samedi 17 septembre 2011

Billet N°126 Christmas Island : surprenant petit caillou australien…

Du Lundi 22  au Jeudi 25 Août 2011 - 

Texte Barbara

Photos Olivier

Christmas Island…me rappelle un souvenir datant de Noël 2008, quelques mois avant notre départ de la Rochelle. Au cours de ces fêtes de Noël, nous étions dans ma famille dans le sud de la France et nous demandions à Olivier de nous donner les grandes lignes et escales du Voyage. A mon habitude, step by step, je préférais m’intéresser à l’itinéraire au fur et à mesure du Voyage plutôt que de me projeter trop vite trop loin et trop dans le détail. Olivier fait ça très bien pour nous deux.



Bref à l’annonce de « Christmas Island », Océan Indien, prévu pour l’été 2011, avec mon frère Vincent nous nous étions regardés étonnés, n’ayant jamais entendu ni l’un ni l’autre le nom de cette île. Vincent, curieux, saisit alors son ordinateur et se connecta sur Google Earth pour voir à quoi ressemblait de plus près cette destination de rêve... Je me souviens alors encore de nos têtes dépitées aux vues aériennes de Christmas Island, bien loin des stéréotypes des îles aux cocotiers et au sable blanc, mais plutôt un espèce de plateau rocailleux aux falaises abruptes d’où on pouvait très bien distinguer les vilaines infrastructures de l’exploitation des phosphates de l’île. Je me faisais alors intérieurement  la réflexion suivante : tous ces milles  pour ça…Puis Olivier reprit l’énumération d’autres escales qui évoquaient déjà beaucoup plus les îles tropicales comme je me les imaginais : Cocos Keeling, Chagos, Rodrigues, Maurice etc…

Après cet épisode de Noël 2008, Christmas Island m’était alors complètement sortie de l’esprit jusqu’à notre départ de Bali le 18 Août dernier pour cette destination australienne.



Finalement, l’énorme mérite de Christmas Island je trouve, est d’exister tout simplement et de se trouver sur la route de notre longue traversée de l’Océan Indien. Pour moi toutes les escales qui coupent un tant soit peu la traversée sont bonnes à prendre ! Je  ne me faisais guère d’illusions sur ce caillou rocailleux. Et contre toute attente nous y passâmes 4 jours fort agréables, où nous eûmes un aperçu des australiens, que nous n’avions pas encore rencontrés jusqu’alors et où nous apprîmes  encore des choses bien intéressantes sur notre curieux monde.

Avant les photos, voici quelques informations sur Christmas : cette  île est un territoire extérieur australien situé dans l’Océan Indien, à 2 623 km de Perth. L'île est large de 14 km et longue de 19 km et couvre une superficie de 135 km². La capitale (en fait le seul et unique bourg de l’île) est Flying Fish Cove (L’Anse du Poisson Volant). Elle fut baptisée le 25 Décembre 1643 par le capitaine anglais William Mynors qui aperçut cette petite île au cœur de l'Océan Indien. Elle était inhabitée lors de sa découverte.

L'île a plus ou moins  l'aspect d’un quadrilatère. Il s'agit du sommet aplati d'une montagne sous-marine de plus de 4500 mètres de haut. D'abruptes falaises parcourent ses côtes. La population de l'île, résidents permanents, est estimée à environ 1200 personnes (auxquels il faut ajouter le millier de détenus du centre de rétention des migrants),  composée majoritairement de chinois, puis de malais et enfin d’australiens. Ainsi se côtoient  sur l’île des temples bouddhistes, une mosquée et une église anglicane.

Visite guidée d’un court mais instructif séjour à Christmas Island en photos et en commentaires.


Photos 1 à 4 :

La première installation humaine sur l’île s’est faite en 1888 par le Britannique George Clunies-Ross qui, avec Sir John Murray, un naturaliste britannique, obtint la première concession de terres. Ce dernier ayant analysé des échantillons de roche avait constaté qu’elle était composée presque entièrement de phosphates. L’exploitation du phosphate débuta en 1897 avec la fondation de la Christmas Island Phosphate Co. Ltd. L'extraction de phosphate constitue encore la principale industrie de l'île. Depuis 1991, les mines de phosphate sont exploitées par une compagnie appartenant à l’Union of Christmas Island Workers.

Sur ces photos, on peut voir les installations portuaires où des vraquiers viennent charger le phosphate. Sur les routes à l’intérieur de l’île, circulent d’immenses camions chargés pour alimenter l’usine de phosphate.







Photos 5 et 6 :

L'histoire récente de l'île est liée à celle des migrations humaines et à leur répression. Christmas Island est devenue l'un des principaux points de passage pour les réfugiés cherchant à gagner l'Australie, notamment en provenance d'Irak, d'Afghanistan ou du Sri Lanka et transitant par l'Indonésie. Depuis la mise en place de la politique dite "Pacific Solution", l'île abrite le plus grand centre de rétention australien[], destiné à enfermer ces migrants débarqués clandestinement. Ce centre héberge  aujourd’hui environ 1000 détenus, en attente d’un hypothétique visa et plus vraisemblablement d’un rapatriement dans leur pays d’origine.

C’est un centre extrêmement moderne et récent, avec caméras de vidéo-surveillance, micros, portes électriques, grillages électrifiés, détecteurs de mouvements, surveillance par micro-ondes, bornes d'identification des détenus, etc… Les australiens ne rigolent pas avec l’immigration et la protection de leurs frontières ! L'île Christmas est depuis surnommée l'île de la détention, ou l'île-prison. Le camp est parfois comparé à celui de Guantanamo ! La topographie naturelle de l'île renforce d'autant plus sa sécurité, la côte étant bordée de falaises abruptes.

Les côtes de l'île ont connu hélas des naufrages tragiques qui ont fait plusieurs centaines de morts en dix ans. En 2009, cinq réfugiés afghans meurent en mer, et le 15 Décembre 2010, un naufrage sur les côtes de l'île Christmas fait 27 morts et 36 blessés[]. Les conditions dans lesquelles est intervenu ce dernier naufrage ont ébranlé le gouvernement australien, accusé d’être volontairement peu intervenu pour limiter les conséquences du drame. Depuis ce dernier naufrage, croise au large de Christmas Island un patrouilleur ultra-moderne de la marine australienne. Sa mission première est d’appréhender les migrants arrivant par la mer. Il est également présent pour éviter que se reproduise une telle tragédie et  pour apaiser une opinion publique australienne traumatisée par les images filmées par les insulaires…

Lors de notre séjour, l’arrivée d’une embarcation était annoncée, et la tension était palpable.

L'impact de ce centre de rétention explique les fortes variations démographiques sur l’île, puisque la population peut alors doubler avec les détenus, et les évolutions économiques de l'île, dont le tourisme a quasiment disparu.




Photos 7 et 8 :

Autre particularité de l’île, bien plus gaie cette fois-ci, les fameux red crabs ! Les crabes rouges se comptent par millions à Christmas.

L’île  connaît à la saison des pluies une migration de reproduction des crabes rouges qui vivent à l’intérieur des forêts. Ils migrent pour aller pondre sur le rivage maritime. Fragiles, leur déplacement annuel se fait à la saison des pluies pour éviter la chaleur. Ainsi à chaque saison des pluies, les rivages de l’île sont envahis par des millions de crabes terrestres rouges. Sortant de la forêt tropicale, ils se ruent vers les rivages afin de s'y reproduire, les femelles se dressent face à la mer et expulsent près de 100 000 œufs chacune puis regagnent leurs terriers. La longue marche des bébés crabes commence par une difficulté de taille : la falaise qu'il leur faut escalader. Seuls les oiseaux de mer constituent une menace pour les mini-crabes parfaitement inoffensifs. Pendant les 3 semaines de cette formidable transhumance, les îliens imperturbables, prennent le parti de la nonchalance et continuent à jouer au golf parmi des milliers de crabes, ils évitent également certaines routes coupées alors à la circulation.

Ces crabes sont cependant menacés par une espèce de fourmi non autochtone amenée certainement avec une cargaison de bois d’Afrique.

En 1989, un parc national de quelques 1600 ha, couvrant ainsi 60% de l’île, a été créé pour protéger les red crabs, indispensables à la vie des forêts locales.





Photos 9 à 11 :

Si effectivement l’île est australienne et l’anglais la langue officielle, 60% de la population est d’origine chinoise, amenée à l’origine pour l’extraction du phosphate. La culture chinoise est très présente sur l’île, on parle chinois, il y a deux restaurants chinois, de nombreux temples chinois etc…

Ensuite en nombre, viennent les malais, arrivés à Christmas Island pour les mêmes raisons économiques, mais davantage tournés, eux, vers les activités portuaires liées aux phosphates. Ils sont musulmans et ont leur mosquée sur le front de mer. A noter toutefois que c’est bien l’unique mosquée dont le muezzin n’appelle pas à la prière haut et fort… A la mode australienne, les barbecues sont en libre service devant la plage, celui-ci est hallal pour la communauté malaise, il y est interdit de faire griller du porc ou des aliments non halal.

J’apprécie quand différentes communautés et religions cohabitent ainsi sereinement et respectueusement les unes des autres.






Photos 12 et 13 :

Autre fait remarquable pendant notre séjour à Christmas Island, notre grand Marin a soufflé ces 14 bougies ! 3ème anniversaire en voyage, le premier au Portugal en 2009, le deuxième à Mopelia en Polynésie Française en 2010, et celui-ci donc à Christmas. Pour cette heureuse occasion, Marin avait choisi son menu du jour, typiquement anglo-saxon : hamburgers et frites ! Heureusement dans le supermarché australien de Christmas, bien achalandé, j’ai trouvé tout ce dont j’avais besoin pour confectionner ces big burgers ! Pour le goûter d’anniversaire deux gâteaux, l’un au chocolat, et l’autre aux pommes. Etaient présents pour souffler les bougies  nos nouveaux amis flamands rencontrés à Lombok avec leurs trois enfants ainsi que David un marin solitaire américain. Principal cadeau d’anniversaire pour Marin : un stage de kite-surf à l’île Rodrigues, l’une de nos prochaines escales !

Happy Birthday mon chéri joli !!!




Photos 14 à 17 :

Le lendemain de l’anniversaire de Marin, nous avons loué des scooters et là ô surprise les conducteurs n’ont pas été ceux prévus au départ…Très vite Marin et Adélie ont pris les commandes et Olivier s’est retrouvé derrière Adélie ravie, et moi derrière Marin aux anges ! Wouhaa quel coup de vieux ! C’est le genre d’évènement qui vous fait prendre subitement de l’âge ! Mais quel bonheur de voir aussi nos deux ados grandir ainsi…