Fin d’une longue escale de 4 semaines à La Réunion, une île que nous avons (re-)trouvée attachante et où nos amis semblent vivre heureux, loin des tourments métropolitains. Hier, nous avons passé une dernière soirée chez Loïc et Caroline, anciens rochelais, installés depuis une dizaine d’années à Etang Salé, sur la côte ouest, et qui nous ont accueilli chez eux pendant notre séjour, dans leur maison californienne (OK, encore un peu en travaux), avec un sens rare de l’hospitalité.
Auprès d’eux, nous avons vécu comme des nababs, entourés et choyés, alors le départ tenait plus de la séparation que de l’appareillage… Un dernier verre avec nos amis (ici, nous avons revu avec plaisir de vieilles connaissances et aussi fait quelques belles rencontres nouvelles, en étant reçus à droite à gauche comme si nous étions installés sur l’île et faisions partie du cercle), et puis Loïc nous a raccompagnés au Port, où Jangada , que nous préparions depuis déjà quelques jours à un nouveau départ, nous attendait sagement, à quai sous la capitainerie. Loïc nous a souhaité bon vent, puis il a fait demi-tour dans la nuit. A chacun son destin du moment. Je sais qu’il suit avec intérêt, et souvent envie, notre voyage, et qu’il a du probablement songer un instant à s’engouffrer, à la faveur de la nuit, dans l’un des coffres arrières de Jangada… Mais il a aussi dans sa vie de nombreuses et belles et bonnes raisons de rester à terre. Une ambiance de fin de vacances, de rentrée pour l’équipage. Retour aux affaires… du tour du monde. Dernière nuit à quai, dans le calme de la marina de la Pointe des Galets, demain nous appareillons pour l’Afrique du Sud, via le sud de Madagascar. Je me suis levé tôt, ai rangé le bateau, vérifié la fermeture des capots de jupes arrière (souvent submergés en mer), passé du WD 40 sur les rotules de barre, vérifié les niveaux moteurs, etc… Check-list habituelle de départ. Barbara a profité du confort du quai (électricité, eau douce) pour faire une dernière machine de linge, puis nous avons fait les pleins d’eau douce, pendant que les enfants abattaient 3 heures de CNED. Nous avons longuement attendu le passage des Douanes pour le visa de la clearance de départ, finalement après le déjeuner. Quelques mots échangés au téléphone avec Timothée, désormais en 2ème année de médecine à Bordeaux. Une promesse qui me réjouit d’avance, et me réchauffe le coeur : celle de le retrouver aux Açores en Mai, pour passer quelques semaines seul avec lui, avant de prendre la mer, une dernière fois, ensemble, tous les deux, pour rejoindre le port de La Rochelle. Papiers officiels tamponnés, nous avons largué les amarres, et rejoint la mer. Pas besoin pour le captain de questionner l’équipage sur son état d’esprit du moment. A la lenteur des manœuvres, je sais que nous sommes encore à terre. Jangada commence à bouger dès le franchissement des jetées. Il s’ébroue, ses carènes sont sales après 4 semaines à quai. Lui aussi doit se remettre au boulot, du côté du large.
Après une longue et belle escale, au milieu d’amis, anciens et nouveaux, il nous faut tous nous arracher…
Olivier
