dimanche 6 septembre 2009

Billet N°13 - Week-end à la Petite Salvage

Samedi 5 et Dimanche 6 Septembre 2009

Inutile de le chercher au catalogue des agences de voyages, même de Madère, rien de tel n’y figure. L’équipage de Jangada s’offre un week-end exceptionnel à Selvagem Pequena…

Très peu de voiliers s’y aventurent, et il faut bien reconnaître que les cartes marines sont dissuasives. Le coin est mal pavé, truffé de cailloux, et les épaves pullulent autour de ce minuscule îlot, ceinturé par de nombreux écueils. Ca tient la comparaison avec les parages de l’Aber Wrac’h… Nos maigres instructions nautiques indiquent :
« En aucun cas il ne faut approcher l’île de nuit ou par visibilité réduite. Selvagem Pequena est entourée par de nombreux dangers largement débordants. Ceux mentionnés dans le texte ne sont que les pires parmi de nombreux autres dont certains ne sont pas encore cartographiés… »
Bon, OK.
Mais le Captain, qui a cette fois la ferme intention d’aller découvrir cet endroit peu fréquenté, a étudié sa nav, et au matin du 5 Septembre, le catamaran fait voile résolument sous gennaker vers la petite Salvage. Je dispose de deux cartes portugaises détaillées, même si elles sont fausses, et je suis décidé à y aller doucement, avec toujours une solution de retraite sûre à portée de main.
L’approche se passe bien, il fait beau, l’eau est claire, et nous avons le soleil dans le dos, ce qui est indispensable pour naviguer à vue. Je peaufine notre future zone d’évitage au mouillage, et finit par jeter l’ancre au meilleur endroit possible. Maxsea et le GPS Furuno nous situent sur la terre, peu importe…

Mauricio, sur Selvagem Grande, m’a indiqué qu’il prévenait son collègue Sandro, accompagné actuellement sur l’île par un volontaire. Je ne vois pas pour l’instant, du mouillage, la cabane du gardien. Je tire copieusement en arrière sur la chaîne avec les 2 moteurs du cata: ça a bien croché.
J’allonge 60 mètres de chaîne pour 6 mètres d’eau, et je commence à savourer mon bonheur d’être là, avec les miens, simplement, dans cet endroit du bout du monde, pour un week-end hors des sentiers battus. C’est ce genre d’escale que je suis venu chercher. Pour les faire partager aux miens.

Je ne vois dans l’immédiat aucun endroit permettant le débarquement en annexe. Adélie vient avec moi pour tenter de repérer le meilleur point de débarquement. Pas évident. Cela déferle partout. Il faudra peut-être aborder à la nage, en laissant l’annexe sur son grappin. A une centaine de mètres, la silhouette de Sandro apparaît sur la grève. Il m’indique la direction de l’ouest, je lui fais signe que nous avons compris.

Finalement, après avoir contourné plusieurs barres rocheuses dans cette direction, nous découvrons une splendide petite plage de sable blanc, d’une quinzaine de mètres de long. Défendue par quelques roches, elle est accessible à marée haute, et nous prenons rendez-vous avec Sandro pour 11H00. Une épave de cargo, disloquée, jonche les roches du littoral. Nous mettons le pied sur l’îlot à l’heure dite ; la cabane du gardien, en bois, s’inscrit dans un paysage de far-west. Il n’y a pas d’eau ici, l’île est plutôt basse, et Sandro entrepose ses bidons d’eau en haut de la plage, dans un petit abri à côté de son Zodiac.

Nous faisons le tour de l’île avec lui, et montons au sommet, peu élevé. Seul le sentier côtier est praticable, toute la surface de l’île est truffée de nids-terriers, par milliers. Sandro veille sur cette réserve naturelle.
En arrivant à sa cabane, il nous présente le « volontaire » dont nous a parlé Mauricio : une jolie jeune fille de 25 ans, qui, au moment de notre entrée dans le modeste refuge, étudiait ses cours de biologie avec les écouteurs de son I-pod sur la tête.
Je souris, et propose à Sandro d’un œil entendu de le remplacer le mois prochain, puisque les rotations, assurées par un navire de la Marine portugaise sont de 3 à 4 semaines. Sandro rigole, et nous dit que nous sommes les bienvenus sur son île.

Nous reviendrons plus tard à la plage. Barbara est plongée depuis des lunes dans la lecture des « Thibault » de Roger Martin du Gard, en 3 tomes bien épais. Adélie a déniché Mister Crabus, un splendide crabe rouge que je rêve de mettre dans mon assiette, ce qui est peu compatible avec le règlement de la réserve, et Marin escalade les rochers sur la grève. L’endroit n’est fréquenté que par un seul bateau de pêche de Funchal, qui possède une licence spéciale : Maestre Gregorio, armé par 5 ou 6 hommes, qui nous rejoint de temps à autre au mouillage. Nous avons bien profité de Selvagem Pequena , et de l’hospitalité de Sandro.

Nous allons le saluer, lui et sa volontaire, regagnons le bord, et préparons notre appareillage pour les Canaries, à la nuit tombante, après un ti-punch et une plâtrée de nouilles.

Je ne regrette pas le détour par la Petite Salvage : ce week-end restera pour moi un joli souvenir de voyage, et de navigation.
Jangada fait à nouveau route au sud.

A une centaine de milles devant les étraves, les Canaries !

Olivier


Selvagem Paquena



Au bout du sentier, la cabane de Sandro



Près de la réseve d'eau de Sandro



Le tour de l'île



Devant la base



Les épaves abondent dans le coin



Vie ...



... et mort des oiseaux



Mister Crabus



Cerf-volant à la Petite Salvage



Sur les traces de Darwin...