Par Barbara
Nous avons atteint l’île de Fernando de Noronha dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 décembre, vers 03h30 du matin. Quelle joie d’être enfin arrivés à destination sans encombre après ces 10 jours de mer !
J’ai trouvé longues ces journées et ces nuits de mer qui se suivent, et si aujourd’hui je suis contente d’avoir traversé cet Océan Atlantique, je sais aussi que ce n’est pas ma cup of tea d’être en pleine mer trop longtemps.
Donc bien heureuse d’humer les odeurs de la terre, qu’instantanément je détecte dans la nuit.
L’archipel de Fernando de Noronha (3 500 ha) se situe « encore » à 525 kms de Recife et 350 de Natal. L’île est rattachée à l’état brésilien du Pernambuco. D’après les guides, il constituerait l’un des plus beaux sites naturels du Brésil… L’environnement côtier et marin est bien préservé grâce au Parque Nacional Marinho de Fernando de Noronha, l’archipel fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2002.
Des centaines de dauphins ont élu domicile dans ses eaux, dont la faune marine est particulièrement riche. Seule la plus grande île est habitée, elle mesure 10 kms de long et dispose d’un petit aéroport. Le nombre de touristes reste faible, les vols sont limités à destination de l île. Pour les voiliers de passage, les taxes de séjour et de mouillage sont exorbitantes et n’incitent donc pas les voiliers à séjourner plus de 48h00 dans l’archipel.
Le premier jour, nous sommes restés à bord pour une séance de reprise CNED un peu difficile après la trêve de la traversée. Olivier est allé repérer les lieux, qui ont changé depuis son dernier passage en compagnie de son frère Louis, fin 1982. Un brise-lames a été construit, et un tout petit port tente de s’abriter derrière, mais la houle reste forte.
Nous avons optimisé notre journée du lendemain sur l’île, tous guillerets de retrouver la terre ferme. On a commencé par louer la voiture locale : un buggy qui a fait la joie des petits mais aussi des grands. Le notre était rouge pivoine. Marin et Adélie accrochés à l’arrière étaient trop contents ! Il y a suffisamment de buggies sur Fernando pour que les enfants aient trouvé judicieux de qualifier Fernando de « réserve naturelle marine de buggies »…
Nous avons parcouru l’île, très préservée, plutôt sèche à cette période de l’année, la saison des pluies débutera en février et se terminera en juin. Les flamboyants n’étaient donc malheureusement ni en feuilles ni en fleurs. Une seule route goudronnée, et des pistes de terre sillonnent Fernando. Les maisons sont très colorées avec des tons vifs et gais. Et bien entendu les plages sont à se damner, désertes, sauvages, avec eaux turquoises et rouleaux mousseux…Nous sommes restés quelques heures sur l’une d’entre elles, Praia de Leao, dans le sud, à nous baigner jusqu’à plus soif…
Mais pour être tout à fait honnête, mon meilleur souvenir de l’île restera ma première vraie caipirinha…le cocktail national brésilien. Cachaça (alcool de canne à sucre), jus de citron vert et zestes, sucre et glace pilée, le résultat est sublime, surtout siroté sur la terrasse d’un joli bar très couleur locale surplombant la plage des surfeurs, à l’ombre du Morro El Pico, le célèbre pain de sucre qui domine l’île, avec au loin Jangada mouillé sur son ancre dans la Baia de Santo Antonio.
Nous reprendrons la mer au petit matin du 21 Décembre direction le continent, et plus excatement Cabedelo, à l’embouchure du Rio Paraiba, près de la capitale de l’état du même nom, Joao Pessoa. Jangada sera le bateau d’escorte d’un autre voilier moins chanceux que nous, « Tahiti », un monocoque de 11 mètres arrivé 24 heures après nous à Fernando, qui a percuté une famille de cachalots au large des Rochers Saint Paul, provoquant la charge violente de l’un d’entre eux, et qui présente une voie d’eau et d’importants dégâts (fissures proches de la quille, varangues explosées, cloisons rompues, table à cartes déplacée, voie d’eau 100 litres/heure…). Nous leur avons prêté une pompe supplémentaire, et ferons route à vitesse réduite en restant à proximité jusqu’à Jacare, notre destination commune, à 235 milles, où l’équipage sera sauf et le bateau pourra être mis en sécurité au sec. Bateau non assuré !
Olivier a profité de cet évènement pour expliquer aux enfants la notion de solidarité maritime entre gens de mer, il va falloir faire route à seulement 4 ou 5 nœuds…
Encore 48h00 de mer et les enfants et moi aurons achevé notre première transat !
Barbara
(PS – Extrait du journal de bord du premier Jangada (monocoque en acier de 10 mètres)
Par Olivier
« Vendredi 31 Décembre 1982 – A Fernando
Douche à la « Divisao da Pesca » et lavage du linge (à la main). Plein d’eau par bidonnage. Ramassé des plumes sur un oiseau mort pour la pêche. Appareillé pour un mouillage à l’îlot aux Rats. Pêche sous-marine pour Louis, qui a ramené 4 langoustes, des mérous, des rougets. Pour moi, essai (non concluant) de pêche au barracuda à la traîne après la visite d’une barque de pêcheurs de l’île, « Santa Pua », qui nous a laissé un barracuda après la caipirinha que je leur ai servie à bord. J’appelle ça la pêche au tafia ! Rentrés au mouillage principal de Santo Antonio.
Eté au village de Santa Anna dos Remedios en Jeep pour chercher le gâteau commandé par Louis. Réveillon du 31 Décembre à bord de Jangada avec Régis, Rolande et Gérald du voilier « Carpe Diem ». Menu : whisky-Perrier, macédoine de légumes, langoustes, barracuda au vin blanc arrosé de Gaillac perlé, gâteau Fernando, compote de pommes.
Tiré une fusée à minuit heure française.
Bonne année 1983 !
Demain, nous reprendrons la mer vers Recife et Salvador de Bahia… »
Marin devant le Morro El Pico, à Fernando de Noronha
Plage de rêve, côte sud-ouest
Marin et Adélie, à Punta das Caracas
En route dans le red buggy, spéciale Mamina...
Eglise de Santa Anna dos Remedios
Espèce protégée dans le parc marin
La première caipirinha au Brésil!
Retour de la plage des surfeurs, Praia do Meio
Jangada au mouillage de Baia de Santo Antonio, Fernando de Noronha