine, je suis particulièrement attachée à cette île. J’ai eu la chance d’y venir déjà à 3 reprises, en 1990, en 1991 avec le Taporo, la goélette-pays qui ravitaille les îles et transportait alors des passagers, (aujourd’hui ce n’est malheureusement plus le cas, le Taporo et son concurrent ne transportent plus que des marchandises, 12 places seulement sont réservées aux chargeurs, agriculteurs et autres), et en 2000 avec Olivier (nous avions loué un bateau à Raiatea et avions sillonné les Iles Sous le Vent pendant deux semaines).

Huahiné, c’est l’île à part, différente de ses sœurs : elle n’a pas misé sur le tourisme pour se développer et son authenticité demeure intacte.

En 20 ans, je ne perçois pas de changement majeur, et je m’en réjouis.

L’île se compose de deux îles reliées par un isthme étroit et encerclées par le même lagon. Son relief est plus doux que celui de ses voisines, mais ses contours très découpés offrent de nombreux mouillages.

Nous profitons d’être à Fare pour faire un complément de ravitaillement, il y a un chinois (petit supermarché) vraiment très bien achalandé sur le quai où l’on trouve de tout, du frais, du congelé, des fruits, des légumes et des pai banane, chaussons fourrés à la compote de banane, dont nous raffolons tous à bord. J’en profite pour regarder le programme du Heiva (festivités de juillet dans les îles, danses, chants et musique). Nous retenons qu’après demain débutent les compétitions entre les groupes de chaque district de l’île.

En attendant le surlendemain, nous partons dans un très joli mouillage sur la côte ouest de l’île, à l’entrée de la baie de Bourayne. Il y a, sous les cocotiers, une jolie petite plage de sable blanc et Marin s’amuse avec son skim dans les vagues qui viennent mourir sur le rivage. Une vahiné, intriguée, le regarde et m’explique que lorsqu’elle était petite, elle jouait avec une fine planche de bois exactement de la même façon. Ce jeu était alors très répandu parmi les enfants polynésiens, et elle se désolait qu’il ait disparu.

La soirée d’ouverture du Heiva à Huahine est un spectacle de couleurs et de musique traditionnelle, dominée par les percussions.

Deux districts ce soir s’affrontent, celui de Parea (au sud de l’île), et celui de Maeava (à l’est). Timothée et Capucine, fraîchement débarqués à Tahiti le 21 juin dernier assistent à leur premier spectacle de tamouré, avec vahinés grâcieuses et tanés tatoués, au son des ukulélés… C’est super rythmé, ils sont environ 90 danseurs par groupe, les costumes confectionnés entièrement en fibre naturelle sont magnifiques.

Le seul bémol est peut-être la disparité d’âge parmi les danseurs, jeunes ados pré-pubères et tanés confirmés se côtoient. Trouver 90 danseurs par district sur une île comme Huahiné ne doit pas être chose facile. Le côté positif est que la relève est indéniablement assurée !

Le 2 Juillet, Olivier fête son anniversaire dans la baie d’Avea au sud de l’île, dans un mouillage superbe, entouré de ses trois enfants, heureux. Certes il prend une année de plus, mais le voyage le rajeunissant, je le trouve en bien meilleure forme que ces dernières années à terre.

A Huahiné, les enfants et le Capitaine se souviendront également de leur chasse aux crabes de cocotiers (tupas) sur le motu Vavaratea, au nord est de l’île, et plus précisément de leur récolte de pinces de crabes, puisqu’ils ne ponctionnaient sur la « bête » que la grosse pince. Un local nous a assuré que cette pince repoussait…

Après une matinée sur le motu, ils reviennent à bord avec 200 pinces et au déjeuner on se fait une ventrée de pinces de crabe à la mayonnaise maison…enfin bateau, un délice !

Le jour de notre départ de l’île, nous repassons par Faré, et avons la chance d’assister à un spectacle de toute beauté, les courses de Va’a, pirogues à balancier, chères au cœur de tous les Polynésiens. Depuis que nous sommes arrivés en Polynésie, il n’y a pas un jour où nous ne voyons s’entraîner un ou plusieurs tanés dans leurs pirogues. C’est toujours fascinant à regarder, le geste est souple et puissant, le rythme cadencé, et la pirogue semble glisser sur l’eau. Cela restera pour moi une des plus belles images de Polynésie

Le Va’a est devenu l’objet d’un véritable culte sportif. En fin d’après midi donc, les pirogues envahissent tous les lagons, à l’occasion d’entraînement marathoniens. Le Va’a se pratique le plus souvent en équipe, les rameurs alignés se livrent à une vraie chorégraphie, manoeuvrant en rythme leur seule pagaie, la passant d’un côté à l’autre de l’embarcation à intervalles réguliers et dans un même mouvement parfaitement synchronisé.

Devant le village de Faré, nous assisterons à des courses de pirogues féminines, masculines, en solo, en équipes, toutes dans la bonne humeur, un bateau accompagnateur avec des vahinés fleuries encourage les sportifs.

Une fois de plus Huahiné me laissera un excellent souvenir, et de si belles images !

Barbara
Le Taporo, la goélette qui ravitaille les îles de la Société

Timothée et Adélie, heureux de se retrouver après plus de 11 mois de séparation.

Olivier souffle ses bougies avec tous ses petits, Timothée, Marin et Adélie.

Capucine et Adélie, inséparables, même sur le kayak, motu Araara.

Passe de Tiare, au nord est de l'île de Huahine.

Retour de chasse aux crabes de cocotiers (tupas).

Culture de la vanille dans un jardin de Maeva.

Course de Va'a devant le village de Fare.

Parcs à poissons de Maeva. Ces parcs ont plusieurs siècles d'existence et sont encore utilisés aujourd'hui pour... piéger les poissons!

Retour de course d'un piroguier tatoué et couronné.

Plage de Faré, départ et arrivée des Va'a

Bateau accompagnateur des courses de Va'a, il y a de la voix, il y a de la joie!

Rue principale de Faré, devant le quai.