jeudi 6 août 2009

Billet N°5 - Golfe de Gascogne

Mercredi 5 et Jeudi 6 Août 2009


Première nuit en mer, les lumières de la côte se sont estompées au fil des heures, pour finalement nous laisser seuls.

Le jour s’est levé sur le plateau continental. Quelques pêcheurs au loin. Ciel assez dégagé, vent faible de secteur nord. Route vers le cap Ortegal sous grand-voile haute et gennaker.

Une dépression qui sévit au large des Hébrides nous envoie son train de houle, désagréable, mais pas méchant. A part le Captain, pour qui c’est grand beau dans le Golfe, il faut bien dire que le reste de l’équipage semble un peu à la peine...

Le grand départ malmène probablement les pensées, et avec elles l’oreille interne de l’équipage familial…

Barbara est restée allongée toute la nuit, incommodée par les mouvements parfois brutaux du bateau, et j’ai commencé à retrouver mes réflexes de navigateur solitaire, pour un long quart de nuit (12 heures) !

Le ciel s’est chargé au crépuscule, et le solent blanc et jaune a remplacé le gennaker violet.

Je redécouvre qu’en mer, l’arrivée de l’obscurité inquiète toujours Barbara.

Je la ménage, elle qui a su m’accompagner dans cette nouvelle aventure, ô combien lui suis-je redevable ?

Elle a, je crois, une totale confiance en moi, en mer, mais l’éventualité d’une chute par-dessus bord de son Captain de mari lui fait horreur.

Pour moi, un nouveau quart de 12 heures, qui ne me gêne pas. Les choses se mettront en place progressivement. Ne les brusquons pas.

J’ai sorti deux lignes de traîne, et vers 11 heures, un monstre (un thon probablement) me dévire à toute allure la ligne tribord. Mes 300 mètres de fil de 80/100 tout neuf partent à l’eau malgré le frein, ça casse méchamment, mais je garde la canne et le moulinet, c’est déjà pas mal ! Je n’ai pas eu le temps de ralentir. Mais il y a du beau monde là-dessous ! 1 à 0 pour les poissons…

L’approche du Cap Ortegal se fait en soirée dans la boucaille, pluie, visibilité réduite, on décide de rentrer dans la minuscule ria de Cedeira, quelques milles à l’ouest du cap. En affalant la grand-voile, je constate avec fracas (vu le choc !) que j’ai omis de préciser à la voilerie que j’avais rajouté 4 panneaux solaires sur le toit de l’allonge de roof. La chute est un peu longue du coup, et la bôme vient durement heurter le panneau tribord, qui sera déplacé dans le choc d’un centimètre, fixations comprises! Moi qui ai en horreur d’abîmer les bateaux !

L’ancre tombe pour la première fois, dans la vase de cette ria alta de Galice, très verdoyante.

Le plus gros du Golfe est derrière, la plâtrée de nouilles appréciée, et le moral de l’équipage débutant remonte.

Olivier


Le Cap Villano en vue...


Au revoir, Biscaye, allez, on tourne à gauche, cap au sud!