Par Olivier
Lors de notre escale de pratiquement un mois à l’île de La Réunion, nous avons délaissé Jangada, amarré en sécurité dans l’ancien port de la Pointe des Galets, dont la darse de pêche a été reconvertie partiellement en une marina confortable, même si l’environnement du port reste de type industriel et portuaire, c'est-à-dire plutôt dénué de charme. Seul le petit bar-restaurant de la darse extérieure, qui portait le fameux logo « La Dodo lé la », (le terme Dodo désigne l’ancien grand oiseau - incapable de voler - endémique des Mascareignes, disparu aujourd’hui, mais désormais la principale bière de La Réunion, la Bourbon) et offrait le free wi-fi à ses clients, apportait un peu de vie sur ces quais que l’animation d’antan avait grandement désertée.
Les réunionnais de souche récente vous diront que c’est l’un des quartiers les plus mal famés de La Réunion, mais je ne suis pas tout à fait d’accord. Il y a 35 ans, c’était bien pire. C’était un quartier portuaire « chaud », avec ses marins en piste, ses bistrots, ses bagarres, ses filles légères, et ses mâts de charge en mouvement actionnés par des treuils tout au long des shifts (vacations des dockers). Aujourd’hui, il n’existe pratiquement plus rien de tout cela. Le bourg du Port a été assaini, il est presque devenu propret, le port de commerce a déménagé plus à l’est en eaux profondes, du côté de La Possession, et l’on n’aperçoit plus guère par-dessus les toits des hangars inutiles que les superstructures du Marion Dufresne, le navire ravitailleur des TAAF en escale.
Bien sûr, le coin reste habité par les descendants de tout ce petit monde portuaire rarement sorti de la cuisse de Jupiter, mais parmi lesquels je me souviens d’avoir vu à l’œuvre, sur les ponts et dans les gréements des cargos long-courriers à bord desquels je naviguais alors, certains des meilleurs dockers du monde. Ils savaient tenir des cadences incroyables, en manipulant les leviers de treuils bruyants qui actionnaient les hauts mâts ou les lourdes bigues avec une incroyable virtuosité. Ils se faisaient un point d’honneur à être les dockers les plus efficaces de l’Océan Indien, et rien ne leur faisait plus plaisir que l’instant où l’officier en fonction pendant les opérations commerciales que j’étais leur confirmait qu’ils avaient été un peu plus rapides qu’à Port-Louis (sur l’Ile Maurice voisine) et sensiblement davantage qu’à Tamatave (aujourd’hui Toamasina), le grand port de la côte est de Madagascar, juste en face.
En me promenant sur les quais, j’aperçois dans un coin l’épave du voilier (60’ Open) de Bernard Stamm, qui a fini sa carrière de coursier des mers sur des roches de l’archipel des Kerguelen, devant la base de Port-aux-Français, lors d’une escale forçée dans ces terres australes pour cause d’avaries. Ramené par le Marion Dufresne, il n’ira pas plus loin.
Je reviens sur mes pas, abandonnant mes propres souvenirs dans la zone portuaire.
La vie trépidante de nos amis réunionnais nous a immédiatement absorbés. Nous ne nous faisons pas prier pour aller habiter dans leur maison d’Etang Salé, nous renouons avec la modernité, le confort, l’espace. L’eau à profusion, le pain frais, le fromage, le bon vin, le grand frigo, la machine à café Nespresso, les ordinateurs, les voitures, les jouets. Tout ce que nous avons laissé à notre départ de La Rochelle, et qui n’était guère différent. Tout ce que nous allons retrouver bientôt, sans doute. Les enfants sont aux anges. Barbara apprécie de dormir dans un grand lit immobile, avec une salle de bain juste à côté. Un autre monde que celui dans lequel nous venons de passer plusieurs mois, à bord de notre voilier au confort relativement minimaliste, après notre longue escale en Nouvelle-Zélande. Simultanément, si j’apprécie également dans l’immédiat ces retrouvailles avec les joies de la modernité, je n’oublie pas pour autant de me dire que c’est surtout parce que j’en ai été privé pendant des semaines. Cela relativise l’intérêt somme toute assez limité de la chose. Disons que pour moi, sur la balance du mode de vie conjugué à mes meilleurs souvenirs, le confort associé à l’immobilité ne pèse pas très lourd en face de la simplicité associée au grand voyage.
Ceci dit, à La Réunion, il n’y a aucun regret à avoir question bateau. L’île est un volcan qui tombe dans la mer. L’intérêt est sur terre, à l’intérieur surtout. C’est une île grandiose, qui gagne à être connue. On peut y pratiquer dans un rayon géographique très court à peu près toutes les activités, sauf celles liées à la neige. Et le brassage racial historique qui n’a jamais cessé a rendu l’île agréable de ce point de vue. La société réunionnaise n’est pas exempte de problèmes, mais globalement c’est une île où il fait bon vivre.
Nous sommes tous heureux de retrouver nos amis, et de rencontrer les amis de nos amis.
Au fil des jours, des amitiés se nouent, et le tourbillon des visites, des invitations et des soirées nous entraîne.
La Réunion, ce fut une parenthèse, ô combien confortable et joyeuse !
Merci à vous les amis, de l’incroyable accueil que vous nous avez réservé !
Olivier
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La ville de Saint-Pierre, sur la côte sud-ouest de l’île de La Réunion, ne manque pas de charme. Sauf peut-être en ce qui concerne la circulation automobile, compliquée et peu fluide. Mais le marché du Samedi matin, d’intérêt économique autant que social, balise agréablement le rythme des week-ends. Après la relative simplicité du petit bazar de Rodrigues (néanmoins lui-même opulent comparé à celui des Cocos Keeling, notre escale précédente, où la pénurie ambiante s’est avérée la plus chère de toutes nos escales autour du monde !), La Réunion offre à nos yeux avides de produits frais des quantités de légumes et de fruits, des jus (de fruits !), du pain frais, du poulet boucané, des samoussas, des glaces coco, de la vanille, du miel, des épices, et bien d’autres choses encore. Nous y accompagnons Caroline et Véronique, habituées de ce rituel hebdomadaire qui me rappelle notre vie d’avant notre voyage, à La Rochelle. Les étals d’artisanat, largement alimentés par les nombreux ateliers malgaches situés à quelques centaines de milles marins de là, font craquer Adélie qui s’achète avec des sous gagnés en Nouvelle-Zélande (du temps de sa petite entreprise prospère, vous vous rappelez ?) un petit baobab coloré qui ne devrait pas pousser davantage, la vie végétale ne l’ayant jamais habité en temps que tel. Le front de mer de Saint-Pierre est assez animé, quoique un peu à l’étroit entre les premières pentes de la montagne et le récif corallien étroit qui rend parfois acrobatique l’entrée et la sortie du petit port de Saint-Pierre. La houle venue du sud-ouest y brise violemment, y créant un ressac qui nous a fait renoncer à y amener notre catamaran, dont la largeur pose souvent problème dans les petites marinas. La seule place qui avait pu nous être attribuée, contre le quai en dur côté ville, était trop exposée. Les monocoques sont mieux lotis à Saint-Pierre, et nul doute qu’il n’y a que des avantages à escaler là plutôt qu’à la Pointe des Galets, sans compter que les tarifs concédés par la municipalité (qui gère la marina de Saint-Pierre) sont bien inférieurs à ceux pratiqués par la Chambre de Commerce de Saint-Denis (qui gère la marina de la Pointe des Galets), encore une anomalie bien de chez nous. L’environnement y est beaucoup plus sympathique, la marina est en centre ville, les commerces et les bistrots sont à deux pas, et si jamais vous avez besoin d’un check-up dentaire, notre ami le Dr Loïc Artault, voileux confirmé autour du monde, tient cabinet à deux pas, rue du Four à Chaux ! Il préfère sans doute la chirurgie dentaire lourde, mais ne refuse jamais de soigner un marin à la voile qui lui parlera de grand large. Un grand large qu’il s’est arrangé pour apercevoir des fenêtres de son atelier (je le soupçonne d’avoir calculé la hauteur du bâtiment en fonction de ce critère très professionnel), et comme j’ai fait la connerie (pardon, Caroline) de lui parler lors de notre escale d’un catamaran rapide (TS 50, devenu 52), il me semble que le grand large s’est un peu rapproché !
Saint-Pierre, ce sont aussi de grands supermarchés à la française dont l’équipage de Jangada avait perdu l’habitude depuis Nouméa.
L’homme est probablement fait d’un certain nombre de contradictions. Je n’y fais pas exception. Je confesse que moi qui ne porte guère dans mon cœur la société de consommation, l’impensable gaspillage qui va avec, et la vacuité de cette soi-disant notion de croissance associée à cet invraisemblable étalage de richesses essentiellement non indispensables, je suis capable, surtout après un séjour de plusieurs semaines dans les îles perdues de l’Océan Indien, d’arpenter consciencieusement pendant 2 heures (sans rien acheter pour autant, mais en regardant tout) les travées d’un hyper ! Je suis toujours stupéfait (et parfois admiratif) de la capacité de l’homme d’aujourd’hui, tantôt bonne, parfois mauvaise, à imaginer et à créer, à l’aide de la technologie toujours plus efficace de notre temps, une multitude de produits et de sous-produits qui segmentent parfois le besoin, assez fréquemment l’envie, et plus souvent encore l’inutilité objective…
Ce qui manque le plus à l’humanité, et en cela rien de nouveau depuis l’antiquité, c’est bel et bien la philosophie, au sens du grec ancien du terme…
A Saint-Pierre, l’équipage adulte de Jangada profite des amis, et des amis de nos amis, pratiquement tous dans le milieu médical. Des travaux dentaires de consolidation rue du Four à Chaux (merci Toto !), qui devront tenir jusqu’à l’arrivée (malgré le grand check-up d’avant départ, c’est bien les chirurgiens-dentistes que nous aurons vus le plus souvent au cours de ces 3 années de tour du monde !), au bilan complet des yeux pour moi (merci Philippe !). A ce sujet, savez-vous, de ce point de vue uniquement on est bien d’accord, qu’il vaut mieux chez nous être nécessiteux (droit acquis à la CMU) que tourdumondiste, car dans ce dernier cas, que vous ayez cotisé pendant quelques dizaines d’années ou pas, vous perdez bien vite (quelques petits mois) tous vos droits à la Sécurité Sociale. Je trouve que c’est un peu rapide, compte tenu du chiffre d’affaires réalisé entre cet organisme et moi. On s’en passe, mais nul doute que c’est un risque, surtout en cas d’accident dans un lieu isolé… Bien sûr, il existe des assurances assez bien pensées pour de pareils cas (l’association Sail The World, bien française malgré son nom, en propose d’intéressantes), mais toutes ces couvertures ont évidemment pour résultat direct d’augmenter sensiblement le coût d’un voyage, alors, nous comptons un peu sur notre bonne étoile, parfois sur un ami à l’escale, et beaucoup sur nous-mêmes… Avec mon ami Loïc, nous déjeunons au coin de la rue au Little Italy, une petit établissement qu’il aurait peut-être mieux fait de racheter plutôt que d’y avoir table réservée tous les jours depuis des années… Un peu plus loin, au bout de la rue du Four à Chaux, il y a le siège des TAAF, les Terres Australes et Antarctiques Françaises…
Photo 1- Gousses de vanille réunionnaise...
Photo 2 - Cannelle de l'île Bourbon...
Photo 3 - Vétyver des Hauts, les pentes du volcan...
Photo 4 - Mélissa, poupée métisse...
- Photos 5 à 13
L’usine sucrière du Gol, située près du bourg de Saint-Louis, sur la côte ouest de La Réunion, vaut bien une visite. La première fois que je m’y étais rendu, c’était en 1974. Les officiers et élèves-officiers (dont j’étais) du Ville de Hambourg, cargo long-courrier de la NCHP qui embarquait entre autres à la Pointe des Galets 3500 tonnes de sucre (en vrac !) à destination de Nantes, avaient été invités par le chargeur à visiter le site. Aujourd’hui, nous nous y rendons en famille, accompagnés par nos hôtes, la famille Artault au grand complet. Tout le monde se retrouve avec un casque visiteur sur la tête, chaussures fermées aux pieds, mini-jupes à éviter dans les échelles métalliques. Petit reportage technique. A La Réunion, la filière de la canne, c’est 12 000 emplois dans le secteur de l’agriculture, de l’industrie, des transports, de l’énergie et de la recherche, dont 3500 planteurs qui cultivent environ 25 000 hectares sur lesquels sont récoltés 1 900 000 tonnes de canne. L’île a deux usines, celle du Gol et celle de Bois-Rouge, qui produisent au total près de 200 000 tonnes de sucres (au pluriel, car il existe plusieurs qualités différentes) - premier producteur européen - soit 85% des exportations de l’île en volume, une « balance commerciale » très déficitaire. Implantée au XVIII ème siècle, la canne, dont le résidu ligneux (la bagasse) est utilisé pour produire de l’énergie, évite l’importation à La Réunion de l’équivalent de 138 000 tonnes de charbon. Les plantations de canne jouent un rôle écologique non négligeable, chaque hectare absorbant tous les ans 60 tonnes de CO2 et produisant 42 tonnes d’oxygène. Pas mal quand on connaît l’importance du parc automobile de l’île, hallucinant depuis quelques années !
A La Réunion, la campagne sucrière débute mi-Juillet et se termine en Décembre. L’usine du Gol, qui emploie 185 salariés permanents et près de 200 saisonniers supplémentaires pendant la campagne sucrière, fonctionne jour et nuit en semaine en 3 x 8, le dimanche étant consacré à la maintenance des machines. Un hectare de canne produit environ 8 tonnes de sucre. La production de l’usine du Gol est d’environ 40 tonnes de sucre à l’heure, soit 960 tonnes par jour, provenant du broyage de près 8500 à 9000 tonnes de canne. Une tonne de canne produit environ 110 kg de sucre.
Le processus de production du sucre demande environ 21 heures entre la phase de broyage et le séchage final.
La canne récoltée par les planteurs est acheminée par tracteurs et remorques soit directement à l’usine (pour les plantations environnantes), soit dans des centres de réception répartis dans les zones de plantation. Les « cachalots », ces gros camions verts bourrés ras la gueule de cannes fraîchement coupées entrent alors en action sur les routes sinueuses de l’île. Ils assurent le transport de la canne entre les centres de réception et l’usine. A l’arrivée sur le site du Gol, un petit laboratoire effectue des prélèvements dans le chargement, au moment du pesage. Une analyse déterminera la richesse moyenne de la canne livrée, d’où sera déduit le prix payé au planteur. Puis la canne est déchargée dans la chaîne d’alimentation. Elle est défibrée dans un shredder, puis passe successivement dans plusieurs moulins de broyage, 5 au total, qui réalisent l’extraction du jus. Avant le dernier moulin, on procède à une injection d’eau chaude qui permet d’obtenir un effet de lavage de la canne, lequel favorise l’extraction du maximum de jus de canne, et donc de sucre. En fin de cycle de broyage, on a obtenu deux produits : d’un côté le jus de canne brut, de l’autre la bagasse. La bagasse est le résidu fibreux de la canne dépourvu du jus qui en a été extrait. La bagasse est hachée puis utilisée dans les chaudières de la centrale électrique où elle est brûlée pour produire de l’électricité (turbo-alternateurs). De l’autre côté, le jus est dégazé, épuré et décanté. Les résidus tombent au fond des bacs de décantation, d’où ils sont recyclés comme engrais dans les plantations. La phase suivante est l’évaporation. Le jus clair décanté et filtré est chauffé à la vapeur. L’eau s’évapore et le jus clair devient alors un sirop. Intervient alors la première cuisson, dite « cuite A ». Le sirop malaxé se concentre sous l’effet de la cuisson, on ajoute alors une poudre de sucre qui provoque la cristallisation. C’est la « masse cuite A ». Le brassage de la pâte cuite favorise le grossissement des cristaux. Le passage dans les centrifugeuses sépare les cristaux de sucre de cette première liqueur mère, dite « liqueur A ». On isole ainsi le sucre A, de la meilleure qualité. Deux nouvelles cuissons de la liqueur résiduelle produiront respectivement le sucre B et le sucre C, à chaque fois de qualité moindre. Le produit qui subsiste à la fin de ce cycle de production des 3 sucres A, B et C porte le nom de mélasse. C’est un résidu qui sera utilisé dans les distilleries pour produire du rhum industriel… Les sucres produits sont séchés, puis entreposés avant conditionnement et expédition. Les grosses quantités exportées sont stockées en silo dans la zone portuaire et transportées en vrac dans les cales des navires.
Ainsi naît le joli sucre brun de canne que j’utilise volontiers dans mon ti-punch !
Mais l’usine du Gol ne produit que du sucre. Pas de rhum.
Il existe plusieurs distilleries à La Réunion, qui produisent soit du « rhum traditionnel », soit du « rhum agricole ». Le rhum agricole est objectivement bien meilleur, puisqu’il est issu du jus de canne brut, alors que l’appellation « rhum traditionnel » dissimule joliment la réalité nettement plus basique du rhum industriel, issu de la mélasse, un produit résiduel pauvre. Mais à La Réunion, la production de rhum agricole est assez récente. Et les qualités du terroir réunionnais et de la canne locale ne permettent pas d’atteindre la qualité incomparable des rhums antillais de la Guadeloupe et de la Martinique, les meilleurs sur le marché mondial. Les anciens réunionnais sont habitués au goût du rhum industriel, baptisé en conséquence « traditionnel » comparativement au rhum « agricole ». Mais si, comme nous, vous faites provision de quelques litres de rhum à La Réunion avant de faire voile vers Madagascar et l’Afrique du Sud, ne vous trompez pas, prenez du rhum agricole !
Photo 5 - A l'arrière des cachalots, les grands camoins de canne
Photo 6 - L'équipage de Jangada en visite à l'usine sucrière du Gol, à Saint-Louis...
Photo 7 - ...accompagnée de la famille Artault, dont le célèbre Jean-Philippe!
Photo 8 - Pleine saison de coupe dans le sud de l'île...
Photo 9 - De la canne, et bientôt du sucre!
Photo 10 - Les machines en action...
Photo 11 - Pas sexy, nos gazelles, hein Toto!
Photo 12 - 3 qualités de sucre, selon le degré de raffinage...
Photo 13 - Le process de fabrication du sucre (hé, faut zoomer, là, dis-donc!)
- Photos 14 – 15
Les côtes réunionnaises sont peu propices à la navigation à voile, mais on y pratique le surf, la planche à voile, le kite-surf et la plongée avec bonheur. Enfin, plus exactement jusqu’à ces derniers mois, c’était encore le cas. Mais, depuis, les choses ont changé. Marin a pratiqué le body-board dans la passe du petit lagon d’Etang Salé, avec des consignes très précises de ne s’en éloigner en aucun cas. Et Adélie a renoncé avec nous au stage de surf qu’elle souhaitait faire à Boucan-Canot pour son anniversaire…
C’est qu’un danger, connu sur l’île depuis une trentaine d’années avec l’apparition progressive des activités aquatiques modernes, a pris récemment de l’ampleur.
Les requins !
Les requins attaquent de plus en plus souvent à La Réunion, pour des raisons mal connues aujourd’hui. Et quand on se documente un peu, on s’aperçoit que l’île de La Réunion détient le record mondial de dangerosité des attaques de requins, ou si vous préférez, le plus haut taux de mortalité par attaque, soit 58% ! C’est sans doute pas une information à mettre dans les guides de tourisme… A La Réunion, deux grandes espèces de requins, pas des plus sympathiques, rôdent autour du volcan qui tombe abruptement dans les eaux bleues de l’Océan Indien. Les requins bouledogue, très dangereux, et les requins tigre, qui ne valent guère mieux. Ces deux espèces génèrent des animaux de grande taille, particulièrement redoutables quand ils passent à l’attaque. On retrouve l’une ou l’autre espèce dans la majorité des attaques, près de 80%. Requins bouledogue et requins tigre sont des opportunistes alimentaires. Ils mangent aussi bien des proies mortes que vivantes : tortues marines, raies, phoques, poissons et, de temps en temps, …un spécimen du genre humain ! Les attaques de requins sont comptabilisées depuis 1980 à La Réunion. Auparavant, cinq cas d’attaques avaient été répertoriés de façon certaine. La moyenne, jusqu’à une période récente, était à peu près stable, de une à deux attaques par an. Mais en 2011, on recense une brusque augmentation des attaques autour de l’île : 5 à 6 ! Que se passe-t-il donc chez les squales réunionnais?
Les scientifiques vont essayer de le savoir, des marquages (pose de balises) ont commencé. Mais j’imagine que pendant quelques années, on en sera réduit à des hypothèses…
Le recensement des attaques par activité des victimes est intéressant. Environ 40% des victimes sont des surfeurs, des véliplanchistes ou des kite-surfeurs. 30% sont des baigneurs, ou des nageurs avec palmes, masque et tuba. 22% sont des pêcheurs sous-marins. Et 10% sont des plongeurs sous-marins avec bouteilles. Autre information statistique, la distance moyenne d’attaque par les requins est seulement de 35 mètres du rivage. Les squales ne sont pas loin !
D’autre part, on apprend (mais pas à l’Office de Tourisme de Saint-Gilles…) que La Réunion affiche le deuxième plus fort taux (1,7 mais ce chiffre va augmenter après l’année 2011 !) mondial d’attaques de requins rapporté au nombre d’habitants, derrière Hawaï (3,2), à égalité avec la Floride (1,7 aussi). L’Australie (0,20) et l’Afrique du Sud (0,16) sont loin derrière. Les attaques de requins sont une chose. On peut avoir eu très peur mais s’en sortir pas trop mal, on peut y laisser un membre, ou un bon bout de viande mais survivre malgré tout, et on peut aussi évidemment en mourir, sur la plage, à l’hôpital, ou dans le ventre de l’animal. Et question mortalité, les squales de La Réunion sont imbattables, ils sont champions du monde toutes catégories ! Un rappel : à La Réunion, jusqu’à récemment, 58% des attaques étaient mortelles ! Mais cette proportion va forcément augmenter l’année prochaine. La moyenne mondiale n’est que de 13,2%. Hawaï connaît 2 fois plus d’attaques, mais le taux de mortalité est inférieur, à 34%. L’Australie est à 30%, l’Afrique du Sud à 12%, et la Floride à seulement 1,7%. Gentils, les requins de Floride !
Résumons, La Réunion est le deuxième spot le plus dangereux du monde en termes de nombre d’attaques de requins par habitants, mais aussi, et de loin, l’endroit du monde où les attaques des squales sont les plus redoutables…
Ca fait réfléchir, quand même. Heureusement pour l’île, elle a d’autres attraits à faire valoir que les activités aquatiques sur ses côtes.
Mi-septembre 2011. Mathieu Schiller, 32 ans, ex-champion de body-board, prof de surf et dirigeant d’une école de surf à Boucan-Canot, décide d’aller surfer les vagues devant la plage qu’il connaît par cœur depuis de nombreuses années. Il est un peu plus de 15 heures. Il s’éloigne de la plage de quelques dizaines de mètres à peine. Soudain, un hurlement, un bras tendu vers le ciel, et une mare de sang. Deux de ses amis surfeurs se précipitent pour lui venir en aide. Ils réussissent à hisser son corps sur sa planche de surf, ou plus exactement ce qu’il en reste, de son corps. Car on apprendra que le requin, dès la première attaque, en avait prélevé une grande partie… Le sang coule à flot, le surfeur est perdu. Et l’animal charge à nouveau. Les deux surfeurs courageux sont obligés de fuir… Pour Mathieu Schiller, c’est fini, il disparaît dans la gueule de l’animal. Le lendemain, des sauveteurs qui cherchent les restes du sportif sont obligés de sortir précipitamment de l’eau. L’hélicoptère qui les survole en vol stationnaire pendant les opérations a repéré un requin de bonne taille à proximité immédiate… Une semaine plus tard, une autre attaque a lieu, un peu plus loin, mais dans le même secteur. Un kayakiste est attaqué par un grand requin, qui sectionne l’embarcation en deux. Le promeneur se retrouve à l’eau, face à l’animal, qu’il réussit à repousser en lui tapant sur le museau (siège de nombreux organes sensoriels délicats) avec sa pagaie. Il a eu sacrément chaud ! Peut-être que l’animal avait été momentanément indisposé par le morceau de plastique ingurgité quelques secondes auparavant ? Ca plus le coup sur le museau fragile, il a préféré s’éloigner. Un miracle. Quelques jours plus tard, il s’est dit sur l’île que le kayakiste attaqué traînait en réalité quelques poissons fléchés à proximité… Vrai ou faux ? Difficile de savoir où est la vérité, mais l’attaque elle, est bien réelle. Enfin, quelques jours avant notre départ, nous apprenons qu’un corps martyrisé , de sexe féminin, a été retrouvé sur la plage de La Possession. En grande partie dévoré par les requins. Mais, là encore, un doute existe, les squales ont-ils seulement mangé le cadavre, ou bien se sont-ils attaqués à l’être vivant ? Bon, allez, venez donc passer quelques jours de vacances à l’île Bourbon, et vous baigner à Boucan-Canot, l’une des plus belles plages de l’île de La Réunion, en pleine station balnéaire. De temps en temps, jetez quand même un œil autour de vous ! Vous pouvez peut-être rencontrer du beau monde !
Photo 14 - Les côtes réunionnaises, assez peu acceuillantes, surtout en ce moment!
Photo 15 - Marin et son board, en sécurité dans le petit lagon d'Etang Salé...
- Photos 16 à 41 Pas d’autre commentaire que les petites légendes accompagnant les photos.
Photo 16 - Les flamboyants sont en fleurs, c'est superbe!
Photo 17 - La mairie de Saint-Leu, en pierres de lave, joliment conservée...
Photo 18 - Les tisserands envahissent le jardin de nos hôtes, et ils ne chôment pas au printemps!
Photo 19 - Adélie est ravie, elle a trouvé une jeune chienne au bord de la route. Mais il faudra ramener Grisouille à Saint-Pierre...
Photo 20 - Adélie et ses premiers pas de rock, avec le maître des lieux, El Toto.
Photo 21 - Un grand moment pour moi, je retrouve Jean-Guy, chargé d'études au Chantier CIM, un ami qui a retrouvé sa Grande Ile...
Photo 22 - Eric et Marin dévalent les pentes en long-skate, encore un truc de malade!
Photo 23 - Marin a adoré, mais très peu pour moi... Merci Eric!
Photo 24 - Loïc adore les jouets, bon OK, assez haut de gamme!
Photo 25 - Lotus Seven Cateram, sur les pentes des hauts, ça déménage grave...
Photo 26 - Sur le terrain du club d'aéromodélisme, on voit des choses bizarres!
Photo 27 - Docteur Helico a mis ses pattes dans l'engin, Toto peut rajeunir. Cet homme-là ne vieillira jamais!
Photo 28 - A Hell Bourg, au coeur de l'île de La Réunion (Cirque de Salazie)...
Photo 29 - La petite chapelle de Marla, dans le cirque de Mafate...
Photo 30 - Entre les hameaux isolés de Marla et La Nouvelle (Cirque de Mafate) ...
Photo 31 - ... que la montagne est belle!
Photo 32 - Le capitaine dans la Plaine des Tamarins, Cirque de Mafate...
Photo 33 - Marin, du côté du Col de La Fourche, entre Mafate et Salazie...
Photo 34 - Adélie, sur le GR R1...
Photo 35 - Petite pause familiale à la Ravine Blanche (Cirque de Salazie)...
Photo 36 - 3ème jour, du côté du Cap Anglais (Cirque de Salazie) Dur!Dur!
Photo 37 - Vers le Piton de la Fournaise...
Photo 38 - Le Formica Leo et le Piton, vus du Pas de Bellecombe...
Photo 39 - Formica Leo, bienvenue sur la Lune!
Photo 40 - La lave boursoufflée par les gaz, c'est léger!