Arrivés à Port-Mathurin, côte nord de l’île Rodrigues !
Après 11 jours d’une traversée qui restera dans nos souvenirs comme la plus ventée depuis notre départ de La Rochelle, la plus humide et la plus inconfortable.
La nuit a encore été un peu sévère, avec des grains à 35/38 nœuds, de la pluie, un vrai temps de chien. J’ai juste réglé deux ou trois fois la surface du solent, la grand-voile est restée ferlée.
Il a même fallu aider à évacuer une petite tonne d’eau de mer qui s’était invitée à bord, une belle vague qui a choisi de déferler sur notre poutre arrière en deuxième partie de nuit! Il y avait de l’eau jusque dans la cuisine… Au petit jour, le vent semblant se stabiliser à 30 nœuds, Marin et moi avons renvoyé la GV à trois ris pour couvrir les derniers 30 milles.
L’île est apparue dans la grisaille entre deux grains, à une vingtaine de milles. J’expliquai à Marin, pendant que les filles dormaient encore en bas, que pour moi, même après 35 années passées dans le milieu maritime, je ne me lassais pas de ces moments magiques qui opèrent quand une île encore inconnue pour moi s’élève doucement sur l’horizon, après une traversée.
Il a fallu jouer à cache-cache avec les grains pour arriver dans la passe entre deux, et nous avons eu du mal à repérer l’alignement d’entrée de Port-Mathurin, les yeux vissés dans nos jumelles. Mais bon, on a fini par le trouver, et entrer dans le lagon en laissant la mer turbulente dehors était un vrai bonheur. Un petit chenal creusé dans le corail conduit du lagon au minuscule port, et là nous avons été convié avec de grands gestes depuis le wharf à venir nous mettre à quai pour effectuer les formalités. Rodrigues a ceci de particulier qu’elle a été colonisée approximativement pendant un siècle par les Français, et ensuite pendant deux siècles par les Anglais.
La population a gardé le parler et l’essentiel de sa culture du côté de chez nous, peut-être même aussi son cœur, mais l’anglais est la langue officielle. Côté paperasses à l’arrivée, je crois que nous n’en avons jamais remplis autant, pire que pour un paquebot, mais dans l’ambiance la plus sympathique que nous ayons jamais connue avec des autorités officielles. Dans l’ordre sont venus à bord la Santé, les Coastguards, l’Immigration, la Police anti-drogue, les Douanes. On nous a confisqué pour la durée de notre séjour nos deux fusils sous-marins, c’est la règle ici, mais avec le sourire. Le ressac à quai nous a fait préférer le mouillage dès les formalités finies, mais demain à 06H00 il faut sortir du port pour laisser le rayon d’évitage au petit cargo qui ravitaille Rodrigues depuis Maurice.
C’est apparemment nous qui avons effectué la traversée la plus rapide depuis les Cocos, aucun voilier n’ayant mis moins de 13 jours. Nous, on s’en fout.
Ce qui compte c’est d’arriver.
Nous avons maintenant deux semaines pour découvrir ce petit caillou dont tout le monde nous dit du bien.
Fin des messages de la traversée Cocos (Keeling) – Rodrigues ! Mais 4 nouveaux billets prochainement sur le blog, les deux derniers relatifs à l’Indonésie, un sur Christmas Island, et un autre sur notre escale aux Cocos (Keeling).
Portez-vous bien !
Olivier