Par Olivier
Fin Octobre, un Dimanche après-midi à l’île de La Réunion.
Nous prenons le café dans la résidence du « Baron du Lagon », notre ami Philippe. La demeure du baron Philippe et de la baronne Véronique donne directement sur la plage et le petit lagon d’Etang Salé les Bains, un endroit qui prend de la valeur pour les baigneurs par ces temps de requins rôdeurs, faméliques et en tous cas mangeurs d’hommes sur les côtes de l’île Bourbon.
Le baron et la baronne ont, semble-t-il, organisé pour nous un spectacle grandiose.
Pour y assister de plus près, nous sautons dans le bateau à moteur de Loïc (un de ses nombreux jouets, dont il ne saurait se passer, on en connaît d’autres du même genre !), franchissons la passe sinueuse et étroite du petit lagon, et rejoignons l’aire de jeux des baleines en quelques minutes, à quelques encablures du rivage.
Ce sont des mégaptères, des rorquals à bosse, appelés aussi jubartes, et assez improprement, mais très fréquemment, « baleines à bosse », en anglais humpback whales. Le nom de mégaptère leur a été donné en raison de leurs longues nageoires pectorales (mega grand, pteron aile), qui mesurent approximativement le tiers de la longueur du corps.
Les adultes mesurent une quinzaine de mètres en moyenne, jusqu’à 18, et pèsent de 25 à 40 tonnes. A la naissance, le baleineau mesure 4 à 5 mètres et pèse 1,3 tonne environ. La tête du mégaptère porte de nombreuses protubérances (follicules pileux), caractéristiques de l’espèce. Les femelles mettent bas un seul baleineau tous les 2 ou 3 ans, après une gestation de 11 à 12 mois. Le baleineau, allaité pendant 5 mois environ (d’un lait très riche), prend … 60 kg de poids supplémentaire par jour ! Il devra avoir acquis en quelques mois suffisamment de forces pour pouvoir entreprendre son long voyage migratoire et initiatique vers les eaux froides. Le baleineau ne quittera pas sa mère de plus de quelques dizaines de mètres pendant une année entière, il mesurera alors environ 8 mètres de long. Les « baleines à bosse » ont été abusivement chassées pendant des décennies, depuis le XVIII ème siècle, en particulier dans les mers australes, et l’espèce a été quasiment décimée, passant de plus de 150 000 individus à moins de 10 000 aujourd’hui... Les mégaptères (qui n’ont pas de dents, mais des fanons) se nourrissent de petits poissons nageant en banc et de krill dans les mers froides. Ils peuvent rester jusqu’à 30 minutes en apnée, et atteindre 200 mètres de profondeur. Séjournant dans les eaux polaires froides en été, les « baleines à bosse » rejoignent les eaux plus chaudes des tropiques en hiver, où elles se reproduisent et mettent bas. Leurs vocalises sont parmi les plus développées du monde animal. Leur seul ennemi est l’orque-épaulard, dont les attaques laissent parfois des traces sur les nageoires des mégaptères.
Un spectacle toujours magique, majestueux, et quelque peu mystérieux, que de voir ces grands animaux effectuer en surface ces gracieux mouvements de nageoires, et se lancer dans d’incroyables sauts qui se terminent irrémédiablement en un magnifique geyser d’éclaboussures…
Photo 1 - Devant Etang Salé les Bains, île de la Réunion, une voile peut-être...
Photo 2 - Un véliplanchiste apparemment, mais est-ce si sûr...
Photo 3 - Non , pas du tout, c'est une étrange chorégraphie, venue du fonds des âges...
Photo 4 - A droite, la nageoire pectorale, à gauche l'aileron dorsal de deux baleines différentes...
Photo 5 - Ceux sont des baleines à bosse, en réalité des rorquals à bosse, dits aussi jubartes, officiellement appelées mégaptères.
Photo 6 - A faible distance de la côte, elles exécutent un étrange ballet...
Photo 7 - Auquel participe le dernier-né de la famille, né dans les eaux chaudes au voisinage de l'île.
Photo 8 - Simple jeu ou bien rituel génétique de l'espèce...
Photo 9 - Qui sait vraiment...
Photo 10 - Impressionnant, tout de même...