Distance parcourue à midi : 253 milles Distance restant à parcourir :1103 milles
Seule la houle de sud-ouest faisait bouger le bateau hier après-midi, à la surface de l’océan désertée par le vent. Nous avons franchi le front résiduel repéré il y a plusieurs jours sur les cartes météorologiques et venu du sud-ouest. Grandes masses de nuages sombres barrant l’horizon, parsemées de grains de pluie sans beaucoup de vent. Il a bien fallu s’engager là-dessous, et pour abréger ce passage orageux de quelques heures (une douzaine), nous avons fait route avec 2 moteurs. Il faut franchir ce front, et gagner dans l’ouest pour rejoindre une zone plus favorable où le vent de secteur nord soufflera demain à une quinzaine de nœuds. Les Volvo ont donc ronronné toute la nuit : je n’aime pas beaucoup l’absence ou même l’insuffisance de vent en mer. Le temps me paraît alors plus long, la destination plus lointaine, surtout en début de traversée. A la tombée de la nuit, c’était crêpes party dans le cockpit, un menu qui fait toujours l’unanimité à bord en mer. Puis Barbara a découpé la daurade qui attendait au frigo, écaillée, vidée et coupée en 3 parties, en darnes puis en dés, dont j’ai rempli 4 grands bocaux de verre Le Parfait, qui ont pris le chemin de la grande cocotte-minute pour 01H30 de cuisson dès que la nuit est tombée. Lorsque j’ai pris mon quart à minuit, le ciel s’était dégagé, les étoiles brillaient, la lune se levait. Nous étions sortis du front. Il n’y avait plus qu’à attendre le retour du vent, un œil rivé à l’anémomètre, longtemps resté en-dessous de 5 noeuds. Finalement au lever du jour, j’ai réveillé Marin de sa longue nuit, nous avons réglé la grand-voile sous le vent et envoyé le gennaker bleu pétrole. Le souffle du vent est progessivement monté à 10, 15 puis 17/18 nœuds, du travers tribord. La vitesse du bateau a grimpé à 7, 8 parfois plus de 9 nœuds sur la route directe, c’est bon à prendre quand on sort des calmes. Ciel bleu de grand beau temps. Croisé un navire de pêche coréen remontant sur l’île Maurice. Vers 08H00, sorti une daurade coryphène de taille moyenne à la ligne bâbord. Le montage que j’ai fait avec un hameçon réunionnais semble séduire les coryphènes ! Mais Marin, qui avait choisi de la gaffer avec le croc à thon tandis que j’étais à la canne, n’y est pas parvenu. Le geste est loin d’être facile, et nous sommes vite revenus à l’arbalète sous-marine, précise et très efficace pour assurer la prise avant de la hisser à bord !
Barbara a attaqué Un long chemin vers la liberté, le livre de Nelson Mandela, un bouquin que j’ai lu il y a quelques années et que je classe dans mon top-ten.. La version originale est un pavé passionnant, mais j’ai pu trouver une version un peu allégée pour les jeunes (merci Caroline !), Marin et Adélie devront l’avoir lu sans faute avant d’arriver au Cap ! Moi, j’ai lu avec délectation la BD Voyage aux Iles de la Désolation , envoyée gentiment par Denis et Isabelle de Gwenvidik, qui relate une rotation du navire des TAAF Marion Dufresne dans les îles australes. Bon, bien sur, j’avais pris la peine d’alléger l’album en découpant au cutter, à quai avant le départ, 2 ou 3 dessins et quelques bulles de texte qui parlaient malencontreusement de certains animaux à grandes oreilles qui font des ravages aux Iles Kerguelen. On n’est jamais trop prudent avec ces choses-là… A part ce détail qui n’aurait pu m’échapper, un régal, merci les amis !
Bon week-end, à demain !
Olivier