Par Olivier
La mer est grande, les rencontres au large sont chose assez peu fréquente.
Le Mercredi 9 Novembre, il fait grand beau temps au sud de Madagascar, dans le canal du Mozambique. Juste un peu de houle résiduelle de sud-ouest. Le vent souffle du nord-est, entre 12 et 15 nœuds. Vers 10H00 du matin, j’aperçois un trait blanc vertical sur l’horizon, une voile. Légèrement sous notre vent. Nous laissons un peu porter pour nous situer dans son sillage, et puis nous l’alignons entre les étraves. Je ne peux m’empêcher de régler un peu les écoutes… La voile grossit progressivement, nous rattrapons assez vite ce voilier qui, à l’évidence, se dirige aussi vers Richards Bay, en Afrique du Sud, à quelques 400 milles devant.
Environ 3 heures plus tard, nous sommes sur ses talons. Nous entrons en contact par VHF (radio) avec Empire, un monocoque (Bavaria) de 45 pieds. Petite conversation de marins au large, tout va bien à bord des deux voiliers. On échange des infos sur la pêche des derniers jours, les prévisions météo, les pronostics d’arrivée. A bord d’Empire, Eivind, le skipper, sa femme et deux enfants. Ils ont quitté La Réunion 2 jours plus tôt que nous, et se dirigent également vers Richards Bay, le port d’entrée le plus logique en Afrique du Sud sur notre route commune. Eivind, appareil photo à la main, fait des images de Jangada qui, sous le vent, amorce son dépassement. Nous faisons de même, on fait rarement l’effort sur nos voiliers en voyage de réaliser des images sous voiles. Alors quand le boulot peut être fait par d’autres…
La différence de vitesse est sensible entre les deux voiliers, au moins 3 nœuds. Nous ne restons bord à bord que quelques secondes. Je me dis que ce n’est peut-être pas très bon pour le moral de nos voisins de tribord de se voir dépasser ainsi, mais Eivind ne semble pas s’en formaliser. Alors on parle d’autre chose que des vitesses respectives des deux bateaux, qui sont simplement très différents. Eivind se sentira sans doute plus à l’aise sur son monocoque dans quelques jours, au sud de l’Afrique du Sud, un coin pas idéal, en tout cas délicat, pour les multicoques !
Et puis le silence retombe sur la mer, la voilure d’Empire diminue doucement dans notre sillage, sa silhouette s’efface progressivement jusqu’à disparaître à nouveau sous l’horizon.
Puis la nuit tombe sur notre coin d’océan, les étoiles apparaissent une à une dans notre ciel. Jangada trace son sillage phosphorescent vers Richards Bay, à bonne allure. A une quinzaine de milles derrière nous, un autre voilier fait de même.
A son bord, une autre famille, un autre projet, une autre histoire, un autre voyage. Mais sans doute un peu des mêmes rêves de liberté…
Merci Eivind, pour les images !
Photo 1 - Grand beau temps au sud de Madagascar, Barbara est dans ses songes à l'avant...
Photo 2 - 10 heures du matin, la vigie d'étrave signale une voile blanche droit devant sur l'horizon...
Photo 3 - Trois heures plus tard, Jangada a rattrapé Empire, un voilier norvégien de 45 pieds.
Photo 4 - Et s'apprête à le doubler. Vitesse 9 noeuds pour nous, contre 6 au monocoque.
Photo 5 - Eivind le norvégien fait des images, et nous faisons de même.
Photo 6 - Dans la houle de sud-ouest, Jangada fait route sous gennaker et GV à 1 ris.
Photo 7 - La différence de vitesse est sensible, le dépassement s'effectue en quelques dizaines de secondes seulement.
Photo 8 - Les deux voiliers se dirigent vers Richards Bay, en Afrique du Sud, à quelques 300 milles devant les étraves.
Photo 9 - 3 heures après, Empire aura disparu dans notre sillage. Nous échangerons nos images 3 jours plus tard, au Zululand Yacht Club!