Distance à l’arrivée : 1274 milles/Distance au départ: 710 milles Distance journalière parcourue vers Rodrigues : 177 milles
Hier après-midi, le vent est monté à 26/28 nœuds. Le coup de vent localisé qui passe au sud a creusé la mer, nous envoyant des creux de 5 à 6 mètres. La mer a repris un visage assez peu sympathique. Nous avons pris un 2ème ris avant la nuit, en passant quelques minutes face à la mer, pour sécuriser les heures à venir. Puis nous avons remis en route, sans voile d’avant, sous grand-voile arisée seule. J’avais l’esprit plus tranquille, ainsi toilé le bateau ne force pas, et continue à tailler sa route à vitesse raisonnable. Le captain a envoyé le lieutenant se coucher tôt en bas dans la coque bâbord, accompagnée du moussaillon. Une fois le clan des filles mis à l’abri, Marin et moi avons, comme tous les soirs, aménagé notre petite niche dans le carré. Chacun de notre côté.
Les coussins utiles le jour s’empilent, un drap recouvre ce qui tient lieu de couchette de quart, les oreillers reprennent du service. La vaisselle retrouve ses placards, tout est rangé à sa place, rien ne doit traîner, le captain a horreur du bordel à bord surtout la nuit, en mer.
Une lampe frontale sous la main, le minuteur de cuisine au ras des oreilles pour les rondes à venir, et la longue nuit (12 heures sous les
tropiques) commence, rythmée par le faisceau rapide du feu flash de tête de mât.
Ainsi navigue Jangada, sous les étoiles que le vent fait scintiller, seul au milieu des vastes étendues de l’Océan Indien.
Au point du jour, la mer s’était adoucie, nous avons largué le 2ème ris, et renvoyé de la toile sur l’avant. Les filles ont émergé vers 09H00, reposées. Barbara avait bonne mine. Les enfants ont un bon moral, lisent beaucoup. Au déjeuner, nous avons fini la daurade coryphène, excellente, avec du riz cuit au rice-cooker. Un petit coup de groupe électrogène, on en profite pour faire tourner le chargeur de batteries, le frigo, l’onduleur qui recharge les ordinateurs, et le déssalinisateur qui fabrique l’eau douce consommée par la boisson, la cuisine et les petites douches de l’équipage.
Pas vu âme qui vive depuis le départ.
On se sent loin du monde. Les humains les plus proches sont probablement les militaires anglo-américains de l’énorme base d’opérations installée sur l’atoll de Diego-Garcia, aux Chagos, à quelques centaines de milles dans notre nord-ouest.
Avec Marin, on est assez content de nous, on se peaufine pour les semaines à venir un petit programme qui devrait nous permettre de visionner une bonne partie des matchs les plus importants de la prochaine Coupe du Monde de rugby, dans les bistrots de Rodrigues, de Maurice, et chez les amis, à La Réunion.
A demain !
Olivier