22 et 23 Septembre 2009
Petit port de La Restinga, extrême sud de Hierro.
Finalement, le voilier Imaca, au sec sur le terre-plein, nous voyant sur le départ à cause du ressac intenable le long du quai (un coup à faire de gros dégâts), nous prête 3 très grosses défenses, qui se montrent efficaces et me font temporiser un peu notre décision d’appareiller. Les enfants veulent rester, ils ont fait la connaissance de Clément et Manon (12 et 9 ans) d’Imaca, et Félix et Rose de Gwenvidik sont arrivés hier soir de la Gomera…
Le vent est moins rageur, le ressac devrait diminuer un peu, je me laisse amadouer par cette ribambelle d’enfants trop heureux d’entrevoir la perspective de passer une ou deux journées ensemble dans ce petit port venté mais charmant.
Nous y laisserons le déflecteur stratifié autour du hublot de coque de la cabine de Marin, qui ne résistera pas. Et la peinture de coque tribord, toute neuve, prendra un coup de vieux…
Mais les enfants nous déclareront avoir passé leur meilleure journée du voyage !
Entre la plage de sable noir, les plongeons depuis le quai, les parties de Monopoly, le ballon de foot de Marin, la pêche de menu fretin (par seaux entiers) à l’épuisette depuis les jupes arrière et la plongée de nuit avec Denis de Gwenvidik dans le port, ils s’écrouleront de fatigue le soir venu. Epuisés, mais heureux !
Le lendemain matin, Barbara part en bus au dispensaire d’El Pinar, à quelques kilomètres, et en reviendra avec une ouïe parfaite, nous commencions à nous inquiéter… Le Dr Teuton de Valle Gran Rey restera donc un excellent souvenir canarien, truffé de compétences insondables…
L’après-midi, nous laissons les enfants à leurs jeux de gamins des bas quartiers de ports et partons en bus à Valverde, le bourg principal de l’île, 40 kms plus au nord à travers la montagne. Marcellino, le chauffeur, connaît toutes les petites vieilles en noir qui montent et descendent, et probablement l’histoire de chacune d’elles. Certes, nous trouverons à Valverde le jamon Serrano promis aux enfants depuis longtemps, mais l’architecture des maisons du village, comme très souvent dans les îles isolées où les contingences de la survie priment sur l’esthétique, est assez quelconque.
Nous recevons, par plusieurs sources différentes, des informations médiocres sur l’escale prévue au Banc d’Arguin. Nous avons également interrogé Philippe Poupon par e-mail via nos amis Marc et Nathalie (Pinta) chez qui il a longuement préparé son nouveau voilier Fleur Australe, avec lequel il s’est rendu dans les parages du Banc au printemps dernier. Le célèbre navigateur nous a aussitôt gentîment répondu, avec des infos précises.
Bien que nous ayons terminé la lecture du récit du naufrage de La Méduse et des incroyables péripéties (sur mer mais aussi à terre, dans le désert ), gourmandes en vies humaines, qui ont suivi ce triste évènement, et que l’envie soit forte de nous y rendre, nous renonçons finalement à cette escale. Incertitude sur l’obtention, sur place à Nouadhibou, de l’autorisation de nous rendre dans le parc naturel (Ph.Poupon l’avait obtenue en France), longueur et coût des formalités d’entrée (visas et autorisations, plusieurs jours et plusieurs centaines d’euros à larguer à Nouadhibou…), interdiction semble-t-il officielle d’utiliser le moteur dans le parc naturel conjuguée avec peu d’eau sous les quilles de notre cata à tirant d’eau conséquent et surtout fixe (1,60m), vent fort (nord 30 nds) prévu pour la période de notre séjour, et enfin limitation pour nous au seul mouillage d’Agadir à l’île d’Arguin, avant d’être obligés de ressortir par le nord du banc et la baie du Lévrier., nous modifions notre programme et décidons de faire route directement sur l’archipel du Cap Vert, à près de 740 milles de El Hierro, en nous promettant du coup d’y séjourner plus longtemps.
Je sens Barbara soulagée de cette décision, elle se fait son idée des choses à travers les descriptions partielles, souvent techniques, que je lui fais, puis elle coefficiente à sa sauce à elle, avec souvent un résultat d’analyse assez proche de la réalité… Je crains aussi que l’histoire de La Méduse ne lui ait plu que moyennement.
Préparatifs de départ vers le Tropique du Cancer.
La météo prévoit des alizés de NNE, vent arrière donc.
Olivier