mardi 11 août 2009

Billet N°6 - Dans les rias galiciennes


Du Vendredi 7 au Mardi 11 Août 2009

La grand-voile ayant été rehaussée aux points d’amure et d’écoute, le Vendredi 7 Août nous voit doubler le Cap Villano vers 18 heures, poussés par un petit vent soutenu de NNE (nord- nord-est) 3 à 4.

Barbara n’aime pas ce cap si bien nommé, qui marque, mieux que le cap Finistère, moins bien placé géographiquement, la sortie du Golfe : c’est vrai qu’il est impressionnant dès que le temps est chargé. Mais cette fois, nous le doublons avec un grand soleil.

A une bonne vingtaine de milles au sud, le Cap Finistère suit : cette fois, le Golfe de Gascogne est vraiment derrière nous, et le Captain félicite l’équipage pour ce premier haut fait maritime du voyage.

Première leçon de navigation à suivre pour préparer l’atterrissage de nuit dans la ria de Pontevedra, alors que le vent doit forcer à 6/7. Le bateau fonce à 10 nœuds entre les waypoints et les cailloux, mais la nuit est claire, les deux GPS en marche, et les segments de la route tracée défilent sans danger. A 3 H00 du matin le 8, l’ancre tombe devant Playa Silgar, entre Porto Novo et Sanxenxo.

Nous remontons la ria le lendemain jusqu’à ne plus avoir d’eau sous les quilles (notre catamaran a 2 quilles fines et assez profondes, calant 1,60m), et allons visiter l’ancien village de pêcheurs de Combarro.
Nous y découvrons, bâtis à proximité de chaque maison de pêcheur, d’étranges greniers galiciens sur pilotis de pierre, les horreos , faits de granit, bien ventilés, et longtemps utilisés pour abriter les vivres (légumes, viandes et poissons) des rongeurs.

Barbara est courageuse, c’est sans conteste la meilleure nageuse du bord, et elle se baigne pour la première fois du voyage, dans une eau à 14,2° C!!! Moi qui hésite à me baigner dans le lagon de Bora-Bora (28°C, soit tout de même 9°C de moins que la température interne de mon petit corps délicat…), très peu pour moi !
Les upwellings gagnent ici la partie contre le Gulf Stream. (Certes, j’ai fait mieux en 2006, avec 0,5°C, mais en Antarctique, et bien involontairement, seul, tout habillé, et caméra à la main, en glissant sur de la fiente de cormorants aux yeux bleus !!! Je ne suis jamais remonté aussi vite dans mon zodiac, mouillé à proximité…)

Rentrés à bord, nous regagnons un mouillage plus profond, et, le soir venu, regardons … notre premier DVD en famille, Jean de Florette. Et ça, c’était sans doute une erreur notoire (au sens maritime biensûr), car question rongeurs peu appréciés du Captain (appellés aussi « bêtes à grandes oreilles », « cousins du lièvre », « kangourous », ou simplement « bestioles »), le film est une référence, que j’avais oubliée… Je (re-)découvre les images avec horreur, les enfants se tournent vers moi, plus intéressés que jamais de savoir quelle suite je vais donner à cette bravade de la tradition du bord, mais que faire ?
Le film est plaisant, Barbara se cache le visage dans les mains (en rigolant, je crois…), j’essaie de soutenir l’épreuve tout en gardant ma dignité autant que faire se peut, mais le cœur n’y est pas, les enfants se marrent devant l’abondance de ces sales bestioles (tout un élevage, vous vous rendez compte !!!?), mais je prédis des ennuis à venir, sans trop savoir lesquels, en souhaitant qu’il n’y ait plus d’autres séquences aussi fâcheuses à suivre dans ce putain de DVD, dès lors inscrit sur la liste des choses à débarquer d’urgence…

Au matin, je ré-attaque les problèmes techniques de notre déssalinisateur (salle des machines, flotteur tribord), tout neuf mais mal installé par un chantier (dont je tairais le nom, le professionnalisme s’y faisant de plus en plus rare) et qui me cause des soucis depuis le départ.
Je change des raccords peu adaptés avec les moyens du bord, refais des étanchéités mal assurées, puis démarre l’engin. J’observe le fonctionnement pendant 10 minutes, prêt à intervenir, mais tout semble fonctionner correctement après ces modifications. Je remonte prendre l’air quelques instants, et quand je redescends, il s’en faut de peu que les planchers ne flottent ! Il y a 45 cms d’eau dans les fonds !!! heureusement cloisonnés tous les 3 mètres environ. Les batteries de service commencent à baigner…
Je ferme la vanne d’entrée d’eau de mer à tâtons, démarre la pompe d’assèchement en me demandant ce qui se passe, et découvre, le niveau baissant, que le tuyau installé par ce même chantier au refoulement de la pompe d’alimentation en eau de mer du watermaker, qui devrait tenir 7 à 8 bars de pression de fonctionnement, n’est conçu que pour tenir … 3 bars.
C’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé… Il s’est simplement rompu, et la puissante pompe 24 volts a consciencieusement commencé à remplir le bateau…

Rappellez-moi le nom dudit Chantier ? Fin d’une époque, sans doute, où il me semble que l’on avait le sens du travail bien fait. Ce qui est grave, c’est que j’aurais tendance à le penser vraiment, les exemples abondent, malheureusement. Il était temps que je change de job, voyez-vous… Je suis heureux de partir, et de me changer les idées pendant quelques temps.

Consolation 1 : je m’aperçois que l’équipage commence à prendre au sérieux la tradition maritime…je ne dis rien, mais j’apprécie…

Consolation 2 : je découvre que Marin aime bien bricoler avec son Papa, il connaît de jour en jour un peu mieux le contenu des boîtes à outils et des tiroirs de l’atelier.

Bon, attention tout de même à ces putains de bestioles…

Olivier