dimanche 6 novembre 2011

MESSAGE N°3 – TRAVERSEE REUNION – AFRIQUE du SUD

Dimanche 6 Novembre 2011 – Jour 3
Distance parcourue à midi  : 441 milles   Distance restant à parcourir : 914 milles

Au troisième jour de mer, nous nous enfonçons un peu plus dans la traversée. Les souvenirs de nos derniers jours à La Réunion s’estompent doucement, restent durablement ceux des bons moments passés avec les amis.

Hier après-midi, un paille-en-queue (ou phaéton) d’un blanc immaculé est venu nous survoler. C’est curieux comme cet oiseau, qui semble à première vue être un piètre voilier, tant son vol apparaît saccadé, mal assuré, est en fait capable de vivre loin de la terre, au grand large.

Je suppose qu’il se repose sur l’eau. Je ne le vois pas parcourir de grandes distances pour rentrer dormir à terre le soir et revenir au matin aussi loin de sa base… Puis nous avons aperçu successivement une bouée orange portant une antenne, et peu de temps après un deuxième navire de pêche coréen, probablement un long-liner, à qui la bouée doit appartenir (avec au bout une palangrotte munie de centaines d’hameçons !).

Le vent de secteur nord a grimpé de quelques nœuds en fin d’après-midi.

Le solent a remplacé le gennaker au coucher du soleil, et Jangada a marché toute la nuit entre 8 et 10 nœuds. Vers 22H00 bord, le vent soufflait à 25 nœuds sur l’arrière du travers tribord. Nous avons été au bout de la nuit sous grand-voile seule à 1 ris, un peu chahutés.

Quelques embruns, quelques paquets de mer même se sont invités à bord, cela faisait des semaines que nous n’avions pas connu ces joies-là.

Joies relatives, on se comprend, et pas toujours appréciées de la même façon par tout le monde à bord ! Personnellement, il n’est pas rare que je me prenne une bonne giclée d’eau de mer lorsque j’observe la marche du bateau, le réglage des voiles, ou l’état de la mer, à l’arrière de la nacelle. Chaque angle de cette nacelle comporte un dalot (trou d’évacuation pour l’eau ruisselant sur le pont), et lorsque le bateau avance à bonne allure, les crêtes des vagues qui viennent se décapiter sur la poutre arrière se font un malin plaisir à vous expédier un signe humide de leur présence fugace à l’étage inférieur. Parfois, la giclée est telle que le résultat est une aspersion complète en bonne et due forme. Les abonnés sont surtout Marin et moi (on compte les points), et il m’est arrivé de voir mon ado le plus souvent plutôt cool devenir furibard et gueuler comme un putois en réintégrant l’abri du cockpit dégoulinant de litres d’eau salée. Bien sûr, on pourrait ajouter une bavette anti-retour, mais on ne l’a jamais fait… On oublie vite, peut-être parce que c’est aussi un signe que le bateau abat des milles.

Hier soir, nous avons franchi une nouvelle fois vers le sud le tropique du Capricorne (23°27’Sud). Histoire de nous rappeler que le franchissement de l’Afrique du Sud est un passage délicat, surtout en catamaran. Nous nous y préparons, mais dans l’immédiat, l’objectif c’est Richard’s Bay, au nord de Durban, un grand port marchand de vracs (charbon surtout), qui a l’avantage d’être situé à l’intérieur d’une lagune bien protégée. On y trouve un yacht-club réputé sympathique, le Zululand Yacht-Club. Et de là, on peut facilement rejoindre deux premiers centres d’intérêt en Afrique du Sud : la réserve animalière de Hluhluwe-Imfolozi, où l’on peut observer les grands animaux africains, et le Lesotho, une enclave monarchique haute en couleurs dans le territoire sud-africain. Voilà pourquoi nous allons à Richard’s Bay… Dans l’immédiat, nous approchons de la région de Fort-Dauphin, à l’extrême sud-est de Madagascar, mais nous avons renoncé à nous y arrêter. Je vous expliquerai pourquoi demain.

Comme prévu par la météo, le vent mollit à nouveau en ce milieu de journée. Nous entrons dans la convergence de deux masses d’air anticycloniques, vents faibles prévus pour la nuit. Risée Volvo probable sur une mer désordonnée et houleuse… A demain !

Olivier